Jean de Viguerie, L`Eglise et l`éducation, Dominique Martin

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Guillemette de Berny
Formation théorique
Pour mardi 12 janvier 2010
Jean de Viguerie, L’Eglise et l’éducation, Dominique Martin Morin, 2001
1- La mission éducatrice à travers l’histoire.
- L’Eglise éducatrice
A la suite du Christ, « premier pédagogue » l’Eglise embrasse la mission d’éduquer les
petits enfants. Les enfants baptisés, en premier, envers qui elle a des devoirs comme une mère
envers ses enfants. A partir du Concile de Trente, l’éducation des enfants est chemin de
sainteté.
- L’Eglise et le devoir des parents.
L’Eglise éduque mais ne se substitue pas aux parents. Elle rappelle, d’une part, leur devoir
d’éduquer leurs enfants et, d’autre part, de s’éduquer eux-mêmes pour devenir un meilleur
exemple. A partir de l’époque moderne, l’éducation est basée sur trois principes : « nourrir,
corriger, donner le bon exemple ». « Aimer » est ajouté par le Catéchisme de St Pie X en
1905. Au XX° siècle, l’Eglise est moins claire et moins pratique dans ses indications.
- L’école et le développement de l’œuvre scolaire jusqu’à la Révolution.
A partir du VI° siècle, l’Eglise installe son école dans le presbytère et dans les monastères.
A partir du VIII° siècle, l’évêque à la suite d’Alcuin prend en charge l’éducation de son
diocèse. Mais il s’en décharge auprès de son chapitre dans le cours du XI° siècle.
A part, l’université doit sa qualification « d’institution d’Eglise » à la protection du pape.
En effet, laïque, elle n’est qu’une « corporation de maîtres et d’écoliers ».
Avec sa multitude d’écoles élémentaires, l’Eglise a scolarisé l’Europe. Même au-delà, à
partir du XVI° siècle, où l’Eglise envoie ses missionnaires sur le continent américain.
- Le développement de l’œuvre scolaire depuis la Révolution jusqu’à Vatican II
L’œuvre de l’Eglise est internationale et la Révolution française ne la freine pas. Aux
XIX° et XX° siècles, l’Amérique du Nord se couvre d’un « réseau dense d’écoles
catholiques ». La tâche missionnaire de l’Eglise n’est pas dissociée de sa tâche éducative,
Mère Térésa en est un des plus grands exemples. Les guerres mondiales et Vatican II
n’enraient pas le mouvement : la volonté de l’Eglise est de scolariser les enfants du Monde
entier, baptisés ou non.
- Nouveaux moyens : les œuvres et les mouvements de jeunesse (XIX° et XX° siècles)
Les œuvres, apparues à la fin du XVIII° siècle, n’ont pas les mêmes visées que les
mouvements de jeunesse. L’objectif des premières est de recueillir les orphelins et les
miséreux, les nourrir et les instruire. Pour les seconds, naissant à la fin du XIXème siècle, le
but est plus apostolique : il s’agit de se former pour évangéliser son semblable.
- L’évolution du dispositif éducatif après le concile Vatican II
Le dernier concile a nettement freiné le rôle éducateur de l’Eglise. « Uniformiser
l’enseignement et réaliser la mixité » sont les deux raison de ce recul. Pour l’université,
l’Amérique du Sud est largement en avance sur le reste du Monde. En ce qui concerne les
œuvres et les mouvements de jeunesse, leur déclin commence dans les années soixante. Le
scoutisme reste un des rescapés qui doit tenir son triple engagement de service, d’honneur et
de fidélité s’il veut survivre.
- L’Eglise éducatrice face à l’Etat éducateur
Le recul de l’école catholique n’est pas seulement dû à la crise de l’Eglise. Depuis le
XVIIIème siècle, en Europe, l’Etat se fait un devoir d’éduquer la jeunesse jusqu’à s’octroyer
le monopole de l’Education. Napoléon Ier décide que « toute liberté d’enseignement n’est
désormais que tolérance et concession de l’Etat ». Mais l’Eglise ne proteste que, à partir du
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milieu du XIXème siècle, lorsque la tendance laïciste l’emporte. Elle condamne le monopole
de l’école par l’Etat et la laïcité qui y règne.
- Situation actuelle de l’école catholique dans le monde par rapport aux différents Etats.
