PDF

publicité
sous la direction de Laurent LE MERCIER
Aide à la mise en œuvre
des programmes
Cet ouvrage édité par le crdp de l’académie de Versailles
est conçu pour apporter une aide aux professeurs
d’histoire-géographie et d’éducation civique afin de leur
permettre d’interpréter au mieux les nouveaux
programmes de 5e en vigueur dès la rentrée 2010.
La première partie expose les grandes orientations
des nouveaux programmes. Le point est fait sur l’évolution
des disciplines, avec une réflexion sur les démarches,
les objectifs d’apprentissage et l’évaluation.
La deuxième partie montre concrètement comment
mettre en œuvre dans les classes l’intégralité des thèmes
des programmes en indiquant des ressources tous
supports. Elle présente également plusieurs possibilités
de mise en œuvre.
◆◆
◆◆
Pilotée par le crdp de l’académie de Créteil, la série
« Disciplines » de la collection « Repères pour agir Second
degré » accompagne la formation continuée des enseignants
à partir d’expériences pédagogiques validées par des
inspecteurs et formateurs. Dans le cadre de la rénovation
des programmes, ces pratiques privilégient l’approche par
compétences, l’évolution didactique des disciplines et la
pédagogie différenciée.
Histoire Géographie Éducation civique 5e
Histoire Géographie
Éducation civique 5e
5
CRDP
ISSn 1625-3000
Code vente : 7800HG02
ISBN 978-2-86637-530-0
Prix : 21 euros.
Disciplines
Histoire
e
Académie de Versailles
Aide à la mise en œuvre
des programmes
sous la direction de
Laurent Le Mercier
HISTOIRE GÉOGRAPHIE ÉDUCATION CIVIQUE 5 e • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES
A.Histoire
Du Moyen âge
aux Temps modernes
93
1
LES DÉBUTS DE L’ISLAM
(viie-ixe siècle)

Les débuts de l’islam
fil conducteur du thème
Ce thème invite à aborder l’islam non plus uniquement à travers le fait religieux mais à traiter également de
son émergence à travers le fait politique.
✎
Ressources
Bibliographie
• ALILLY (R.),
Qu’est ce que l’Islam ?,
Paris, La Découverte, 1980.
• SOURDEL (D.),
Dictionnaire historique de l’islam,
Paris, PUF, 1983.
• MICHEAUX (M.),
Les Pays d’Islam, viie- xve siècle,
Paris, la Documentation photographique, 1998.
• DE PREMARE (A.),
L’Islam des origines, entre écriture et histoire,
Paris, Le Seuil, 2000. Sous la direction de
Mohammad Ali Amir Moezzi, Dictionnaire du
Coran, Éditions Robert Laffont, collection
« Bouquins », Paris
Auteur : Sami Cherif
Principaux éléments de problématique
• Pour une lecture politique des conquêtes de l’islam
Les conquêtes musulmanes, hors de la péninsule arabique, sont un sujet qui a été largement
débattu par les historiens et qui est principalement abordé sous l’angle du fait religieux.
L’historiographie traditionnelle les a souvent décrites comme la manifestation d’une
religiosité fanatique qui serait l’expression du djihad. Le verset du Coran enjoignant les
fidèles à combattre les Mecquois a été interprété, par les successeurs de Muhammad,
comme une injonction pour conquérir de nouvelles terres au-delà de l’Arabie. Les apports
récents de la recherche historique (A. Morabia, G. Veinstein) permettent pourtant de
contrecarrer cette vision. La plupart des passages du Coran exhortent les musulmans à
répandre leur religion, mais uniquement par des voies pacifiques. La notion de djihad
n’est donc pas opératoire pour expliquer les conquêtes musulmanes. Au contraire, celles‑ci
doivent être analysées non plus uniquement à la lumière du fait religieux mais dans le
cadre d’un projet politique rationnel, porté par les premiers califes, visant à profiter de la
faiblesse militaire des adversaires et à ressouder l’Oumma divisée par les rivalités pour
la succession de Muhammad. Il apparaît donc essentiel de renoncer à une lecture
exclusivement religieuse et d’insister au contraire sur les intentions politiques des premiers
califes qui constituent le moteur des premières expansions.
