sous la direction de Laurent LE MERCIER Aide à la mise en œuvre des programmes Cet ouvrage édité par le crdp de l’académie de Versailles est conçu pour apporter une aide aux professeurs d’histoire-géographie et d’éducation civique afin de leur permettre d’interpréter au mieux les nouveaux programmes de 5e en vigueur dès la rentrée 2010. La première partie expose les grandes orientations des nouveaux programmes. Le point est fait sur l’évolution des disciplines, avec une réflexion sur les démarches, les objectifs d’apprentissage et l’évaluation. La deuxième partie montre concrètement comment mettre en œuvre dans les classes l’intégralité des thèmes des programmes en indiquant des ressources tous supports. Elle présente également plusieurs possibilités de mise en œuvre. ◆◆ ◆◆ Pilotée par le crdp de l’académie de Créteil, la série « Disciplines » de la collection « Repères pour agir Second degré » accompagne la formation continuée des enseignants à partir d’expériences pédagogiques validées par des inspecteurs et formateurs. Dans le cadre de la rénovation des programmes, ces pratiques privilégient l’approche par compétences, l’évolution didactique des disciplines et la pédagogie différenciée. Histoire Géographie Éducation civique 5e Histoire Géographie Éducation civique 5e 5 CRDP ISSn 1625-3000 Code vente : 7800HG02 ISBN 978-2-86637-530-0 Prix : 21 euros. Disciplines Histoire e Académie de Versailles Aide à la mise en œuvre des programmes sous la direction de Laurent Le Mercier HISTOIRE GÉOGRAPHIE ÉDUCATION CIVIQUE 5 e • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES A.Histoire Du Moyen âge aux Temps modernes 93 1 LES DÉBUTS DE L’ISLAM (viie-ixe siècle) Les débuts de l’islam fil conducteur du thème Ce thème invite à aborder l’islam non plus uniquement à travers le fait religieux mais à traiter également de son émergence à travers le fait politique. ✎ Ressources Bibliographie • ALILLY (R.), Qu’est ce que l’Islam ?, Paris, La Découverte, 1980. • SOURDEL (D.), Dictionnaire historique de l’islam, Paris, PUF, 1983. • MICHEAUX (M.), Les Pays d’Islam, viie- xve siècle, Paris, la Documentation photographique, 1998. • DE PREMARE (A.), L’Islam des origines, entre écriture et histoire, Paris, Le Seuil, 2000. Sous la direction de Mohammad Ali Amir Moezzi, Dictionnaire du Coran, Éditions Robert Laffont, collection « Bouquins », Paris Auteur : Sami Cherif Principaux éléments de problématique • Pour une lecture politique des conquêtes de l’islam Les conquêtes musulmanes, hors de la péninsule arabique, sont un sujet qui a été largement débattu par les historiens et qui est principalement abordé sous l’angle du fait religieux. L’historiographie traditionnelle les a souvent décrites comme la manifestation d’une religiosité fanatique qui serait l’expression du djihad. Le verset du Coran enjoignant les fidèles à combattre les Mecquois a été interprété, par les successeurs de Muhammad, comme une injonction pour conquérir de nouvelles terres au-delà de l’Arabie. Les apports récents de la recherche historique (A. Morabia, G. Veinstein) permettent pourtant de contrecarrer cette vision. La plupart des passages du Coran exhortent les musulmans à répandre leur religion, mais uniquement par des voies pacifiques. La notion de djihad n’est donc pas opératoire pour expliquer les conquêtes musulmanes. Au contraire, celles‑ci doivent être analysées non plus uniquement à la lumière du fait religieux mais dans le cadre d’un projet politique rationnel, porté par les premiers califes, visant à profiter de la faiblesse militaire des adversaires et à ressouder l’Oumma divisée par les rivalités pour la succession de Muhammad. Il apparaît donc essentiel de renoncer à une lecture exclusivement religieuse et d’insister au contraire sur les intentions politiques des premiers califes qui constituent le moteur des premières expansions. • L’élaboration du dogme et la question des sources « Alors que nous vivions dans des clairières, l’islam brillait de mille feux » Maurice Lombard Les écrits sur les débuts de l’islam sont très souvent concentrés sur la figure centrale du prophète Muhammad. En l’absence de sources archéologiques (les fouilles sont interdites en Arabie Saoudite), les récits fondateurs relatés par la tradition musulmane (la Révélation, l’Hégire…) sont des sources essentielles et nécessitent d’être relus en fonction du contexte qui prévaut