Actuellement, la situation de l’école catholique est malaisée sur deux tableaux : celui de la
reconnaissance et celui du financement. En général si ses diplômes ne sont pas reconnus et le
financement de l’Etat la met en position de soumission. On ne peut plus tellement parler de
liberté d’enseignement, plutôt de tolérance.
- L’Eglise éducatrice face au totalitarisme éducatif
Depuis la Révolution française, l’Etat tente de substituer à la famille. Les régimes
totalitaires essaient de s’accaparer l’enfant pour le former et lui inculquer la première des
vertus : « l’amour de l’égalité ». Il faut attendre l’encyclique de Pie XI, Divini illius magistri,
en 1929 pour que l’Eglise se rende compte de la gravité de la situation et mette les choses au
clair : il redéfinit le rôle « des trois sociétés nécessaire selon lui à l’éducation des enfants, la
société civile et l’Eglise ». Difficile à mettre en place quand on connaît l’état désastreux de la
société civile actuelle.
2- L’enseignement des vérités révélées
- L’Antiquité chrétienne ; la catéchèse mystagogique
A cette époque la priorité est de former les catéchumènes. Mais pour ces derniers,
l’instruction religieuse suit l’accession aux sacrements: c’est la mystagogie, autrement dit « la
compréhension des mystères et des sacrements reçus ». Il s’agit de « toucher les cœurs »,
avant de les encombrer de théorie, de les mettre sur « la voie de l’émerveillement ».
- Le Moyen-âge : un millénaire sans catéchèse
L’enfant médiéval reçoit son éducation religieuse à la maison, par ses parents. Celle-ci est
enrichie par les sermons du curé, le dimanche, que les parents ont le devoir d’expliquer à leurs
enfants. La religion s’apprend par les images, la doctrine par la liturgie et la messe qui est
« une initiation à la vie du Ciel ».
- Le temps du catéchisme : XVIème -XXème siècle.
En riposte à l’offensive protestante, le catéchisme apparaît avec la contre-réforme qui suit
le concile de Trente au XVIème siècle. Il s’agit ensuite d’endiguer les idées des Lumières et
le courant libertin du XVIIème siècle. Enfin la liberté de culte retrouvée après la Révolution,
l’Eglise a de nouveau recourt au catéchisme pour rechristianiser la France. Le catéchisme
s’adresse à tous et il est très vite adapté aux enfants. C’est un manuel pratique expliquant la
foi sous forme de question-réponse, faisant toujours appel à la raison et à l’intelligence. Il
n’existe pas de catéchisme unique, pourvu que l’orthodoxie soit respectée : il sert avant tout
au salut en formant à la vie chrétienne. C’est enfin un outil d’apostolat, pour « étendre le
règne de Jésus-Christ ».
- La critique du catéchisme et la nouvelle « catéchèse »
Très rapidement après sa mise en place, dès le XVII° siècle, le catéchisme est critiqué : on
lui reproche de faire répéter sans comprendre. A partir de 1950, il s’agit de le discréditer et ses
détracteurs ne rencontrent aucune contre-offensive, aucun théologien pour défendre le
catéchisme. C’est alors la mise en place, dans les années 1970, de la « catéchèse » où toute
définition est évitée pour ne pas tomber dans le « dogmatisme ». L’Eglise commence à réagir
dans les années 1980 et Jean-Paul II fait publier le Catéchisme de l’Eglise catholique en 1992,
véritable modèle, « conçu en vue d’une restauration d’un véritable enseignement religieux ».
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3- L’école chrétienne
- Ecole pour tous
L’école de l’Eglise s’adresse aux riches comme aux pauvres. Elle a un grand souci des
nécessiteux, ce qui contraste avec les philosophes des Lumières qui les tiennent en mépris.
- Ecole aussi pour les filles
« Les femmes, aux yeux de l’Eglise, n’ont pas seulement une âme, elles ont aussi une
intelligence, qu’il convient de nourrir. » Cependant, il ne s’agit pas de mélanger filles et
garçons, l’école n’est pas mixte.
- Ecole gratuite
La gratuité de l’Ecole est un principe pour l’Eglise : « l’école est une œuvre de
miséricorde » et le savoir n’a pas de prix. La gratuité ne vaut pas que pour les pauvres. Pour
vivre, l’école a donc besoin d’apports financiers de l’Eglise, par la prébende, et de la société
civile.
