Sommaire Introduction et bibliographie Protection des biotopes dans le Conservation des biotopes Entretien des biotopes Aménagement des biotopes Mise en réseau des biotopes Surveillance des réserves naturelles Surveillance des biotopes Information et canalisation des visiteurs Introduction Bibliographie La protection des biotopes est au centre des tâches de la protection de la nature. Les habitats naturels ou proches de l'état naturel existant encore doivent être conservés, entretenus, aménagés et revalorisés. Dans les sites ayant perdu l'aspect naturel, le travail consiste à régénérer, reconstituer et créer des réseaux de biotopes. Principaux ouvrages à consulter ou à acquérir. Les adresses des éditeurs sont indiquées au chapitre "Adresses". Le présent chapitre contient les informations essentielles sur la protection des biotopes dans le canton de Berne, ainsi qu'une vue d'ensemble des différentes procédures et voies de droit. Il explique la création des réserves naturelles, l'entretien, l'aménagement et les réseaux de biotopes. Les contributions à l'exploitation, l'application des ordonnances sur les marais et de l’ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques (ORRChim), qui permettent aussi de prendre des mesures de conservation, d'entretien et d'aménagement d'habitats spéciaux proches de l'état naturel, tous ces points sont traités dans le chapitre sur l'ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques ainsi que dans les chapitres suivants: protection des biotopes dans l'agriculture, en forêt, en montagne et en agglomération, protection des biotopes aquatiques. Prioritätensetzung und Entscheidfindung im Naturschutz – Synthesebericht. U. Känzig & A. Perrenoud. 2000. Guide de protection de la nature du canton de Berne. 1991. Les biotopes du canton de Berne. 1993. Inspection de la protection de la nature, Berne Protéger la nature. J.B. Chappuis. Réserves naturelles. Guide pour la création, l'entretien et la gestion des réserves naturelles. Directives relatives au matériel normalisé pour la signalisation des réserves naturelles en Suisse. Notice sur les différents panneaux (information, sentiers-nature, etc.), conception, réalisation et montage. Pro Natura Suisse, Bâle Lebensräume der Schweiz. Editions Ott, Thoune 1999. Arten- und Biotopschutz. G. Kaule, éditions Ulmer, Stuttgart 1990. Grundlagen des Biotopschutzes für Tiere. J. Blab, éditions Kilda, Greven 1989. En librairie Publications diverses de la Confédération sur la protection des biotopes: Documentation OFEFP, Berne 5.2011 – Protection des biotopes – Page 1 PROTECTION DES BIOTOPES canton de Berne Protection des biotopes dans le canton de Berne La brochure "Les biotopes du canton de Berne" décrit les principaux milieux naturels dans le canton de Berne (voir bibliographie). De la protection des espèces à la protection des biotopes La protection de la nature telle qu'on l'entend aujourd'hui tire son origine de la protection des espèces. Il s'agissait à l'époque de créer des réserves et de protéger certaines espèces. Ces objectifs se sont développés en une protection globale des milieux proches de l'état naturel de la flore et de la faune de notre pays. Ainsi, la protection des espèces est devenue la protection des biotopes (voir chapitre "Protection des espèces"). Habitats proches de l'état naturel Hormis les montagnes qui conservent encore de grands espaces en l'état d'origine, notre paysage cultivé porte largement l'empreinte de l'homme. Les différents habitats ont même en grande partie été créés par lui. Les milieux naturels ne devant rien à la main de l'homme sont désormais très rares: quelques hauts-marais ou ce qui reste de zones alluviales. Il n'en reste pas moins de vastes étendues d'aspect naturel, qui portent certes l'empreinte de l'homme, mais contribuent encore largement à la diversité et la stabilité écologiques, grâce à une exploitation modérée et un entretien traditionnel soigné: les terrains secs, les zones humides, les haies, les zones boisées. Les surfaces fortement exploitées, ne servant qu'à la production, tout comme les zones bâties et les espaces réservés aux transports, à l'industrie et à l’habitat, sont des paysages artificialisés et écologiquement appauvris. 5.2011 – Protection des biotopes – Page 2 Eléments naturels dans le canton de Berne Agriculture Hauts-marais Bas-marais Prairies humides et mégaphorbiaies Terrains secs Haies Gravières Prairies permanentes Vergers à hautes tiges Vignes Bandes en lisières de champs Arbres isolés Dans les parois de molasse, isolées et abruptes, quelques rares espèces d'oiseaux trouvent des endroits où bâtir leur nid, sûrs et presque inaccessibles à l'homme. Biotopes bernois Les principaux biotopes naturels et semi-naturels du canton de Berne sont présentés dans le "Guide de protection de la nature du canton de Berne" et dans la brochure "Les biotopes du canton de Berne". Pour chaque type d'espace vital décrit, sont indiqués non seulement les menaces qu'il subit et le mode de protection, mais aussi les mesures nécessaires à prendre. La liste ci-après est extraite des publications susmentionnées. Sans être exhaustive, elle n’en traduit pas moins la diversité des habitats qui existent dans le canton de Berne. Il est de notre devoir de les conserver, de les entretenir et, si nécessaire, de les revaloriser et de les compléter. Forêts Associations forestières Arollières Chênaies pubescentes Forêts xérophiles: pinèdes et hêtraies Forêts humides en dehors des rives Autres associations forestières précieuses Formes d'exploitation Forêt jardinée, taillis et taillis-sous-futaie Pâturages boisés Éléments spécifiques Lisières Clairières naturelles Peuplements de vieux bois Falaises molassiques Monde aquatique Lacs Zones d'atterrissement Étangs Cours naturels des rivières et des ruisseaux Zones alluviales Rives rocheuses Montagne Paysages glaciaires Végétation des roches, pierriers et éboulis Lande à arbrisseaux Pelouses alpines Agglomérations Friches et champs d'herbes sauvages Espaces verts et jardins naturels Vieux bâtiments et combles 5.2011 – Protection des biotopes – Page 3 De même, l'appauvrissement du paysage a des répercussions très importantes sur l'agriculture. Le maintien d'habitats proches de l'état naturel et la création de surfaces de compensation écologique prendront donc de plus en plus d'importance. De récentes études ont montré que la création ciblée d'un réseau de surfaces d'aspect naturel (haies, prairies extensives, bandes en lisière, etc.) permet d'obtenir un effet écologique positif sur l'agriculture. Protection des biotopes dans le canton de Berne Ces connaissances fondamentales ont permis de formuler les trois principes de la protection de la nature dans le canton de Berne: L'homme doit compenser, du moins en partie, la dynamique perdue de la nature, qui ne se manifeste plus aujourd'hui que dans des restes de paysages naturels, comme ici les zones alluviales. Pourquoi conserver et revaloriser des biotopes? Inondations, incendies, atterrissements et sédiments n'ont cessé de transformer en une mosaïque d'habitats très divers un paysage qui, à l'origine, était surtout forestier. Ce processus dynamique à grande échelle a subi la forte influence de l'activité humaine, entraînant la perte de nombreux et précieux espaces vitaux. Aujourd'hui il faut préserver, sans les réduire, les habitats ayant encore l'aspect naturel et essayer de compenser au moins une partie de la dynamique que la nature a perdue et de rediversifier l'espace vital en aménageant et en recréant des biotopes d'aspect naturel. C'est la seule manière de maintenir en vie les espèces rares de plantes et d'animaux (voir chapitre "Protection des espèces"). 