au moment de leur mise par écrit, soit plusieurs années après la mort de Muhammad. Si le programme recommande d’ « étudier des récits de la tradition comme fondements de l’islam », l’utilisation dans la classe d’extraits des Hadiths ou du Coran par l’enseignant doit conduire à se détacher de la geste religieuse et à historiciser le processus d’élaboration des textes fondateurs. Alors que l’idéal religieux fondé par Muhammad repose sur l’unicité d’un Dieu et d’une croyance, une lecture idéalisée de l’islam présenterait cette religion comme un bloc monolithique, codifié et abouti du vivant même de Muhammad. La tradition musulmane présente la vision d’une communauté soudée autour d’une même croyance à la mort de Muhammad, mais déjà sa succession donne lieu à des divisions portant sur le dogme mais aussi à des rivalités politiques (schisme d’Ali à l’origine du courant chiite). C’est surtout après 632 que s’est consolidé le corps de doctrine de la religion musulmane. La codification du Coran, conduite par le calife Uthman (vers 644 après la destruction de recueils concurrents), témoigne d’une volonté de fixer le dogme pour contrecarrer les oppositions doctrinales et politiques. Les difficultés décrites par le chroniqueur Al Bukkari pour sélectionner et compiler les textes sur le Coran afin d’en imposer une lecture unique contredisent ainsi la représentation d’un islam achevé dès ses origines. L’élaboration de la norme religieuse procède donc pour une grande partie du fait politique car elle est conduite par les califes. Cela signifie aussi, in fine, que la recherche Histoire HISTOIRE GÉOGRAPHIE ÉDUCATION CIVIQUE 5 e • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES des fondements doctrinaux de l’islam ne doit pas se centrer exclusivement sur la période de Muhammad. Au contraire, aux viiie et ixe siècles, les débats entre théologiens à Damas ou à Cordoue, l’apport des sciences juridiques et les interprétations du droit coranique par les oulémas concourent tout autant que le Coran et les Hadiths à définir des normes religieuses. En définitive, cela montre que le corps de doctrine de l’islam, depuis la Révélation, a été en construction permanente. • Civilisation musulmane et diversité culturelle À la fin du viiie siècle, après les reflux de Poitiers et Talas, les conquêtes ont marqué le pas. La puissance et la rapidité de la conquête ont-elles débouché sur la construction d’un territoire unifié ? Sous les Abbassides, il serait erroné de voir en Bagdad un centre politique et religieux capable d’imposer les croyances à l’ensemble du monde musulman. Sa puissance et son rayonnement, le statut quasi universel de l’arabe, n’effacent pas la diversité culturelle au sein de cette civilisation. « Sous le voile du califat les anciennes sociétés de l’Orient classique continuent », écrit Maurice Lombard. L’immensité de l’empire, la difficulté d’établir des communications, la faiblesse numérique des conquérants mais aussi l’importance des populations non arabes expliquent la permanence de cette diversité au sein du monde musulman. Au cours des viiie et ixe siècles, la civilisation arabo-musulmane s’affirme de plus en plus face aux civilisations byzantine, indienne et européenne. Bagdad, par l’ouverture et l’acceptation de toutes les confessions religieuses, a vu l’essor des lettres, des sciences, de la philosophie et l’émergence d’une civilisation musulmane dite classique. Les acteurs de ce foisonnement culturel et intellectuel sont chrétiens, juifs, persans. Tous participent à cet essor. Le mouvement de traduction du grec au syriaque et l’arabe à Bagdad ne peut ainsi être compris sans une volonté politique émanant des califes al Mamun ou Haroun el Rashid. Ce moment a été possible grâce à l’assimilation d’héritages culturels de civilisations pluriséculaires (juive, grecque, persane…). Pour comprendre l’organisation territoriale de la civilisation musulmane, l’étude du fait urbain et des ses acteurs est donc fondamentale. L’éclosion des villes de Bagdad, de Damas ou de Cordoue s’est accompagnée de l’émergence d’une élite urbaine, ouverte à l’art, à la littérature mais aussi aux sciences religieuses. La demande des califes pour codifier l’islam dans ses dogmes et ses pratiques a mobilisé un large faisceau de disciplines. Le hadith « cherchez la science jusqu’en Chine, du berceau au tombeau » a pu ainsi être interprété comme une injonction à promouvoir les sciences. Ainsi, comme l’a relevé Maurice Lombard, l’islam, « dans sa première grandeur », aura été un creuset permettant la tolérance et la synthèse de toutes les cultures antérieures. Inscrire rigoureusement la naissance de l’islam dans son contexte, en montrer la diversité sont des enjeux historiques mais aussi civiques essentiels. 