Résumé Médecine dentaire en Suisse Professions, formation de base, formation postgrade, politique professionnelle Soins dentaires en Suisse Le « modèle suisse » En Suisse, les soins dentaires reposent sur la responsabilité individuelle du patient et sur le constat que, à peu d’exceptions près, les caries et la perte de dents sont évitables. A cet égard, les soins dentaires scolaires jouent un rôle important : les enfants et adolescents apprennent à prendre soin de leurs dents. Par ailleurs, les médecins-dentistes suisses s’engagent aussi dans des campagnes de prophylaxie et instruisent leurs patients personnellement en matière d’hygiène bucco-dentaire. Santé bucco-dentaire Des études épidémiologiques ont montré que, par rapport au début des années 60, la carie a reculé d’environ 90 % chez les jeunes Suisses. Depuis 1996, le taux d’atteintes carieuses est demeuré faible et stable. Les efforts de prévention des médecins-dentistes suisses, la fluoration des dentifrices et la fluoration du sel de cuisine à partir de 1955, des mesures qui touchent toutes les couches de la population et qui présentent un bon rapport coût / efficacité, ont contribué à ce résultat réjouissant. 1 Le défi de la médecine dentaire gériatrique L’évolution démographique met les médecins-dentistes devant un défi de taille. Les aînés sont de plus en plus nombreux à garder leurs dents naturelles jusqu’à un âge avancé, faisant augmenter les besoins en reconstructions dentaires esthétiquement soignées. Par ailleurs, les patients âgés, parfois polymorbides, posent des problèmes complexes aux professionnels qui les soignent. La SSO est consciente de ce problème et, au moyen de publications et de cours de formation continue, elle apporte son appui à ses membres qui doivent assumer cette tâche exigeante. Soins dentaires scolaires Les soins dentaires scolaires sont une contribution importante des médecins-dentistes suisses en faveur de la santé bucco-dentaire des enfants et adolescents de ce pays. Près de la moitié des médecinsdentistes SSO s’investissent dans les soins dentaires scolaires, contribuant ainsi à la prévention de la carie, partant à la réduction des coûts de la santé. Le système de soins dentaires scolaires en place a fait ses preuves et doit être maintenu. Médecine dentaire sociale Les personnes qui ont des difficultés financières doivent avoir accès à des soins dentaires adéquats. Lorsque le patient n’est pas en mesure d’assumer les frais de soins dentaires indispensables, les services sociaux les prennent en charge dans la mesure où le traitement est efficace, adéquat et économique. Les médecins-dentistes SSO assument leur responsabilité sociale Ils informent leurs patients sur les mesures qui leur permettront de s’éviter des lésions dentaires. Les soins prodigués aux bénéficiaires d’une rente d’invalidité, de l’aide sociale ou des prestations complémentaires sont remboursés au tarif en vigueur pour les assurances sociales qui ne permet plus depuis longtemps de couvrir les frais du cabinet dentaire. 2 Médecine dentaire en Suisse _ Résumé Formes de cabinet Le cabinet individuel ou le petit cabinet de groupe est un standard de la médecine dentaire suisse. C’est ce cabinet qui fournit les soins médico-dentaires de base à la population suisse. La féminisation croissante de la profession de médecin-dentiste favorise d’autres formes de cabinet qui facilitent le travail à temps partiel, permettent de mieux concilier travail, famille et loisirs et présentent l’avantage de réunir sous un même toit des médecins-dentistes exerçant différentes spécialités. Féminisation de la profession De plus en plus de femmes choisissent d’étudier la médecine dentaire. Le nombre de diplômées a doublé au cours de ces 20 dernières années. La féminisation de la profession a modifié le fonctionnement et l’orga­ nisation de bon nombre de cabinets. L’enquête effectuée en 2012 auprès des médecins-dentistes a montré que plus de la moitié des praticiennes travaillent à temps partiel, soit moins de 30 heures par semaine. Les femmes sont en outre plus nombreuses que les hommes à être salariées et à travailler en cabinet de groupe. Afflux de médecins-dentistes en provenance de l’UE La libre circulation des personnes permet notamment à tous les médecins-dentistes des pays de l’UE d’exercer en Suisse sous certaines conditions. De juin 2002 à fin 2014, 4222 médecins-dentistes étrangers ont fait reconnaître leurs diplômes. Près de trois quarts de ces diplômes ont été décernés en Allemagne, en France et en Italie. Encourager la relève indigène Plusieurs centaines de propriétaires de cabinet partiront à la retraite au cours des prochaines années. La Suisse pourrait par conséquent manquer de médecins-dentistes à moyen terme. Assurer la relève au moyen de l’immigration n’est pas une solution durable. La SSO plaide pour la création de places d’études supplémentaires en médecine dentaire afin de couvrir les besoins de la population par des médecinsdentistes formés en Suisse. 