l`économie de proximité

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• Efigip • Novembre 2014
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
'
l économie
de proximité
'
DANS LES ZONES D EMPLOI FRANC-comtoises
diagnostic
e t s t r at é g i e s d e d é v e lo p p e m e n t
2014
emploi formation insertion
Franche-Comté
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ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
SO MM AI R E
i n t r o d u c t io n 3
d é f i n i t io n s 4
CA DR E T H ÉORIQ U E
• La naissance de l’économie résidentielle
• La théorie de la base revisitée par Laurent Davezies
• Les enjeux du développement territorial
• L'économie de proximité en Franche-Comté
7
7
9
10
ÉTAT D E S L I E U X D E L ' ÉCONO M I E D E P ROX I M ITÉ DA NS
L E S ZON E S D ' E M P LOI FR A NC -CO M TOIS E S
• Les moteurs du développement économique des neuf zones d’emploi de Franche-Comté
• Les caractéristiques des flux résidentiels
• Typologie des zones d’emploi en fonction des moteurs du développement économique
• L’économie présentielle dans les zones d’emploi franc-comtoises
• Classification des zones d’emploi et de leur économie présentielle
13
15
23
24
29
STRATÉGI Es D E DÉV ELO P P E M E NT D E L ' ÉCONO M I E D E P ROX I M ITÉ
• Identification des territoires en difficulté
• Méthodologie d’identification des leviers d’actions
33
38
CONC LUSION
51
A NN E X E S 53
Introduction
Depuis le début des années 1980, la mondialisation a progressivement transformé les relations économiques internationales. La libéralisation des échanges (marchandises, capitaux, hommes…) conjuguée à
un environnement de plus en plus concurrentiel a favorisé les délocalisations massives des productions
industrielles vers les pays à faible coût de main-d’œuvre. Face à ces nouvelles dynamiques, la France
semble entrer dans un mouvement de décrochage économique particulièrement important : balance
commerciale déficitaire, faible progression du Pib par habitant, hausse du chômage…
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
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Pour enrayer ce phénomène, une grande partie de la politique française tend à soutenir la compétitivité
des activités productives, c’est-à-dire l’ensemble des activités qui se localisent sur un territoire pour
produire des biens et services principalement destinés à être consommés à l’extérieur de ce territoire.
Parallèlement, peu d’actions ont été menées en faveur de l’économie de proximité, terme désignant la
transformation des revenus circulant sur un territoire en emplois visant à satisfaire la demande locale,
sans doute par méconnaissance de son rôle dans le développement territorial. Les travaux de recherche
réalisés par Laurent Davezies, économiste spécialiste des territoires, ont pourtant montré que la majorité
des revenus irriguant les territoires ne provient pas du secteur productif, entraînant ainsi une véritable
prise de conscience de la part des acteurs locaux.
En Franche-Comté, les pouvoirs publics (État et Région) manifestent depuis quelques années un vif intérêt
pour une orientation du développement local vers l’économie de proximité. En effet, plus qu’ailleurs, la
Franche-Comté et plus largement les régions du nord-est de la France, sont particulièrement exposées
aux effets de la crise débutée en 2008. Pour la région la plus industrielle de France, la baisse de l’emploi
dans ce secteur a des conséquences négatives sur l’ensemble de l’économie franc-comtoise. En premier
lieu, les actifs les moins qualifiés sont les plus touchés par les destructions d’emplois, en raison d’une
élévation du niveau de formation et de qualification exigé par les employeurs, les productions à faible
valeur ajoutée ayant été très largement délocalisées.
Étant difficilement délocalisables du fait d’une nécessaire proximité avec le consommateur et offrant des
opportunités d’insertion professionnelle pour les actifs peu qualifiés, les activités liées à l’économie de
proximité apparaissent comme un moyen de lutter contre la hausse du chômage.
Dans cette optique de développement, la réalisation d’un diagnostic constitue la première étape de
l’analyse de l’économie de proximité. Peu de travaux sont allés au-delà de cette étape. Or, pour apporter
une véritable aide à la décision, il est essentiel d’identifier les leviers d’actions découlant du diagnostic.
En Franche-Comté, aucune étude récente n’a traité le processus dans son ensemble. Seuls les travaux
de Laurent Davezies ont permis de mesurer le poids des revenus circulant au sein de l’ensemble des
zones d’emploi françaises. Cependant, son analyse dresse un portrait national de ces zones, sans
évoquer véritablement les particularités régionales. Par ailleurs, au vu de l’évolution du périmètre des
zones d’emploi en 2010 et de l’ancienneté des données exploitées par Laurent Davezies, un travail
d’actualisation semblait nécessaire.
3
DÉFINITIONS
Économie résidentielle
L’ensemble des flux de revenus que captent les territoires indépendamment de leur capacité productive.
Économie présentielle
L’ensemble des activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant
la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu’elles soient résidentes ou touristes.
Économie non présentielle
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L’ensemble des activités qui produisent des biens majoritairement consommés hors de la zone et des
activités de services tournées principalement vers les entreprises correspondantes.
Économie de proximité
L’économie de proximité recouvre, d’une part, les revenus extérieurs captés par les territoires (revenus
basiques qui irriguent le territoire : productifs, résidentiels, publics et sociaux) et, d’autre part, l’ensemble des
activités visant la satisfaction des besoins des populations présentes sur le territoire (activités présentielles).
Le secteur présentiel reflète la capacité des territoires à maximiser la consommation locale, déterminant ainsi
le développement du territoire en termes de niveau de revenu, d’emploi et de cohésion sociale.
Pour aller plus loin
Économie sociale et solidaire
L’économie sociale définit l’ensemble des entreprises coopératives, mutualistes, associatives ainsi que les
fondations. L’économie solidaire est liée à des thématiques telles que la lutte contre les exclusions, l’insertion
par l’activité économique, le commerce équitable, les finances solidaires ou encore l’agriculture paysanne.
Économie circulaire
Selon le Ministère du Développement Durable, "l'économie circulaire désigne un concept économique
qui s'inscrit dans le cadre du développement durable et dont l'objectif est de produire des biens et
des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l'eau et des
sources d'énergie. Il s'agit de déployer une nouvelle économie, circulaire, et non plus linéaire, fondée
sur le principe de "refermer le cycle de vie" des produits, des services, des déchets, des matériaux, de
l'eau et de l'énergie".
Pour des raisons de simplification
Zone d'emploi : Ze
Belfort-Montbéliard-Héricourt : Bmh
4
cAdre
théorique
La naissance de l'économie résidentielle
Depuis une trentaine d’années, les disparités régionales en termes de Pib par habitant s’accentuent alors
que dans le même temps les disparités de revenus par habitant diminuent. Ainsi, la déconnexion entre
création de valeur ajoutée et distribution de revenus fait qu’aujourd’hui, les lieux de croissance ne
sont plus nécessairement ceux du développement. Redistribution des revenus (prélèvements, dépenses
publiques, transferts sociaux) et mobilité accrue de la population sont les principales raisons du divorce
entre forces productives et dynamiques de développement. Cet effet ciseau remet en cause le développement territorial fondé sur le lien automatique et proportionnel entre Pib et revenu local.
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Ainsi, le territoire n’est plus uniquement un facteur de croissance économique, c’est aussi un support
de population où l’emploi, la lutte contre la pauvreté et le dynamisme démographique dépendent plus
du revenu que du Pib. C’est dans ce contexte qu’est apparu un terme nouveau qualifiant l’ensemble des
flux de revenus que captent les territoires indépendamment de leur capacité productive : l’économie
résidentielle.
La théorie de la base revisitée par Laurent Davezies
À l’heure actuelle, aucun indicateur synthétique ne permet de mesurer le développement territorial. Si
à l’échelle nationale les indicateurs évoluent généralement de façon liée, la croissance du Pib entraînant
celle de l’emploi et du revenu des ménages et la réduction du chômage et de la pauvreté, ce n’est pas
le cas au niveau local.
Les travaux de réhabilitation de la théorie de la base économique, entrepris par l’équipe de L’œil1 à
l’Université de Paris XII, ont offert un cadre analytique au développement territorial. Le fondement
principal de cette théorie, développée par Werner Sombart en 1916, repose sur l’idée que le
développement des territoires dépend des revenus externes qui viennent l’irriguer.
Cette théorie suggère une partition de l’économie locale en deux secteurs : le secteur basique et le
secteur domestique.
Le secteur basique, véritable moteur du développement territorial, désigne l’ensemble des revenus qu’un
territoire capte à l’extérieur. Il existe quatre types de revenus basiques, appelés également bases :
La base productive
Ce sont les revenus issus des activités qui se localisent pour produire et exporter en dehors de la
zone étudiée. Elle se compose des traitements et salaires de la base exportatrice, des bénéfices des
indépendants et des revenus des capitaux mobiliers et revenus fonciers.
La base résidentielle
Elle correspond à l’ensemble des revenus qu’un territoire capte à l’extérieur grâce à ses atouts
résidentiels. Les salaires des migrants alternants2, les dépenses des touristes et le montant des pensions
de retraites sont les éléments qui constituent la base résidentielle.
La base publique
Il s’agit des salaires des actifs résidant sur le territoire et travaillant dans la fonction publique (État,
territoriale et hospitalière).
La base sociale
Elle regroupe l’ensemble des revenus sociaux de transfert dont bénéficient les habitants du territoire.
On y trouve les allocations versées par Pôle emploi, les prestations familiales, les allocations logement,
le minimum vieillesse, le Rsa, les indemnités journalières (maladie et maternité), les remboursements en
soins de santé et les dépenses sociales des départements.
Le secteur domestique, dont le développement est induit par le secteur basique grâce à des effets
multiplicateurs d’emplois et de revenus, répond à la demande locale de biens et de services. On parle
d’emplois domestiques ou d’emplois présentiels. En effet, l’Insee définit l’économie présentielle comme
l’ensemble des activités "mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant
la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu'elles soient résidentes ou touristes".
1
Laboratoire d’observation de l’économie
et des institutions locales, Université Paris XII.
2
Les migrants alternants correspondent aux actifs qui résident
dans la zone mais qui travaillent en dehors de celle-ci.
7
Aussi le développement des territoires repose-t-il sur trois mécanismes. D’une part, la capacité des
territoires à créer des richesses (base productive), d’autre part la capacité des territoires à capter les
revenus de l’extérieur (bases non productives) et enfin la maximisation de la propension à consommer
localement stimule l’activité territoriale (secteur domestique) déterminant ainsi le niveau de revenu,
d’emploi et de cohésion du territoire.
Par ailleurs, les travaux réalisés par Christophe Terrier et son équipe ont introduit une notion majeure
pour comprendre les dynamiques territoriales, la population présente (voir encadré p.35). Celle-ci correspond à la population résidente à laquelle on soustrait les absences des résidents (partis en déplacement, professionnel ou non, pour une nuitée au moins) et à laquelle on ajoute la présence des touristes
sur le territoire. Calculer la population présente sur un territoire revient donc à mesurer le potentiel de
consommation locale.
