A M B A S S A D E D E F R A N C E E N M A L A I S I E - S E R V I C E É C O N O M I Q U E
Février 2017
© DG Trésor
Dotée d’une des économies émergentes les plus matures et diversifiées, en situation de quasi plein emploi, la Malaisie, qui a
enregistré une croissance annuelle moyenne de +5,8% entre 2010 et 2014, subit depuis la fin 2014 les conséquences de
plusieurs chocs externes : chute des prix du pétrole et de l’huile de palme, ralentissement économique de la Chine (son
1er partenaire commercial), forte dépréciation de la devise nationale (ringgit) par rapport au dollar américain. Malgré cet
environnement moins favorable, l’économie malaisienne démontre une bonne résilience (croissance de +5% en 2015, +4,3%
en 2016 et estimation de +4,5% en 2017), grâce à la consommation et à l’investissement, soutenu notamment par les mesures
d’appui aux infrastructures d’intérêt général. Le 11ème plan quinquennal (2016-2020) vise en effet un accroissement des
investissements publics à hauteur de +70 Mds USD, concentrés sur les transports urbains, l’aéronautique et les PME. Cela
s’inscrit toutefois dans un contexte d’endettement élevé de l’Etat et des acteurs privés, notamment les ménages (dette cumulée
proche de 90% du PIB). Aussi, les agences de notation maintiennent la Malaisie au niveau “investment grade” mais ont mis
le pays « sous surveillance ». Son niveau de risque relatif a augmenté, tout en restant faible à modéré (Moody’s : A3, S&P :
A-, Fitch : A- ; OCDE : 2 ; Coface : A4 contre A2 précédemment).
Cadre général
Au sein des 10 pays de l’ASEAN, la Malaisie, qui a enregistré depuis 2009 une
croissance économique moyenne de +5,7% par an, est la 3ème puissance économique,
avec un PIB en 2015 d’environ 300 Md USD, derrière l’Indonésie (860 Md USD) et la
Thaïlande (395 Md USD). Rapporté à sa population de 30,5 millions d’habitants, ce
niveau de richesse classe la Malaisie au 2ème rang en ASEAN (hors Brunei), avec un
PIB par habitant de plus de 10 000 USD, loin derrière Singapour (53 000 USD) mais
devant la Thaïlande (5 600 USD) et l’Indonésie (3 600 USD). Proche de l’accession au
club des pays riches, objectif 2020 du programme de transformation économique
impulsé en 2010, la Malaisie est dotée d’une économie diversifiée : services (53,5% du
PIB), industries manufacturières (23%), pétrole et mines (9%), agriculture (8,9%), et
BTP (4,5%), et très ouverte (cumul des exportations et des importations égale à 125%
du PIB). Elle se démarque aussi par la sophistication de son secteur financier.
Le succès économique de la Malaisie s’est construit sur plusieurs atouts : (1) une
stabilité politique et un cadre institutionnel solide, même si des difficultés sont apparues
en 2015, (2) un modèle de développement ouvert aux investissements directs étrangers,
aujourd’hui centré sur les services, l’industrie électronique et l’industrie de production
aval à partir des ressources naturelles du pays (hydrocarbures, huile de palme,
caoutchouc naturel) ; (3) une politique macroéconomique prudente, notamment en
matière de déficit public (3,5% en 2015, 3,1% estimé en 2016, 3,0% en 2017) et
d’endettement public (<55% du PIB), et (4) des coûts de main d’œuvre compétitifs et
un niveau d’éducation élevé d’une population jeune (âge médian de 28 ans). S’agissant
de la qualité de l’environnement des affaires, la Malaisie reste globalement bien classée
dans les baromètres internationaux : 23ème place au classement Doing Business 2017 ;
19ème place au classement IMD 2016 de la compétitivité, derrière Singapour (4ème) mais
devant la Thaïlande (28ème) et l’Indonésie (48ème) ; 49 points sur l’indice Transparency
International de perception de la corruption en 2016 (-1 par rapport à 2015), contre
84 points pour Singapour mais 37 pour l’Indonésie et 35 pour la Thaïlande.