• L’élaboration du dogme et la question des sources
« Alors que nous vivions dans
des clairières, l’islam brillait de
mille feux »
Maurice Lombard
Les écrits sur les débuts de l’islam sont très souvent concentrés sur la figure centrale du
prophète Muhammad. En l’absence de sources archéologiques (les fouilles sont interdites
en Arabie Saoudite), les récits fondateurs relatés par la tradition musulmane (la Révélation,
l’Hégire…) sont des sources essentielles et nécessitent d’être relus en fonction du contexte
qui prévaut au moment de leur mise par écrit, soit plusieurs années après la mort de
Muhammad. Si le programme recommande d’ « étudier des récits de la tradition comme
fondements de l’islam », l’utilisation dans la classe d’extraits des Hadiths ou du Coran par
l’enseignant doit conduire à se détacher de la geste religieuse et à historiciser le processus
d’élaboration des textes fondateurs.
Alors que l’idéal religieux fondé par Muhammad repose sur l’unicité d’un Dieu et d’une
croyance, une lecture idéalisée de l’islam présenterait cette religion comme un bloc
monolithique, codifié et abouti du vivant même de Muhammad.
La tradition musulmane présente la vision d’une communauté soudée autour d’une même
croyance à la mort de Muhammad, mais déjà sa succession donne lieu à des divisions portant
sur le dogme mais aussi à des rivalités politiques (schisme d’Ali à l’origine du courant
chiite). C’est surtout après 632 que s’est consolidé le corps de doctrine de la religion
musulmane. La codification du Coran, conduite par le calife Uthman (vers 644 après la
destruction de recueils concurrents), témoigne d’une volonté de fixer le dogme pour
contrecarrer les oppositions doctrinales et politiques. Les difficultés décrites par le
chroniqueur Al Bukkari pour sélectionner et compiler les textes sur le Coran afin d’en
imposer une lecture unique contredisent ainsi la représentation d’un islam achevé dès ses
origines. L’élaboration de la norme religieuse procède donc pour une grande partie du fait
politique car elle est conduite par les califes. Cela signifie aussi, in fine, que la recherche
Histoire
HISTOIRE GÉOGRAPHIE ÉDUCATION CIVIQUE 5 e • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES
des fondements doctrinaux de l’islam ne doit pas se centrer exclusivement sur la période de
Muhammad. Au contraire, aux viiie et ixe siècles, les débats entre théologiens à Damas ou
à Cordoue, l’apport des sciences juridiques et les interprétations du droit coranique par les
oulémas concourent tout autant que le Coran et les Hadiths à définir des normes religieuses.
En définitive, cela montre que le corps de doctrine de l’islam, depuis la Révélation, a été en
construction permanente.
• Civilisation musulmane et diversité culturelle
À la fin du viiie siècle, après les reflux de Poitiers et Talas, les conquêtes ont marqué le
pas. La puissance et la rapidité de la conquête ont-elles débouché sur la construction d’un
territoire unifié ? Sous les Abbassides, il serait erroné de voir en Bagdad un centre politique
et religieux capable d’imposer les croyances à l’ensemble du monde musulman. Sa
puissance et son rayonnement, le statut quasi universel de l’arabe, n’effacent pas la
diversité culturelle au sein de cette civilisation. « Sous le voile du califat les anciennes
sociétés de l’Orient classique continuent », écrit Maurice Lombard. L’immensité de
l’empire, la difficulté d’établir des communications, la faiblesse numérique des
conquérants mais aussi l’importance des populations non arabes expliquent la permanence
de cette diversité au sein du monde musulman.