La théorie de la base revisitée peut se schématiser de cette façon :
Représentation
graphique de la théorie de la base revisitée
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SECTEUR BASIQUE
Base productive
Base publique
Base résidentielle
Base sociale
Revenu basique
SECTEUR DOMESTIQUE
Revenu domestique
Emploi
basique
Emploi Revenu
Emploi domestique
Revenus basique
et domestique
COHÉSION SOCIALE
Source : Opc d’après Laurent Davezies
Les travaux de Laurent Davezies ont montré l’importance de la base résidentielle (salaires des personnes
résidant dans un territoire mais qui travaillent ailleurs, les pensions de retraites et les dépenses des touristes) qui représente en moyenne la majeure partie des revenus captés par un territoire (53 % pour les
zones d’emploi françaises en 2006). Par conséquent, le moteur numéro un des économies locales n’est
pas productif mais résidentiel.
Pour cette étude sur la Franche-Comté, le choix a été fait d’utiliser le terme d’économie de proximité
pour désigner l’ensemble du processus allant du secteur basique jusqu’à l’impact sur le développement
local.
8
Les enjeux du développement territorial
Si la base résidentielle constitue aujourd’hui le moteur principal des économies locales, Laurent
Davezies souligne la nécessité de marcher sur ses deux jambes : "L’économie d’un bassin repose sur ces
deux piliers (productif et résidentiel) et l’objectif d’une collectivité territoriale doit résider dans le
développement conjoint de ces deux dimensions". En effet, faire progresser les bases sociale et publique
n’est pas une option bénéfique pour le développement des territoires. Restent donc la base productive
et la base résidentielle. Ces deux systèmes ne s’opposent pas, ils sont au contraire complémentaires et
interdépendants puisque le système productif crée des richesses qui circulent, grâce à la redistribution
vers le système résidentiel.
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Interdépendance
des processus
Production
Économie
productive
Revenus
extérieurs
Dépenses
Économie
présentielle
Économie
résidentielle
Source : Magali Talandier
Malgré une cohabitation parfois difficile entre ces deux processus (protection de l’environnement,
qualité de vie…), les territoires productivo-résidentiels ont globalement de meilleures perspectives de
développement économique et social. En effet, l’analyse du lien entre moteurs de développement et
pauvreté, étudié à l’échelle des zones d’emploi par Laurent Davezies, a mis en évidence deux dynamiques.
D’une part, la pauvreté est plus marquée dans les secteurs géographiques qui combinent de faibles avantages
productifs et résidentiels. D’autre part, les territoires les plus résidentiels ont enregistré globalement les
meilleures performances de réduction de la pauvreté. Ces résultats sont à mettre en parallèle avec les
caractéristiques des emplois de l’économie de proximité.
Alors que la concurrence mondiale accrue pousse le secteur productif à exclure les actifs les plus
vulnérables, l’économie de proximité représente une opportunité d’insertion professionnelle pour les actifs
les plus fragiles sur le plan des qualifications. Effectivement, en plus d’être difficilement délocalisables
du fait d’une nécessaire proximité avec le consommateur, les emplois domestiques offrent un spectre
de qualifications largement ouvert vers le bas. Ainsi, l’économie de proximité permet de lutter contre
le chômage des jeunes et des femmes et assure une cohésion sociale du territoire. Cependant, ces
emplois présentent l’inconvénient d’être parfois peu rémunérateurs et plus précaires (Cdd, temps partiel,
saisonnalité). À noter toutefois que les emplois domestiques concernent également des actifs qualifiés
(médecins, enseignants, notaires…).
Par ailleurs, le développement de l’économie de proximité suscite de nombreuses interrogations. La
première concerne la soutenabilité environnementale. Le développement résidentiel est consommateur
en énergie (transport, habitat individuel) et rencontre donc des difficultés à s’inscrire dans une politique
de développement durable. La seconde relève de la durabilité locale. Face à l’arrivée de nouvelles
populations, comment maîtriser la hausse des prix de l’immobilier ? Comment financer les besoins
d’équipement ? Comment gérer les effets de congestion dus à l’éloignement domicile-travail ? Enfin,
l’économie de proximité pose la question de l’acceptabilité sociale. Les mécanismes de redistribution
interrégionale risquent de créer des trappes à inactivité dans les régions défavorisées.
9
L ' économie de proximité en Franche-Comté
La crise de 2008 a profondément ralenti l’économie française. Plus qu’ailleurs, les régions du nord-est
de la France ont été durement touchées. Avec une diminution de 5 % de l’emploi salarié entre 2008 et
2012, la Franche-Comté n’échappe pas à la règle.
Tous les secteurs de l’économie franc-comtoise sont concernés mais, pour la région la plus industrielle
de France, les conséquences de la baisse de l’emploi dans ce secteur sont particulièrement néfastes :
le chômage augmente (de +53 % de chômeurs de catégorie ABC dans la région entre 2008 et 2013) et
les situations de précarité, bien que moins fréquentes qu’à l’échelle nationale, progressent. Les actifs
les moins qualifiés sont les premiers touchés par ces destructions d’emplois, en raison d’une élévation
du niveau exigé par les employeurs, les productions à faible valeur ajoutée ayant été très largement
délocalisées.
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Face à ce constat, l’économie de proximité apparaît comme une véritable opportunité de développement
pour la Franche-Comté. Les pouvoirs publics, en particulier l’État, font d’ailleurs de l’économie de
proximité un des axes de diversification de l’économie régionale.
10
état
des lieux
DE L ' É C ONOMIE DE PROXIMIT É d a n s l e s z o n e s
d ' e m p l o i F r a n c - C o m to i s e s
Les moteurs du développement économique des neuf zones
d ' emploi ( Z e ) de Franche-Comté 3
La Franche-Comté, une région à dominante "productive"...
En 20064, les revenus issus du système productif marchand représentent 16,9 % du total des revenus
extérieurs des zones d’emploi françaises, soit 2 200 € par habitant. En Franche-Comté, seules les Ze de
Pontarlier et de Dole (respectivement 18,9 % et 19,6 %) se rapprochent de cette moyenne nationale, les
autres zones affichant des parts significativement supérieures.
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Belfort-Montbéliard-Héricourt (Bmh) est la Ze qui présente le pourcentage le plus élevé (26,3 %, ce qui
équivaut à 1,4 milliard d'euros). En effet, près de 27 % des actifs de cette zone travaillent dans l’industrie
en 2010, ce qui fait de Belfort-Montbéliard-Héricourt la troisième zone la plus industrielle de la région.
Celle-ci se singularise par la présence de filières emblématiques, telles que l’énergie et l’automobile
mais aussi par l’implantation de grands fleurons de l’industrie comme Psa Peugeot-Citroën, Alstom ou
General Electric.
Néanmoins, en tenant compte de la population résidant sur les territoires, Saint-Claude se place en tête
des Ze franc-comtoises avec un revenu de 3 947 € par habitant en 2010. De fait, Saint-Claude est la zone
la plus industrielle de la région avec 36,2 % d’actifs travaillant dans l’industrie (plasturgie et métallurgie
principalement).
Ces chiffres confirment la forte spécialisation industrielle de la Franche-Comté et révèlent un potentiel
de création de richesses.
Les
bases économiques dans les neuf zones d’emploi de
Base
productive
Franche-Comté
Base
sociale
Base résidentielle
Base
publique
Somme
Dépenses
des
Migrants
des
retraites alternants touristes
Besançon
22,7
BMH
26,3
Morteau
20,4
14,8
Pontarlier
18,9
16,1
Dole
19,6
27,8
Lons-le-Saunier
20,6
27,0
Saint-Claude
20,8
Gray
23,6
Vesoul
22,7
28,1
Franche-Comté
24,4
25,1
Moyenne des
ZE françaises
(en 2006)
16,9
23,9
7,4
7,4
26,8
22,2
7,6 5,2
22,6
40,0
12,9
11,0
7,7
20,0
15,0
19,4
25,1
18,8
10,6
7,8
7,3
11,8
8,9
15,9
0
4,7
8,7
11,7
10,4
16,2
7,9
7,4
14,6
16,9
9,9
18,6
28,4
11,5
5,6
26,6
18,3
16,4
21,3
23,3
21,3
7,3
8,2
Note de lecture
Est représenté le poids des
différentes bases économiques
en Franche-Comté et dans
chacune de ses zones
d’emploi.
Exemple
Dans la zone de Besançon,
le poids de la base productive
s’élève à 22,7 %, celui de
la base résidentielle à
38,7 % (retraites + migrants
alternants + dépenses des
touristes), celui de la base
sociale à 22,2 % et celui de
la base publique à 16,4 %.
10,7
13,0
22,1
8,2
100 %
Source : INSEE, DGFIP, CAF, CNAV, DGCIS , Pôle emploi, Écosanté - traitement Efigip
3
Les résultats complets et la
méthode de calcul se trouvent
en annexe p. 57.
4
Le poids des bases pour les zones d’emploi françaises en 2006 a été retenu comme
référence afin de pouvoir comparer les résultats obtenus pour les Ze de Franche-Comté.
Ce choix s’explique par le manque de données disponibles à l’échelle nationale pour
l’année 2010 mais aussi parce que Magali Talandier souligne une relative inertie des
économies locales notamment en termes de revenus basiques.
13
…caractérisée en contrepartie par une base résidentielle faible
La base résidentielle reste inférieure à la moyenne des Ze françaises de 2006 (52,8 %) pour toutes
les Ze franc-comtoises à l’exception des zones fortement dépendantes du travail frontalier suisse :
Morteau (60,4 %), Saint-Claude (55,7 %) et Pontarlier (55,6 %). À noter que les salaires des migrants
alternants, revenus intégrés dans la base résidentielle, ont été pondérés afin de tenir compte de l’écart
de rémunération entre un frontalier travaillant en Suisse et un salarié travaillant en Franche-Comté.
Aussi, sans la prise en compte de ce facteur, ces trois Ze auraient certainement basculé sous la moyenne
nationale. En outre, la Ze de Besançon et celle de Bmh ferment la marche dans le classement des Ze avec
une base résidentielle égale à presque 40 % de la base économique totale.
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• Efigip • Novembre 2014
Les migrants alternants : les zones frontalières tirent leur épingle du jeu
Avec près de trois actifs sur dix qui travaillent en Suisse en 2010 dans la zone de Pontarlier et quatre
actifs sur dix dans celle de Morteau, la position frontalière de ces zones leur permet de capter une
part importante de revenus provenant des migrants alternants (respectivement 26,6 % et 40 % contre
11,8 % pour les Ze françaises). Si l’on rapporte ces revenus à la population, les salaires des navetteurs
représentent 7 597 € par habitant dans la zone de Morteau pour un montant total de 343 millions
d'euros. La Ze de Bmh, également frontalière mais moins dépendante des migrations vers la Suisse, capte
seulement 1 071 € par habitant grâce à ces migrations pendulaires.