- La gratuité après la Révolution française et jusqu’à nos jours.
L’Etat mettant en place son propre réseau d’écoles financées par l’impôt, la société civile
devient beaucoup moins généreuse et il devient difficile pour l’Eglise de continuer d’assurer
la gratuité de l’école. A partir du XX° siècle, l’école chrétienne est payante.
- Ecole du savoir profane
L’école chrétienne dispense également une instruction profane avec plus ou moins
d’enthousiasme selon les époques. Actuellement, instruction profane et instruction chrétienne
sont de nouveau dissociées par la théologie de l’aggiornamento, selon laquelle l’homme ne se
réalise que dans la maîtrise de la nature.
- La question de l’enseignement chrétien des disciplines profanes
• Les lettres. Au cours des siècles, les lettres « païennes » prennent le pas sur l’étude
exclusive de la Bible que préconise saint Augustin. De façon récurrente apparaît le dilemme
de préserver un idéal chrétien en donnant la première place à des auteurs païens. « Les
collèges transfigurent les lettres païennes, mais ne peuvent pour autant les rendre
chrétiennes. » Cependant, seuls les auteurs que la postérité a consacrés sont enseignés. Les
professeurs entretiennent une grande méfiance pour les auteurs récents ou contemporains.
• La philosophie. Depuis la renaissance carolingienne, théologie et philosophie sont liées. La
philosophie chrétienne est imprégnée du Thomisme que les papes ont tous recommandés au
cours des siècles. Mais les Lumières puis la Révolution défont l’accord entre théologie et
philosophie.
• Les sciences. L’école chrétienne n’a jamais rejeté l’enseignement scientifique : il prend une
grande place dans les universités médiévales. Mais dès la Renaissance sa place est restreinte.
De plus, peu de professeurs prennent en compte les découvertes et les lois de la science
moderne expérimentale. A l’inverse, aujourd’hui toutes les précautions ont disparues : « la
science moderne est accueillie toute entière, et enseignée sans préjugés ».
- Finalité de l’école chrétienne
« L’école chrétienne a pour fin d’élever des chrétiens ». L’école chrétienne enseigne les
préceptes chrétiens et les élèves, en plus de les connaître, doivent en vivre. Il est un devoir,
sinon une obligation, de tout parent chrétien de confier ses enfants à l’école de l’Eglise. Mais
depuis le concile Vatican II, l’enseignement catholique n’a plus tellement de définition stricte.
Il ne se revendique plus comme nécessaire à l’éducation de l’enfant catholique.
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4- Les maîtres
- Les moines
Même si ce n’est pas leur vocation originelle, les moines sont les premiers enseignants du
Moyen-âge. Ils reçoivent et instruisent dans leur monastère des enfants dont la plupart sont
« voués » à Dieu par leurs parents dès la naissance.
- Les ordres et instituts enseignants
De nombreux instituts enseignants, caractérisés par leur vie « mixte », prennent la relève
des moines à partir des années 1530. La question de la place de la vie de prière des religieux
enseignants est sans cesse posée. A la fin du XVII° siècle, en France, vie religieuse et
enseignement sont liés : les sœurs prient «dans l’exercice intérieur de leur emploi ».
- Pourquoi des instituts enseignants ?
Les instituts enseignants, dont la droiture, la compétence et l’intégrité rassurent,
apparaissent dans des temps de troubles et d’incertitudes. En inspirant confiance en temps
difficiles, ils réhabilitent le métier décrié de maître d’école.
- La grande expansion des instituts enseignants (XVI°-XVIII° siècle)
En plus des trois grands instituts enseignants, les Jésuites, les piaristes et les ursulines,
dont le rayonnement est international, le réseau des écoles congréganistes est extrêmement
dense au XVIII° siècle. « Le trait commun [de ces instituts] est l’humilité », c'est-à-dire le
professeur est tenu de s’effacer devant sa fonction. Mais « chaque institut impose sa marque
propre aux enfants dont il a la charge ».
- L’offensive philosophique
L’humilité et le sacrifice sont deux principes à bannir pour les philosophes des Lumières.
La Compagnie de Jésus, instituts enseignant le plus influent, est la première cible des
Lumières. En une dizaine d’année elle est discréditée puis supprimée par le pape lui-même.
