observons des transitions liées au développement : les taux d’incidence de certains cancers
majeurs (poumon, sein, côlon-rectum) sont en augmentation dans beaucoup de pays pauvres ou
émergents, alors que plusieurs autres, plutôt associés à la pauvreté ou à des maladies infectieuses
(utérus, estomac, foie), semblent plutôt sur le déclin.
A grands traits, l’explication des incidences en augmentation tient au changement de la répartition
des risques dans les pays en transition, qui s’approchent de ceux des pays riches : consommation
de tabac , surpoids, sédentarité, recul de l’âge de la maternité et allaitement… Pour plusieurs
cancers, on peut observer des tendances globales divergentes : chez les hommes, le cancer du
poumon tend à décliner dans les pays à haut revenu, mais il est stable ou toujours en hausse chez
les femmes.
Ces tendances reflètent la « maturité » de l’épidémie de tabagisme, et le fait que les femmes ont
adopté la cigarette plus récemment que les hommes. Dans les pays à faibles revenus, l’habitude de
fumer est venue globalement plus tard et nous pourrions observer, dans les décennies à venir , des
incidences de cancers en augmentation rapide dans certains pays, notamment sur les hommes.
D’autres cancers sont en augmentation : un sous-type de cancer de l’œsophage très lié à l’obésité
est en augmentation dans plusieurs pays occidentaux.
Lire aussi : Santé : un Français sur deux est en surpoids (/planete/article/2016/10/25/un-francais-
sur-deux-est-en-surpoids_5019615_3244.html)
Comment peut-on interpréter les brusques hausses d’incidence du cancer de la thyroïde ?
Ces hausses sont liées au développement de nouveaux outils de diagnostic (tomographie, imagerie
par résonance magnétique, etc.), qui ont conduit à une augmentation considérable des détections
de petites tumeurs papillaires, qui ne se seraient pas manifestées.
Malgré un déclin au niveau mondial, le cancer du col de l’utérus est toujours en croissance dans
certains pays en Afrique de l’Est, en Europe orientale et dans les pays de l’ex-Union soviétique.
Les incidences de bien des types de cancer sont toutefois raisonnablement constantes. L’incidence
et la mortalité du cancer du pancréas sont relativement stables, par exemple. Mais en raison du
mauvais pronostic de ces tumeurs et des avancées dans la détection et le traitement des autres
formes majeures de cancer (sein, prostate, côlon-rectum), cette maladie est devenue l’une des
principales causes de la mortalité par cancer dans les pays de l’Union européenne .
Outre les grandes causes connues – tabagisme, alcool –, quels sont les grands déterminants
des tendances observées ?
Nous avons aujourd’hui une connaissance considérable de certains facteurs de risque, qui peuvent
expliquer une partie des évolutions observées. D’abord, l’impact des infections chroniques est
souvent négligé comme facteur de risque, mais compte pourtant pour environ 15 % de cancers au
niveau mondial, en particulier pour le foie (hépatites virales), le col de l’utérus (papillomavirus) et
l’estomac (Helicobacter pilori).
Cependant, cela varie considérablement en fonction des pays : en Afrique, plus de 40 % des
cancers sont liés à de telles infections, contre 1 % à 3 % en Amérique du Nord ou en Australie , par
exemple… Certaines de ces infections virales ou bactériennes baissent avec le niveau de
développement.
Il est aussi intéressant de voir , dans certains pays riches, la hausse du nombre de cancers des
sphères oropharyngée (bouche, lèvres, pharynx, etc.) et ano-génitale, associés à des transmissions
sexuelles du papillomavirus humain (HPV). Cette évolution est un argument supplémentaire pour
l’introduction du vaccin contre le HPV, dont les bénéfices vont au-delà de la prévention du cancer du
col utérin.
Quelles sont les conséquences de l’augmentation du tabagisme ?
Le tabagisme continue à croître dans de nombreux pays, ce qui conduit naturellement à une hausse
d’incidence du cancer du poumon et d’autres cancers, avec des augmentations marquées pour les
Nous avons une connaissance considérable de certains facteurs de risque
http://www.lemonde.fr/sante/article/2016/10/25/cancer