Montant
des bases économiques en euros par habitant
BASE
PRODUCTIVE
Retraites
et pensions
Salaires
des migrants
alternants
Dépenses
des touristes
BASE
RÉSIDENTIELLE
BASE
SOCIALE
BASE
PUBLIQUE
Besançon
3 337
3 515
1 088
1 092
5 695
3 272
2 406
Bmh
3 724
3 789
1 071
736
5 596
3 188
1 627
Morteau
3 864
2 808
7 597
1 073
11 479
2 763
883
Pontarlier
3 508
3 001
4 935
2 390
10 327
3 139
1 612
Dole
3 016
4 293
1 695
1 531
7 519
3 091
1 799
Lons-le-Saunier
3 371
4 419
1 256
2 451
8 125
3 171
1 711
Saint-Claude
3 947
3 468
3 523
3 564
10 555
3 067
1 391
Gray
3 470
4 164
1 562
1 159
6 884
3 125
1 204
Vesoul
3 193
3 940
1 096
1 042
6 078
3 273
1 500
Franche-Comté
3 638
3 744
1 095
1 323
6 162
3 186
1 949
Zones d'emploi
Les pensions de retraites : le vieillissement de la population constitue un potentiel de captation des
revenus pour les territoires
Les zones d’emploi franc-comtoises se situent légèrement au-dessus de la moyenne des Ze françaises
(25,1 % en 2006). Gray est la zone pour laquelle le poids des retraites dans la base économique totale
est le plus important (28,4 %) mais la zone de Lons-le-Saunier est celle qui capte le plus de revenus par
habitant (4 419 €). Ces chiffres s’expliquent par un vieillissement de la population plus marqué dans ces
deux Ze (21,1 % de personnes âgées d’au moins 65 ans dans ces zones contre 17,1 % au niveau régional).
Là encore, les zones frontalières se démarquent avec une part des retraites dans la base économique
totale de 18,3 % pour la zone de Saint-Claude, 16,1 % pour celle de Pontarlier et 14,8 % pour Morteau
contre 25,1 % pour les Ze françaises. La vitalité de l’économie suisse attire de plus en plus de nouveaux
arrivants, souvent des jeunes en quête d’un emploi en Suisse leur assurant un niveau de vie plus élevé.
Ainsi Pontarlier et Morteau sont les deux zones les plus attractives et les plus dynamiques de la région
avec des soldes migratoires et naturels largement positifs, combinés à une proportion de population de
moins de 25 ans parmi les plus élevées de la région.
Le tourisme : la Franche-Comté souffre d’un manque d’attractivité
Les revenus issus du tourisme restent très sous-représentés dans la base économique des Ze de Franche-Comté.
Seule la zone de Saint-Claude affiche un résultat supérieur à la moyenne des Ze (15,9 %) avec une part
égale à 18,8 % et un revenu par habitant de 3 564 € en 2010. Les zones de Lons-le-Saunier et de Pontarlier
14
se situent également dans le trio de tête (respectivement 15 % et 12,9 %). Ces résultats sont liés aux
richesses naturelles et patrimoniales de ces territoires (Parc naturel régional du Haut-Jura, tourisme
vert, lacs, sports d’hiver…). À l’inverse, les autres Ze enregistrent une part très faible de revenus liés au
tourisme (entre 5,2 % et 9,9 %).
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Une base sociale conforme au niveau national
En Franche-Comté, le poids de la base sociale correspond à la moyenne des zones d’emploi françaises de
2006 (22,1 %). À une échelle plus fine, la part des revenus sociaux de transfert dans les zones de Besançon
et de Bmh représente près de 23 % de l’ensemble des revenus extérieurs. En termes de revenus par
habitant, la Ze de Besançon a un niveau équivalent à celle de Vesoul (respectivement 3 272 € et 3 273 €).
C’est d’ailleurs la zone d’emploi de Vesoul qui possède la base sociale la plus forte (23,3 %) notamment
parce qu’elle affiche le taux de chômage le plus élevé de Franche-Comté (9,1 % au quatrième trimestre
2011) après celui enregistré dans la Ze de Bmh. De plus, les situations de précarité y sont particulièrement
développées, notamment dans le nord de la zone, avec par exemple une part des ménages allocataires
de la Caf vivant sous le seuil de bas revenus égale à 39,7 % contre 36,5 % en région.
Des territoires dépendants des salaires publics
Dans la région franc-comtoise, le pourcentage de revenus publics dans le total de la base économique est
plus élevé que pour les Ze françaises (13 % contre 8,2 %). Dans la Ze de Besançon, cette part atteint même
16,4 %, soit un montant de près de 724 millions d'euros. En raison de son statut de capitale régionale,
la zone est plus orientée vers le secteur tertiaire et notamment vers l’emploi public (administration,
enseignement, santé …). Pour les zones d’emploi qui accueillent une préfecture, une sous-préfecture
ou un centre hospitalier (Bmh, Lons-le-Saunier, Dole ou encore Vesoul), le poids de la base publique est
supérieur au seuil de 10 %.
En conclusion, l’analyse des moteurs de développement a révélé l’importance de
l’économie productive en Franche-Comté au détriment de l’économie résidentielle. Il est donc
nécessaire d’assurer un équilibre entre ces deux processus.
Les caractéristiques des flux résidentiels
Le développement de l’économie résidentielle d’un territoire étant lié à sa capacité à attirer les
populations, il est nécessaire de qualifier les flux résidentiels qui traversent les zones d’emploi, à savoir
les migrants alternants, les retraités et les touristes.
Les migrants alternants5
Les zones d’emploi franc-comtoises : un lieu de résidence pour les migrants alternants
Les territoires ne présentent pas les mêmes fonctionnements, ni les mêmes dynamiques de développement
selon qu’ils sont des pôles d’emplois, des lieux de résidence pour les migrants alternants ou encore des
territoires plus autonomes avec un meilleur équilibre nombre d’emplois - nombre d’actifs.
Le ratio "actifs occupés résidant dans la zone / emplois dans la zone" permet de mesurer le degré de
spécialisation des Ze dans l’accueil de migrants alternants. Un ratio supérieur à 100 signifie qu’il y a plus
d’actifs occupés que d’emplois sur le territoire et donc une forte présence de navetteurs.
5
Les résultats complets se trouvent en annexe p. 58.
15
Importance
des migrants alternants par zone d'emploi
Vesoul
M
or
te
a
u
Gray
Besançon
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
Ouest
0
Ratio actifs occupés résidant dans
la zone/ emplois dans la zone1
125 à 157
104 à 106
Franche-Comté : 107
Nord
e
ud
t-C
la
in
Sa
• Efigip • Novembre 2014
Lons-leSaunier
10 846
101 à 102
Po
nt
ar
lie
r
Dole
Nombre d'emplois dans la zone
143 222
48 870
Belfort
Montbéliard
Héricourt
Est
Sud
20 kms
Note de lecture :
Un ratio actifs occupés résidant dans la zone / emplois
supérieur à 100 signifie qu’il y a plus d’actifs occupés
que d’emplois dans la zone et donc une forte présence
de migrants alternants.
Classes constituées selon les ruptures
dans la distribution grâce à un histogramme
des fréquences.
1
Source : INSEE RP 2010 - traitement Efigip
Au regard de l’analyse des bases économiques, trois des neuf zones d’emploi dépendent fortement des
revenus des actifs vivant sur le territoire mais travaillant à l’extérieur de la zone : Morteau (7 597 € par
habitant), Pontarlier (4 935 €) et Saint-Claude (3 523 €). C’est logiquement dans ces Ze que les ratios sont
les plus élevés (respectivement 157, 132 et 125). La part de migrants alternants dans le total des actifs
occupés résidant sur le territoire confirme cette tendance : 46,4 % de navetteurs dans la Ze de Morteau,
34,9 % dans celle de Pontarlier et 29,4 % dans celle de Saint-Claude. À titre de comparaison, sur quatre
zones d’emploi frontalières de la Suisse dans la région Rhône-Alpes, à savoir Oyonnax, Chablais, Vallée
de l’Arve et Genevois Français, seule cette dernière enregistre une proportion de navetteurs supérieure
à celle des Ze franc-comtoises (50 %).
Pour leur part, les zones de Besançon et de Bmh concentrent plus de la moitié des emplois régionaux
(58,7 %) et constituent de ce fait, les deux pôles d’emplois principaux en Franche-Comté. Toutefois,
les actifs occupés résidant dans ces zones sont surreprésentés par rapport au nombre d’emplois, ce qui
justifie un ratio proche de 104. La Ze de Dole, située entre deux territoires économiquement dynamiques
et attractifs (Besançon et Dijon), concentre plus de 28 000 actifs occupés pour 26 534 emplois, soit
un ratio de 106 %. Les habitants de cette zone sont donc nombreux à la quitter quotidiennement pour
exercer leur profession.
Enfin, pour les Ze de Lons-le-Saunier, Gray et Vesoul, le ratio varie entre 101 et 102. Elles se caractérisent
donc par un certain équilibre entre actifs occupés et emplois, la zone de Lons-le-Saunier étant le
territoire le plus autonome des trois.
Mobilités professionnelles des migrants alternants
Sans surprise, la majorité des trajets domicile-travail des actifs de la zone de Morteau et de Pontarlier se fait
en direction de la Suisse. En effet, sur 20 138 navetteurs résidant dans ces Ze en 2010, 16 347 travaillent de
l’autre côté de la frontière.
La zone de Saint-Claude, qui bénéficie elle aussi du dynamisme de l’économie helvète, voit également
une partie de ses actifs partir travailler dans l’Ain, notamment dans le secteur de la plasturgie autour
d’Oyonnax. Aussi, 54,2 % des migrants alternants de Saint-Claude travaillent en Suisse et 25,5 % dans
le département de l’Ain. La Ze de Bmh se retrouve dans la même configuration, c'est-à-dire une double
attractivité des territoires voisins, avec au nord l’Alsace et plus au sud, la Suisse.
En ce qui concerne la zone de Besançon, sa position centrale offre la possibilité aux migrants alternants
d’aller travailler dans toutes les Ze limitrophes.
Enfin, les navetteurs résidant dans les zones de Dole et de Lons-le-Saunier profitent du dynamisme des
régions voisines (Bourgogne et Rhône-Alpes). Par exemple, sur 100 migrants alternants de la zone de Dole,
36 travaillent en Côte-d’Or.
16
Mobilités
professionnelles des migrants alternants1
Bas-Rhin
Vosges
Haute-Marne
Paris
Haut-Rhin
ZE
Vesoul
ZE
BMH
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
ZE
Gray
Côte d’Or
ZE
Besançon
au
rte
Mo
ZE
ZE
Dole
ZE
Pontarlier
Suisse
ZE
Lons
Nord
Saône-et-Loire
Ouest
ZE
St-Claude
Est
Sud
0
20 km
Note de lecture :
Sont représentés les flux d’actifs travaillant
hors de leur zone de résidence.
Rhône
Nombre de migrants alternants
8 839 7 508
5 077
1 038 544
Exemple : sur les 10 366 migrants alternants
résidant dans la zone de Morteau, 8 839
travaillent en Suisse.
Ain
(1)
106
Flux d’actifs occupés supérieurs à 100.