La Révolution termine le travail en supprimant toute les congrégations séculières
ecclésiastiques.
- Les maîtres chrétiens aux XIX° et XX° siècles. Nouvelle floraison d’instituts.
Après la Révolution, l’école catholique renaît dans un véritable esprit de conquête. Il
s’agit de rechristianiser la France et le monde : la plupart des instituts ont la « fibre »
missionnaire. A la fin du XIXème siècle, on parle d’une « présence universelle » des instituts
enseignants. Depuis la Réforme catholique, jamais l’Eglise n’a mobilisé autant ses forces pour
l’instruction de la jeunesse.
- La persécution
Pourtant, ces instituts enseignant renaissent dans un climat hostile qui leur vaut de
nombreuses persécutions. L’esprit de revanche et de conquête a certainement contribué à
attiser la méfiance des gouvernements.
- Les recours aux prêtres diocésains. La crise des vocations et le recrutement laïc.
Après 1880, pour pallier au manque de religieux enseignants, la hiérarchie ecclésiastique
fait appel aux prêtres diocésains. A partir des années 1950, ces derniers estiment
qu’enseignement et sacerdoce ne sont pas compatibles. Il reste donc les « enseignants » laïcs.
Mais comment « s’engager personnellement à diriger vers la vérité et vers le bien l’âme de
son élève » quand la foi n’est plus ardente ?
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5- La pédagogie
- Les principes de l’ancienne pédagogie.
Les trois « règles d’or » de la pédagogie chrétienne sont d’accepter que l’enfant n’est pas
« innocent », il doit apprendre à « maîtriser ses impulsions » et ses éducateurs ne doivent
avoir de cesse de le mener à la vertu.
- Les maximes et les modèles de l’ancienne pédagogie.
Pour mettre en pratiques ces principes, plusieurs supports éducatifs sont mis en place. Ce
sont les « maximes » et « sentences » apprises par cœur par les enfants, enrichies au XVI°
siècle par les manuels de civilité. De plus, les héros chrétiens et les saints sont sans cesse citer
en exemple.
- La discipline dans l’ancienne pédagogie chrétienne
Entre la sévérité de l’Ancien Testament et l’indulgence du Nouveau Testament, la
tendance évolue selon les éducateurs et les époques. La Pédagogie chrétienne est cependant
enrichie par la « vigilance continuelle » et le « silence absolu » qui la rendent austère.
- Les nouvelles théories de l’éducation (XVII° - XVIII° siècle) et leur influence sur la
pédagogie chrétienne.
Deux théories « révolutionnaires » s’affrontent : le jansénisme et sa « morale impérative
des devoirs » et les Lumières qui nient tout ce qui s’approche du sacrifice et du combat pour
la vertu. Les philosophes l’emportent et les Lumières s’insinuent peu à peu dans la pédagogie
chrétienne.
- Pédagogie chrétienne au XIX° siècle. (Jusqu’aux années 1880).
Après l’échec d’un retour au « moralisme combatif », l’enfant est de nouveau respecté
dans sa nature même d’enfant. C’est également le retour du goût pour la discipline.
- Pédagogies chrétiennes à la fin du XIX° siècle et au début du XX°.
La « pédagogie du caractère » vise à former la volonté des enfants. Avec l’apparition des
mouvements de jeunesse, tel le scoutisme, un nouvel idéal de l’enfant chrétien, dévoué à son
prochain, apparaît et la pédagogie du caractère n’est plus dominante après la Première Guerre
Mondiale. Bien qu’inspirés par des disciples de Rousseau, la « Pédagogie nouvelle » marque
fortement le début du XXème siècle.
- La révolution contemporaine (année 1960 et suivantes du XXème siècle)
« Une transformation totale s’opère » à cette période dans l’école catholique. Le nouvel
objectif de cette dernière est de permettre « le développement de la personne » par
« l’apprentissage de la liberté et de la responsabilité ». On parle alors de la « pédagogie du
développement personnel ».
Conclusion
Trois temps majeurs sont à mettre en lumière pour l’histoire de l’école chrétienne. Tous
d’abord, on signale une croissance fulgurante durant presque 1500 ans. On souligne ensuite le
« renforcement du dispositif éducatif » à la suite du Concile de Trente. Et enfin, la crise actuelle que
connaît l’enseignement catholique est une étape majeure de son évolution.
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