5.2011 – Protection des biotopes – Page 4 Conserver l'état naturel en créant des réserves naturelles ou des zones protégées, p.ex. hauts-marais, zones alluviales, forêts naturelles. Entretenir l'état proche du naturel en assurant un entretien approprié et en versant des contributions à l'exploitation, p.ex. terrains secs et zones humides. Aménager et mettre en réseau les sites artificialisés en reconstituant des espaces vitaux proches de l'état naturel et en créant des surfaces de compensation écologique, p.ex. remise en état naturel de ruisseaux canalisés, aménagement d'étangs, haies. Les titres ci-après commentent les mesures prises concrètement pour protéger les biotopes à l'échelon cantonal et donnent des indications complémentaires pour l'exécution à l'échelon communal. Plusieurs mesures peuvent être appliquées par analogie à l'échelon communal. Pour le surplus, voir le chapitre "Protection de la nature dans la commune". Extrait de la LPN Art. 19 La protection des biotopes, Compétence 1 Le canton veille à la protection et à l'entretien des biotopes d'importance nationale ou régionale. 2 Les communes veillent à la protection et à l'entretien des biotopes d'importance locale. 3 Le canton et les communes recourent à la collaboration du Service des forêts pour réglementer la protection et l'entretien des biotopes dans les forêts. 4 Le Conseil-exécutif désigne les réserves naturelles, dans lesquelles l'exercice de la chasse ou de la pêche est interdit. Les vieux vergers à hautes tiges avec leurs prairies fleuries ou en friche, leurs amas de pierres et leurs haies sont des écosystèmes particulièrement riches. Bases légales régissant la protection des biotopes L'exécution de la protection des biotopes est réglée dans la législation cantonale spéciale. Le canton est compétent pour protéger et entretenir les biotopes d'importance régionale et nationale; pour les biotopes d'importance locale, les communes sont compétentes (art. 19 LPN). La loi sur la protection de la nature désigne également les biotopes à protéger et pose le principe de la mise en réseau des biotopes (art. 20 LPN). 5.2011 – Protection des biotopes – Page 5 Art. 20 Définition 1 Sont réputés biotopes les espaces vitaux dignes de protection importants, naturels ou proches de l'état naturel, d'espèces animales et végétales indigènes tels que d'importantes zones d'habitat pour les animaux, des associations forestières rares, des prairies et des orées riches en espèces végétales, des vergers à hautes tiges ayant une valeur écologique, des tourbières et marais, des roselières et cariçaies, des rives, des ruisseaux, des mares et des étangs. 2 Le canton et les communes s'efforcent d'assurer des possibilités d'interaction entre les biotopes. Conservation des biotopes Une décision de mise sous protection permet de conserver durablement des écosystèmes particulièrement riches. La conservation des biotopes est le premier principe qui régit le travail de protection de la nature du canton de Berne. Il y a deux possibilités d'assurer juridiquement la sauvegarde des biotopes: conventions et contrats volontaires ou mise sous protection par décision officielle. Il faut en outre observer le droit général supérieur de protection des habitats (p.ex. ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques). Extrait de la LPN Art. 4 Contrats 1 La sauvegarde de zones et d'objets dignes de protection est assurée en principe par la conclusion de contrats. Les mesures de protection prises par les communes en vertu de la législation sur les constructions sont réservées. 2 La sauvegarde des surfaces de compensation est exclusivement assurée par contrat. 3 Les contrats prévoient des indemnités ou des dédommagements équitables lorsque l'exploitation actuelle doit être limitée par souci de garantir la protection visée ou qu'une prestation doit être fournie sans avantage lucratif correspondant. Ils fixent les charges imposées à l'exploitation et les restrictions de l'utilisation qui sont nécessaires. 5.2011 – Protection des biotopes – Page 6 La loi cantonale sur la protection de la nature précise que la sauvegarde de zones et d'objets dignes de protection doit en principe être assurée par un contrat. Si une telle solution contracturelle est impossible ou inefficace, le canton ou la commune décide la mise sous protection, avec la participation des propriétaires et des communes concernés. Art. 6 Décisions de mise sous protection 1 La sauvegarde de zones et d'objets dignes de protection est assurée par une décision de mise sous protection a lorsque les propriétaires fonciers et les communes touchés acceptent par déclaration écrite la mise sous protection; b lorsqu'une réglementation contractuelle est impossible ou inefficace dans une zone d'importance nationale ou régionale. Le Conseil-exécutif règle la participation des propriétaires fonciers et des communes touchés à cette procédure par voie d'ordonnance. 2 Les zones et objets dignes de protection mis sous protection en vertu de la loi ou par décision sont désignés comme respectivement réserves naturelles et objets naturels protégés. Procédure et instruments juridiques La liste ci-après indique la procédure normale pour chaque type d'habitat. Les différentes procédures peuvent se chevaucher (p.ex. protection par décision de mise sous protection et protection complémentaire par contrat d'exploitation). Les instruments juridiques, comme les décisions de mise sous protection ou les contrats, sont résumés sous le titre "Instruments juridiques" et commentés brièvement ci-après. Protection supérieure Loi sur la protection de la nature Haies et bosquets Ordonnance sur A l'intérieur et à l'extérieur la réduction des des réserves naturelles risques liés aux produits chimiques Protection des paysages Protection par contrat Biotopes proches de l'état naturel et surfaces de compensation écologique Zones IFP Sites marécageux (exécution par l'Office des affaires communales et de l'organisation du territoire) Pelouses sèches Zones humides Prairies