Histoire Géographie
Éducation civique 5e
Aide à la mise en œuvre
des programmes
sous la direction de Laurent LE MERCIER
Cet ouvrage édité par le crdp de l’académie de Versailles
est conçu pour apporter une aide aux professeurs
d’histoire-géographie et d’éducation civique afin de leur
permettre d’interpréter au mieux les nouveaux
programmes de 5e en vigueur dès la rentrée 2010.
La première partie expose les grandes orientations
des nouveaux programmes. Le point est fait sur l’évolution
des disciplines, avec une réflexion sur les démarches,
les objectifs d’apprentissage et l’évaluation.
La deuxième partie montre concrètement comment
mettre en œuvre dans les classes l’intégralité des thèmes
des programmes en indiquant des ressources tous
supports. Elle présente également plusieurs possibilités
de mise en œuvre.
Pilotée par le crdp de l’académie de Créteil, la série
«Disciplines » de la collection «Repères pour agirSecond
degré » accompagne la formation continuée des enseignants
à partir d’expériences pédagogiques validées par des
inspecteurs et formateurs. Dans le cadre de la rénovation
des programmes, ces pratiques privilégient l’approche par
compétences, l’évolution didactique des disciplines et la
dagogie différenciée.
sous la direction de
Laurent LE MERCIER
Histoire
Aide à la mise en œuvre
des programmes
ISSN 1625-3000
Code vente : 7800HG02
ISBN 978-2-86637-530-0
Prix : 21 euros
.
5
e
CRDP
Académie de Versailles
Histoire Géographie Éducation civique 5e
Disciplines
93
A. Histoire
Du Moyen Âge
aux Temps modernes
HISTOIRE GÉOGRAPHIE ÉDUCATION CIVIQUE 5e • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES
PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE PROBLÉMATIQUE
• Pour une lecture politique des conquêtes de l’islam
Les conquêtes musulmanes, hors de la péninsule arabique, sont un sujet qui a été largement
débattu par les historiens et qui est principalement abordé sous l’angle du fait religieux.
Lhistoriographie traditionnelle les a souvent décrites comme la manifestation d’une
religiosité fanatique qui serait l’expression du djihad. Le verset du Coran enjoignant les
fidèles à combattre les Mecquois a été interprété, par les successeurs de Muhammad,
comme une injonction pour conquérir de nouvelles terres au-delà de l’Arabie. Les apports
récents de la recherche historique (A. Morabia, G. Veinstein) permettent pourtant de
contrecarrer cette vision. La plupart des passages du Coran exhortent les musulmans à
répandre leur religion, mais uniquement par des voies pacifiques. La notion de djihad
n’est donc pas opératoire pour expliquer les conquêtes musulmanes. Au contraire, celles-ci
doivent être analysées non plus uniquement à la lumière du fait religieux mais dans le
cadre d’un projet politique rationnel, porté par les premiers califes, visant à profiter de la
faiblesse militaire des adversaires et à ressouder l’Oumma divisée par les rivalités pour
la succession de Muhammad. Il apparaît donc essentiel de renoncer à une lecture
exclusivement religieuse et d’insister au contraire sur les intentions politiques des premiers
califes qui constituent le moteur des premières expansions.
• L’élaboration du dogme et la question des sources
Les écrits sur les débuts de l’islam sont très souvent concentrés sur la figure centrale du
prophète Muhammad. En l’absence de sources archéologiques (les fouilles sont interdites
en Arabie Saoudite), les récits fondateurs relatés par la tradition musulmane (la Révélation,
l’Hégire…) sont des sources essentielles etcessitent d’être relus en fonction du contexte
qui prévaut au moment de leur mise par écrit, soit plusieurs années après la mort de
Muhammad. Si le programme recommande d’ « étudier des récits de la tradition comme
fondements de l’islam », l’utilisation dans la classe d’extraits des Hadiths ou du Coran par
l’enseignant doit conduire à se détacher de la geste religieuse et à historiciser le processus
d’élaboration des textes fondateurs.
Alors que l’idéal religieux fondé par Muhammad repose sur l’unicité d’un Dieu et d’une
croyance, une lecture idéalisée de l’islam présenterait cette religion comme un bloc
monolithique, codifié et abouti du vivant même de Muhammad.