Source : INSEE RP 2010 - traitement Efigip
Des caractéristiques sociodémographiques spécifiques aux migrants alternants
Dans cette partie, seules les caractéristiques des Ze particulièrement dépendantes des migrants alternants,
c'est-à-dire Morteau, Pontarlier et Saint-Claude, sont présentées.
Une population de migrants alternants très majoritairement masculine et plutôt jeune
Tout d’abord, les navetteurs sont plus jeunes que les actifs résidant et travaillant dans ces territoires.
En 2010, 59,4 % des migrants alternants ont moins de 40 ans dans la Ze de Morteau contre 45,6 % pour
les actifs travaillant dans la zone. On peut avancer l’hypothèse que les temps de trajets domicile-travail
élevés, notamment vers la Suisse, sont plus difficiles à supporter en avançant dans l’âge.
Ensuite, cette population de migrants alternants est plutôt masculine (62 % dans la Ze de Pontarlier par
exemple) en raison du poids des emplois industriels occupés en Suisse, plus souvent exercés par des
17
hommes, mais également parce qu’être navetteur a un impact sur l’organisation de la vie de famille.
Cette part s’équilibre pour les actifs sédentaires (50,7 % d’hommes dans la Ze de Pontarlier).
Une surreprésentation d’ouvriers
Du fait des traditions et savoir-faire industriels similaires du côté Suisse, les ouvriers sont surreprésentés
parmi les navetteurs : 44,5 % dans la zone de Saint-Claude, 48,3 % dans celle de Pontarlier et même 58,6 %
dans la Ze de Morteau, taux le plus élevé de la région. Toutefois, alors que les actifs résidant et travaillant
dans les zones de Morteau et de Saint-Claude sont, eux aussi, principalement des ouvriers (environ 35 %),
la Ze de Pontarlier compte plus d’employés que d’ouvriers (30,8 % contre 28,1 %). La forte spécialisation
de ce territoire dans le secteur tertiaire (commerce, action sociale, hébergement-restauration) explique
pourquoi les actifs sédentaires ont un profil différent des migrants alternants. Il faut également souligner
toutefois que certains actifs employés ou techniciens acceptent une déqualification en occupant un poste
d’ouvrier en Suisse ; le différentiel de salaire les motivant à le faire.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Un niveau de formation plus élevé
L’importance marquée des emplois industriels et ouvriers chez les migrants alternants de ces zones
d’emploi a une répercussion sur le niveau de formation de ces actifs. Globalement, les navetteurs sont
plus fréquemment titulaires d’un diplôme professionnel. Dans la zone d’emploi de Morteau, 36 % des
migrants alternants possèdent un Cap ou un Bep. Cependant leur niveau de qualification est plus élevé
que pour les actifs résidant et travaillant sur le territoire. Effectivement, alors que 13,9 % des navetteurs
habitant dans la Ze de Pontarlier ne sont pas diplômés, cette proportion est supérieure de 7 points pour
les autres actifs qui travaillent sur le territoire. Ces chiffres sont à mettre en parallèle avec le profil des
migrants alternants, plus jeunes et donc plus qualifiés que leurs aînés, dans un contexte où les entreprises
ont un niveau d’exigence croissant en termes de qualification.
Des contrats de travail plus stables
Enfin, les conditions de travail des migrants alternants sont moins précaires. Dans la zone de Pontarlier,
83,8 % des navetteurs occupent un emploi à temps complet contre 77,2 % pour les actifs sédentaires. Par
ailleurs, les migrants alternants sont très majoritairement des salariés en contrat à durée indéterminée.
L’exemple le plus significatif est celui de la Ze de Morteau : 92,1 % de Cdi, soit le taux le plus élevé de la
région, contre 71 % pour les actifs qui résident et travaillent dans la zone. À noter tout de même que les
conditions de rupture de contrat sont moins contraignantes pour les employeurs en Suisse. En effet, dans
le cas d’un Cdi, chacune des parties (employeur et salarié) peut mettre un terme au contrat de travail en
respectant un droit de congé.
Les pensions de retraites6
Poids croissant des pensions de retraite dans le revenu des ménages français
Les
retraités et leurs revenus par zone d'emploi
Part de retraités dans la population
Montant annuel moyen des retraites par foyer
Franche-Comté : 6,1 %
Franche-Comté : 18 896 €
Dole
Besançon
BMH
St-Claude
Lons-le-S.
Pontarlier
Vesoul
Gray
Morteau
8%
7
6
5
4
3
2
1
0
0
5 000
10 000
15 000
20 000 €
Source : INSEE, DGFIP 2010 - traitement Efigip
6
Les résultats complets se trouvent
en annexe p. 61.
18
Avec la diminution du nombre d’actifs dans les années à venir, les retraites constitueront l’un des principaux
éléments du revenu des ménages français. En 2005, le montant des pensions de retraites était de l’ordre de
193 milliards d'euros en France métropolitaine. En 2010, ce chiffre s’élève à 247 milliards d'euros, soit 19,5 %
du Revenu disponible brut (Rdb) des ménages français7. En Franche-Comté, le montant total des pensions de
retraites déclarées par les 232 000 foyers concernés représente 4,4 milliards d'euros en 2010, soit 19,9 % du
Rdb de ces ménages.
Une population retraitée importante dans les zones d’emploi de Dole, Gray, Lons-le-Saunier et Vesoul
À une échelle plus fine, il est possible de distinguer deux types de zones d’emploi.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
D’une part, celles pour qui la part de retraités dans la population est supérieure à la moyenne régionale
(6,1 %), c'est-à-dire les zones de Dole, Gray, Lons-le-Saunier et Vesoul (entre 6,5 % et 7,2 %). Les zones
de Dole et de Lons se démarquent par de nombreux retraités ayant un niveau de vie moyen proche ou
supérieur au niveau de la région (18 896 €). À l’inverse, dans les Ze de Vesoul et de Gray, les retraités
disposent de revenus moindres (respectivement 17 736 et 17 691 €).
D’autre part, les zones d’emploi pour lesquelles les retraités sont sous-représentés comme Besançon
(5,5 %), Saint-Claude (5,4 %), Pontarlier (4,9 %) et Morteau (4,8 %). Là encore, il existe des contrastes en
termes de revenus : la faible part de retraités dans les Ze de Besançon et de Saint-Claude bénéficie de
revenus plus élevés que les retraités des zones de Morteau et Pontarlier. En effet, si aujourd’hui la bonne
santé de l’économie suisse et l’appréciation de la monnaie helvète par rapport à l’euro ont un impact
positif sur le niveau de vie, le travail frontalier n’était pas aussi développé il y a 25 ans (13 800 frontaliers
francs-comtois en 19908 contre plus de 27 000 en 2010).
Un faible potentiel de captation des retraités en Franche-Comté
L’analyse des mobilités résidentielles des retraités9, étudiées grâce au recensement 2008 de l’Insee10 permet d’évaluer le potentiel de captation, de rétention ou de répulsion des territoires à l’égard de cette
population. Globalement, en 2008, les retraités résident dans la même Ze que 5 ans auparavant. Par
exemple, 91 % des retraités de la zone d’emploi de Morteau occupent le même logement entre 2003 et
2008. Concernant l’origine des nouveaux arrivants, la zone de Lons-le-Saunier est celle qui accueille le
plus de retraités venant d’une autre région (1 283 soit 4 % des retraités de la Ze) suivie par les zones de
Besançon et de Bmh (environ 1 000 chacune). Dans l’ensemble, le potentiel de captation des neuf Ze de
Franche-Comté est assez faible. Ces résultats vont de paire avec la faible attractivité touristique de la
Franche-Comté puisque les retraités ont le plus souvent la même logique résidentielle que les touristes. La
zone de Lons-le-Saunier semble être la Ze qui cumule le plus d’atouts pour capter les revenus des retraités.
Les dépenses des touristes
La Franche-Comté, une région peu touristique
Source de richesse et d’emplois, le tourisme est un enjeu important pour les territoires. En 2011, ce sont plus
de 141 milliards d'euros qui sont dépensés par les touristes français et étrangers sur le territoire national, ce
qui correspond à 11,2 % du Rdb des ménages. Grâce à leur patrimoine naturel et culturel et à des infrastructures
adaptées, l’Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes captent la moitié de ces dépenses.
La Franche-Comté, avec seulement 1,6 % des séjours des Français, fait partie des nombreuses régions peu
touristiques. Les dépenses des touristes représentent un montant de 1,5 milliard d'euros (soit 7 % du Rdb des
ménages franc-comtois), ce qui positionne la Franche-Comté au 20e rang des régions de France métropolitaine.
Une concentration des dépenses touristiques dans les zones de Saint-Claude, Lons-le-Saunier et Pontarlier
La comparaison entre offres et dépenses touristiques permet de classer les zones d’emploi en trois
catégories.
7
9
10
Le revenu disponible brut est le revenu à la disposition des ménages
pour consommer et épargner. Il comprend l’ensemble des revenus
d’activité, des revenus du patrimoine et les prestations sociales
auxquels sont soustraits les impôts directs et les cotisations sociales.
8
Source : Insee Franche-Comté, Office Fédéral de la Statistique
Compte tenu des données disponibles, sont considérées comme retraités les personnes âgées de 53 ans ou plus qui n’ont pas d’emploi et ne
sont pas au chômage mais qui ont eu autrefois une activité professionnelle.
Les données du recensement utilisées ici concernant les migrations résidentielles décrivent les caractéristiques de la population selon le lieu
de résidence au 1er janvier 2008 et son lieu de résidence 5 ans auparavant. Cependant, les fichiers ne sont plus disponibles en raison d'un
changement de questionnaire. Les derniers consultables sont issus du millésime 2008.
19
• Le
tourisme dans les zones d'emploi franc-comtoises
Offre et dépenses de tourisme par zone d’emploi
Vesoul
Montant des dépenses de
tourisme par habitant (€)
Belfort
Montbéliard
Héricourt
3 564
1 531
736
Gray
Besançon
M
or
te
a
u
Franche-Comté : 1 323
Offre touristique1 par km²
4,8 à 8,0
Lonsle-S.
2,6 à 2,9
1,6 à 2,0
Nord
Ouest
StClaude
0
Est
Sud
20 kms
Note de lecture :
Sont représentés le montant des dépenses de tourisme par habitant et l’offre touristique
au km².
Exemple : les dépenses de tourisme dans la zone de St-Claude s’élèvent à 3 564 euros
par habitant et le territoire dispose de 8 équipements touristiques au km².
1
Nombre d’emplacements de camping, de chambres d’hôtel et de résidences secondaires par km².
Source : INSEE Direction du tourisme, RP, DGCIS, 2009 - traitement Efigip
La fréquentation des lieux de visite en 20102
Belfort
Montbéliard
Héricourt
Vesoul
Gray
u
Besançon
M
or
te
a
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Po
nt
ar
lie
r
Dole
Dole
r
lie
ar
t
n
Po
Nombre de visiteurs
+ de 150 000
80 000 à 150 000
LonsStle-S. Claude
Nord
Ouest
0
Sud
20 kms
Parcs à thème et animaliers
Musées et écomusées
Grottes, gouffres
Autres sites culturels et historiques
Edifices religieux
Sites naturels ayant réalisé un comptage
ou une estimation des visiteurs
Sites de tourisme industriel
et technique
2
50 000 à 80 000
20 000 à 50 000
5 000 à 20 000
Est
Seuls les sites ayant déclaré une fréquentation supérieure à 5 000 visiteurs en 2010 sont
représentés sur cette carte (hors parcs aquatiques).
