Conférence sur l`islam à Berlin : les musulmans appelés à un

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Conférence sur l’islam à Berlin : les musulmans appelés à un « partenariat pour la sécurité ».
La troisième conférence sur l’islam s’est tenue à Berlin le 29 mars, soit moins d’un mois après
l’attentat meurtrier de Francfort. Le 2 mars dernier, un jeune musulman d’origine kosovare tirait
sur des militaires américains à l’aéroport de Francfort, tuant deux d’entre eux. C’était le premier
attentat commis par un musulman en Allemagne depuis ceux du 11 septembre 2001. Dès le
lendemain, le nouveau ministre de l’Intérieur, Hans Peter Friedrich jetait l’émoi parmi les
musulmans allemands en déclarant que « l’islam ne fait pas partie de l’Allemagne ». A
l’ouverture de la conférence ce mardi, il réitérait ses propos en insistant sur le fait que
l’Allemagne est un pays marqué par « l’Occident chrétien
».
« Un partenariat pour la sécurité »
Cinq ans plus tôt, lors du lancement en 2006 de la première conférence, Wolfgang Schäuble, le
ministre de l’époque, affirmait le contraire des propos de Hans Peter Friedrich en déclarant que
l’islam fait partie de l’Allemagne et en prônant l’intégration. Ce changement radical de ton est
révélateur du climat de méfiance à l’égard de l’islam qui règne actuellement dans une Europe
fragilisée par la crise et tentée par le repli sur soi. Une Europe où les idées populistes ne
cessent de gagner du terrain comme la percée du Front national en France lors des dernières
élections cantonales vient de le démontrer. Outre ses propos sur l’islam, le ministre de
l’Intérieur allemand a accentué le malaise chez les musulmans d’Allemagne en appelant à un « partenariat pour la sécurité
» entre leurs organisations et les autorités. Faisant référence à l’attentat du 2 mars, il a insisté
sur la nécessité de renforcer la lutte contre l’extrémisme. Sa demande a été très mal accueillie
par les représentants des associations musulmanes. Consternés, certains ont reproché au
ministre de faire des amalgames et de prôner « une culture de la dénonciation ». « Nous ne voulons faire peser le soupçon sur personne
» s’est défendu Hans Peter Friedrich, arguant que son intention n’est pas de stigmatiser mais
de mener une politique préventive.
Formation des imams et enseignement de l’islam
A l’ordre du jour de cette troisième conférence sur l’islam, il y avait cependant des questions
concrètes telles celles de la formation des imams et de l’enseignement de la religion
musulmane dans les établissements scolaires. Les universités allemandes ont récemment mis
en place un cursus à destination des imams et ce, pour avoir des officiers du culte musulman
formés sur place. Il est en effet souvent reproché aux quelque 2 000 imams qui prêchent en
Allemagne leur manque de maîtrise de la langue allemande et de connaissance intime du pays.
Depuis peu aussi, des cours sur la religion musulmane sont dispensés dans certaines écoles
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allemandes. Un bilan de ces enseignements a été dressé au cours de la conférence.
La Conférence allemande sur l’islam a été lancée pour faire avancer le dialogue sur l’intégration
de la communauté musulmane. Durant les trois premières années, elle a permis la
reconnaissance de l’ordre constitutionnel de la République fédérale par les musulmans. Elle a
également favorisé le rapprochement des points de vue sur des sujets dits « sensibles »
comme l’enseignement de l’islam ou la construction de mosquées. Depuis 2010, la Conférence
allemande sur l’islam est entrée dans une « deuxième phase ». Elle se concentre désormais sur
des objectifs concrets, qui touchent directement la vie des 4,3 millions de musulmans qui vivent
en Allemagne.
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