grasses riches en espèces Prairies d'exploitation extensive / Prairies à litière Vergers à hautes tiges Haies / Talus / Prairies irriguées / Lisières Zones tampons / etc. Protection par décision de mise sous protection Réserves naturelles cantonales Réserves naturelles communales Hauts-marais Bas-marais importants Zones alluviales / Gravières Forêts naturelles de grande valeur / Zones d'atterrissement / Biotopes alpins importants Ruisseaux Etangs Vignobles traditionnels Friches / Espaces verts etc. 5.2011 – Protection des biotopes – Page 7 Les haies et les bosquets sont protégés par la loi et il est strictement interdit de les détruire! (Pour plus de détails voir le chapitre "Protection des haies".) Protection supérieure La protection supérieure ne concerne pas des objets isolés, mais les habitats et les sites en tant que tout. Les haies et les bosquets par exemple sont protégés d’office dans leur état actuel, même sans décision particulière de mise sous protection (LPN art. 27, LChP art. 18). L'ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques doit être exécutée aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des réserves naturelles (par le SPN), comme dans les forêts (par le Service des forêts). La protection des paysages (p.ex. sites marécageux) est aussi une protection supérieure. Son exécution incombe à l'Office des affaires communales et de l'organisation du territoire. Voir chapitre "Ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques " Par ailleurs, il existe partout de nombreux habitats et niches biologiques dont le maintien et le développement ne sont pas prescrits par des lois ou des contrats, mais nécessitent la tolérance, le discernement et la modération de chacun, et la participation active à l'aménagement de la nature. Protection par contrat La majeure partie des habitats sont des surfaces proches de l'état naturel qui nécessitent encore un entretien approprié et doux. La protection de ces zones se fait en priorité par des contrats volontaires d'exploitation. Il en va de même pour la conservation et la création de surfaces de compensation écologique dans des sites d'exploitation intensive. La conclusion d'un contrat d'exploitation signifie que le contractant reçoit une compensation financière pour la baisse de rendement ou le supplément de frais engendrés par les restrictions d'exploitation qui lui sont imposées. Les dédommagements financiers sont prévus non seulement pour les restrictions dues aux contrats d'exploitation, mais aussi pour celles résultant des décisions de mise sous protection. La protection par contrat d'exploitation prend de plus en plus d'importance. Elle est actuellement appliquée avec succès pour les terrains secs et les zones humides. Concernant les réserves naturelles, les décisions cantonales de mise sous protection viennent néanmoins se superposer aux contrats. Pour le surplus, la protection des biotopes peut aussi être appliquée avec les seuls contrats, à l'échelon communal comme à l'échelon cantonal. Voir chapitre "Protection des biotopes dans l'agriculture" Les autres possibilités contractuelles sont le plus souvent utilisées par des organisations privées, et aussi beaucoup par le canton et les communes. Les contrats de fermage avec ou sans charges d'exploitation sont utilisés lorsque, par exemple, un terrain communal, tel une prairie grasse riche en fleurs et autres espèces, est confié à un agriculteur pour qu'il l'entretienne comme un biotope. L'instrument contractuel le plus sûr est l'acquisition du bien-fonds par contrat de vente ou par contrat de servitude. Quel que soit le contrat, l'acquisition est inscrite au registre foncier ce qui constitue une protection définitive ou durable et non résiliable. Ce type d'instrument entre en jeu pour des zones ou des objets particulièrement précieux. Les simples conventions d'entretien ne nécessitent pas de contrat écrit. 5.2011 – Protection des biotopes – Page 8 La conservation de prairies riches en espèces florales passe d'abord par des contrats volontaires. Un accord oral ou un comportement en conséquence suffisent en droit. La forme écrite est toutefois recommandée pour prévenir tout besoin de preuve en cas de litige. Protection par décision Les habitats naturels particulièrement menacés, en particulier ceux d'importance nationale ou régionale, font plutôt l'objet, aujourd'hui encore, d'une décision cantonale de mise sous protection, donc de création de réserve naturelle cantonale. Les atteintes faites à ces milieux sensibles, comme les hauts-marais, ne sont pas souhaitables. La protection de ces biotopes est de loin une tâche publique. Il peut également être judicieux de créer une réserve naturelle communale pour protéger des habitats d'importance locale fortement menacés (p.ex. ruisseau proche de l'état naturel). La décision de mise sous protection est l'instrument juridique le plus fort. Les charges et les restrictions entraînent en général une baisse de rendement ou une hausse des frais pour l'exploitant ou le propriétaire, mais qui sont compensées par des dédommagements d'ordre financier, stipulés dans les contrats d'exploitation. Voir les titres suivants Instruments juridiques – Liste récapitulative Protection par contrat (entre le canton, les communes, les organisations privées et les propriétaires ou les exploitants) Contrat d'exploitation - Frais d'exploitation supérieurs au rendement - Charges imposées à l'exploitation et restrictions d'utilisation - Dédommagement par contributions à l'exploitation, au bénéfice de l'exploitant - Durée du contrat: en général au moins 6 ans - Résiliable avec délai de préavis Contrat de fermage - Avec ou sans charges imposées à l'exploitation - Fermage versé par l'exploitant au propriétaire (p.ex.commune) - Durée minimale du contrat: en général 6 ans - Résiliable avec délai de préavis: en général 1 an Contrat de servitude - Restriction des droits du propriétaire en faveur de la protection de la nature - Avec ou sans indemnisations - Durée usuelle du contrat: 30 à 50 ans ou illimitée - Avec inscription au registre foncier: droit réel, lié au bien-fonds, le contrat est valable jusqu'au décès du propriétaire ou jusqu'au changement de propriétaire - Non résiliable Contrat de vente - Avec inscription au registre foncier - Acquisition de la propriété foncière - Protection contractuelle la plus sûre - Réservé aux zones et objets particulièrement précieux Protection par décision (du canton ou de la commune) Décision cantonale de mise sous protection (arrêté du Conseil-exécutif) - Bases légales: loi cantonale sur la protection de la nature (LPN) et ordonnance (OPN) - Dispositions de protection applicables au propriétaire foncier pour les objets d'importance nationale et régionale - Inscription sur la liste cantonale des réserves naturelles et des objets naturels protégés - Complément de