Source : CRT, 2010 - traitement Efigip
20
La première, composée des Ze de Saint-Claude, de Lons-le-Saunier et de Pontarlier, capitalise offre développée et dépenses par habitant élevées par rapport à la moyenne régionale. En effet, les territoires de
Saint-Claude et Pontarlier profitent de leurs atouts montagneux : de décembre à mars, le massif du Jura
accueille les amateurs de sports d’hiver et en été les touristes peuvent s’adonner aux sports de pleine
nature (randonnées, Vtt…). Aussi, ces Ze concentrent une part importante de la capacité d’hébergement
de la région pour l’année 2009 : 17,4 % pour la zone de Saint-Claude et 12,6 % pour celle de Pontarlier.
Par ailleurs, 38,5 % des emplacements de campings en Franche-Comté se concentrent dans la Ze de Lonsle-Saunier en raison notamment de la présence de nombreux lacs. Enfin, ces zones disposent de sites
touristiques assez nombreux et plutôt axés sur les musées et les écomusées (le musée du jouet à Moirans
en Montagne, le musée de la Vache qui rit à Lons-le-Saunier ou encore le musée de la lunetterie à Morez).
Toutefois, ces sites accueillent relativement peu de visiteurs, en général moins de 50 000 par an.
21,7
Chambres d’hôtel
11,1
17,4
10,8
Besançon
BMH
12,6
12,1
16,0
26,1
Vesoul Dole
Pontarlier
7,7
26,1
10,3
6,2
4,7
6,1
2,7
2,5
Offre touristique totale
Saint-Claude
1,1
Emplacements de camping
38,5
Résidences secondaires
17,4
20,1
0
14,4
14,6
14,2
16,5
Note de lecture :
La zone de Lons-le-Saunier concentre 22 % de l’offre touristique régionale (11 % des chambres
d’hôtel, 38 % des emplacements de camping et 17 % des résidences secondaires de la région).
5,7
9,7
10,2
6,3
12,8
7,5
1,7
3,3
3,4
2,6
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Lons-le-Saunier
Gr
M ay
or
te
au
de l'offre touristique régionale par zone d'emploi
2,4
3,5
Répartition
100 %
Source : INSEE Direction du tourisme, RP, 2010 - traitement Efigip
La seconde, formée par les zones d’emploi de Besançon et Bmh, se caractérise par une offre touristique
importante. En effet, les infrastructures de transport mieux implantées, le caractère plus citadin et
les activités économiques de ces territoires favorisent le tourisme d’affaires et le tourisme urbain. De
ce fait, plus de la moitié des chambres d’hôtels de la région se trouve dans ces deux Ze. À noter également que les quatre sites les plus visités de Franche-Comté en 2010 se localisent sur ces territoires :
la Citadelle de Besançon (233 000 entrées), le Dino-Zoo (149 000), la Saline Royale d'Arc-et-Senans
(122 000) et la Citadelle de Belfort (85 000). Cependant, lorsque la capacité touristique est rapportée à
la superficie de ces territoires, elle se révèle finalement peu conséquente (2,6/km² contre 3,4/km² pour
la Franche-Comté). C’est pour cela qu’elle ne contribue que faiblement aux revenus des habitants. En
termes d’offre touristique au km², la zone de Dole peut être rattachée aux deux précédentes puisqu’elle
compte un nombre limité d’hébergements sur un territoire peu étendu.
Les Ze de Gray, Vesoul et Morteau constituent la dernière catégorie : l’offre touristique y est limitée et
le potentiel de revenus pour les habitants moindre.
En conclusion, ces analyses montrent le faible développement de l’économie résidentielle
dans les zones d’emploi franc-comtoises. Seules les zones de Pontarlier, Morteau et Saint-Claude
se distinguent par des flux résidentiels importants, grâce notamment à la présence de migrants
alternants. Mais cette attractivité apparente cache en réalité une forte dépendance vis-à-vis de
l’économie suisse.
21
zoom
S u r
l e s
r é s i d e n c e s
s e c o n d a i r e s
L
Nombre
et part de résidences secondaires par territoire
Nombre
de logements
Nombre
de résidences
secondaires
Part de résidence sec. dans
les logements (%)
Besançon
149 264
4 818
3,2
Bmh
177 914
3 266
1,8
Morteau
21 715
885
4,1
Pontarlier
32 987
5 583
16,9
Dole
34 385
1 101
3,2
Lons-le-Saunier
66 507
5 894
8,9
Saint-Claude
34 032
6 810
20
Gray
14 915
1 141
7,7
Vesoul
62 574
4 322
6,9
594 293
33 821
5,7
Haute-Normandie
872 410
40 800
4,7
Bourgogne
735 793
82 342
11,2
32 520 024
3 108 606
9,6
Zones d'emploi
Franche-Comté
France métropolitaine
Source : Insee rp 2010 - traitement Efigip
Une comparaison avec d’autres régions est un moyen de positionner la Franche-Comté dans un contexte plus
large et ainsi de dépasser le fait régional. Le choix s’est porté sur une comparaison avec la Haute-Normandie
et la Bourgogne. Deux critères permettent de justifier ce choix : un critère de proximité économique avec la
Haute-Normandie et un critère de proximité géographique avec la Bourgogne.
La Haute-Normandie se caractérise par une part de résidences secondaires dans le total des logements
inférieure à la Franche-Comté (4,7 %), alors même que les dépenses touristiques sont similaires dans ces
deux territoires (1,6 milliard d'euros pour la Haute-Normandie en 2011). La Bourgogne enregistre quant
à elle une proportion de résidences secondaires supérieure (11,2 % contre 5,7 %). Ce chiffre est lié à
des dépenses de tourisme plus élevées (2,5 milliards d'euros). En outre, ne disposant pas de données sur
l’origine des propriétaires de ces résidences secondaires à l’échelle des zones d’emploi, seuls les résultats
régionaux seront détaillés par la suite. En 2009, sur 35 000 résidences secondaires en Franche-Comté, plus de
2 700 appartiennent à des non résidents11. Parmi eux, la majorité est suisse (53 %), suivie par les Hollandais
(15 %) et par les Allemands (14 %).
11 Source : Dgi – Atout France
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
Leur nombre a sensiblement augmenté en 30 ans dans les Ze de Pontarlier et de Saint-Claude (entre +18,3 %
et +23,5 % entre 1982 et 2011). En 2010, les résidences secondaires représentent respectivement 16,9 % et
20 % du parc de logements total. Cette proportion s’élève seulement à 3,2 % pour les zones de Besançon et
de Dole et ne dépasse pas la barre des 2 % dans celle de Bmh.
• Efigip • Novembre 2014
es résidences secondaires sont une composante majeure de l’attractivité touristique d’un territoire. En
2010, celles-ci correspondent à 5,7 % du total des logements en Franche-Comté et cette proportion
diminue légèrement entre 1982 et 2011 (-2 %).
Typologie des zones d ' emploi en fonction des moteurs
du développement économique 12
Les bases économiques ainsi que les caractéristiques des flux résidentiels ont permis d’établir le
profil des zones d’emploi franc-comtoises. Même si certaines zones ont tendance à être regroupées
(les Ze de Morteau, Pontarlier et Saint-Claude par exemple), aucune typologie générale des territoires
n’a été présentée jusqu’à maintenant. C’est en cela que les méthodes de statistiques descriptives
multidimensionnelles montrent leur intérêt.
La typologie des zones d’emploi, à partir du montant des bases par habitant, a été réalisée grâce à une
Analyse en composantes principales (Acp).
Représentation
des zones d’emploi sur les deux premières composantes principales
2
Saint-Claude
1
CP2 (17,46%)
Pontarlier
Besançon
0
Productivorésidentielle
Lons-le-Saunier
BMH
Dole
Vesoul
Gray
-1
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Forte attractivité
touristique
Morteau
-6
-4
-2
0
Faible attractivité
touristique
2
CP1 (58,41%)
Au vu de tous ces éléments, les zones d’emploi peuvent être classées en quatre catégories :
La zone productivo-résidentielle de Morteau, marquée par une forte base productive mais aussi par la
présence importante de migrants alternants
Les zones résidentielles de Saint-Claude et de Pontarlier (tourisme et migrants alternants) et celle de
Lons-le-Saunier (tourisme et retraités)
Les zones d’emploi de redistribution comme Besançon, Vesoul et Dole où se combinent base sociale,
base publique et pensions de retraites
Les zones non définies par le plan factoriel que l’on peut qualifier de Ze neutres : Bmh et Gray.
En conclusion, l’Acp a permis d’identifier les liens existants entre les bases économiques
mais également d’établir une typologie des zones d’emploi, qui parfois peut paraître surprenante.
Par exemple, la forte présence de migrants alternants dans les zones de Morteau, de Pontarlier
et de Saint-Claude pouvait laisser penser à un regroupement naturel entre ces trois zones. Or, la
Ze de Morteau se distingue des autres par sa base productive tandis que Saint-Claude et Pontarlier
se démarquent grâce à l’importance des dépenses liées au tourisme et à la présence de migrants
alternants. En ce qui concerne les autres zones d’emploi, leur profil est conforme aux hypothèses
évoquées précedemment : l’importance de la base publique dans la Ze de Besançon ou encore le
poids des pensions de retraites dans celle de Lons-le-Saunier.
12
Les résultats complets et la méthodologie se trouvent en annexe p. 62.
23
Redistribution
L ' économie présentielle dans les zones d ' emploi
franc-comtoises
La première partie de cette étude a permis de mesurer l’importance du secteur basique, c'est-à-dire
l’ensemble des revenus extérieurs captés par un territoire (voir schéma p.8). Induit par le secteur
basique, le secteur domestique reflète la capacité des territoires à maximiser la propension à consommer
localement. Les emplois domestiques, ou emplois présentiels constituent donc un indicateur essentiel
de l’économie de proximité. Selon la définition de l’Insee, les activités présentielles correspondent aux
"activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction
des besoins des personnes présentes dans la zone, qu’elles soient résidentes ou touristes : activités
de services aux particuliers, construction, santé, action sociale, commerces de détail, hébergement
et restauration…". Les activités ne relevant pas de cette économie sont dites "non présentielles" ou
"productives". Il s’agit des activités qui produisent des biens majoritairement consommés hors de la zone
et des activités de services tournées principalement vers les entreprises de cette sphère.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Analyse de l’économie présentielle dans les zones d’emploi franc-comtoises13
Une économie présentielle relativement peu développée en Franche-Comté
Depuis plus de 30 ans, déclin de l’industrie et tertiarisation ont remodelé le tissu économique français.