Au cours des viiie et ixe siècles, la civilisation arabo-musulmane s’affirme de plus en plus
face aux civilisations byzantine, indienne et européenne. Bagdad, par l’ouverture et
l’acceptation de toutes les confessions religieuses, a vu l’essor des lettres, des sciences,
de la philosophie et l’émergence d’une civilisation musulmane dite classique. Les acteurs
de ce foisonnement culturel et intellectuel sont chrétiens, juifs, persans. Tous participent
à cet essor. Le mouvement de traduction du grec au syriaque et l’arabe à Bagdad ne peut
ainsi être compris sans une volonté politique émanant des califes al Mamun ou Haroun
el Rashid. Ce moment a été possible grâce à l’assimilation d’héritages culturels de
civilisations pluriséculaires (juive, grecque, persane…). Pour comprendre l’organisation
territoriale de la civilisation musulmane, l’étude du fait urbain et des ses acteurs est donc
fondamentale. L’éclosion des villes de Bagdad, de Damas ou de Cordoue s’est
accompagnée de l’émergence d’une élite urbaine, ouverte à l’art, à la littérature mais aussi
aux sciences religieuses. La demande des califes pour codifier l’islam dans ses dogmes
et ses pratiques a mobilisé un large faisceau de disciplines. Le hadith « cherchez la science
jusqu’en Chine, du berceau au tombeau » a pu ainsi être interprété comme une injonction
à promouvoir les sciences. Ainsi, comme l’a relevé Maurice Lombard, l’islam, « dans sa
première grandeur », aura été un creuset permettant la tolérance et la synthèse de toutes
les cultures antérieures. Inscrire rigoureusement la naissance de l’islam dans son contexte,
en montrer la diversité sont des enjeux historiques mais aussi civiques essentiels.
95
Capacités développées
➜➜ Raconter un épisode significatif des
conquêtes musulmanes et expliquer
ses conséquences politiques :
création d’un califat.
➜➜ Connaître et utiliser le repère
suivant : l’Hégire, la conquête
de Jérusalem, de l’Égypte.
➜➜ Décrire et comprendre la carte de
l’expansion musulmane au viie siècle.
➜➜ Confronter deux textes sur un même
événement et les mettre en relation
avec une carte.
✎
connaissances (notions et mots clés)
nouvelles
Calife
Schisme
À réinvestir
Expansion
Prophète
PROPOSITION alternative
DE MISE EN ŒUVRE :
Scénario 2
Leçon 1 : La conquête de la Palestine et de
la Syrie
Comment les premières conquêtes
débouchent-elles au viiie siècle sur la
construction d’un vaste empire ?
Leçon 2 : Les fondements de la religion
musulmane
PROPOSITION DE MISE EN ŒUVRE : scénario 1
Environ 10 % du temps consacré à l’histoire
Leçon 1
Les premières conquêtes et la
construction d’un empire musulman
Question fil conducteur
Quelles sont les conséquences des
conquêtes musulmanes dans le bassin
méditerranéen ?
•Plan de la leçon
La péninsule arabique au contact des
civilisations
Dans une phase introductive, le professeur situe la péninsule arabique sur une
carte de la Méditerranée au viie siècle et
montre la proximité des empires byzantin,
perse et de l’Occident chrétien. On insiste
sur l’unité politique des tribus arabes à la
mort de Muhammad face à des adversaires
affaiblis et divisés.
La conquête du Croissant fertile
La conquête du croissant fertile est abordée à travers l’exemple de l’Égypte (641)
et du général Amr. Les textes d’un chroniqueur byzantin, Jean de Nikiou, et de
Al-Bâladuri, permettent de dégager les
causes des victoires musulmanes au
Proche-Orient. Les élèves confrontent les
deux points de vue.
L’extension de l’empire musulman
Ce document est ensuite mis en relation
avec une carte de l’empire musulman au
viiie siècle. Les élèves repèrent les directions et les limites de l’expansion musulmane. On met en avant le rôle central des
califes (Abu Bakr, Omar, Uthman). Le professeur conclut sur les limites de l’expansion musulmane en Orient et en Occident.
Supports
–– Texte de Jean de Nikiou sur
la conquête de l’Égypte
–– Texte d’Al-Bâladuri sur la conquête
de l’Égypte
–– Carte de l’Arabie au viie siècle
–– Carte de l’expansion musulmane
au viiie siècle
Leçon 2
Une religion en construction
Question fil conducteur
Comment les fondements de la
religion musulmane se mettent-ils en
place ?
