LA
PREMIÈRE
RÉPUBLIQUE.
LE
DIRECTOIRE,
1795-1799
133
par les spéculateurs. Eux le détiennent, et détiennent donc les
moyens de refaire toute la monnaie. Le Directoire est ainsi lié
à
eux. Il s’entoure d’hommes d’affaires. Les banquiers sont les néces-
saires soutiens du régime, comme les généraux.
3.
LA
u
SOCIÉTÉ
m
A
PARIS
SOUS
LE DIRECTOIRE.
-
AU
milieu de
cette incertitude et de cette misère se développe la plus bruyante,
la
plus
triomphante
vie
de
luxe.
Seul surnage du désordre économique
un petit groupe de parvenus, très généralement enrichis par ,le
ravitaillement des armées. Ils sont les maîtres du moment. Or ils
rêvent de profiter éperdument de leur fortune récemment acquise.
.4ucun luxe ne leur paraît trop beau. Les boutiques de toilette
du Palais-Royal rouvrent, les costumes les plus excentriques
apparaissent, les bijoux sortis des coffres des émigrés s’épa-
nouissent sur les nouveaux riches ou dans les vitrines de receleurs
devenus bijoutiers.
Un
jeune aventurier, Richard, épouse la fille
du boutiquier Lenoir et, grâce
à
un petit magot acquis en spécu-
lant, ouvre un magasin achalandé qui bientôt va connaître la vogue.
Glaciers, pâtissiers, cafetiers repeignent leurs salles, se meublent
au goût du jour, en ce
sfyle
Directoire
qui est un Louis
XVI
sim-
plifié,
à
l’antique, utilisant les couleurs claires, si bien faites pour
mettre en yaleur les toilettes transparentes des femmes. La manu-
facture des toiles de Jouy retravaille, quelques ébénistes rouvrent
leurs ateliers. La vie de luxe rappelle
à
la vie l’industrie de luxe.
De vieux hôtels fermés depuis
1789
sont occupés par de nouveaux
acquéreurs. Une frénésie de fêtes, de bals, de dîners va faire
renaître les
traditions
de
l’Ancien Régime,
mais avec un personnel
de parvenus qui abuse de tout, de la licence et parfois de la gros-
sièreté. Les jeunes gens se distinguent par leur extravagance.
((
Merveilleuses
n
et
((
Incroyables
))
affectent
à
la fois le mépris
de
10
pauvreté et des conventions morales.
Au
Luxembourg, autour de Barras, le plus habile profiteur de
ce temps, se groupe la fine fleur de cette société. On discute poli-
tique, gouvernement et guerre dans les salons
où
se nouent les
intrigues sentimentales.
Basras
accorde
à
Bonaparte
à
la fois une
division et Joséphine de Beauharnais (dont il était lassé).
fêtes, cette société bourgeoise qui se reconstitue pendant le Direc-
toire est incapable d’être un soutien durable
du
régime.
.
Ainsi,
superficielle, légère, sans consistance, perdue de luxe et de