La Franche-Comté n’échappe pas à ce phénomène : tandis que l’emploi industriel enregistre une baisse
de 6 points entre 1999 et 2009, l’emploi tertiaire progresse d’autant. L’économie présentielle se trouve
impactée par cette mutation de l’économie, les activités présentielles étant surtout rattachées au
secteur tertiaire.
Entre 1982 et 2011, les emplois présentiels progressent de 40,1 %, ce qui place la Franche-Comté en
quatrième position dans le classement des 10 régions à profil industriel14 alors que dans le même temps,
les emplois de la sphère productive diminuent de 21,9 %.
Par ailleurs, les régions ayant la plus forte diminution d’emplois dans l’économie non présentielle sont
globalement celles pour lesquelles la croissance de l’emploi présentiel est la plus faible en 30 ans. Ainsi,
la dynamique économique engendrée par le secteur productif se répercute sur l’ensemble de l’économie
régionale.
Évolution
des emplois par région selon la sphère économique entre
1982
et
2011
Corse
Languedoc-Roussillon
Midi-Pyrénées
Pays de la Loire
Aquitaine
Rhône-Alpes
Bretagne
Alsace
PACA
France
Poitou-Charentes
Nord-Pas-de-Calais
Franche-Comté
Picardie
Haute-Normandie
Basse-Normandie
Centre
Limousin
Bourgogne
Auvergne
Île-de-France
Lorraine
Champagne-Ardenne
-40 %
Sphère présentielle
Sphère non présentielle
-30
-20
-10
0
+10
+20
+30
+40
+50
+60
+70
+80 %
Source : INSEE, RP 1982-2011 - traitement Efigip
13 La méthodologie utilisée se trouve
en annexe p. 64 et recouvre l'emploi
salarié et non salarié.
14 Pour l’Insee, les régions à profil industriel sont celles dont au moins 18 % de la valeur
ajoutée est issue de l’industrie : Alsace, Auvergne, Centre, Champagne-Ardenne,
Franche-Comté, Haute-Normandie, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Rhône-Alpes.
24
Malgré une forte progression, la sphère présentielle représente 63 % de l’emploi total en Franche-Comté,
soit 3 points de moins que la moyenne française, ce qui la positionne au 19e rang des régions de France
métropolitaine.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Répartition
des emplois selon la sphère économique par région
Sphère présentielle
Sphère non présentielle
Corse
Languedoc-Roussillon
PACA
Limousin
Lorraine
Aquitaine
Nord-Pas-de-Calais
Poitou-Charentes
Auvergne
France
Midi-Pyrénées
Bretagne
Basse-Normandie
Bourgogne
Île-de-France
Picardie
Centre
Haute-Normandie
Rhône-Alpes
Franche-Comté
Champagne-Ardenne
Alsace
Pays de la Loire
80
73
72
69
68
67
66
66
66
66
65
65
65
65
64
64
64
64
63
63
62
62
61
0
100 %
Source : INSEE, RP 2011 - traitement Efigip
La caractérisation de la sphère présentielle s’établit à partir de sa composition sectorielle grâce à la
table de passage de l’Insee. Sur plus de 700 secteurs, 248 appartiennent à la sphère présentielle mais
seulement une vingtaine concentre plus de la moitié des effectifs.
Composition
sectorielle de la sphère présentielle en
Franche-Comté
Libellé N af 700
Franche-Comté
France métro.
Poids de la
Franche-Comté
Administration publique générale
22 810
1 418 653
1,6 %
Activités hospitalières
21 529
1 177 948
1,8 %
Enseignement secondaire général
12 982
644 094
2,0 %
Aide à domicile
8 714
406 899
2,1 %
Accueil de jeunes enfants
8 703
396 115
2,2 %
Enseignement primaire
8 235
424 862
1,9 %
Défense
7 729
326 079
2,4 %
Hébergement médicalisé pour personnes âgées
5 893
274 211
2,1 %
Restauration traditionnelle
5 854
382 611
1,5 %
Supermarchés
5 452
243 678
2,2 %
Hypermarchés
5 193
283 190
1,8 %
Autres intermédiations monétaires
4 799
403 778
1,2 %
Action sociale sans hébergement n.c.a.
4 442
219 828
2,0 %
Aide par le travail
4 435
161 406
2,7 %
Travaux de maçonnerie générale et gros oeuvre de bâtiment
4 425
296 309
1,5 %
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaire
4 358
275 153
1,6 %
Administration publique (tutelle) des activités économiques
4 326
180 129
2,4 %
Activités de poste dans le cadre d'une obligation de service universel
4 307
240 276
1,8 %
Enseignement secondaire technique ou professionnel
4 238
194 327
2,2 %
Boulangerie et boulangerie-pâtisserie
3 672
164 363
2,2 %
Enseignement supérieur
3 566
221 032
1,6 %
25
Source : Insee rp 2010 - traitement Efigip
En Franche-Comté, les secteurs les plus importants sont l’administration publique, les activités hospitalières et l’enseignement secondaire.
Après avoir présenté l’économie présentielle en Franche-Comté, le poids des sphères économiques est
mesuré à l’échelle des zones d’emploi.
Répartition
des emplois selon la sphère économique à l’échelle des zones d’emploi
Vesoul
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
65
Gray
41
43
59
Nombre d’emplois
57
143 021
u
Besançon
M
or
te
a
• Efigip • Novembre 2014
35
Belfort
Montbéliard
Héricourt
32
68
Dole
36
64
54
Pontarlier
32
Lonsle-S.
35
46
65
StClaude
48
52
68
Nord
Ouest
0
48 839
10 892
Franche-Comté
Sphère non
présentielle
37 %
63 % Sphère
présentielle
Est
Sud
20 kms
Source : INSEE RP, 2010 - traitement Efigip
Pontarlier et Besançon, deux zones d’emploi caractérisées par le poids important
de leur économie présentielle
Avec une tertiarisation marquée de leur économie, les Ze de Besançon et de Pontarlier ont logiquement
la part d’emplois présentiels la plus élevée de la région (68 % soit 2 points de plus que le niveau national). Suivent ensuite les zones de Lons-le-Saunier, de Vesoul et de Dole avec une proportion proche de
la moyenne régionale (63 %). La sphère présentielle des Ze les plus industrielles (Bmh, Saint-Claude et
Morteau) représente quant à elle à peine plus de la moitié de l’économie totale. À noter également que
les emplois présentiels de la zone de Gray sont sous-représentés par rapport à la Franche-Comté en raison
d’une économie plus agricole (6 % de l’emploi dans ce secteur) et moins tertiaire (63 % de l’emploi), soit
respectivement +3 points et -5 points par rapport à la moyenne régionale.
En termes d’évolution, la zone de Pontarlier enregistre la plus forte accélération de l’emploi présentiel
avec +67,2 % entre 1982 et 2011 tandis que l’augmentation varie entre +44,8 % et +48,4 % pour les zones
de Besançon, Dole et Morteau. La zone de Saint-Claude se place en dernière position avec une hausse de
seulement +24,6 % en 30 ans.
26
Évolution
des emplois par
Ze
selon la sphère économique entre
1982
et
2011
Pontarlier
Besançon
Morteau
Dole
Franche-Comté
BMH
Vesoul
Lons-le-Saunier
Gray
Saint-Claude
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
-40 % -30
Sphère présentielle
Sphère non présentielle
-20
-10
0
+10 +20 +30 +40 +50 +60 +70 +80 %
Source : INSEE, RP 1982-2011 - traitement Efigip
Des emplois présentiels plus précaires15
Tout d’abord, les actifs appartenant à la sphère présentielle sont majoritairement des femmes, que ce
soit au niveau régional (56,3 %) ou à une échelle plus fine. Parmi les zones d’emploi franc-comtoises,
celle de Gray enregistre la plus forte proportion de femmes dans l’économie présentielle (59 %).
À l’inverse, la sphère productive se caractérise par une population d’actifs essentiellement masculine
(68,7 % en Franche-Comté).
Cette féminisation va de pair avec une part plus importante de contrats à temps partiel dans la sphère
présentielle (23,9 % en moyenne pour la région contre 10,5 % pour le non présentiel). En effet, le développement du travail féminin depuis la seconde moitié du XXe siècle s’accompagne d’une forte hausse du
travail à temps partiel, permettant notamment aux femmes de pouvoir concilier vie professionnelle et
vie familiale. Par exemple en Franche-Comté, au sein de la sphère présentielle, 36,6 % des femmes sont
à temps partiel (contre 8 % des hommes).
La saisonnalité et la flexibilité souhaitée par certains secteurs (hébergement, restauration,…) justifient
également le recours à des contrats de travail plus précaires (temps partiels, contrat à durée déterminée)
dans ce secteur. En Franche-Comté, même si la part de Cdi est quasiment identique dans les deux sphères
économiques (environ 75 %), les actifs ayant un Cdd sont plus nombreux dans le secteur présentiel (11 %
contre 4,5 %) mais l’emploi intérim y est moins développé que dans la sphère productive (0,1 % contre
5,8 %). À l’échelle des Ze, Morteau se différencie par un pourcentage plus faible d’actifs en Cdd (8,8 %).
Toutefois, la part de Cdi reste inférieure de 3 points à la moyenne régionale en raison d’une présence
plus marquée d’indépendants (7,8 % contre 4,9 %). C’est dans la zone de Saint-Claude que la proportion
de Cdd est la plus importante avec 13,7 % des actifs.
Par ailleurs, la majorité des actifs de la sphère présentielle est âgée de 40 ans et plus : 50,5 % dans
la zone de Pontarlier par exemple, 54,9 % dans celle de Vesoul et même 57,9 % dans celle de Lons-leSaunier. Cette répartition des âges est assez similaire pour les personnes ayant un emploi non présentiel
(respectivement 54,1 %, 55,9 % et 57 %).
Enfin, le niveau de formation des actifs de la sphère présentielle à l’échelle des Ze est plutôt hétérogène.
Si dans la zone de Besançon, près de 40 % des actifs ont au minimum un niveau Bac+2, ils ne sont que
25,5 % dans la zone de Morteau. C’est d’ailleurs dans la zone de Morteau que la part de non diplômés est
la plus importante (26,7 % contre 20,3 % en moyenne en région). Mais globalement, les actifs de la sphère
présentielle sont plus qualifiés que ceux appartenant à la sphère productive.
Ainsi, ces résultats montrent que l’économie présentielle, tout comme l’économie résidentielle,
reste peu développée en Franche-Comté et dans les zones d’emploi.
15 Les résultats complets se trouvent en annexe p. 65.
27
zoom
S E CT E URS
L
’emploi présentiel est donc moins développé en Franche-Comté qu’en moyenne nationale. Pour mieux
caractériser la région, une comparaison a été réalisée avec deux autres régions : la première
comparable d’un point de vue économique et affichant une part d’emplois présentiels proche : la
Haute-Normandie, et, la seconde, comparable d’un point de vue économique mais présentant une part
plus élevée d’emplois présentiels : la Lorraine. L’objectif de cette comparaison est de mettre en avant
les particularités de la région : manque et surreprésentation d’emplois présentiels selon les secteurs
d’activité.