•Plan de la leçon
Le prophète Muhammad et la
naissance de l’islam
La naissance de l’islam (Révélation,
Hégire…), ses fondements, le personnage
de Muhammad et les lieux saints sont étudiés à travers un texte du Coran mis en
relation avec un texte d’historien. Les
proximités avec le judaïsme et le christianisme sont mises en avant. On montre
comment l’Arabie devient musulmane à la
mort de Muhammad.
Le rôle des califes dans l’élaboration
du dogme
À partir d’un texte d’Al-Bukhari, le professeur explique les conditions de mise par
écrit du Coran et des Hadiths par les différents califes (transmission orale, recension des différentes versions) après la
mort de Muhammad. On souligne le rôle
du calife Uthman pour stabiliser le dogme
alors qu’apparaissent les premières divisions (schisme) religieuses mais aussi
politiques.
Supports
–– Extrait d’un Hadith
–– Extrait du Coran
–– Texte d’Al-Bukhari
–– Extrait de Mahomet de M. Rodinson
PROPOSITION DE MISE EN ŒUVRE (suite)
Leçon 3
La mosquée des Ommeyades à Damas
Question fil conducteur
Pourquoi le plan d’une mosquée
permet-il de comprendre les croyances
religieuses des musulmans ?
•Plan de la leçon :
Les origines de la mosquée des
Ommeyades
L’enseignant explique les origines de la
mosquée de Damas. On montre le contexte
urbain dans lequel elle s’insère.
Le plan de la mosquée
des Ommeyades
À partir du plan, les élèves étudient les
pratiques religieuses des musulmans. La
forme carrée reproduit la maison de
Muhammad. La salle de prière constitue
un des cinq piliers de l’islam.
La place des arts dans la mosquée
Des photographies de la salle de prière,
du minaret et de la cour intérieure permettent d’étudier des éléments du décor
et leur signification religieuse. On relève
également les influences byzantines (chapiteaux corinthiens, arcs en plein cintre
etc.). On pourra ensuite faire une comparaison avec d’autres mosquées pour montrer la diversité.
Supports
–– Texte de Maquaddasi ou Al-Idrissi
décrivant la mosquée des Ommeyades
–– Plan de la mosquée des Ommeyades
–– Photographies du minaret, de la cour
intérieure et de la salle de prière
à sa cour les plus grands savants. Un
texte sur Al-Khwarizmi et la Maison de la
Sagesse montrent l’essor des sciences, la
littérature, la philosophie et l’importance
des traductions qui permettent ainsi aux
Arabes de s’ouvrir à la culture grecque.
L’organisation de l’espace urbain
L’organisation de l’espace urbain est étudiée à travers un plan de Bagdad. Les
élèves identifient ses fonctions politique,
religieuse et commerciale pour souligner
son statut de capitale d’un vaste empire.
La mise en relation avec une carte du bassin méditerranéen conduit les élèves à
montrer la puissance de Bagdad et sa
position de carrefour commercial entre
l’Orient et l’Occident.
Diversité de la civilisation musulmane
au ixe siècle
S’appuyant sur la carte du bassin méditerranéen au ixe siècle, le professeur souligne
la diversité culturelle du monde musulman, ainsi que le rayonnement de Bagdad.
Pour montrer cette diversité, les élèves
repèrent l’existence d’autres centres
urbains et califats (Cordoue). On montre
enfin que l’extension de l’islam n’a pas
effacé les différences culturelles.
Supports
–– Texte sur Al-Khwarizmi
–– Carte des échanges dans le bassin
méditerranéen au viiie siècle
–– Plan de Bagdad (la ville ronde de
Al-Mamun)
Capacités développées
➜➜ Connaître et utiliser le repère
suivant : la fondation de Bagdad.
➜➜ Décrire et comprendre la carte des
échanges au viiie siècle.
➜➜ Décrire le plan d’une mosquée.
➜➜ Confronter deux textes sur un même
événement et les mettre en relation
avec une carte.