3 Formation du médecin-dentiste La formation de base La formation de base en médecine dentaire s’étend sur cinq ans, trois pour le bachelor et deux pour le master. Cette formation de base peut être accomplie dans l’une des quatre écoles dentaires universitaires suisses (Bâle, Berne, Genève et Zurich). La formation en médecine dentaire comporte trois échelons : – un premier cursus de trois ans qui mène au bachelor, – un deuxième cursus de deux ans qui mène au master, et – une formation postgrade facultative. Après la fin de ses études, le jeune médecin-dentiste effectue en règle générale au moins deux années d’assistanat dans une clinique universitaire, une policlinique dentaire publique ou un cabinet privé. Formation postgrade Une fois sa formation de base achevée, le médecin-dentiste peut se perfectionner et se spécialiser dans diverses disciplines en obtenant un titre fédéral de spécialiste ou un certificat SSO de formation postgrade. Titres fédéraux de spécialiste en médecine dentaire Les filières de formation postgrade qui conduisent à l’obtention des titres fédéraux de spécialiste en médecine dentaire sont réglementées par les sociétés des disciplines concernées. Ces formations postgrades 4 Médecine dentaire en Suisse _ Résumé sont proposées par les établissements de formation rattachés aux écoles dentaires universitaires suisses. Les sociétés de discipline font également passer les examens de spécialisation qui conduisent à l’obtention des titres de spécialisation. Les filières de formation postgrade sont accréditées par le Département fédéral de l’intérieur, accréditation qui doit être renouvelée tous les sept ans. Le Bureau pour la formation postgrade en médecine dentaire de la SSO (BFP) qui est le centre de compétence pour les titres de formation postgrade fait lui aussi l’objet d’une accréditation. Il est aussi chargé de la reconnaissance des établissements de formation postgrade et des règlements de formation postgrade des sociétés de discipline. Actuellement, la Confédération reconnaît quatre titres de spécialiste : en chirurgie orale, en orthodontie, en parodontologie et en médecine dentaire reconstructive. Le titulaire d’un titre de spécialiste est inscrit en tant que tel dans le registre des professions médicales (MedReg). Certificats SSO de formation postgrade En collaboration avec les sociétés des disciplines concernées, la SSO a créé cinq certificats de formation postgrade que le médecin-dentiste SSO peut obtenir après avoir suivi la formation correspondante auprès d’un établissement ou d’un cabinet dentaire de formation postgrade. Actuellement, la SSO propose des certificats de formation postgrade en médecine dentaire générale, en endodontie, en implantologie orale, en médecine dentaire pédiatrique et en médecine dentaire préventive et restauratrice. Le titulaire d’un tel certificat de formation postgrade figure au registre des professions médicales (MedReg). Il doit le renouveler tous les sept ans en apportant la preuve qu’il a rempli ses obligations en matière de formation continue. Le Bureau pour la formation post­ grade en médecine dentaire (BFP) est chargé de la reconnaissance des établissements et des cabinets de formation postgrade et des règlements de formation postgrade des sociétés de discipline. Professions de la médecine dentaire Pour fournir des soins de qualité, la collaboration au sein de l’équipe du cabinet dentaire doit fonctionner parfaitement. Du médecindentiste au technicien-dentiste en passant par l’assistante dentaire ou l’hygiéniste dentaire, plusieurs professionnels contribuent à la réussite des traitements. 5 Rôle de la SSO Transparence grâce au registre des professions médicales Le registre des professions médicales (MedReg) permet au patient de s’informer en ligne sur les professionnels de la santé qui exercent une profession médicale universitaire comme les médecins, médecinsdentistes ou pharmaciens. Il y trouve des informations sur l’année au cours de laquelle ils ont obtenu leur diplôme et, le cas échéant, l’auto­ risation d’exercer la profession et leur titre de formation postgrade. Le Bureau pour la formation postgrade en médecine dentaire (BFP) est compétent pour l’enregistrement dans le MedReg des titres de spé­ cialiste et des certificats SSO de formation postgrade. Bureau pour la formation postgrade en médecine dentaire La SSO a créé le Bureau pour la formation postgrade en médecine dentaire (BFP) et l’a chargé de coordonner les formations postgrades en médecine dentaire. En sa qualité d’organe indépendant, le BFP garantit, avec le concours des sociétés de discipline, la haute qualité de la for­ mation en médecine dentaire qui est dispensée en Suisse. Son objectif est d’assurer la qualité à long terme grâce à une optimisation permanente des structures et des processus de la formation postgrade. Le BFP sert également de centrale de coordination et de plaque tournante pour les universités, les sociétés de discipline et les autorités fédérales. 6 Médecine dentaire en Suisse _ Résumé Qualité grâce à la formation continue Les excellentes compétences thérapeutiques des médecins-dentistes SSO reposent sur une formation de base et une formation continue de haute qualité. La formation continue les accompagne tout au long de leur parcours professionnel. Elle est essentielle pour permettre aux patients de bénéficier de soins optimaux. En vertu du Code de déontologie et de la loi sur les professions médicales universitaires (loi sur les professions médicales, LPMéd), les médecins-dentistes qui exercent en Suisse doivent tenir leurs connaissances à jour. Ils ont l’obligation de consacrer 80 heures par année à leur formation continue, dont 30 heures d’étude personnelle. Les 50 heures qui restent sont à accomplir sous forme de modules thématiques scientifiques ou ayant trait à la pratique lors de congrès, cours, séminaires, etc. Lignes directrices de la SSO relatives à la qualité en médecine dentaire La qualité des soins dentaires repose sur des critères que la SSO définit depuis 2000 dans ses lignes directrices relatives à la qualité en médecine dentaire qu’elle a remaniées une première fois en 2005. La troisième révision est en cours : depuis janvier 2015, les mises à jour paraissent régulièrement dans le Swiss Dental Journal SSO. Hygiène au cabinet dentaire Le but ultime de l’hygiène au cabinet est de protéger les patients contre les virus et les bactéries qui peuvent se transmettre par le sang et la salive. Pour traiter les questions de cette nature, la SSO a institué la Commission pour l’hygiène au cabinet dentaire et la protection de l’environnement (CHPE). Cette commission est composée de scientifiques de différentes disciplines et de médecins-dentistes. En organisant des cours de formation continue et des cours en ligne et en proposant des listes de contrôle élaborées à l’attention du personnel du cabinet, la SSO encourage le maintien de bonnes conditions d’hygiène au cabinet dentaire. 7 Tarif dentaire Le tarif dentaire suisse s’appuie sur un dispositif conventionnel entre la SSO et les assureurs. Il est conçu à partir de données économiques et d’un catalogue de prestations tenant compte du temps nécessaire pour chacune d’entre elles. Depuis 2007, la SSO négocie une révision du tarif dentaire avec les partenaires tarifaires de l’assurance-accidents, de l’assurance militaire et de l’assurance-invalidité. Formation et perfectionnement des membres de l’équipe du cabinet dentaire Pour pouvoir fournir des soins d’excellente qualité, le médecin-dentiste doit être méticuleux et disposer d’une équipe soignante bien rodée. C’est pour cette raison que la SSO s’engage pour la formation et le perfectionnement des membres de l’équipe du cabinet dentaire. La Commission Equipe du cabinet dentaire de la SSO suit et adapte la formation et le perfectionnement de l’assistante dentaire en permanence. Les médecins-dentistes, les représentants des organisations professionnelles, de la Confédération, des cantons et des enseignants participent également à ce processus qui permet de maintenir à niveau les compétences professionnelles de l’assistante dentaire. Prestations de la SSO La Société suisse des médecins-dentistes SSO s’engage en faveur du libre exercice de la profession, négocie les tarifs et participe aux procédures de consultation politiques sur les objets ayant trait à la santé. Elle offre de nombreuses prestations à ses membres et leur ouvre la voie de la réussite. Son service de placement les soutient dans leurs recherches de personnel. Elle les conseille également en matière d’application du tarif dentaire et répond à leurs questions juridiques, économiques ou ayant trait au personnel. La SSO publie en outre des brochures à l’attention des patients ainsi qu’INFODENTS, le journal qui leur est aussi destiné. Son site Web très complet (www.sso.ch) s’adresse à la fois au public et à ses membres. Grâce au SWISS DENTAL JOURNAL SSO, 8 Médecine dentaire en Suisse _ Résumé à INTERNUM et à sa lettre d’information, les