Par rapport à la Haute-Normandie, les secteurs du transport-entreposage, de la restauration et des travaux de construction sont sous-représentés dans la région, à l’inverse des secteurs de l’administration,
de l’action sociale et, à un degré moindre, des industries agro-alimentaires.
Par rapport à la Lorraine, on retrouve des manques dans le transport-entreposage et la restauration mais
également dans la santé, l’administration et le commerce. En revanche et comme en comparaison avec la
Haute-Normandie, les secteurs de l’action sociale et des industries agro-alimentaires sont surreprésentés
en Franche-Comté
• Efigip • Novembre 2014
l e s
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
S u r
Classification des Z e et de leur économie présentielle 16
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
De même que pour l’analyse des bases économiques, une typologie des zones d’emploi a été réalisée
à partir des caractéristiques des actifs occupant un emploi dans la sphère présentielle à l’aide d’une
analyse en composantes principales. Les variables utilisées pour cette analyse sont détaillées ci-dessous :
Variables
Abréviations pour l'A cp
Part de femmes
Femmes
Part de contrats de travail à temps partiel
Partiel
Part d’actifs âgés de moins de 30 ans
Moins 30 ans
Part d’actifs âgés de 50 ans et plus
50 ans et plus
Part de non diplômés
Inf V
Part d’actifs ayant au minimum Bac+2
Sup IV
Part de Cdd
Cdd
Part de Cdi
Cdi
Part d’emplois présentiels
Emplois présentiels
Évolution de l’emploi présentiel (1999-2011)
Evo présentielle
Quatre catégories de zones d’emploi se distinguent :
Une économie présentielle en bonne santé.
Sur neuf Ze, seulement deux sont regroupées dans cette catégorie. Tout d’abord, l’économie de la zone
de Besançon est nettement orientée vers la sphère présentielle (68 % de l’emploi total en 2011) au sein
de laquelle le niveau de qualification des actifs est nettement supérieur aux autres territoires. Ensuite,
en ce qui concerne la zone de Pontarlier, elle bénéficie d’une forte progression de l’emploi présentiel,
portée par le pouvoir d’achat élevé des travailleurs frontaliers et des Suisses. Comme nous l’avons déjà
souligné auparavant, la population de Pontarlier est la plus jeune de la région après celle de Besançon,
expliquant ainsi la surreprésentation des actifs de moins de 30 ans dans la sphère présentielle. Cependant
les contrats à temps partiel sont beaucoup plus fréquents (26,7 %). En effet, l’importance du secteur tertiaire dans la zone et notamment du commerce, fréquemment utilisateur de ce type de contrat, explique
en partie cette particularité. Par ailleurs, lorsqu’un membre du ménage travaille en Suisse, ses revenus
peuvent parfois être suffisants et permettre au conjoint de travailler à temps partiel.
La Ze de Bmh n’est représentée sur aucun axe. Elle peut donc être qualifiée de zone neutre.
Des emplois présentiels, synonymes de précarité.
Les zones appartenant à cette classe ont des caractéristiques différentes mais elles ont en commun une
certaine précarité de l’emploi. Tout d’abord, l’économie présentielle de la zone de Morteau profite
elle aussi du dynamisme lié à sa position frontalière. Toutefois le travail féminin y est prédominant, en
raison de la surreprésentation d’hommes parmi les travailleurs frontaliers, et le niveau de qualification
est faible. La zone de Saint-Claude se différencie par une forte proportion de Cdd parmi les emplois présentiels tandis que la Ze de Gray pâtit d’un manque de dynamisme associé à une précarité de l’emploi.
Une sphère présentielle plutôt stable.
Cette stabilité se traduit par un pourcentage important de Cdi dans la zone de Dole et par des actifs âgés
de 50 ans et plus, le plus souvent à temps complet pour les Ze de Vesoul et de Lons-le-Saunier.
16 Les résultats complets se trouvent en annexe p. 67.
29
Le graphique suivant permet de visualiser les quatre classes sur le plan factoriel. Pour faciliter la lecture
mais aussi parce qu’elles conservent le plus d’informations initiales, seules les deux premières dimensions
sont présentées ici.
Représentation
graphique des zones d’emploi sur la
Cp1
et la
Cp2
CP2 (30,15%)
4
Dynamisme de l’économie présentielle
3
Pontarlier
2
1
Besançon
BMH
Spécialisation dans l’économie
présentielle notamment qualifiée
0
Emplois présentiels
précaires
Gray
-1
St-Claude
Dole
Vesoul
-2
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Morteau
Lons-le-S.
-4
-2
0
Stabilité de l’économie
présentielle
2
4
CP1 (37,98%)
En conclusion, cette typologie a montré les limites de l’économie présentielle pour les zones
de Gray et de Saint-Claude. La zone de Morteau souffre également de ces difficultés mais à un
degré moindre. Toutefois, même si la précarité liée aux emplois présentiels est incontestable, il
faut également souligner que l’économie présentielle représente une opportunité d’insertion pour
les actifs les plus fragiles en termes de qualifications.
30
stratégies de
développement
DE L ' É C ONOMIE DE PROXIMIT É
Identification des territoires en difficulté
L’analyse des secteurs basique et domestique a mis en évidence certains problèmes rencontrés par les
zones d’emploi franc-comtoises. Avant de déterminer les leviers d’actions à mettre en place, il est
nécessaire d’identifier les Ze en difficulté grâce à des indicateurs statistiques.
Les indicateurs du potentiel de l’économie de proximité
En théorie, les revenus captés sont transformés en demande si la propension à consommer localement
est maximale, entretenant ainsi le marché de l’emploi domestique. Si ces emplois sont occupés par des
locaux, ils peuvent induire une baisse de la pauvreté, du chômage… Dans la réalité, il est essentiel de
repérer les moments de désajustement de ce mécanisme.
Pour cela, trois indicateurs sont étudiés17 :
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
La capacité à capter des revenus à l’extérieur est calculée en rapportant le total des bases économiques
à la population des zones d’emploi. Plus cet indicateur est élevé, plus le potentiel de captation est fort.
La capacité à redistribuer les revenus captés se mesure grâce à l’effet multiplicateur, défini par
le rapport total des bases économiques / nombre d’emplois présentiels. Exprimé en euros, l’effet
multiplicateur peut se lire comme le volume de revenus basiques nécessaire pour la création d’un emploi
présentiel supplémentaire.
La capacité d’utilisation des revenus captés est appréhendée par le taux de couverture en emplois
présentiels. Cet indicateur est calculé en rapportant le nombre d’emplois présentiels à la population
résidente.
Indicateurs
du potentiel de l’économie de proximité
Potentiel de captation
des territoires
Effet multiplicateur
Besançon
14 711
52 071
28
Bmh
14 135
64 272
22
Morteau
18 990
108 220
18
Pontarlier
18 587
76 659
24
Dole
15 425
65 055
24
Lons-le-Saunier
16 379
63 407
26
Saint-Claude
18 960
97 691
19
Gray
14 683
67 106
22
Vesoul
14 044
54 331
26
Zones d'emploi
(en € par hab.)
(en €)
Taux de couverture
en emplois présentiels
(%)
Au regard de ces indicateurs, quatre catégories de zones d’emploi se distinguent.
Tout d’abord, les Ze de Besançon et Vesoul présentent un faible potentiel de captation des revenus
avec respectivement 14 711 et 14 044 € par habitant. Cependant, ces revenus captés sont bien redistribués étant donné que l’effet multiplicateur pour ces deux territoires est le plus faible de la région. Par
exemple, la Ze de Besançon doit capter 52 071 € par habitant pour créer un emploi dans la sphère présentielle. Ainsi, la circulation des revenus a un impact positif sur l’économie présentielle, se traduisant par
un taux de couverture en emplois présentiels élevé (28 emplois présentiels pour 100 habitants dans la Ze
de Besançon et 26 emplois dans la zone de Vesoul).
17
Ces indicateurs sont présentés dans "Les cahiers de l'économie de proximité", Aradel (2013).
33
Ensuite, les Ze de Bmh et Gray possèdent elles aussi une faible capacité à capter des revenus à l’extérieur
(environ 14 000 € par habitant). Toutefois le mécanisme de redistribution de ces revenus est moins efficace
que dans les zones de Besançon et Vesoul puisque l’effet multiplicateur est plus important. De ce fait, le
nombre d’emplois présentiels pour 100 habitants est relativement faible, de l’ordre de 22 pour ces deux zones.
Les Ze de Morteau et de Saint-Claude se caractérisent également par une faible capacité à redistribuer
les revenus captés. Par exemple, 108 220 € supplémentaires sont nécessaires pour créer un emploi présentiel
dans la Ze de Morteau. Or ces deux zones frontalières bénéficient de revenus importants liés à la présence
de migrants alternants, justifiant ainsi un potentiel de captation de presque 19 000 € par habitant. Cela
signifie donc que les Ze captent des revenus mais que la propension à consommer localement est moindre. Par
conséquent, le taux de couverture en emplois présentiels y est plus faible que pour les autres Ze : 18 emplois
présentiels pour 100 habitants à Morteau et 19 à Saint-Claude.
Enfin la zone de Pontarlier se trouve dans une situation particulière. Même si elle dispose d’un potentiel de
captation similaire aux zones de Morteau et Saint-Claude, le nombre d’emplois présentiels pour 100 habitants
est supérieur de près de 6 points à ses voisines alors que l’effet multiplicateur est plutôt élevé (76 659 €).
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
En ce qui concerne les zones de Dole et de Lons-le-Saunier, leur développement est équilibré puisqu’elles
affichent, après celui des zones frontalières, le potentiel de captation le plus élevé de la région (plus de
15 000 € par habitant), auquel s’ajoute une forte capacité à redistribuer et à utiliser ces revenus captés.
34
zoom
S u r
l a
p o p u l at i o n
p r é s e n t e
1 8
La méthodologie utilisée pour calculer la population présente par zone d’emploi en 2010 repose sur
les travaux de l’Agence Régionale de Développement de Franche-Comté, eux-mêmes inspirés par les
recherches de Magali Talandier et de Christophe Terrier.
Vesoul
Belfort
Montbéliard
Héricourt
Gray
Taux de présence(1)
M
or
te
a
u
Besançon
Dole
Po
nt
ar
lie
r
ud
t-C
la
in
Sa
99,3 à 99,5 %
Franche-Comté : 100,9 %
France métrop. : 101,7 %
Ouest
0
99,6 à 100,0 %
97,8 %
Nord
e
Lons-leSaunier
105,7 à 106,9 %
Est
Sud
20 kms
(1)
Classes constituées selon les ruptures
dans la distribution grâce à un histogramme
des fréquences.
Source : INSEE RP 2010, Capacité d'hébergement touristique, ministère des Finances traitement Efigip
Au vu de cette carte, on constate une logique de répartition de la population présente selon un axe
nord/sud.