protection par des conventions volontaires comme des contrats d'exploitation (voir plus haut) entre le canton et l'exploitant Décision communale de mise sous protection (zone à protéger) - Bases légales: législation cantonale sur la protection de la nature (LPN et OPN), loi cantonale sur les constructions (LC) et réglementation fondamentale de la commune en matière de construction (règlement de construction et plan de zones) - Dispositions de protection applicables au propriétaire foncier pour les objets d'importance locale dans le cadre du plan d'aménagement local de la commune - Protection complémentaire par des conventions volontaires comme les contrats d'exploitation (voir plus haut) entre la commune et l'exploitant 5.2011 – Protection des biotopes – Page 9 Réserves naturelles et objets naturels protégés du canton La mise sous protection de sites et d'objets d'importance nationale ou régionale relève des tâches traditionnelles du service de la promotion de la nature. Elle doit en outre, depuis quelques années, assurer la protection complète des surfaces constituées par les terrains secs et les zones humides au moyen de contrats d'exploitation. La mise sous protection reste de mise pour des habitats particulièrement précieux. Ainsi, les ordonnances sur les zones alluviales et sur les hauts-marais permettent de créer de nouvelles réserves naturelles. La concrétisation des inventaires fédéraux est le principal point de départ de la création de nouvelles réserves naturelles. Des habitats précieux peuvent aussi être mis sous protection sur demande de communes, d'organisations ou de propriétaires. L'inventaire cantonal contient quelque 500 réserves naturelles et objets naturels protégés: environ 200 réserves naturelles, près de 80 monuments naturels botaniques et près de 200 monuments naturels géologiques. Le chapitre "Réserves naturelles et objets naturels protégés" en donne une vue d'ensemble. La réserve naturelle forestière de la CombeGrède, située au fond d'un ravin, est sous protection cantonale depuis 1932. La sauvegarde durable du centre de la réserve, d'une surface de 1 km2, est assurée par ses propriétaires, le canton, la Confédération et divers organismes de protection de la nature. Réserves naturelles et objets naturels protégés des communes Les communes ont aussi pour responsabilité de délimiter des zones à protéger en dressant le plan d'aménagement local pour des zones et des objets d'importance locale. Cela constitue une base essentielle des conventions volontaires à l'échelon communal. La mise sous protection de zones et d'objets d'importance locale est régie par les dispositions de la législation sur les constructions (art. 16 et 41 LPN). Dans ce cas également, on applique le principe suivant: privilégier les conventions volontaires autant que possible, ne recourir aux prescriptions qu’en cas de nécessité. Toutes autres informations sont contenues dans le chapitre "Protection de la nature dans la commune". 5.2011 – Protection des biotopes – Page 10 Mise sous protection La procédure cantonale de mise sous protection de sites et d'objets de valeur suit pour l'essentiel les étapes ci-après (voir LPN, art. 36 à 41): Procédure Motif Concrétisation d'inventaires fédéraux (mandat légal) Demande de mise sous protection (par les communes, les organisations, les propriétaires) Recherche des données Cartes de végétation, liste d'espèces, liste de propriétaires, plans existants Projet de décision de mise sous protection Projet, limites provisoires Eventuellement, protection provisoire avec possibilité de faire opposition Participation des communes et des propriétaires par voie de négociation Déclaration d'accord écrite des propriétaires Procédure d'opposition Publication du projet de décision dans la Feuille officielle et dans la feuille d'avis officielle (ce qui interdit toute autre atteinte) Dépôt des oppositions à la commune dans un délai de 30 jours Transmission des oppositions par la commune au SPN Pourparlers Préavis du SPN à l'intention de la Direction de l'économie publique Décision de la Direction de l'économie publique Possibilité de recours au Conseil-exécutif (selon la loi sur la procédure et la juridiction administratives) Décision définitive de mise sous protection Mise au net par le SPN de la décision de mise sous protection Arrêté du Conseil-exécutif Notification aux propriétaires, communes et autres personnes concernées Inscription des sites et objets ainsi protégés sur la liste cantonale 5.2011 – Protection des biotopes – Page 11 Carte de végétation du haut-marais de Seeliswald. Un tel inventaire fournit les données indispensables pour l'établissement d'objectifs et de mesures de protection pour un territoire donné. Décision de mise sous protection La décision, dont le SPN a établi un modèle, contient non seulement la mise sous protection formelle, mais aussi les objectifs, les limites exactes de la zone, les dispositions de protection nécessaires et d'autres dispositions générales. La décision type est chaque fois adaptée aux particularités du site et aux conditions spécifiques. Le manuel de la LSPN fournit une liste complète des diverses dispositions de protection possibles. Contenu Mise sous protection avec inscription sur la liste cantonale des réserves naturelles et des objets naturels protégés But visé Nécessité de protéger et état souhaité afin de définir les dispositions de protection et les mesures d'aménagement et d'entretien Délimitation géographique avec plans Dispositions de protection contre les mesures et les dispositions contraires aux objectifs Dispositions diverses sur la surveillance, l'exécution, l'entretien, la publication de la décision, etc. Dispositions d'exécution de la LPN Surveillance (art. 43) Voir section "Entretien des biotopes" et chapitre "Service de la promotion de la nature". Mesures provisoires (art. 44) Si un site ou un objet dignes de protection sont menacés de façon prévisible, l'autorité compétente rend une décision de mise sous protection provisoire, exécutoire immédiatement, et introduit aussitôt une procédure de mise sous protection. Rétablissement de l'état conforme à la loi et dédommagement (art. 45) En cas d'atteinte illicite à une réserve naturelle ou à un objet naturel protégé ou d’inobservation des obligations légales ou contractuelles, la collectivité publique compétente interdit tout acte dommageable par une décision immédiatement exécutoire. Si l'acte dommageable ne peut être autorisé ultérieurement, la collectivité publique exige le rétablissement de l'état conforme à la loi, sous commination d'exécution par substitution, et, en cas d'impossibilité, elle exige un dédommagement équitable en nature (exceptionnellement en argent). Expropriation (art. 47 à 50) Les expropriations selon la législation en la matière sont admises pour atteindre le but visé de protection des