95 Capacités développées ➜➜ Raconter un épisode significatif des conquêtes musulmanes et expliquer ses conséquences politiques : création d’un califat. ➜➜ Connaître et utiliser le repère suivant : l’Hégire, la conquête de Jérusalem, de l’Égypte. ➜➜ Décrire et comprendre la carte de l’expansion musulmane au viie siècle. ➜➜ Confronter deux textes sur un même événement et les mettre en relation avec une carte. ✎ connaissances (notions et mots clés) nouvelles Calife Schisme À réinvestir Expansion Prophète PROPOSITION alternative DE MISE EN ŒUVRE : Scénario 2 Leçon 1 : La conquête de la Palestine et de la Syrie Comment les premières conquêtes débouchent-elles au viiie siècle sur la construction d’un vaste empire ? Leçon 2 : Les fondements de la religion musulmane PROPOSITION DE MISE EN ŒUVRE : scénario 1 Environ 10 % du temps consacré à l’histoire Leçon 1 Les premières conquêtes et la construction d’un empire musulman Question fil conducteur Quelles sont les conséquences des conquêtes musulmanes dans le bassin méditerranéen ? •Plan de la leçon La péninsule arabique au contact des civilisations Dans une phase introductive, le professeur situe la péninsule arabique sur une carte de la Méditerranée au viie siècle et montre la proximité des empires byzantin, perse et de l’Occident chrétien. On insiste sur l’unité politique des tribus arabes à la mort de Muhammad face à des adversaires affaiblis et divisés. La conquête du Croissant fertile La conquête du croissant fertile est abordée à travers l’exemple de l’Égypte (641) et du général Amr. Les textes d’un chroniqueur byzantin, Jean de Nikiou, et de Al-Bâladuri, permettent de dégager les causes des victoires musulmanes au Proche-Orient. Les élèves confrontent les deux points de vue. L’extension de l’empire musulman Ce document est ensuite mis en relation avec une carte de l’empire musulman au viiie siècle. Les élèves repèrent les directions et les limites de l’expansion musulmane. On met en avant le rôle central des califes (Abu Bakr, Omar, Uthman). Le professeur conclut sur les limites de l’expansion musulmane en Orient et en Occident. Supports –– Texte de Jean de Nikiou sur la conquête de l’Égypte –– Texte d’Al-Bâladuri sur la conquête de l’Égypte –– Carte de l’Arabie au viie siècle –– Carte de l’expansion musulmane au viiie siècle Leçon 2 Une religion en construction Question fil conducteur Comment les fondements de la religion musulmane se mettent-ils en place ? •Plan de la leçon Le prophète Muhammad et la naissance de l’islam La naissance de l’islam (Révélation, Hégire…), ses fondements, le personnage de Muhammad et les lieux saints sont étudiés à travers un texte du Coran mis en relation avec un texte d’historien. Les proximités avec le judaïsme et le christianisme sont mises en avant. On montre comment l’Arabie devient musulmane à la mort de Muhammad. Le rôle des califes dans l’élaboration du dogme À partir d’un texte d’Al-Bukhari, le professeur explique les conditions de mise par écrit du Coran et des Hadiths par les différents califes (transmission orale, recension des différentes versions) après la mort de Muhammad. On souligne le rôle du calife Uthman pour stabiliser le dogme alors qu’apparaissent les premières divisions (schisme) religieuses mais aussi politiques. Supports –– Extrait d’un Hadith –– Extrait du Coran –– Texte d’Al-Bukhari –– Extrait de Mahomet de M. Rodinson PROPOSITION DE MISE EN ŒUVRE (suite) Leçon 3 La mosquée des Ommeyades à Damas Question fil conducteur Pourquoi le plan d’une mosquée permet-il de comprendre les croyances religieuses des musulmans ? •Plan de la leçon : Les origines de la mosquée des Ommeyades L’enseignant explique les origines de la mosquée de Damas. On montre le contexte urbain dans lequel elle s’insère. Le plan de la mosquée des Ommeyades À partir du plan, les élèves étudient les pratiques religieuses des musulmans. La forme carrée reproduit la maison de Muhammad. La salle de prière constitue un des cinq piliers de l’islam. La place des arts dans la mosquée