mais doivent être connues car accessibles au dépis-
tage : mutation de la E cadhérine, syndrome HNPCC
(polypose adénomateuse rectocolique familiale) et syn-
drome de Peutz-Jeghers. Concernant H. pylori reconnu
comme carcinogène de classe I, l’infection chronique
par ce germe multiplie par trois le risque de cancer
gastrique [8]. Sa fixation à l’antigène Lewis explique
probablement l’augmentation de la fréquence de ces
cancers dans la population de groupe sanguin A [9].
Son éradication, si elle survient tardivement dans la
vie, n’est peut-être pas protectrice du risque de cancer
[10]. La distribution géographique des différentes sou-
ches explique en partie les différences d’incidence
selon les pays ou les origines ethniques. Ainsi, la
souche CagA (cytotoxyn associated gene A) est nette-
ment plus carcinogène que les autres souches.
En revanche, la notion répandue que l’infection à
H. pylori puisse protéger du cancer de la jonction
œsogastrique mérite une analyse plus précise. L’hypo-
thèse classique était qu’elle diminuerait l’exposition
acide de la jonction œsogastrique par le biais de la
gastrite atrophique ou le tamponnement du pH par sa
sécrétion d’ammonium. En fait, certaines études épidé-
miologiques ne confirment pas cette hypothèse. Il en est
ainsi de l’étude cas témoin de Wu et al. [11] qui ont
comparé les données de 356 témoins à 127 malades
atteints de cancer gastrique distaux, 80 atteints de
cancers de l’œsophage et 87 de cancers du cardia.
L’infection à H. pylori était un facteur favorisant les
cancers gastriques mais n’amenant aucune protection
vis-à-vis des cancers de l’œsophage ou du cardia.
L’étude de Ye et Nyren [12], qui s’intéressait au risque
de cancer œsophagien et gastrique dans une popula-
tion de plus de 21 000 patients suivis pour anémie
pernicieuse en Suède, a montré qu’il n’y avait pas de
relation positive ni négative, c’est-à-dire que, s’il n’y
avait pas d’augmentation du risque, il n’y avait pas
non plus de protection, de l’atrophie gastrique vis-à-vis
des cancers de la jonction œsogastrique. Dans une
autre publication, Ye et al. [13] ont montré que la
protection de l’infection par H. pylori vis-à-vis des can-
cers du bas œsophage était significative mais indépen-
dante de la gastrite atrophique. L’augmentation de
l’incidence des cancers de la jonction œsogastrique
n’est donc pas liée à la diminution des cancers
gastriques.
Les facteurs de risques pour ces cancers sont unanime-
ment reconnus comme comportant l’obésité, le reflux
gastro-œsophagien (RGO) et, à un moindre degré, le
tabac. Quant est-il réellement pour les trois types de
cancer de la jonction œsophagienne ? Concernant les
types I, la littérature est homogène pour reconnaître la
relation entre le risque de cancer et l’existence d’un
EBO. L’EBO est la conséquence du RGO. Les nitrites
consommés, concentrés dans la salive, sont transfor-
més en nitrates au contact de l’acide avec synthèse de
radicaux libres carcinogènes. La métaplasie intestinale
précède la dégénérescence. Pour les types II, la rela-
tion entre l’adénocarcinome et un EBO, même limité,
est incertaine. Dans l’étude de Siewert et al. [14]
réalisée sur 1 000 malades, seuls 10 % des adénocar-
cinomes de type II étaient associés à un EBO. La même
équipe a montré qu’une métaplasie intestinale n’était
présente que dans 32 % des cas et développée soit sur
un EBO très court, soit directement sur la muqueuse
cardiale. Enfin, pour les types III, il n’y a pas de relation
entre le cancer et un EBO ; pour ces localisations, on se
rapproche de la carcinogenèse gastrique sans
Figure 8.Tomodensitométrie : adénocarcinome de la jonction
œsogastrique de type II, interprétation imposant d’avoir éliminé une
hernie hiatale.
Figure 9.Tomodensitométrie : adénocarcinome de la jonction
œsogastrique de type III, interprétation imposant d’avoir éliminé une
hernie hiatale.
Hépato-Gastro, vol. 14, n°4, juillet-août 2007 321
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