réserves naturelles et des objets naturels protégés. Peines (art. 57 à 59) Toute personne qui endommage ou détruit une réserve naturelle ou un objet naturel protégé, ou contrevient aux dispositions légales, encourt une amende de 100 à 20 000 francs. Dans les cas graves, une peine d'arrêts peut en outre être prononcée. Voies de droit (art. 60) Les voies de droit sont expliquées au chapitre "Protection de la nature dans le canton de Berne". Lorsqu’une atteinte illicite est portée à un biotope protégé, par exemple la suppression du cours d'un ruisseau, il faut rétablir si possible l’état antérieur. Révision de réserves naturelles La concrétisation des inventaires fédéraux entraîne pour certains sites d'importance cantonale une nouvelle délimitation et la modification des prescriptions de protection. La révision des réserves naturelles suit la même procédure que celle de mise sous protection (art. 36 LPN). Exécution des décisions de mise sous protection La loi cantonale sur la protection de la nature contient diverses dispositions sur la surveillance, les mesures provisoires en cas de risque imminent, le rétablissement de l'état conforme à la loi ou le dédommagement en cas d'atteinte illicite, ainsi que sur l'expropriation, les peines et les voies de recours (voir encadré). 5.2011 – Protection des biotopes – Page 12 Entretien des biotopes Les réserves naturelles nécessitent un entretien adapté à l'objectif de protection (vue aérienne de Meienriedloch). L’entretien optimal des biotopes est le deuxième principe qui régit le travail de protection de la nature du canton de Berne. La dynamique de la nature contribuait autrefois beaucoup à la diversité des habitats par les inondations, les incendies, la sédimentation. Cette dynamique, aujourd'hui domestiquée, doit être remplacée dans les sites semi-naturels par des interventions humaines, sans lesquelles l'atterrissement et les broussailles transformeraient ces sites en forêts. Les stades intermédiaires, surfaces rudérales, prairies maigres, prairies humides, etc., sont néanmoins aussi intéressants, biologiquement parlant, que le stade final de la forêt et doivent être conservés moyennant un entretien et une gestion ciblés. Ces mesures ne doivent toutefois pas détruire d'autres valeurs naturelles (p.ex. creuser un plan d'eau au détriment d'un haut-marais). 5.2011 – Protection des biotopes – Page 13 Plans de gestion Les plans de gestion sont essentiels pour entretenir, gérer et aménager au mieux les réserves naturelles et les espaces vitaux proches de l'état naturel. Actuellement, seules quelques réserves naturelles cantonales sont dotées de plans d'entretien et d'aménagement, photos de végétation, etc. Ces données de base doivent être prochainement réunies pour les autres réserves naturelles. Il est ainsi prévu de dresser des schémas de protection qui rassembleront toutes les données sur les conditions naturelles des réserves et fixeront, en fonction du site, les objectifs et les mesures d'aménagement et d'entretien. L'établissement d'un schéma de protection est utile aussi pour les zones communales à protéger. Aide-mémoire Plan de protection des réserves naturelles Bases Données générales sur le site à protéger Inventaire des conditions naturelles (paysage, géologie, sol, régime des eaux, climat, faune, flore) Evolution du paysage Etat et importance du site et des environs Dommages et dangers L'entretien optimal d'une réserve naturelle nécessite un schéma de protection comprenant un plan d'entretien et une liste des mesures applicables. L'illustration représente un extrait du plan d'entretien d'Erlimoos. Le schéma de protection fixe normalement les aspects secondaires. Selon le site protégé, tel ou tel point n'est pas nécessaire, ou d'autres points doivent être ajoutés. Un plan de gestion comprend le plus souvent un texte et une annexe avec des cartes et éventuellement d'autres documents. Son volume dépend de la taille et de la diversité de la réserve, mais il ne doit pas obligatoirement être très important. Beaucoup de réserves ne nécessitent pas plus qu'une description concise de l'état, de l'objectif et des mesures prévues. Pour élaborer le schéma de protection, il est important de faire appel aux personnes qui connaissent le site et si possible aux personnes qui seront chargées de l'entretien et d'autres mesures. Les mesures d'entretien et de gestion des réserves naturelles et des biotopes présentées plus haut sont brièvement expliquées dans l'aide-mémoire ci-contre. Les mesures d'aménagement sont examinées en détail sous le titre "Aménagement des biotopes". 5.2011 – Protection des biotopes – Page 14 Protection Protection juridique existante et visée (décision de mise sous protection, zone à protéger, protection de droit privé) Objectifs de protection et de développement avec plan de protection Protection des environs (zones tampons) Eventuellement extension du site Financement Information du public Organes responsables Entretien Mesures périodiques d'entretien Plan d'entretien Programme pluriannuel Organisation de l'entretien Contrats d'entretien Procès-verbaux d'entretien Gestion Organisation de la surveillance Responsables de la réserve naturelle Contrôle des résultats (bio-monitoring) Aménagement Mesures d'aménagement uniques avec plan d'aménagement Marquage Information des visiteurs Canalisation des visiteurs Annexes Plans d'ensemble et plans détaillés Listes des espèces Inventaires Titres juridiques existants Documents photographiques Expertises éventuelles Bibliographie Sans entretien régulier (fauchage), les prairies humides et autres biotopes ouverts s'embroussaillent et se transforment à la longue en forêt. Objectifs de protection et de développement Les objectifs propres à chaque biotope doivent être connus avant que soient définies les mesures d'aménagement et d'entretien. On doit savoir ce qu'on veut conserver ou développer, où, comment et pourquoi. On doit aussi savoir quelle ligne de développement doit suivre ce site et quel aspect il doit prendre à long terme. Les objectifs peuvent être pluriels: p.ex. maintien d'un biotope spécial (hauts-marais), réacclimatation d'une certaine espèce d'animal ou de plante, ou développement général de la diversité des espèces. Les différents objectifs se complètent le plus souvent sans problème, mais il est parfois nécessaire de faire des compromis et de fixer des priorités. Il serait faux par exemple d'implanter une nouvelle haie très étendue sur une prairie sèche riche en espèces. 