Des photographies de la salle de prière, du minaret et de la cour intérieure permettent d’étudier des éléments du décor et leur signification religieuse. On relève également les influences byzantines (chapiteaux corinthiens, arcs en plein cintre etc.). On pourra ensuite faire une comparaison avec d’autres mosquées pour montrer la diversité. Supports –– Texte de Maquaddasi ou Al-Idrissi décrivant la mosquée des Ommeyades –– Plan de la mosquée des Ommeyades –– Photographies du minaret, de la cour intérieure et de la salle de prière à sa cour les plus grands savants. Un texte sur Al-Khwarizmi et la Maison de la Sagesse montrent l’essor des sciences, la littérature, la philosophie et l’importance des traductions qui permettent ainsi aux Arabes de s’ouvrir à la culture grecque. L’organisation de l’espace urbain L’organisation de l’espace urbain est étudiée à travers un plan de Bagdad. Les élèves identifient ses fonctions politique, religieuse et commerciale pour souligner son statut de capitale d’un vaste empire. La mise en relation avec une carte du bassin méditerranéen conduit les élèves à montrer la puissance de Bagdad et sa position de carrefour commercial entre l’Orient et l’Occident. Diversité de la civilisation musulmane au ixe siècle S’appuyant sur la carte du bassin méditerranéen au ixe siècle, le professeur souligne la diversité culturelle du monde musulman, ainsi que le rayonnement de Bagdad. Pour montrer cette diversité, les élèves repèrent l’existence d’autres centres urbains et califats (Cordoue). On montre enfin que l’extension de l’islam n’a pas effacé les différences culturelles. Supports –– Texte sur Al-Khwarizmi –– Carte des échanges dans le bassin méditerranéen au viiie siècle –– Plan de Bagdad (la ville ronde de Al-Mamun) Capacités développées ➜➜ Connaître et utiliser le repère suivant : la fondation de Bagdad. ➜➜ Décrire et comprendre la carte des échanges au viiie siècle. ➜➜ Décrire le plan d’une mosquée. ➜➜ Confronter deux textes sur un même événement et les mettre en relation avec une carte. ✎ connaissances (notions et mots clés) nouvelles Mécène À réinvestir Civilisation Dynastie PROPOSITION alternative DE MISE EN ŒUVRE : Scénario 2 Leçon 3 : Étude de la mosquée de Cordoue En quoi l’organisation de la mosquée des Ommeyades aide-t-elle à comprendre les fondements de la religion musulmane ? Leçon 4 : Le rayonnement de la civilisation musulmane Comment expliquer le rayonnement de la civilisation musulmane au viiie siècle ? Leçon 4 Bagdad, étude de la vie urbaine Question fil conducteur En quoi l’exemple de Bagdad traduit-il la diversité et l’essor de la civilisation musulmane au ixe siècle ? •Plan de la leçon : Le calife et le rayonnement culturel de Bagdad Le calife abbasside Al-Mamoun est au centre de l’étude sur Bagdad. L’enseignant explique son rôle de mécène pour attirer 97 Histoire HISTOIRE GÉOGRAPHIE ÉDUCATION CIVIQUE 5 e • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES 2 L’OCCIDENT FÉODAL, (xie-xve siècle) Paysans et seigneurs Fil conducteur du thème Ces leçons portent sur la seigneurie, les conditions de vie et de travail des communautés paysannes et de l’aristocratie foncière, les relations qu’entretiennent seigneurs et paysans ; elles doivent s’appuyer sur des sources variées : images tirées d’œuvres d’art, récits médiévaux, exemple d’une seigneurie réelle. Si la naissance du village médiéval est datée des xe et xie siècles, le cadre de la France doit être vu sur le temps long, du xie au xve siècle. ✎ Ressources Bibliographie • CHAPELOT (J.), FOSSIER (R.), Le Village et la maison au Moyen Âge, Paris, Hachette Littérature, 1980. • FELLER (L.), Paysans et seigneurs au Moyen Âge : viiie-xve siècle, Paris, A. Colin, 2006. • LE GOFF J. (dir.), L'homme médiéval, Paris, Le Seuil, 1994 • VAUCHEZ (A.), FOSSIER (R.), VERGER (J.) et al., Histoire du Moyen Âge, tome 2, 3 et 4, Paris, Éditions Complexe, 2005. Auteur : Valérie Schafer « Le risque est celui des isolats épistémologiques : isolat des périodes, des sites par rapport aux contextes, du village en tant que spécificité du Moyen Âge, etc. C’est ici qu’il faut offrir une perspective qui ne soit pas un grand écart. (...) Il y a lieu de chercher un point de vue de liaison » Magali Watteaux Principaux éléments de problématique • Les relations entre seigneurs et paysans Il convient de montrer que la seigneurie est autant un cadre