La tradition musulmane présente la vision d’une communauté soudée autour d’une même
croyance à la mort de Muhammad, mais sa succession donne lieu à des divisions portant
sur le dogme mais aussi à des rivalités politiques (schisme d’Ali à l’origine du courant
chiite). C’est surtout après 632 que s’est consolidé le corps de doctrine de la religion
musulmane. La codification du Coran, conduite par le calife Uthman (vers 644 après la
destruction de recueils concurrents), témoigne d’une volonté de fixer le dogme pour
contrecarrer les oppositions doctrinales et politiques. Les difficultés décrites par le
chroniqueur Al Bukkari pour sélectionner et compiler les textes sur le Coran afin d’en
imposer une lecture unique contredisent ainsi la représentation d’un islam achevé dès ses
origines. L’élaboration de la norme religieuse procède donc pour une grande partie du fait
politique car elle est conduite par les califes. Cela signifie aussi, in fine, que la recherche
1
BIBLIOGRAPHIE
• ALILLY (R.),
Qu’est ce que l’Islam ?,
Paris, La Découverte, 1980.
• SOURDEL (D.),
Dictionnaire historique de l’islam,
Paris, PUF, 1983.
• MICHEAUX (M.),
Les Pays d’Islam, viie- xve siècle,
Paris, la Documentation photographique, 1998.
• DE PREMARE (A.),
L’Islam des origines, entre écriture et histoire,
Paris, Le Seuil, 2000. Sous la direction de
Mohammad Ali Amir Moezzi, Dictionnaire du
Coran, Éditions Robert Laffont, collection
«Bouquins», Paris
RESSOURCES
LES DÉBUTS DE LISLAM
(viie-ixe siècle)
LES BUTS DE LISLAM
FIL CONDUCTEUR DU THÈME
Ce thème invite à aborder l’islam non plus uniquement à travers le fait religieux mais à traiter également de
son émergence à travers le fait politique.
Auteur : Sami Cherif
« Alors que nous vivions dans
des clairières, l’islam brillait de
mille feux »
Maurice Lombard
95
HISTOIRE
HISTOIRE GÉOGRAPHIE ÉDUCATION CIVIQUE 5e • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES
des fondements doctrinaux de l’islam ne doit pas se centrer exclusivement sur la période de
Muhammad. Au contraire, aux viiie et ixe siècles, les débats entre théologiens à Damas ou
à Cordoue, l’apport des sciences juridiques et les interprétations du droit coranique par les
oulémas concourent tout autant que le Coran et les Hadiths à finir des normes religieuses.
En définitive, cela montre que le corps de doctrine de l’islam, depuis la Révélation, a été en
construction permanente.
• Civilisation musulmane et diversité culturelle
À la fin du viiie siècle, après les reflux de Poitiers et Talas, les conquêtes ont marqué le
pas. La puissance et la rapidité de la conquête ont-elles débouché sur la construction d’un
territoire unif? Sous les Abbassides, il serait erroné de voir en Bagdad un centre politique
et religieux capable d’imposer les croyances à l’ensemble du monde musulman. Sa
puissance et son rayonnement, le statut quasi universel de l’arabe, n’effacent pas la
diversité culturelle au sein de cette civilisation. « Sous le voile du califat les anciennes
sociétés de l’Orient classique continuent », écrit Maurice Lombard. L’immensité de
l’empire, la difficulté d’établir des communications, la faiblesse numérique des
conquérants mais aussi l’importance des populations non arabes expliquent la permanence
de cette diversité au sein du monde musulman.
Au cours des viiie et ixe siècles, la civilisation arabo-musulmane s’affirme de plus en plus
face aux civilisations byzantine, indienne et européenne. Bagdad, par l’ouverture et
l’acceptation de toutes les confessions religieuses, a vu l’essor des lettres, des sciences,
de la philosophie et l’émergence d’une civilisation musulmane dite classique. Les acteurs
de ce foisonnement culturel et intellectuel sont chrétiens, juifs, persans. Tous participent
à cet essor. Le mouvement de traduction du grec au syriaque et l’arabe à Bagdad ne peut
ainsi être compris sans une volonté politique émanant des califes al Mamun ou Haroun
el Rashid. Ce moment a été possible grâce à l’assimilation d’héritages culturels de
civilisations pluriséculaires (juive, grecque, persane…). Pour comprendre l’organisation
territoriale de la civilisation musulmane, l’étude du fait urbain et des ses acteurs est donc
fondamentale. L’éclosion des villes de Bagdad, de Damas ou de Cordoue s’est
accompagnée de l’émergence d’une élite urbaine, ouverte à l’art, à la littérature mais aussi
aux sciences religieuses. La demande des califes pour codifier l’islam dans ses dogmes
et ses pratiques a mobilisé un large faisceau de disciplines. Le Hadith « cherchez la science
jusqu’en Chine, du berceau au tombeau » a pu ainsi être interprété comme une injonction
à promouvoir les sciences. Ainsi, comme l’a relevé Maurice Lombard, l’islam, « dans sa
première grandeur », aura été un creuset permettant la tolérance et la synthèse de toutes
les cultures antérieures. Inscrire rigoureusement la naissance de l’islam dans son contexte,
en montrer la diversité sont des enjeux historiques mais aussi civiques essentiels.
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !