25. Fonctions des subordonnées conjonctives par « que » II. La subordonnée sujet du verbe La subordonnée conjonctive par que peut être sujet du verbe de la principale : avec un verbe impersonnel ou une tournure impersonnelle dans la principale comme : il arrive, il appert, il convient, il n’empêche, il faut, il importe, il se peut, il me plaît, il résulte, il semble, il sied, il me souvient, il se trouve, il vaut mieux, etc. Il est (semble, paraît…) acquis (anormal, avéré, beau, bien, bon, certain, clair, connu, curieux, dommage, douteux, établi, étonnant, évident, fréquent, heureux, honteux, impossible, inadmissible, juste, manifeste, nécessaire, normal, notoire, patent, possible, préférable, probable, rare, reconnu, regrettable, sûr, triste, utile, vrai vraisemblable, etc.). Il est bruit, il est à craindre, il est dit, il est question, il est à souhaiter, etc. (il étant toujours le sujet apparent). Il est utile QUE TU PARTES. SC sujet réel de est utile Il est ridicule QUE TU REFUSES 32. QUE TU NE FUMES PLUS. De toi dépend (il sous-entendu) sujet Que chacun se lève ! (sujet de Il faut, sous-entendu) Dommage QU’ELLE SOIT BOSSUE ! attribut de la SC Certainement SC sujet de est, sous-entendu qu’il le fera. (mis pour Il est certain) SC sujet de est Il est possible de voir aussi dans de telles phrases une indépendante : Il le fera certainement (que ayant un rôle d’emphase). La conjonction que qui suit l’adverbe 33 (assurément, sans doute, sûrement, peut-être, heureusement, probablement, certainement…) peut être supprimée sans nuire au sens : Sans doute QU’IL EST VENU EN VOTRE ABSENCE. Sans doute est-il venu en votre absence. Une ellipse explique la présence de que : Il est sans doute QU’IL EST VENU… 32. Si la principale n’est pas impersonnelle, l’analyse change : Je trouve ridicule /que tu refuses. (ridicule est attribut de la SC) compl. d’objet de trouve 33. Voir p. 45. 75 25. Fonctions des subordonnées conjonctives par « que » Avec un verbe quelconque dans la principale, la subordonnée conjonctive étant en tête de la phrase : QU’IL VIENNE me surprendrait. QUE LA RÉCOLTE NE FÛT PAS RENTRÉE gâchait sa soirée. QUE L’ON AIT RETROUVÉ DES VESTIGES DE PUITS nous assure d’une civilisation antérieure. Quelquefois le pronom ce ou cela vient renforcer la subordonnée sujet : QUE TA SŒUR SOIT ABSENTE, CELA ne m’étonne guère. Après une verbe précédé d’un attribut, spécialement avec les tournures : le désagrément est le malheur est l’essentiel est la difficulté est l’ennui est l’idée est le sentiment est l’impression est la vérité est la ressource est la règle est le drame est mon seul espoir est ma crainte est ma joie est mon désir est le fait est son ordre est votre devoir est etc. ou avec un adjectif ou un adverbe employé substantivement : l’important est le plus grave est l’essentiel est le difficile est le mal est etc. Le malheur est QUE LE MOTEUR NE TOURNE PAS. P SC, sujet de est. Après les tournures : le fait est, c’est un fait, c’est certain, c’est sûr…, la conjonction que peut ne pas être exprimée : C’est un fait, IL NE PEUT PAS DORMIR. (C’ est le sujet immédiat, annonçant le vrai sujet. Il ne peut pas dormir est la subordonnée conjonctive sujet de est. Que étant sous-entendu, on se trouve devant une pseudo-indépendante.) 76 25. Fonctions des subordonnées conjonctives par « que » On se trouve quelquefois embarrassé pour distinguer, dans une phrase à verbe copule, le sujet de l’attribut, l’inversion des deux données étant aisée et fréquente. La proposition suivante servira de référence. Lorsque deux données équivalentes reliées par un verbe annonciateur d’attribut (être, le plus souvent) se disputent un rôle dans la phrase, la donnée la plus précise est le sujet et la donnée qui a le plus d’extension, qui qualifie est l’attribut, quelle que soit la place de chaque élément 34. QUE TU SOIS REÇU est mon seul vœu. sujet attribut Son seul désir est QUE TU RÉUSSISSES. attribut sujet Cette proposition étant admise, on s’aperçoit alors qu’il n’y a jamais de subordonnées conjonctives attribut, mais bien des subordonnées conjonctives sujet inversé : QU’IL TROUVE UN APPARTEMENT est la seule difficulté. sujet La seule difficulté est QU’IL TROUVE UN APPARTEMENT. sujet Le fait qu’on ait plus souvent recours à l’inversion (ce qui a accrédité la fonction attribut de la subordonnée conjonctive) est qu’une phrase française ne commence guère par que. Le plus gênant est QU’ELLE DÉTIENT LA CLÉ. superlatif attribut sujet La preuve en est QU’ILS SONT PARTIS. sujet On trouve quelquefois ce insistant devant le verbe être : Le désagrément, C’EST que votre fils boitera 35. C’EST étonnant que ce garçon ait grandi si vite. (C’ annonce l’attribut ; sans ce mot, la phrase serait : Que ce garçon ait grandi si vite est étonnant.) La subordonnée sujet (relative ou conjonctive), élément important de la phrase, ne peut en être soustraite : voilà une occasion de regretter que le mot « dépendante » ne se substitue pas au terme mal choisi de « subordonnée ». 34. Cf. G. et R. Le Bidois, Syntaxe du français moderne, t. II §§1 280 et 1 280 bis ; M. Grevisse, Le bon usage, §§ 209 et 811 ; R. Georgin, Consultations de grammaire, p. 34 ; G. Cayrou, Grammaire française, § 424 ; R.L. Wagner, J. Pinchon, À la découverte de la grammaire, § 655. 35. On est là à un cas limite : que est-il encore conjonction, ou n’est-il plus qu’un élément du gallicisme familier c’… que ? La discussion ne change rien à l’essentiel : « Votre fils boitera » reste le sujet de la phrase. 77