économique que juridique et social. Le seigneur n’est pas seulement celui qui reçoit les redevances, opprime, il est aussi celui qui peut juger, protéger. La distinction entre seigneurie foncière et banale (dans certains cas, les deux ne sont pas détenues par le même seigneur), l’étude des redevances, de la diversité des seigneuries et seigneurs (ecclésiastiques, laïcs, possesseurs du droit de ban, de la haute justice…) et des paysans (serfs et vilains, manouvriers, laboureurs…) invitent à nuancer la relation seigneurs/paysans qui n’est pas simple rapport de domination. Ainsi, le servage suit un double mouvement : d’une part, des hommes et femmes d’ascendance libre vont se donner à un plus puissant pour des raisons religieuses - ils s’asservissent à un saint - ou poussés par la misère et, dans d’autres cas, certains serfs deviennent assez riches pour acheter leur franchise, souvent dans le cadre de la communauté villageoise : c'est ainsi que, du temps de Saint Louis, la plupart des ruraux de la région parisienne parvinrent à s'affranchir). • La seigneurie, un cadre non figé En demandant l’étude d’une seigneurie réelle et non de son schéma virtuel, le programme permet d'éviter un problème que connaissait l’étude du monde médiéval : à travers le schéma était présentée une structure figée et stéréotypée ignorant les variations spatiales et sur le temps long du Moyen Âge. Or le cadre de la seigneurie n’est pas toujours le même : ainsi, selon les régions, les serfs sont plus ou moins nombreux, la tenure et les réserves peuvent évoluer au fil des défrichements, des partages successoraux, les serfs et les vilains connaissent une diversité de situation (entre laboureurs et brassiers, l’écart s’accroît par exemple). De même, les modes de vie ne peuvent être pensés de façon figée et homogène : le mode de vie noble qui peu à peu intègre les idéaux chevaleresques ou le travail et les statuts des paysans sont loin d’être homogènes dans le temps et l’espace. • La naissance du village, un débat historiographique Le programme se place dans la lignée des écrits de Robert Fossier et de l’ouvrage Le Village et la maison au Moyen Âge. L’historien distingue un habitat rural alto-médiéval mobile, mal desservi avant l’an mil puis la structuration du village autour de l’église, la mise en cohérence du parcellaire, la structuration d’un réseau de desserte, la prise de conscience des villageois de former une communauté (pas toujours soudée pour autant). Claude Lorren et Patrick Perrin ont critiqué la place de la « révolution de l’an mil » dans cette naissance du village et cette borne chronologique ne fait pas l’unanimité. Claude Raynaud invite à ne pas renoncer à identifier les singularités et à rendre compte du changement, ce que l’étude de cas peut permettre. PROPOSITION DE MISE EN ŒUVRE : scénario 1 environ 40 % du temps consacré à l’histoire Leçon 1 La seigneurie, cadre de vie des seigneurs et paysans Question fil conducteur En quoi la seigneurie est-elle à la fois une structure économique, sociale et juridique ? •Plan de la leçon Étude du plan d’une seigneurie L’étude de la seigneurie de Wisme ou Coucy est classique mais un travail avec les archives départementales peut être envisagé (ressources locales). Le plan source pourra donner lieu à un croquis élaboré par les élèves et distinguant réserve, tenures, château, église, village femmes de l’aristocratie. Les relations entre seigneurs et paysans Celles-ci seront étudiées à partir des exemples des redevances (corvées, banalités etc.) et de la justice. Le pouvoir du seigneur sera mis en valeur mais aussi son rôle de protection parfois. Supports –– Plan d’une seigneurie –– Complainte des vilains de Verson (1247) –– Extrait de L. Feller sur le pouvoir du seigneur Leçon 2 Une grande diversité dans la vie et le statut des paysans Question fil conducteur Des serfs aux vilains, des manouvriers aux laboureurs, comment le travail et la vie des paysans s’organisent-ils ? •Plan de la leçon : Serfs et vilains, des statuts différents La spécificité du servage sera présentée : le serf appartient au seigneur, paie des redevances particulières. Le rythme agricole À partir de miniatures ou d’enluminures, les travaux des champs pourront être décrits et les représentations qui en sont faites seront analysées. La vie au village On insistera sur la structuration du village, le rôle de l’église, la