Forces et faiblesses de l’économie malaisienne
selon la COFACE (janvier 2017)
Les forces
- exportations diversifiées
- dynamisme du secteur des services
- bonnes infrastructures, R&D élevé
- marché financier local très développé
Les faiblesses
- dépendance à la demande externe
- dépendance des recettes budgétaires au
secteur gazier et pétrolier
- endettement du secteur privé très élevé
- érosion de la compétitivité-prix en lien avec un
coût du travail plus élevé
- persistance des disparités régionales
Malaisie : cadre économique et financier - février 2017 - © DG Trésor
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- 2 -
Situation conjoncturelle et
perspectives
Après une année 2014 de forte croissance (+6%), l’économie de la Malaisie a subi en
2015 le triple choc concomitant (i) du ralentissement de la croissance chinoise, (ii) de
la chute des prix des matières premières et (iii) de la dépréciation des devises des
marchés émergents :
La Chine est son partenaire commercial le plus important (13% de ses exportations
et 18,9% de ses importations en 2015, près de 16% de ses échanges commerciaux ;
la valeur ajoutée des exportations malaisiennes vers la Chine est équivalente à 8%
du PIB). Une étude du FMI a montré qu’un ralentissement de 1% du PIB chinois
réduirait celle du PIB malaisien de 0,3%.
Les exportations de produits pétroliers, GNL et pétrole brut (15% des exportations
totales en 2015) ont chuté de plus de 20% par rapport à 2014. Or, le secteur pétro-
gazier joue toujours en Malaisie un rôle déterminant dans le cycle de croissance et
d’investissement. Petronas, la compagnie pétrolière nationale, représente 10% de
l’investissement national et le secteur pétro-gazier (15% du PIB de la Malaisie)
représentera encore 14% des recettes budgétaires de l’Etat en 2017 contre 30% en
2014, 20% en 2015 et 15% en 2016.
Le troisième choc a été la dépréciation du ringgit qui a perdu 25% vis-à-vis du dollar
américain en 2015, pour s’établir à une valeur basse d’environ 4,4 MYR le dollar
début 2017. Dans ce contexte, l’excédent courant baisse (2,3% du PIB en 2016,
contre 11,6% en 2011) et les réserves de change fondent (94,3 Md USD à la mi-
janvier 2017 contre 135 Md USD début 2014), mais reste à un niveau suffisant
(8,7 mois d’importations). Si la dépréciation du ringgit a affecté la valeur du stock
d’investissements directs étrangers (IDE) - 117,6 Md USD en 2015 contre
135,8 Md USD en 2014 -, l’attractivité du pays ne semble pas avoir souffert puisque,
selon la CNUCED, le flux d’IDE en Malaisie a augmenté en 2015 à 11,1 Md USD
contre 10,9 Md USD en 2014.
Dans ce contexte, la dépréciation de la monnaie a joué un rôle d’amortisseur. Si la
croissance malaisienne a ralenti en 2015 (+5%) et en 2016 (+4,3%), elle devrait se
stabiliser en légère hausse en 2017 à +4,5% selon les dernières prévisions du FMI, en
étant portée par les moteurs domestiques de la consommation et de l’investissement. Le
secteur des services devrait croître de +5,7% et celui de la construction de +8,3%,
signalant l’efficacité des mesures destinées à amortir l’impact de l’introduction d’une
TVA de 6% le 1er avril 2015, l’inflation restant maîtrisée à un niveau inférieur à 3%. Si
l’industrie manufacturière exportatrice (électronique) ralentit, sa croissance devrait
restée stable et solide en 2017 (+4,1%), pour partie par l’effet de compétitivité prix
résultant de la dépréciation du ringgit. En revanche l’activité du secteur pétro-minier ne
devrait pas reprendre fortement (+1,4%, contre +1,1% en 2016) et celle de l’agriculture
se relèvera lentement (+1,5% en 2017 contre -3,3% en 2016).
La demande domestique (>90% du PIB) est portée par le secteur privé (>70% du PIB)
qui devrait croître de +6,2% en 2017, par une dynamique symétrique de croissance de
la consommation (53% du PIB, croissance de +6,3% en 2017) et de l’investissement
privé (17% du PIB, +5,8% en 2017). La dépense publique (>21% du PIB) ne croîtra
qu’à un rythme modéré (+0,6% en 2017), principalement du fait de l’investissement
public (environ 9% du PIB, +1,1% en 2017), en cohérence avec la trajectoire de
consolidation budgétaire réaffirmée par le gouvernement.