5.2011 – Protection des biotopes – Page 15 Objectifs Mesures Conserver des forêts vierges et des stations extrêmes ne convenant pas à la forêt Pas d'entretien Conserver et développer les forêts naturelles et la diversité des espèces Sylviculture proche de l'état naturel Reconstituer d'anciennes prairies humides et sèches, favoriser certaines espèces Eclaircies et débroussaillement Développer la diversité des espèces Entretien des haies Reproduire l'ancien mode d'exploitation, prévenir l'embroussaillement de prairies sèches et de zones humides Fauchage Ralentir l'atterrissement des plans d'eau peu profonds Coupe subaquatique des roseaux Diminuer l'atterrissement Excavation, aspiration Maintenir les îlots de graviers et les bancs de limon Enlever la végétation Mesures d’entretien Les mesures d'entretien régulières sont déterminées par les objectifs de protection et de développement fixés pour une zone (voir encadré). Les mesures sont inscrites dans un plan d'entretien comprenant une liste de mesures à appliquer et un programme pluriannuel. Principes N'apporter aucun entretien là où on doit ou peut laisser libre cours à l'évolution naturelle et où celle-ci est au stade final (p. ex. zones alluviales, forêts vierges) Apporter l'entretien nécessaire à tous les autres types de biotopes, puisqu'il s'agit de conserver un stade intermédiaire de l'évolution naturelle S'inspirer de l'utilisation agricole traditionnelle antérieure et la poursuivre; tout changement de système sera mûrement réfléchi Exécuter les soins sur des surfaces plutôt petites (recéper une haie par secteur) Subdiviser les prairies et les pâturages en parcelles (si la surface le permet), n'en exploiter annuellement que les deux tiers, et laisser le reste en friche temporaire (où les insectes peuvent terminer leur cycle vital et les plantes monter en graines) S'abstenir d’utiliser des produits chimiques pour éliminer les plantes difficiles à extirper S'abstenir d’utiliser tout fertilisant, sauf dans des cas exceptionnels (prairies et pâturages fumés par tradition) Effectuer les travaux d'entretien des mares, des haies, des associations forestières, des terres incultes, des gravières, etc. en hiver, hors de la période de nidification Utiliser judicieusement l'herbe et le bois coupé (litière, fourrage, compost, tas servant de refuges, semences, bois de chauffage); ne pas brûler sur place Ne pas brûler l'herbe, les roseaux et les buissons 5.2011 – Protection des biotopes – Page 16 Pour de grandes surfaces, il faut des motofaucheuses spéciales. L'herbe coupée sert de litière ou est compostée. La présente documentation ne peut pas fournir de recette d'entretien universelle, vu la diversité des habitats dans le canton de Berne. De plus, pratiquement chaque zone protégée a ses particularités dont il faut tenir compte à l'entretien. Enfin, il existe une volumineuse documentation sur les soins et l'entretien des habitats semi-naturels (voir bibliographie du présent chapitre et des suivants). Voici quelques principes généraux à suivre. Organisation de l'entretien Aide-mémoire – Entretien des biotopes L'entretien des réserves naturelles cantonales relève de la responsabilité du Service de la promotion de la nature. Celle-ci met au point les plans d'aménagement et d'entretien et possède son propre parc de machines et d'outils. Les exécutants sont les responsables des réserves, les gardes-faune et surtout les surveillants volontaires. Une aide importante est fournie pendant plusieurs semaines ou mois par les personnes qui accomplissent leur service civil. L'exploitation agricole extensive vaut également aujourd'hui comme entretien protégeant la nature. Préparation Schéma de protection de la réserve naturelle (s'il existe) Plan d'entretien avec liste des mesures Information du public, des propriétaires fonciers et des exploitants Organe directeur (avec remplaçants) Programme de travail (quoi? où? comment? qui? quand?) Désignation des chefs de groupe Personnel d'entretien (employés communaux, agriculteurs, forestiers, bénévoles des associations, écoles, etc.) Acquisition des outils et des machines (par l'intermédiaire de la commune, des associations, des entreprises, des participants, éventuellement du canton) Utilisation des produits (coupés) Transports des personnes et du matériel Repas Prévention des accidents (dispositifs de sécurité, matériel sanitaire) Assurance-accidents Financement (commune, associations, contributions du canton) L'entretien des réserves naturelles locales est de la compétence des communes. L'aide-mémoire ci-contre peut être de quelque utilité. Contrats d'entretien On devrait autant que possible laisser aux agriculteurs locaux le soin d'exploiter les pelouses sèches, les prairies humides, les surfaces à litière, les pâturages, etc. et d'en assurer l'entretien par contrat. Les exploitants qui, par souci de garantir la protection visée, limitent leur exploitation ou assurent une prestation sans avantage lucratif, ont droit à une juste compensation (art. 18c LPNP). L'entretien par l'agriculteur est souvent une meilleure solution que d'acquérir des engins et de faire exécuter l'entretien de la réserve par des bénévoles ou professionnels. L'agriculteur possède en général les outils et machines nécessaires, sait s'en servir et les entretenir, et peut, en outre, utiliser la récolte judicieusement comme litière ou comme fourrage. La section "Conservation des biotopes" donne un aperçu des différents types de contrats. Les détails sur les contributions à l'exploitation et leur financement se trouvent au chapitre "Protection des biotopes dans l'agriculture". 5.2011 – Protection des biotopes – Page 17 Exécution Entretien préalable avec les chefs de groupes Contrôle des outils et des machines à la livraison Point de rencontre: accueil, information, motivation, liste de présence Formation de groupes de travail et remise des outils Dispositif de sécurité Exécution selon le programme de travail avec pauses-repas Utilisation des produits Contrôle des outils et des machines à la fin du travail, remise des outils et des machines Remerciements aux participants Travaux ultérieurs Procès-verbal d'entretien, schémas Décompte Eventuellement documents photographiques Eventuellement publication dans le journal local Aménagement des biotopes En aménageant de nouveaux étangs, on revalorise le paysage d'un point de vue écologique et on contribue à la mise en réseau des biotopes. L'aménagement de biotopes est le troisième principe qui régit le travail de protection de la nature du canton de Berne. La disparition des habitats et le recul des espèces constatés dans de nombreuses régions (voir chapitre "Protection des espèces") sont autant d'éléments qui prouvent que conservation et entretien des habitats naturels existants ne suffisent plus. Il faut améliorer de nombreux biotopes en prenant des mesures d'aménagement ciblées, et même rétablir l'état d'origine si nécessaire. La création de nouveaux biotopes proches de l'état naturel et leur mise en réseau permettent de valoriser les sites ayant perdu leur aspect naturel. Mesures d'aménagement Revalorisation et recréation de biotopes Les possibilités de valoriser, de rétablir et de créer des biotopes sont tout aussi grandes dans l'agriculture que dans les agglomérations. La régénération et la création de biotopes s'appuient sur les mêmes bases légales que la compensation écologique des surfaces d'exploitation intensive, pour lesquelles on peut souvent obtenir des contributions (voir chapitre "Protection des biotopes dans l'agriculture"). Cette tâche est axée sur le modèle des réseaux de biotopes qui sera présenté à la fin du chapitre. 