✎
connaissances (notions et mots clés)
nouvelles
Mécène
À réinvestir
Civilisation
Dynastie
PROPOSITION alternative
DE MISE EN ŒUVRE :
Scénario 2
Leçon 3 : Étude de la mosquée de Cordoue
En quoi l’organisation de la mosquée des
Ommeyades aide-t-elle à comprendre les
fondements de la religion musulmane ?
Leçon 4 : Le rayonnement de la civilisation
musulmane
Comment expliquer le rayonnement de la
civilisation musulmane au viiie siècle ?
Leçon 4
Bagdad, étude de la vie urbaine
Question fil conducteur
En quoi l’exemple de Bagdad traduit-il
la diversité et l’essor de la civilisation
musulmane au ixe siècle ?
•Plan de la leçon :
Le calife et le rayonnement culturel
de Bagdad
Le calife abbasside Al-Mamoun est au
centre de l’étude sur Bagdad. L’enseignant
explique son rôle de mécène pour attirer
97
Histoire
HISTOIRE GÉOGRAPHIE ÉDUCATION CIVIQUE 5 e • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES
2
L’OCCIDENT FÉODAL,
(xie-xve siècle)

Paysans et seigneurs
Fil conducteur du thème
Ces leçons portent sur la seigneurie, les conditions de vie et de travail des communautés paysannes et de
l’aristocratie foncière, les relations qu’entretiennent seigneurs et paysans ; elles doivent s’appuyer sur des
sources variées : images tirées d’œuvres d’art, récits médiévaux, exemple d’une seigneurie réelle. Si la
naissance du village médiéval est datée des xe et xie siècles, le cadre de la France doit être vu sur le temps
long, du xie au xve siècle.
✎
Ressources
Bibliographie
• CHAPELOT (J.), FOSSIER (R.),
Le Village et la maison au Moyen Âge,
Paris, Hachette Littérature, 1980.
• FELLER (L.),
Paysans et seigneurs au Moyen Âge :
viiie-xve siècle,
Paris, A. Colin, 2006.
• LE GOFF J. (dir.),
L'homme médiéval,
Paris, Le Seuil, 1994
• VAUCHEZ (A.), FOSSIER (R.), VERGER (J.) et al.,
Histoire du Moyen Âge, tome 2, 3 et 4,
Paris, Éditions Complexe, 2005.
Auteur : Valérie Schafer
« Le risque est celui des isolats
épistémologiques : isolat des
périodes, des sites par rapport
aux contextes, du village en
tant que spécificité du Moyen
Âge, etc. C’est ici qu’il faut offrir
une perspective qui ne soit pas
un grand écart. (...) Il y a lieu
de chercher un point de vue de
liaison »
Magali Watteaux
Principaux éléments de problématique
• Les relations entre seigneurs et paysans
Il convient de montrer que la seigneurie est autant un cadre économique que juridique et
social. Le seigneur n’est pas seulement celui qui reçoit les redevances, opprime, il est
aussi celui qui peut juger, protéger. La distinction entre seigneurie foncière et banale (dans
certains cas, les deux ne sont pas détenues par le même seigneur), l’étude des redevances,
de la diversité des seigneuries et seigneurs (ecclésiastiques, laïcs, possesseurs du droit de
ban, de la haute justice…) et des paysans (serfs et vilains, manouvriers, laboureurs…)
invitent à nuancer la relation seigneurs/paysans qui n’est pas simple rapport de domination.
Ainsi, le servage suit un double mouvement : d’une part, des hommes et femmes
d’ascendance libre vont se donner à un plus puissant pour des raisons religieuses - ils
s’asservissent à un saint - ou poussés par la misère et, dans d’autres cas, certains serfs
deviennent assez riches pour acheter leur franchise, souvent dans le cadre de la
communauté villageoise : c'est ainsi que, du temps de Saint Louis, la plupart des ruraux
de la région parisienne parvinrent à s'affranchir).