Echanges commerciaux totaux de la
Malaisie en 2015 (en Md EUR)
Source : MATRADE statistics
Top 10 des exportations de la
Malaisie en 2015 (en Md EUR)
Source : MATRADE statistics
Réserves de change de fin 2006 à
début 2017 (en Md USD)
Source : Bank Negara Malaysia
Evolution de la croissance
économique en Malaisie 2007-2017e
(prévisions à partir de 2017)
Source : FMI
Malaisie : cadre économique et financier - février 2017 - © DG Trésor
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Secteur bancaire
Le secteur bancaire malaisien est très développé, avec 57 établissements bancaires, dont
28 établissements étrangers, incluant des banques commerciales (27), des banques
d’investissement et des banques islamiques. A fin juillet 2016, les établissements
bancaires étrangers représentaient 21,8% des actifs du secteur bancaire. Selon les
données de la Banque centrale, le système bancaire malaisien est robuste avec un ratio
de capital Tier 1 de 14,3% à fin juillet 2016. Environ 80% de la totalité du capital des
banques est considéré de haute qualité sous la forme de bénéfices non distribués, capital
libéré et réserves. Le LCR (Liquidity Coverage Ratio) s’établit à 124,7% à fin juillet
2016. Le FMI estime que les banques malaisiennes sont en capacité de remplir les
critères de Bâle III en matière de capitalisation et de liquidité. Si la rentabilité du secteur
bancaire malaisien s’est dégradée en 2015, dans un contexte de forte concurrence et de
ralentissement de la production de crédits, la qualité des crédits a augmenté.
Politique économique
La résilience de l’économie malaisienne repose sur la qualité et la pertinence du pilotage
macroéconomique à court terme, soulignés par le FMI, la Banque mondiale et l’OCDE.
Le budget de la nation a été régulièrement révisé et ajusté pour tenir compte de la
trajectoire des prix du pétrole, toujours sur le fondement d’une hypothèse conservatrice
(ex : le budget 2017 a pris l’hypothèse d’un baril de Brent à 45 USD). Ainsi, le budget
fédéral malaisien (212,6 Md MYR de recettes en 2016p/17% du PIB pour 252,1 Md
MYR de dépenses/20% du PIB) s’inscrit dans un cadre pluriannuel de consolidation
budgétaire visant à atteindre l’équilibre en 2020. En dépit de la chute des recettes tirées
du secteur pétro-gazier (cf. supra), l’objectif de déficit budgétaire devait être atteint en
2016 (3,1% du PIB) et sa réduction poursuivie en 2017 (3%). Les moindres recettes
pétrolières ont été pour partie compensées par l’augmentation d’autres recettes fiscales,
en particulier indirectes avec la TVA à 6% (en année pleine, les recettes de TVA
s’établiraient à environ 40 Md MYR, soit 3% du PIB), et de réduction de dépenses, en
particulier les subventions, notamment d’énergie (39,4 Md MYR en 2014/3,5% du PIB ;
24,6 Md en 2016p/2% du PIB et 22,4 MYR en 2017p/1,7% du PIB). En outre, les
dépenses opérationnelles ont été réduites (-4,5% en 2016), sans sacrifier les dépenses
d’investissement (45 Md MYR en 2016p/3,6% du PIB, +10,4%/2015) ciblées sur les
secteurs porteurs de la demande domestique. Si le déficit public est sous contrôle, la
dette publique fédérale demeure élevée (655,7 Md MYR / 53,2% du PIB) et la charge
de la dette s’accroît (11,1% des recettes budgétaires en 2015, 12,5% en 2016, 13,1% en
2017p). Cette dette est très majoritairement (95,9%) détenue par des investisseurs
locaux de long terme, les institutions financières (27,1% de la dette domestique) et le
fonds de pension des employés du secteur privé EPF (23,1%) ainsi que les assureurs
(4,9%). La dette publique fédérale a une maturité moyenne de 9,7 ans.
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Auteur : Service économique de Kuala Lumpur
Adresse : Ambassade de France,
The Intermark, Level 31, Integra Tower
348 Jalan Tun Razak, 50400 Kuala Lumpur
PO Box 10575 Kuala Lumpur 50718
MALAISIE
Rédigée par : William Pécriaux
Revue par : Arnaud Boulanger
Version de février 2017
Version originelle du 20 juin 2016
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