5.2011 – Protection des biotopes – Page 18 Reconstitution d'anciennes prairies humides et sèches (débroussaillement) Régénération de ruisseaux non canalisés (lits proches de l'état naturel, plantations sur les berges) Remise en état naturel de ruisseaux canalisés Création d'étangs et d'autres biotopes aquatiques (excavations, amenée d'eau) Valorisation des lisières de forêts Plantation de nouvelles haies Plantation d'arbres isolés et de groupes de buissons (biotopes-relais) Extensification de prairies grasses Valorisation et plantation de vergers à hautes tiges Création de zones tampons le long des ruisseaux, des forêts, des haies, etc. Aménagement de bords de champs Reconstitution de sentiers champêtres verts avec revêtement naturel Création de stations rudérales (installations industrielles, installations de transports, terrains vagues) Création de niches écologiques pour les animaux (amas de pierres et de branches, cavités, niches dans les bâtiments, etc.) Les publications mentionnées indiquent aussi les endroits où l'on peut se procurer la flore indigène, arbres, buissons, plantes vivaces, plantes des marais et plantes aquatiques, semences et graines. Le Centre Romand d'Education à l'Environnement du WWF Suisse à Yverdon-les-Bains (Schweizerisches Zentrum für Umwelterziehung, Zofingen) publie une liste complète des produits. Aménagement de réserves naturelles Les bancs de gravier sont des stations rudérales importantes: en l'absence d'une dynamique naturelle, il faut veiller à rétablir périodiquement leur état primitif. Projets d'aménagement La planification et la réalisation de projets concrets d'aménagement nécessite un plan assorti d'une liste des mesures. Les mesures d'aménagement font en général l'objet d'une opération unique, qui est relayée par un entretien régulier (voir section "Entretien des biotopes"). De très nombreux ouvrages ont paru ces dernières années sur l'aménagement, la création et la mise en réseau d'habitats semi-naturels. Ils présentent en détail la planification, l'aménagement, les méthodes, le matériel, l'entretien, les soins, les coûts, etc. Le présent chapitre ainsi que les suivants présenten une sélection des publications les plus importantes (voir bibliographie). 5.2011 – Protection des biotopes – Page 19 Il est souvent nécessaire, même dans les réserves naturelles, de prendre des mesures d'aménagement pour valoriser ou reconstituer des biotopes. Les mesures suivent alors les objectifs de protection et de développement du site (voir section précédente). Il s'agit d'une manière générale d'arriver à une base optimale du développement souhaité pour une zone protégée. Il suffit souvent d'améliorer l'état du biotope (p.ex. débroussailler des prairies sèches), et dans de nombreux cas, on essaie de rétablir l'état d'origine au prix de maints efforts (p.ex. créer des stations humides). Mise en réseau des biotopes Meienriedloch, réserve naturelle d'une grande étendue, est un noyau indispensable du réseau des biotopes. Réseaux de biotopes Les habitats semi-naturels ne doivent pas être isolés dans le paysage. Il faut en effet assurer les liaisons écologiques entre les habitats et l'échange génétique entre les espèces. Les biotopes doivent former un système d'interconnexion varié et harmonieux d'espaces vitaux dans le paysage. Le concept de réseau de biotopes qui régit actuellement l'ensemble de la protection de la nature a déjà été présenté dans de nombreuses publications voir bibliographie). En voici un résumé: Iles: les habitats naturels et semi-naturels d'une certaine surface sont les noyaux du réseau de biotopes: terrains secs, zones humides, marais, prairies irriguées, prairies grasses riches en espèces, ruisseaux, berges, friches, vergers à hautes tiges, bosquets, surfaces boisées semi-naturelles, etc. Ils devraient exister en nombre suffisamment grand. Leur richesse en espèces constitue le véritable réservoir d'un site. Corridors de déplacement: les surfaces de biotopes doivent être reliées entre elles. Des surfaces longues, larges de quelques mètres seulement, conviennent très bien: talus, terrasses, lisières de champs et de prairies, bandes tampon, bandes enherbées au bord des champs labourés, etc. Ces corridors permettent à beaucoup d'espèces animales et végétales de migrer ou de se réacclimater. Ils favorisent aussi les indispensables échanges d'espèces entre les biotopes. Biotopes-relais: dans les endroits où les liaisons continues ne sont pas possibles ou dans ceux qui contiennent des barrières infranchissables comme des routes, ce sont les petits éléments isolés comme les arbres, les groupes de buissons qui assument la fonction de relais et permettent ainsi à beaucoup d'animaux (p.ex. oiseaux) de migrer par "petits sauts". Ils leur servent aussi de couvert ou d'abri, ou de perchoir pour les rapaces. Objectifs Assurer une protection suffisante des espèces et des biotopes Diminuer l'isolement spatial Favoriser les liaisons entre les habitats, l'expansion des espèces et l'échange génétique Aider les fonctions de stabilisation écologique du paysage (réserves d'auxiliaires, diminution de l'érosion, protection contre le vent, microclimat, régulation du régime des eaux, etc.) Valorisation du site (fonction de délassement) 5.2011 – Protection des biotopes – Page 20 Réseau de biotopes: les biotopes dignes de protection des réserves naturelles et les surfaces de compensation écologique en exploitation extensive constituent les véritables îlots biotopiques. Les liaisons écologiques entre les habitats et l'échange génétique se font par les corridors de déplacement (éléments naturels linéaires comme les haies) et les relais (éléments semi-naturels en forme de points comme les arbres isolés). Graphique: D. Forter, SPN. 5.2011 – Protection des biotopes – Page 21 Surveillance des réserves naturelles La surveillance des réserves naturelles, une tâche variée. Le surveillant de réserves naturelles La surveillance des réserves naturelles d'importance cantonale est assurée par le canton (voir chapitre "Service de la promotion de la nature"). La surveillance des réserves naturelles locales est de la compétence des communes. Il peut leur être utile de coopérer avec les sections locales des organisations privées de protection de la nature. Il est conseillé de désigner aussi un surveillant des réserves naturelles locales, qui peut surveiller plusieurs petites zones proches les unes des autres. Il est recommandé de faire confirmer la fonction de surveillance par une carte de légitimation établie par l'autorité communale compétente. Procès-verbal de surveillance Journal de surveillance Procès-verbal d'entretien Observations biologiques (procès-verbal irrégulier des observations faites sur la faune et la flore). 