Mardi 13 mars 2012 18h 30 Présidence P. Miramand Conférence : 1915° séance 42 participants L’Astronomie au féminin animée par Yaël Nazé Astrophysicienne et chercheur à Liége Le sujet de cette conférence concerne celles qui ont fait avancer l’astronomie depuis les temps les plus anciens et dont les noms restent toujours méconnus du grand public alors que demeurent toujours des célébrités comme Ptolémée, Galilée, Halley, Herschel, Hubble….. Avec beaucoup d’humour, la conférencière balaye le temps et nous fait découvrir : En Hedu Anna (24-25 siècles AC) une Mésopotamienne, Aganike (19ème siècle AC) une princesse égyptienne et Aglaonike (5ème AC) une grecque qui a découvert le mécanisme des éclipses et pouvait ainsi en prévoir une nouvelle. Plus tard Hypatie d’Alexandrie (355-415) a même été assassinée par les chrétiens dont le chef Cyril a été canonisé. Le problème est l’accès à l’éducation qui peut se faire au couvent et en fait dépend de la famille. Les femmes interviennent en tant qu’aide domestique dans l’ombre d’un mari, d’un père ou d’un fils comme Maria Cunitz, Maria Kirch, Catherine Hevelius. A la Renaissance, Sophie Brahe est très active près de son frère Tycho qui explique, malgré tout, dans un de ses livres, que le travail qu’il présente est celui de sa sœur. Caroline Herschel (1750-1848) sert de gouvernante à son frère William qui découvre Uranus et est déclaré astronome par le roi d’Angleterre. Caroline utilise un grand télescope, note ses observations et découvre une comète puis 7 autres et crée un catalogue. Eugène Shoemaker qui travaillait sur les cratères d’impact causés par les météorites sur les planètes a demandé à sa femme de chercher les géocroiseurs. Carolyn Shoemaker née en 1929 découvre ainsi 900 astéroïdes et 32 comètes. Elle découvre ainsi la comète qui porte son nom « Shoemaker Levy 9 » qui a impacté Jupiter en 1994. Son record de découvertes ne sera battu que par des télescopes robotisés. Une anglaise Marie Somerville, fille d’un amiral, dévore la bibliothèque familiale et traduit « la mécanique céleste » de Laplace et ajoute de nouvelles informations à cet ouvrage. Au XIXème siècle les hommes pensent que les femmes ont des aptitudes pour les observations et sont bien adaptées au travail répétitif. De plus elles dessinent très bien quand elles sont éduquées et par exemple elles ont bien observé les taches solaires ou les cratères de la lune mais tout objet porte des noms d’hommes. Reine Lepautre, femme d’horloger est très douée en mathématiques et fait beaucoup de calculs et de cartes. Elle a travaillé sur la date du retour de la comète de Halley sans erreur. Edward Pickering directeur de l’observatoire d’Harvard ayant peu de budget de fonctionnement, cherche de riches veuves et crée une équipe de femmes dites « assistantes » puisqu’elles coûtent 3 à 4 fois moins cher que les hommes. Pickering a le projet de classer les étoiles par la spectroscopie puisqu’elles qui n’ont pas toutes la même couleur. Or les éléments chimiques sont responsables des couleurs. Ainsi Williama Fleming, la servante crée un alphabet stellaire A B C D…. Antonia Maury, la rebelle met au point le catalogue HD (Henry Draper) du nom de celui qui a permis à sa veuve de subventionner les recherches. En parallèle un danois découvre qu’il y a des étoiles très brillantes et d’autres peu brillantes, et qu’il y a de grosses étoiles et de petites étoiles. En fonction de la luminosité et du type spectral, il classe les naines blanches, les géantes rouges et super géantes rouges. Annie Cannon, l’efficace réorganise le classement précédent toujours d’actualité et crée les étoiles : O, B, A, F, G, K, M. En 1911 un expert s’indigne de la non reconnaissance d’Annie Cannon, 27 ans plus tard à 75 ans, un poste officiel d’astronome à l’université lui est attribué. Cette classification étant encore empirique, il faudra attendre les travaux de Cecilia PayneGaposchkin pour avoir une explication sur cette nomenclature : la température de surface des étoiles en est responsable. Ainsi les planètes M, rouges sont « froides » et les planètes O bleues sont « chaudes » (quelques 25 000°C..).Notre soleil est une étoile G avec environ 5000°C en surface. Les étoiles sont composées à 90% d’hydrogène, les autres composants sont l’hélium et les métaux. Henrietta Leavitt mesure la luminosité des étoiles du nuage de Magellan. Elle découvre qu’il existe des étoiles qui ont des variations périodiques de luminosité et que plus elles sont loin moins elles sont brillantes. Son travail lui permet d’arpenter l’univers et crée la relation « période-luminosité ». Margaret Burbidge garde l’observatoire de Greenwich pendant la 2ème guerre mondiale et fait ses observations dans une obscurité totale. Bien qu’ interdite d’observations en Angleterre, elle complète celles- ci en se rendant dans le sud de la France, et elle explique que tous les éléments chimiques sont formés dans les étoiles. Ainsi à chaque seconde dans le soleil, la fusion de 600 millions de tonnes d’hydrogène (H) crée de l’Hélium et de la lumière, l’hélium se transforme en carbone puis en oxygène….. Vera Rubin dans les années 1950 sera la spécialiste des « petites questions » : Y aurait-il que de l’expansion dans l’univers ? L’univers est-il homogène ? Elle découvre que la réponse à ces 2 questions est négative. Il y a des mouvements dans l’univers et il n’est pas homogène puisqu’il y a des zones plus ou moins riches en étoiles. Elle parviendra en 1965 a utiliser l’observatoire « le Paloma » aux Etats-Unis qui était jusqu’alors interdit aux femmes en raison de ses toilettes non adaptées ! Elle peut ainsi étudier sa 3° question : la rotation galactique : plus on s’éloigne du soleil plus on va lentement et découvre en périphérie une masse supplémentaire : la matière noire (matière invisible). Jocelyn Bell en 1967 construit elle-même une antenne radio pour étudier les étoiles et les quasars. Elle note que les étoiles ont des interférences toutes les 23h56minutes , et découvre les pulsars qui sont des cadavres d’étoiles. Elle étudie tout le spectre électromagnétique. Ses travaux sont publiés sous le nom de son chef A. Hewish qui recevra Le prix Nobel ! Cette présentation très exhaustive de Yaël Nazé est un hommage à ces femmes, opiniâtres et clairvoyantes, responsables de découvertes essentielles en astrophysique. Tous nos chaleureux remerciements pour cette conférence décontractée sur fond d’ humour. Hélène Touzalin Martine Gachignard secrétaires