RÉSUMÉ
Un inventaire, dressé par deux infirmières, a établi que 38 patients soignés à domicile,
résidant depuis 1989 dans le quartier du ‘Lumsonry’1, étaient atteints de cancer. Le
nombre de cas recensés paraît être élevé par rapport à ce l’on s’attend à observer lorsque
l’on tient compte de la taille de la population de ce quartier : actuellement plus de 600
habitants mais seulement 300 habitants en 1989. La fréquence de certaines formes de
cancer relativement rares, telles que les leucémies et les lymphomes, et celle du cancer du
sein, notamment, semblent être anormalement élevées.
L’objet de ce rapport consiste en une évaluation rapide destinée à confirmer ou infirmer,
sur base d’une analyse épidémiologique, l’augmentation de l’incidence des cancers tous
sites, des leucémies et du cancer du sein dans le quartier du Lumsonry.
L’analyse de l’inventaire des cancers montre que la répartition des cas en fonction de la
durée de résidence n’est pas uniforme :
- 81,6% des cancers concernent la population ayant résidé dans le quartier du
Lumsonry depuis 1989,
- 10,5 % des cancers ont affecté des personnes qui se sont installées dans ce
quartier au cours de la période 1991-1993,
- 7,9 % des cancers ont été constaté dans la population qui s’est établie dans ce
quartier au cours de la période 1997-2000.
Aucun cas n’a été observé chez les personnes qui se sont installées au Lumsonry en 1990,
au cours de la période 1994-96, et en 2001.
L’incidence des cancers toutes formes pour la population ayant résidé depuis 1989 dans
le Lumsonry pourrait être multipliée par un facteur de l’ordre de 1,5 à 2 lorsque l’on se
réfère aux taux d’incidence généralement observés dans les pays européens.
L’augmentation de l’incidence des cancers ne serait observée que chez les femmes. La
fréquence des cancers ne paraît pas être augmentée pour les populations qui se sont
installées dans le quartier du Lumsonry entre 1991 et 1993, d’une part, et entre 1997 et
2000, d’autre part. Ces résultats doivent cependant être confirmés après certification
complète de tous les cas de cancer et standardisation pour l’âge.
Les rapports entre le nombre de leucémies observées et le nombre de leucémies
attendues, standardisés pour l’âge, sont très élevés, de l’ordre de 10, indiquant que la
fréquence des leucémies toutes formes et des leucémies myéloïdes au sein de la
population ayant résidé dans le Lumsonry depuis 1989 est anormalement élevée.
L’incidence, standardisée pour l’âge, du cancer du sein dans cette même population n’est,
par contre, pas anormalement élevée.
Les analyses environnementales, réalisées à la demande du Laboratoire de Toxicologie du
Travail et de l’Environnement de l’Université de Liège, montrent que le niveau actuel de
pollution de l’environnement du quartier du Lumsonry ne peut être un élément essentiel
et suffisant permettant d’expliquer l’augmentation de la fréquence des cancers. Une
exposition ponctuelle au benzène, supposée avoir eu lieu début 1989 pendant une courte
1 ancienne commune de Tarciennes, actuellement Walcourt, située au sud de la ville de Charleroi.