Conception des circuits VLSI

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00_Anceau Page 1 Vendredi, 9. février 2007 12:01 12
Chapitre 1
1
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Introduction
L’objectif de cet ouvrage est de présenter les techniques de conception des circuits
intégrés CMOS complexes. La conception de circuits électroniques logiques a débuté
dans les années 1950 avec le développement du RADAR et des premiers ordinateurs.
Elle s’est ensuite développée, surtout aux États-Unis, dans l’industrie et dans les départements d’Electrical Engineering des grandes universités américaines, au cours des
années 1970 et 80 avec l’apparition des microprocesseurs VLSI nMOS puis CMOS.
Les centres de recherche se sont intéressés à cette discipline à partir du milieu des
années 1970 avec l’implication d’informaticiens qui souhaitaient réaliser des microprocesseurs [ANC86]. La publication internationale de l’ouvrage de Mead et Conway
[MEA80] joua le rôle d’un véritable détonateur. Du jour au lendemain, de nombreuses
équipes de recherche se mirent à dessiner des circuits. Des organisations furent mises
sur pied pour permettre la réalisation de circuits universitaires. Malheureusement,
tous les pays concernés ne surent pas retirer le même profit de cet élan.
La maîtrise de la conception des circuits intégrés VLSI est une condition nécessaire
au développement d’une industrie électronique performante. Alors qu’une seule chaîne
de fabrication permet la réalisation de nombreux circuits différents, la conception de
ces circuits (souvent spécifiques aux besoins de l’industrie) nécessite de nombreux
concepteurs, ce qui ouvre de larges perspectives professionnelles dans cette discipline.
L’étude de la circuiterie VLSI fait appel à tout un ensemble de notions qui ne font
pas partie des cursus habituels de physique et d’informatique. Certains ne sont pas,
ou plus, enseignés. Ils font partie du savoir-faire des concepteurs de circuits intégrés
complexes, comme par exemple la technique des circuits polyphasés. Une étude approfondie de l’ensemble des sujets abordés nécessiterait d’écrire une encyclopédie.
Nous avons donc choisi de ne traiter que les éléments importants de chaque domaine
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1 • Introduction
et de négliger les domaines qui ne comportent pas de spécificité microélectronique,
pour pourvoir disposer d’un point de vue global sur cette discipline et permettre ainsi
son approfondissement ultérieur.
1.1
L’ÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE
Depuis une cinquantaine d’années, l’évolution de la complexité des circuits intégrés
double tous les 18 mois (loi de Moore [MOO65]). Cette évolution exponentielle a permis de réaliser, de manière monolithique, des organes électroniques de plus en plus
complexes qui étaient auparavant réalisés sous la forme d’armoires (par exemple : des
processeurs, des mémoires, des commutateurs téléphoniques…).
Nb Tr
Prévision Intel
1 000 000 000
100 000 000
Pentium 4
Celeron
Pentium II
PPC620
Pentium-Pro
PPC601
Pentium
MC68040
I486
10 000 000
1 000 000
INTEL
MOTO / IBM
MC68020
100 000
I386
I286
MC 68000
10 000
I8086
MC6800
1 000
1970
Figure 1.1
I8008
I4004
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
Évolution exponentielle de la complexité des microprocesseurs
(illustration de la loi de Moore)
Le principal moteur de cette évolution réside dans la diminution régulière de la taille
des motifs de dessin des circuits intégrés. Partis de quelques dizaines de microns
dans les années 1960, ceux-ci sont maintenant de 60 nm en 2006, et tout montre que
cette évolution n’est pas terminée.
La capacité de l’industrie microélectronique à poursuivre cette évolution est proprement incroyable. Elle surprend tout le monde, y compris les experts. Ceux-ci, réunis
au sein d’une organisation appelée SIA (Semiconductor Industry Association), publient
régulièrement des prédictions (appelées ITRS pour International Technology Roadmap
for Semiconductors) qui s’avèrent systématiquement sous-évaluées pour un futur
qui dépasse trois ans, c’est-à-dire l’horizon de leurs recherches. La meilleure prédiction est encore le simple prolongement du passé, aussi incroyable qu’il puisse être.
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1.2
L’évolution des circuits intégrés
3
Taille des motifs minimaux (microns)
100
55µm
12µm
10
6µm
5µm
4µm
3µm
2µm
1µm
1
800nm
350nm
apparition des
250nm
phénomènes
180nm
130nm
90nm quantiques
65nm
45nm
prédiction Intel
0,1
0,01
1960
Figure 1.2
1.2
1970
1980
1990
2000
2010
2020
Évolution de la taille des motifs minimaux de la technologie
L’ÉVOLUTION DES CIRCUITS INTÉGRÉS
L’évolution des circuits intégrés est certainement l’aventure technologique la plus
fabuleuse de l’histoire humaine. L’ampleur des progrès réalisés dépasse de loin tout ce
qui a été fait dans les autres domaines, y compris l’aviation et le spatial.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Les circuits intégrés utilisent deux types de composants actifs, appelés « transistors » :
– Les transistors à effet de champ, proposés par J.E. Lilienfeld en 1925-1928 [LIL33],
mais pratiquement réalisés par M.M. Atalla, D. Kahng et E. Labate fin 1959. L’idée
maîtresse de ces composants était la transposition à l’état solide d’une triode.
Ceux-ci ont été appelés FET puis MOS-FET, puis MOS. Ils ont successivement été
réalisés avec des grilles métalliques (technologie PMOS grille alu) puis avec des
grilles en polysilicium (technologie nMOS) puis sous forme complémentaire
(technologie CMOS).
– Les transistors dits « bipolaires », découverts sous une première forme (transistors à
pointes) par J. Bardeen et W.H. Brattain aux laboratoires Bell le 23 décembre 1947
[BAR50], puis sous leur forme définitive (transistors à jonctions) en 1948 par
W. Shockley [SHO76] au terme d’une étude théorique. Contrairement aux transistors à effet de champ, dont le débit est commandé par une tension, les transistors
bipolaires se comportent comme des amplificateurs de courant.
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