formation de communautés villageoises, l’élaboration de réseaux de desserte. Supports –– Extrait de R. Fossier sur le village médiéval –– Iconographie sur le travail paysan d’après des enluminures (site de la BNF) Leçon 3 Le mode de vie des hommes et des femmes de l’aristocratie Question fil conducteur En quoi les seigneurs se distinguentils par un genre de vie particulier, noble ? •Plan de la leçon Noblesse et chevalerie ont tendance à se confondre Contrairement à la Germanie, où la chevalerie formait encore au début du xiiie siècle un état nettement séparé de la noblesse, en France, les notions, nettement distinctes à l'origine, vont peu à peu se confondre. Les idéaux chevaleresques seront présentés à partir d’extraits de romans courtois. La vie au château Le récit du professeur s’appuiera sur l’iconographie médiévale pour étudier le mode de vie noble, mais il faut se garder de ne présenter que les loisirs (musique, tournoi, chasse) et essayer de montrer la vie quotidienne (par exemple à partir de la fonction des pièces du château). Supports –– Extraits de Lancelot de Chrétien de Troyes –– Les Très Riches Heures du Duc de Berry (Mai et Août) –– Pierre Salmon, « D’un château à l’autre », in Réponse à Charles VI et Lamentations, Paris, 1409 –– Site BNF : http://classes.bnf.fr/ema/audio/grands/ c078.htm/ Capacités développées ➜➜ Analyser des œuvres d’art (miniatures, enluminures…). ➜➜ Décrire et analyser un plan, réaliser un croquis de la seigneurie. ➜➜ Analyser un texte d’historien pour en tirer les arguments et informations essentiels, travailler sur la structure du récit en histoire. ➜➜ Lire des récits médiévaux, les mettre en relation et sélectionner des informations dans un texte. ➜➜ Connaître l’organisation d’un village médiéval et d’une seigneurie ; décrire le travail paysan et le mode de vie noble. ✎ connaissances (notions et mots clés) nouvelles Seigneurie Serfs et vilains Nobles et chevaliers Tenures, réserve, corvée Amour courtois PROPOSITION alternative DE MISE EN ŒUVRE Scénario 2 Le plan d’une seigneurie sera le document de référence au fil des séances qui s’organiseront autour de zooms sur différents lieux de la seigneurie. Leçon 1 : La vie au château Quel est le genre de vie des nobles ? Leçon 2 : La vie au village Comment le village médiéval naît-il et s’organise-t-il ? Leçon 3 : Le travail aux champs Quelles sont les conditions de vie des paysans et leurs tâches ? Leçon 4 : Les relations seigneurs/paysans Le rapport entre seigneur et paysan est-il seulement un rapport de domination ? Les dossiers en ligne de la BNF proposent une iconographie vaste et diversifiée. Voir notamment sur les châteaux : http://classes.bnf.fr/ema/audio/index.htm http://classes.bnf.fr/ema/feuils/chateau/ index3.htm 99 Histoire HISTOIRE GÉOGRAPHIE ÉDUCATION CIVIQUE 5 e • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES sous la direction de Laurent LE MERCIER Aide à la mise en œuvre des programmes Cet ouvrage édité par le crdp de l’académie de Versailles est conçu pour apporter une aide aux professeurs d’histoire-géographie et d’éducation civique afin de leur permettre d’interpréter au mieux les nouveaux programmes de 5e en vigueur dès la rentrée 2010. La première partie expose les grandes orientations des nouveaux programmes. Le point est fait sur l’évolution des disciplines, avec une réflexion sur les démarches, les objectifs d’apprentissage et l’évaluation. La deuxième partie montre concrètement comment mettre en œuvre dans les classes l’intégralité des thèmes des programmes en indiquant des ressources tous supports. Elle présente également plusieurs possibilités de mise en œuvre. ◆◆ ◆◆ Pilotée par le crdp de l’académie de Créteil, la série « Disciplines » de la collection « Repères pour agir Second degré » accompagne la formation continuée des enseignants à partir d’expériences pédagogiques validées par des inspecteurs et formateurs. Dans le cadre de la rénovation des programmes, ces pratiques privilégient l’approche par compétences, l’évolution didactique des disciplines et la pédagogie différenciée. Histoire Géographie Éducation civique 5e Histoire Géographie Éducation civique 5e 5 CRDP ISSn 1625-3000 Code vente : 7800HG02 ISBN 978-2-86637-530-0 Prix : 21 euros. Disciplines e Académie de Versailles Histoire Géographie Éducation civique Aide à la mise en œuvre des programmes sous la direction de Laurent Le Mercier