paux utilisés in vivo sont CCR5 et CXCR4. L’utilisation in
vivo de récepteurs minoritaires à sept domaines transmem-
branaires en plus ou à la place de CCR5 ou CXCR4
(comme CCR2b, CCR3, CCR8, CX
3
CR1, D6 ou DC1) a
été évoquée, mais leur rôle dans la pathogenèse de l’infec-
tion est non établi [3]. De plus, les isolats qui utilisent
d’autres récepteurs de chimiokines utilisent aussi soit
CCR5, soit CXCR4 [4]. CCR5 et CXCR4, qui apparaissent
comme des récepteurs obligatoires des VIH1, appartien-
nent à la grande famille des récepteurs de chimiokines à
sept domaines transmembranaires couplés aux protéines G
hétérotrimériques. Il semble que les VIH2 utilisent préfé-
rentiellement in vivo CCR5 et CXCR4 et que les SIV
utilisent CCR5 [2, 5]. Dans les cas d’infection par VIH1, la
grande majorité des virus issus de la phase précoce de
l’infection utilisent le récepteur de chimiokines CCR5
(virus de tropisme R5) en plus de CD4 pour pénétrer dans
les cellules [5, 6]. Les virus R5 persistent généralement tout
au long de l’infection. L’apparition de l’immunodéficience
s’accompagne, chez environ la moitié des patients infectés
par des VIH1 de sous-type B, de l’émergence de virus
capables d’utiliser CXCR4 exclusivement (virus X4) ou
CCR5 et CXCR4 (virus R5X4) [7-9]. Toutefois, il est
important de remarquer que le tropisme pour CXCR4 n’est
pas nécessaire à l’immunodéficience [10].
L’utilisation de l’un et/ou l’autre de ces récepteurs est à la
base de la définition courante du tropisme du VIH [11]. Ce
critère fonctionnel a remplacé d’autres systèmes de classi-
fication plus complexes (résumés ci-après) qui avaient per-
mis de mettre en évidence une association entre le tropisme
viral et la physiopathologie de l’infection. En dépit de sa
simplicité, cette classification ne permet pas de prendre en
considération toutes les caractéristiques du tropisme cellu-
laire des VIH. Comme nous l’avons vu précédemment, une
proportion importante d’individus est infectée par des virus
qui utilisent exclusivement CCR5 tout au cours de l’infec-
tion et les singes Sooty Mangabey ne sont naturellement
infectés que par des virus R5. Dans ces situations, les
différents variants viraux VIH ou SIV se distinguent néan-
moins selon leur tropisme préférentiel pour les différentes
cellules cibles de l’infection : lymphocytes T CD4
+
, cellu-
les dendritiques, monocytes/macrophages qu’il s’agisse
des monocytes du sang, des macrophages des tissus lym-
phoïdes ou des cellules microgliales du système nerveux
central [5, 12, 13]. Par conséquent, le tropisme du virus est
une notion complexe basée à la fois sur l’utilisation de
CCR5 et/ou de CXCR4 et sur la capacité d’infecter des
types cellulaires différents. Il dépend des caractéristiques
biologiques des glycoprotéines d’enveloppe et constitue un
paramètre majeur de la compréhension de l’évolution de la
pathogenèse de l’infection. À l’intérieur d’un « groupe de
tropisme » (R5, R5X4 et X4), les virus ne sont donc pas
homogènes dans leurs propriétés biologiques, mais ils
constituent des populations virales qui évoluent continuel-
lement sous la pression de sélection immune et par compé-
tition entre les variants coexistants, ce qui conduit au rem-
placement constant des souches dominantes par de
nouveaux variants d’échappement [14-17]. Dans ce proces-
sus d’échappement, la complexité génotypique de la popu-
lation virale (le nombre de variants différents) augmente
dans le temps [18, 19] et des variants viraux caractérisés par
des différences de capacité réplicative, de tropisme et de
sensibilité aux anticorps peuvent coexister dans un même
échantillon de plasma [20].
Bien avant la découverte du rôle des récepteurs de chimio-
kines dans l’entrée du VIH, il était clair que les virus isolés
à partir des patients infectés pouvaient être séparés en deux
groupes majeurs, distincts selon les cellules qu’ils pou-
vaient infecter, et qui avaient des conséquences différentes
sur la progression de la maladie [21]. Il a été rapidement
établi que ces propriétés biologiques étaient associées au
gène env [22, 23]. Les virus dominants dans les phases
précoces et cliniquement asymptomatiques de l’infection
(R5) étaient caractérisés par une réplication plus lente et
moins importante que celle obtenue chez certains patients
dans la phase symptomatique de l’infection (X4 ou R5X4).
Cette observation a généré la nomenclature des virus
slow/low opposés aux virus rapid/high [21] (tableau 1).De
plus, sur la base de la capacité à répliquer dans des cellules
autres que les lymphocytes du sang périphérique (PBL), les
virus précoces macrophage-tropiques se distinguaient des
virus tardifs seuls capables de répliquer dans des lignées
cellulaires lymphocytaires T CD4
+
(virus lymphotropes)
[24, 25]. Enfin, la réplication des virus lymphotropes dans
une lignée lymphocytaire T CD4
+
particulière, MT2, don-
nait lieu à la formation de syncytia (cellules géantes multi-
nucléées issues de la fusion de deux ou plusieurs cellules).
C’est en particulier sur cette dernière caractéristique des
Tableau 1.Propriétés biologiques des VIH selon leur tropisme
Virus Récepteur de chimiokines
utilisé Capacité à induire
des syncytia Réplication virale dans les cellules
mononucléées du sang périphérique
CCR5 CXCR4 NSI SI slow/low rapid/high
R5 + −+−+−
R5X4 + + −+−+
X4 −+−+−+
revue
Virologie, Vol. 11, numéro spécial, septembre 2007
96
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