• La seigneurie, un cadre non figé
En demandant l’étude d’une seigneurie réelle et non de son schéma virtuel, le programme
permet d'éviter un problème que connaissait l’étude du monde médiéval : à travers le
schéma était présentée une structure figée et stéréotypée ignorant les variations spatiales
et sur le temps long du Moyen Âge. Or le cadre de la seigneurie n’est pas toujours le
même : ainsi, selon les régions, les serfs sont plus ou moins nombreux, la tenure et les
réserves peuvent évoluer au fil des défrichements, des partages successoraux, les serfs et
les vilains connaissent une diversité de situation (entre laboureurs et brassiers, l’écart
s’accroît par exemple). De même, les modes de vie ne peuvent être pensés de façon figée
et homogène : le mode de vie noble qui peu à peu intègre les idéaux chevaleresques ou
le travail et les statuts des paysans sont loin d’être homogènes dans le temps et l’espace.
• La naissance du village, un débat historiographique
Le programme se place dans la lignée des écrits de Robert Fossier et de l’ouvrage
Le Village et la maison au Moyen Âge. L’historien distingue un habitat rural alto-médiéval
mobile, mal desservi avant l’an mil puis la structuration du village autour de l’église, la
mise en cohérence du parcellaire, la structuration d’un réseau de desserte, la prise de
conscience des villageois de former une communauté (pas toujours soudée pour autant).
Claude Lorren et Patrick Perrin ont critiqué la place de la « révolution de l’an mil » dans
cette naissance du village et cette borne chronologique ne fait pas l’unanimité. Claude
Raynaud invite à ne pas renoncer à identifier les singularités et à rendre compte du
changement, ce que l’étude de cas peut permettre.
PROPOSITION DE MISE EN ŒUVRE : scénario 1
environ 40 % du temps consacré à l’histoire
Leçon 1
La seigneurie, cadre de vie des
seigneurs et paysans
Question fil conducteur
En quoi la seigneurie est-elle à la fois
une structure économique, sociale et
juridique ?
•Plan de la leçon
Étude du plan d’une seigneurie
L’étude de la seigneurie de Wisme ou
Coucy est classique mais un travail avec
les archives départementales peut être
envisagé (ressources locales). Le plan
source pourra donner lieu à un croquis
élaboré par les élèves et distinguant
réserve, tenures, château, église, village
femmes de l’aristocratie.
Les relations entre seigneurs
et paysans
Celles-ci seront étudiées à partir des
exemples des redevances (corvées, banalités etc.) et de la justice. Le pouvoir du
seigneur sera mis en valeur mais aussi son
rôle de protection parfois.
Supports
–– Plan d’une seigneurie
–– Complainte des vilains de Verson
(1247)
–– Extrait de L. Feller sur le pouvoir du
seigneur
Leçon 2
Une grande diversité dans la vie et le
statut des paysans
Question fil conducteur
Des serfs aux vilains, des manouvriers
aux laboureurs, comment le travail et
la vie des paysans s’organisent-ils ?
•Plan de la leçon :
Serfs et vilains, des statuts différents
La spécificité du servage sera présentée :
le serf appartient au seigneur, paie des
redevances particulières.
Le rythme agricole
À partir de miniatures ou d’enluminures,
les travaux des champs pourront être
décrits et les représentations qui en sont
faites seront analysées.
La vie au village
On insistera sur la structuration du village, le rôle de l’église, la formation de
communautés villageoises, l’élaboration
de réseaux de desserte.
Supports
–– Extrait de R. Fossier sur le village
médiéval
–– Iconographie sur le travail paysan
d’après des enluminures (site de la
BNF)
Leçon 3
Le mode de vie des hommes et des
femmes de l’aristocratie
Question fil conducteur
En quoi les seigneurs se distinguentils par un genre de vie particulier,
noble ?
•Plan de la leçon
Noblesse et chevalerie ont tendance à
se confondre
Contrairement à la Germanie, où la chevalerie formait encore au début du xiiie
siècle un état nettement séparé de la
noblesse, en France, les notions, nettement distinctes à l'origine, vont peu à peu
se confondre. Les idéaux chevaleresques
seront présentés à partir d’extraits de
romans courtois.
La vie au château
Le récit du professeur s’appuiera sur l’iconographie médiévale pour étudier le mode
de vie noble, mais il faut se garder de ne
présenter que les loisirs (musique, tournoi, chasse) et essayer de montrer la vie
quotidienne (par exemple à partir de la
fonction des pièces du château).
Supports
–– Extraits de Lancelot de Chrétien de
Troyes
–– Les Très Riches Heures du Duc de
Berry (Mai et Août)
–– Pierre Salmon, « D’un château à
l’autre », in Réponse à Charles VI et
Lamentations, Paris, 1409
–– Site BNF :
http://classes.bnf.fr/ema/audio/grands/
c078.htm/
Capacités développées
➜➜ Analyser des œuvres d’art (miniatures,
enluminures…).
➜➜ Décrire et analyser un plan, réaliser
un croquis de la seigneurie.
➜➜ Analyser un texte d’historien pour en
tirer les arguments et informations
essentiels, travailler sur la structure
du récit en histoire.
➜➜ Lire des récits médiévaux, les mettre
en relation et sélectionner des
informations dans un texte.
➜➜ Connaître l’organisation d’un village
médiéval et d’une seigneurie ; décrire
le travail paysan et le mode de vie
noble.
✎
connaissances (notions et mots clés)
nouvelles
Seigneurie
Serfs et vilains
Nobles et chevaliers
Tenures, réserve, corvée
Amour courtois
PROPOSITION alternative
DE MISE EN ŒUVRE
Scénario 2
Le plan d’une seigneurie sera le document de
référence au fil des séances qui s’organiseront
autour de zooms sur différents lieux de la
seigneurie.
Leçon 1 : La vie au château
Quel est le genre de vie des nobles ?
Leçon 2 : La vie au village
Comment le village médiéval naît-il et
s’organise-t-il ?
Leçon 3 : Le travail aux champs
Quelles sont les conditions de vie des
paysans et leurs tâches ?
Leçon 4 : Les relations seigneurs/paysans
Le rapport entre seigneur et paysan est-il
seulement un rapport de domination ?
Les dossiers en ligne de la BNF proposent
une iconographie vaste et diversifiée. Voir
notamment sur les châteaux :
http://classes.bnf.fr/ema/audio/index.htm
http://classes.bnf.fr/ema/feuils/chateau/
index3.htm
99
Histoire
HISTOIRE GÉOGRAPHIE ÉDUCATION CIVIQUE 5 e • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES
sous la direction de Laurent LE MERCIER
Aide à la mise en œuvre
des programmes
Cet ouvrage édité par le crdp de l’académie de Versailles
est conçu pour apporter une aide aux professeurs
d’histoire-géographie et d’éducation civique afin de leur
permettre d’interpréter au mieux les nouveaux
programmes de 5e en vigueur dès la rentrée 2010.
La première partie expose les grandes orientations
des nouveaux programmes. Le point est fait sur l’évolution
des disciplines, avec une réflexion sur les démarches,
les objectifs d’apprentissage et l’évaluation.
La deuxième partie montre concrètement comment
mettre en œuvre dans les classes l’intégralité des thèmes
des programmes en indiquant des ressources tous
supports. Elle présente également plusieurs possibilités
de mise en œuvre.
◆◆
◆◆
Pilotée par le crdp de l’académie de Créteil, la série
« Disciplines » de la collection « Repères pour agir Second
degré » accompagne la formation continuée des enseignants
à partir d’expériences pédagogiques validées par des
inspecteurs et formateurs. Dans le cadre de la rénovation
des programmes, ces pratiques privilégient l’approche par
compétences, l’évolution didactique des disciplines et la
pédagogie différenciée.
Histoire Géographie Éducation civique 5e
Histoire Géographie
Éducation civique 5e
5
CRDP
ISSn 1625-3000
Code vente : 7800HG02
ISBN 978-2-86637-530-0
Prix : 21 euros.
Disciplines
e
Académie de Versailles
Histoire
Géographie
Éducation
civique
Aide à la mise en œuvre
des programmes
sous la direction de
Laurent Le Mercier
Téléchargement