Après une année 2014 de forte croissance (+6%), l’économie de la Malaisie a subi en
2015 le triple choc concomitant (i) du ralentissement de la croissance chinoise, (ii) de
la chute des prix des matières premières et (iii) de la dépréciation des devises des
marchés émergents :
La Chine est son partenaire commercial le plus important (13% de ses exportations
et 18,9% de ses importations en 2015, près de 16% de ses échanges commerciaux ;
la valeur ajoutée des exportations malaisiennes vers la Chine est équivalente à 8%
du PIB). Une étude du FMI a montré qu’un ralentissement de 1% du PIB chinois
réduirait celle du PIB malaisien de 0,3%.
Les exportations de produits pétroliers, GNL et pétrole brut (15% des exportations
totales en 2015) ont chuté de plus de 20% par rapport à 2014. Or, le secteur pétro-
gazier joue toujours en Malaisie un rôle déterminant dans le cycle de croissance et
d’investissement. Petronas, la compagnie pétrolière nationale, représente 10% de
l’investissement national et le secteur pétro-gazier (15% du PIB de la Malaisie)
représentera encore 14% des recettes budgétaires de l’Etat en 2017 contre 30% en
2014, 20% en 2015 et 15% en 2016.
Le troisième choc a été la dépréciation du ringgit qui a perdu 25% vis-à-vis du dollar
américain en 2015, pour s’établir à une valeur basse d’environ 4,4 MYR le dollar
début 2017. Dans ce contexte, l’excédent courant baisse (2,3% du PIB en 2016,
contre 11,6% en 2011) et les réserves de change fondent (94,3 Md USD à la mi-
janvier 2017 contre 135 Md USD début 2014), mais reste à un niveau suffisant
(8,7 mois d’importations). Si la dépréciation du ringgit a affecté la valeur du stock
d’investissements directs étrangers (IDE) - 117,6 Md USD en 2015 contre
135,8 Md USD en 2014 -, l’attractivité du pays ne semble pas avoir souffert puisque,
selon la CNUCED, le flux d’IDE en Malaisie a augmenté en 2015 à 11,1 Md USD
contre 10,9 Md USD en 2014.
Dans ce contexte, la dépréciation de la monnaie a joué un rôle d’amortisseur. Si la
croissance malaisienne a ralenti en 2015 (+5%) et en 2016 (+4,3%), elle devrait se
stabiliser en légère hausse en 2017 à +4,5% selon les dernières prévisions du FMI, en
étant portée par les moteurs domestiques de la consommation et de l’investissement. Le
secteur des services devrait croître de +5,7% et celui de la construction de +8,3%,
signalant l’efficacité des mesures destinées à amortir l’impact de l’introduction d’une
TVA de 6% le 1er avril 2015, l’inflation restant maîtrisée à un niveau inférieur à 3%. Si
l’industrie manufacturière exportatrice (électronique) ralentit, sa croissance devrait
restée stable et solide en 2017 (+4,1%), pour partie par l’effet de compétitivité prix
résultant de la dépréciation du ringgit. En revanche l’activité du secteur pétro-minier ne
devrait pas reprendre fortement (+1,4%, contre +1,1% en 2016) et celle de l’agriculture
se relèvera lentement (+1,5% en 2017 contre -3,3% en 2016).
La demande domestique (>90% du PIB) est portée par le secteur privé (>70% du PIB)
qui devrait croître de +6,2% en 2017, par une dynamique symétrique de croissance de
la consommation (53% du PIB, croissance de +6,3% en 2017) et de l’investissement
privé (17% du PIB, +5,8% en 2017). La dépense publique (>21% du PIB) ne croîtra
qu’à un rythme modéré (+0,6% en 2017), principalement du fait de l’investissement
public (environ 9% du PIB, +1,1% en 2017), en cohérence avec la trajectoire de
consolidation budgétaire réaffirmée par le gouvernement.