5.2011 – Protection des biotopes – Page 22 Les tâches du surveillant de réserves naturelles sont indiquées dans le plan de gestion et inscrites dans un cahier des charges. Par l'exemple, l'information et au besoin par des avertissements, le surveillant veille d'abord à ce que chacun respecte les prescriptions et à ce qu'il n'advienne aucun dommage. A cette fin, il fait des rondes quotidiennes à intervalles irréguliers et à des heures différentes. Ce n'est que dans les cas graves que le surveillant peut porter plainte ou aviser les autorités compétentes. Ses tâches ne consistent toutefois pas simplement à surveiller, mais aussi à donner des renseignements et des conseils aux exploitants et aux propriétaires de zones protégées, et à leur servir d'intermédiaire et de contact. Il accomplit de petits travaux d'entretien (p.ex. réparer le marquage), tient les journaux de surveillance, rédige les procès-verbaux d'entretien et d'observation, et aide, si possible, à élaborer les plans de gestion et à contrôler les résultats. Surveillance des biotopes Des échantillons d'eau sont prélevés pour analyser et évaluer l'évolution d'un biotope. Un biotope évolue selon ses caractéristiques naturelles (géologie, sol, climat, régime des eaux, etc.) et souvent aussi en fonction des interventions humaines (entretien, dommages). La surveillance de cette évolution se fait par des analyses périodiques (bio-monitoring). Pour vérifier si les objectifs visés sont effectivement atteints, un contrôle périodique des résultats, ou plus exactement des effets, est nécessaire. Chaque plan de gestion pouvant avoir des effets imprévisibles ou comporter des erreurs, le contrôle des effets permet une détection précoce et une adaptation des mesures en temps utile. La surveillance des biotopes suit une méthode et une organisation prévues dans le schéma de protection des réserves naturelles. Toute modification flagrante peut être remarquée et signalée par des profanes intéressés, souvent des auxiliaires bénévoles. Ces indications suffisent à assurer la surveillance de base tant que les relevés n'exigent pas de faire appel à des spécialistes, qui procéderont alors à une étude scientifique. 5.2011 – Protection des biotopes – Page 23 Bio-monitoring et contrôle des effets Surveillance de base simple (procès-verbaux d'observation simples et réguliers et recensement de la flore et de la faune, avec plan) Etude scientifique complémentaire (recensements réguliers, surveillance de l'évolution des espaces vitaux) Documentation photographique (prise régulière de photos à partir d’un point fixe pour suivre les changements) Contrôle des effets: détection et prise de mesures adaptées Information et canalisation des visiteurs Les panneaux de signalisation familiarisent le visiteur – dès le premier coup d'œil – avec les principales règles de comportement dans la nature. Ce sont précisément les sites et les réserves les plus précieux qui attirent évidemment le plus grand nombre de visiteurs. Les habitats seminaturels deviennent de plus en plus le but d'excursions en fonction d'intérêts très divers. Pour éviter une trop grande sollicitation de ces lieux protégés, il faut donc inciter les visiteurs à adopter un comportement responsable face à la nature. Pratiquement, ceci peut se faire grâce à des mesures de canalisation, des panneaux d'information, des tables d'orientation et des activités de relations publiques en général. Matériel normalisé pour la signalisation des réserves naturelles Un groupe de travail intercantonal a mis au point en collaboration avec l'OFEFP et la LSPN une signalisation unifiée portant le logo bien connu de la chouette et du trèfle. Ce matériel constitue un label de garantie et de qualité et ne peut être employé que dans les réserves naturelles suisses. Les réserves du canton de Berne sont signalées avec le même matériel. Entièrement normalisé, il peut être augmenté à tout moment grâce à sa conception modulaire. Il est en outre vendu à un prix avantageux, car fabriqué en série. Les instructions de fabrication et de montage peuvent être demandées au service de la promotion de la protection de la nature ou à la LSPN (voir bibliographie). Ces deux services fournissent toutes autres informations et indications pour commander les panneaux. Les panneaux d'information favorisent la connaissance et la compréhension de la nature. 5.2011 – Protection des biotopes – Page 24 La canalisation des visiteurs évite bien des perturbations dans les réserves ou tout du moins permet de les réduire au minimum. Ces mesures doivent pouvoir être spontanément bien acceptées par le public. On installe donc le moins possible d'obstacles et de barrages et lorsqu'ils sont nécessaires, ils portent des explications facilement compréhensibles. Il faut autant que possible éloigner le public des surfaces sensibles et des zones centrales des réserves naturelles. Mesures de canalisation Installer parkings, aires de jeux, aires de pique-nique et de barbecue, etc. à une distance suffisante à l'extérieur des zones protégées Créer des points de concentration (disposer l'information des visiteurs près de l'entrée principale ou au bord de la réserve) Aménager de bons circuits avec des dispositifs complémentaires (obstacles naturels, haies, panneaux indicateurs) Empêcher le passage (de véhicules) par des barrières ou fermer provisoirement des chemins Restreindre temporairement les visites de certaines parties de la réserve (p.ex. pendant la nidification) Empêcher tout risque de perturbations dans la zone centrale (clôtures) Les installations pour les visiteurs ont une double fonction d'information et de canalisation. Information des visiteurs La signalisation sert avant tout à marquer les limites et à signaler aux visiteurs les principales règles de comportement dans la nature au moyen de pictogrammes ou autres indications. Il est possible d'employer d'autres moyens pour une information plus complète sur un site protégé. Bien placés, les dispositifs d'information des visiteurs, tables d'orientation, pavillons, sentiers éducatifs, etc. servent aussi à canaliser les visiteurs et sont inclus dans la planification. Supports d'information Tables d'orientation avec plan et explications Pavillons d'accueil avec tableaux Points de vue, panoramas, postes d'observation Sentiers éducatifs (sentiers-nature), dépliants ou panneaux d'information Excursions guidées Contact personnel avec le surveillant Publications dans les différents médias Conférences Canalisation des visiteurs 5.2011 – Protection des biotopes – Page 25