médecins-dentistes SSO peuvent se tenir au courant de l’actualité qui les touche, qu’elle soit scientifique, juridique, économique ou qu’elle ait trait à la politique de la santé. La SSO organise en outre de nombreux cours, séminaires et congrès, favorisant ainsi non seulement le transfert de savoir-faire, mais aussi les échanges confraternels. Service des urgences dentaires Fidèles à l’éthique et à la déontologie de leur profession et conformément à leur devoir légal, les médecins-dentistes SSO assurent le service des urgences dentaires. L’organisation de ce service incombe aux sections cantonales de la SSO. Organe de conciliation Un patient qui n’est pas satisfait des soins ou de la facture d’honoraires de son médecin-dentiste peut porter son cas devant la Commission de conciliation médico-dentaire (CCMD), à condition que ce praticien soit membre de la SSO. La procédure devant une CCMD permet au patient de s’éviter d’importants frais de procédure. En effet, la voie judiciaire prend beaucoup de temps et coûte cher, raison pour laquelle médecins-dentistes et patients accep­tent la plupart du temps les propositions de la commission. 9 Perspectives Que réserve l’avenir ? Deux propriétaires de cabinet se risquent à quelques pronostics sur l’évolution de la médecine dentaire. L’évolution du contexte et les innovations techniques ouvrent de nouveaux horizons thérapeutiques. Les relations entre le médecin-dentiste et son patient évoluent également : le premier informe le second sur les diverses options thérapeutiques et le fait participer aux décisions. Plus que par le passé, la médecine dentaire moderne tient compte des souhaits du patient. Le modèle suisse qui repose sur la prophylaxie et la responsabilité individuelle du patient et du praticien a fait ses preuves. Cela ne délie pas pour autant la profession de ses responsabilités sociales et économiques. Les médecins-dentistes ne peuvent pas se désintéresser des groupes et personnes défavorisés. Les médecins-dentistes SSO et les sections de la SSO assument cette responsabilité sociale aussi bien à l’échelon du cabinet dentaire qu’en collaboration constructive avec les autorités cantonales et communales. Les excellents résultats atteints en 50 ans d’efforts consacrés à la prophylaxie conduisent à la réduction des besoins en soins dentaires, les soins esthétiques mis à part. Le vieillissement de la population, avec des patients qui conservent leurs dents, va en revanche générer de nouveaux besoins, de nature différente. C’est peut-être là le plus grand défi que la médecine dentaire du XXI e siècle devra relever. 10 Médecine dentaire en Suisse _ Résumé Le point de vue des universités Pour une équipe de l’Université de Bâle, les techniques peu invasives, qui ont l’avantage de ménager la substance dentaire, comme c’est notamment le cas des thérapies régénératives en général et de la régénération tissulaire en particulier, vont gagner en importance. Elles ne vont toutefois pas rendre superflues les thérapies traditionnelles de la médecine dentaire reconstructrice et conservatrice où la tendance au tout numérique se poursuit : la prise d’empreinte traditionnelle est remplacée par la numérisation intraorale par balayage ; l’obturation, la couronne ou la dent artificielle est ensuite dessinée numériquement avant d’être usinée automatiquement à partir d’un bloc de céramique sélectionné en conséquence. Le traitement de patients âgés polymorbides qui, souvent, doivent prendre de nombreux médicaments et souffrent de sécheresse buccale pose de nouveaux problèmes à l’équipe soignante qui doit désormais disposer de connaissances approfondies en médecine générale. L’émergence des spécialisations en médecine dentaire, la diversité des tâches et l’accroissement considérable des connaissances vont peser sur le cabinet individuel. Le « médecin-dentiste de famille » continuera néanmoins d’offrir des soins de base de qualité, mais, plus fréquemment que par le passé, devra au besoin recourir à l’aide de spécialistes. 11 « Médecine dentaire en Suisse » fait le point sur la formation et le perfectionnement des médecinsdentistes et des membres de l’équipe soignante du cabinet dentaire. La brochure rend compte des succès enregistrés grâce à la prophylaxie et à l’application du principe de la responsabilité individuelle du patient qui sont à la base du modèle des soins dentaires suisse et fait le tour des intéressantes professions du cabinet dentaire qui offrent de bonnes perspectives d’emploi. La brochure complète (numéro d’article 2022) peut être commandée auprès du SSO-Shop : SSO-Shop, Postgasse 19, case postale, 3000 Berne 8 www.sso-shop.ch | [email protected] 12 3