Au sud de la région, le taux de présence pour les zones de Lons-le-Saunier, de Dole et de Saint-Claude
est supérieur à 105 %, ce qui signifie que la population présente est largement supérieure à la population
résidente. La Ze de Saint-Claude est celle qui affiche le taux de présence le plus élevé (106,9 %),
confirmant ainsi l’importance du tourisme dans ce territoire. Il est surprenant de constater que, malgré
une importante propension à consommer localement, le nombre d’emplois présentiels s’élève seulement
à 19 pour 100 habitants.
Les zones centrales de Besançon, de Pontarlier et de Gray enregistrent, quant à elles, un taux légèrement
inférieur à 100 %.
Enfin, les habitants des zones du nord de la région sont plus nombreux à partir que les touristes à venir.
La Ze de Morteau occupe la dernière place de ce classement avec un taux de présence égal à 97,8 %,
expliquant ainsi pourquoi le taux de couverture en emplois présentiels est le plus faible de la région.
18
La méthodologie utilisée se trouve en annexe p. 70.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
La population présente correspond à la population résidente à laquelle on soustrait les absences des
résidents (en déplacement professionnel ou non, pour une nuitée au moins) et à laquelle on ajoute la
présence des touristes sur le territoire.
• Efigip • Novembre 2014
La population présente joue un rôle essentiel dans le modèle de la théorie de la base économique. En
effet, comme le rappelle Laurent Davezies, "au décalage géographique entre le Pib et le revenu, s’ajoute
de fait un décalage entre le revenu et la consommation, lié à la propension à consommer localement dont
le coefficient de présence constitue une première approximation". La notion de présence permet donc de
mieux comprendre la transformation des revenus basiques en emplois présentiels.
Pour conclure, ces résultats ont permis d’identifier les freins au développement de certaines
zones, soit parce qu’elles captent peu de revenus extérieurs, soit parce que la circulation des
richesses n’est pas suffisante pour créer des emplois présentiels. Néanmoins, il est nécessaire de
compléter cette analyse par des indicateurs mesurant l’impact macro-économique de l’économie de
proximité.
Impact de l’économie de proximité sur le développement local
Le croisement entre moteurs de développement, caractéristiques de l’emploi présentiel et indicateurs
macro-économiques, permet d’identifier les dynamiques de développement local au sein des zones
d’emploi.
Les
indicateurs du développement local
Emploi
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Démographie
Zones d’emploi
Moteurs du
développement
économique
Caractéristiques
de l'économie
présentielle
Solde
migratoire
annuel moyen
(1999-2010)
Solde naturel
annuel moyen
(1999-2010)
Taux de
chômage au
4e trimestre
2010
Évolution
de l'emploi
(1999-2011)
(%)
(%)
(%)
(%)
Social
Ressources
Part ménages
précaires parmi
les ménages
allocataires de
la Caf (2010)
Évolution du revenu
fiscal médian par
Uc (2002-2010)
(%)19
(%)
Besançon
Redistribution
En bonne santé
+0,2
+0,6
8,0
+14,4
35,5
+24,2
Bmh
Neutre
Neutre
-0,2
+0,4
11,5
+1,5
40,7
+20,6
Morteau
Productivorésidentiel
Précarité
+0,4
+0,6
7,4
+1,7
20,7
+36,4
Pontarlier
Résidentiel
En bonne santé
+0,5
+0,6
6,7
+12,5
25,7
+35,4
Dole
Redistribution
Stabilité
+0,3
+0,2
8,4
+7,3
36,4
+24,1
Lons-le-Saunier
Résidentiel
Stabilité
+0,3
0
6,6
+5,1
34,3
+24,4
Saint-Claude
Résidentiel
Précarité
-0,4
+0,6
8,8
-15,5
32,3
+24,6
Gray
Neutre
Précarité
+0,1
0
7,9
-0,4
40,1
+25,6
Vesoul
Redistribution
Stabilité
-0,2
+0,2
8,5
+1,9
40,6
+22,8
Sources : Insee Rp 1999-2010, Caf, Insee-Dgfip - traitement Efigip
Ce tableau permet de distinguer deux dynamiques de développement.
La première concerne les zones d’emploi caractérisées par une base résidentielle importante ou par
une économie présentielle en bonne santé et pour lesquelles le développement est positif. Il s’agit
des zones de Besançon, Pontarlier, Morteau, Dole et Lons-le-Saunier.
Tout d’abord, les zones gagnantes en termes de solde migratoire annuel moyen sont Morteau et Pontarlier
avec respectivement +0,4 % et +0,5 % par an. Ce phénomène s’explique par une double attractivité :
d’un côté, les jeunes actifs de la région sont attirés par de potentiels emplois en Suisse et de l’autre les
Suisses recherchent un coût de l’immobilier plus abordable en France. Parallèlement, leur solde naturel
annuel moyen est le plus élevé de la région avec celui de Besançon (+0,6 % par an entre 1999 et 2010).
Ensuite, le caractère vieillissant des zones de Dole et de Lons-le-Saunier justifie un solde naturel annuel
moyen légèrement supérieur à 0, compensé toutefois par un solde migratoire excédentaire (+0,3 % par
an) proche de celui des zones frontalières de Morteau et de Pontarlier.
Concernant la dynamique de l’emploi, les Ze de Besançon et de Pontarlier enregistrent une forte
progression du nombre d’emplois entre 1999 et 2011 (respectivement +14,4 % et +12,5 %). Dans les
zones de Dole et de Lons-le-Saunier, cette hausse est moins marquée mais reste néanmoins supérieure
à 5 %. À noter que les emplois augmentent seulement de 1,7 % dans la zone de Morteau. Cette plus
faible progression s’explique par le fait que la hausse des emplois présentiels (+19,6 % entre 1999 et
19
Les ménages précaires correspondent aux ménages vivant sous le seuil de bas revenus fixé à 956 € en 2010.
36
2011) parvient difficilement à couvrir la diminution des emplois non présentiels (-14,5 %). Aussi, comme
nous l’avons déjà évoqué, le caractère productivo-résidentiel de la zone ne bénéficie pas à l’économie
présentielle.
Par ailleurs, ces zones affichent un taux de chômage relativement faible : de 8,4 % au 4e trimestre 2010
dans la zone de Dole à 6,6 % dans celle de Lons-le-Saunier, soit le taux le plus faible de la région pour
cette dernière.
Enfin, le niveau de précarité ainsi que l’évolution du revenu médian par unité de consommation
confirment l’idée d’un développement positif dans ces zones d’emploi. La part de ménages précaires
parmi les ménages allocataires de la Caf ne dépasse pas la barre des 26 % pour les Ze de Morteau et de
Pontarlier. C’est d’ailleurs dans ces zones que l’évolution des revenus est la plus favorable en raison
notamment d’un niveau de rémunération très élevé en Suisse.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
La seconde dynamique de développement touche les zones d’emploi en difficulté, c'est-à-dire Bmh,
Saint-Claude, Gray et Vesoul.
D’un point de vue démographique, les zones de Vesoul, Bmh et Saint-Claude présentent un solde migratoire
annuel moyen négatif (-0,2 % et -0,4 % entre 1999 et 2010). Toutefois, l’évolution de la population reste
légèrement positive grâce à un solde naturel qui compense la faible attractivité résidentielle de ces trois
zones. La Ze de Gray, quant à elle, affiche un solde migratoire légèrement positif lié à l’augmentation
de la population résidentielle au sud de la zone, en raison notamment de l’attraction des agglomérations
bisontine et dijonnaise et d’un coût du foncier moindre par rapport aux territoires limitrophes.
Ensuite, les indicateurs du développement économique rendent compte des difficultés rencontrées par
ces zones d’emploi. Le chômage y est particulièrement élevé : Bmh occupe la première place avec un taux
de chômage de 11,5 % au quatrième trimestre 2010 suivie par les zones de Saint-Claude (8,8 %) et de Gray
(8,5 %). En outre, la Ze de Saint-Claude cumule les points négatifs puisqu’elle enregistre le plus fort recul
du nombre d’emplois (-15,5 %) alors même qu’elle bénéficie d’une base résidentielle importante. La zone
de Gray est elle aussi concernée par une baisse du nombre d’emplois entre 1999 et 2011 mais à un degré
moindre (-0,4 %) tandis que l’emploi progresse légèrement dans les Ze de Vesoul et Bmh (respectivement
+1,9 % et +1,5 %). Au vu de ces éléments, il est donc logique que la précarité soit prégnante au sein de
ces territoires. En effet, les zones de Bmh, de Gray et de Vesoul affichent une part de ménages précaires
dans le total des ménages allocataires de la Caf supérieure à 40 %. Grâce à sa proximité avec la Suisse,
la zone de Saint-Claude est moins exposée par ces difficultés sociales. Enfin, le revenu médian par Uc
évolue plus faiblement surtout dans les zones de Bmh et de Vesoul (respectivement + 20,6 % et +22,8 %).
En conclusion, ces analyses confirment les difficultés auxquelles se heurtent les zones
d’emploi franc-comtoises. Si certaines bénéficient d’un faible potentiel de captation des revenus
extérieurs, d’autres présentent une capacité de redistribution de ces revenus limitée, d’autres
encore cumulent les deux handicaps. Il est donc indispensable d’identifier des leviers d’actions
en adéquation avec les problématiques rencontrées par les Ze.
37
Méthodologie d ' identification des leviers d ' actions
La première partie de cette étude visait à établir un état des lieux de l’économie de proximité en
Franche-Comté. Toutefois, si cette phase est nécessaire, elle n’est pas suffisante. En effet, l’analyse de
l’économie de proximité ne se réduit pas uniquement à mesurer son poids dans l’économie locale, cette
démarche doit également déboucher sur de véritables stratégies de développement territorial. Aussi, une
méthodologie a été élaborée pour identifier des leviers d’actions à mettre en place. Cette méthodologie,
inspirée des travaux de l’Etd20 et de la Cci de Bourgogne, est développée ici.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Le modèle Atouts-Faiblesses-Opportunités-Menaces
La réalisation du modèle Afom constitue une étape préliminaire essentielle à la mise en place de la
méthodologie d’identification des leviers d’actions. Ce modèle est un outil d’analyse stratégique qui
combine l’étude des forces et faiblesses d’une organisation, d’une entreprise ou d’un territoire avec celle
des opportunités et des menaces de son environnement, permettant ainsi d’établir un portrait global des
Ze. Cette méthodologie répond notamment à l’objectif de développement de l’économie de proximité en
intégrant l’aspect territorial, dans notre cas les zones d’emploi franc-comtoises.
La mise en place des modèles Afom s’appuie sur la participation des acteurs locaux (représentant de
l’État, Conseil régional, Pôle emploi…) à des entretiens qualitatifs sous forme d’ateliers.
Les résultats obtenus seront restitués par une personne référente pour chacun des groupes et donneront
lieu à une confrontation entre les groupes.
Au terme de ce travail, le modèle Afom de chaque Ze sera représenté de cette façon :
Représentation
du modèle
Afom
Atouts
Opportunités
Faiblesses
Menaces
Méthodologie
Comme constaté auparavant, le développement d’un territoire dépend de son pouvoir de captation des
richesses et de sa capacité à les redistribuer. Il existe donc deux types de leviers d’actions propres à ces
mécanismes :
l’amélioration de l’attractivité résidentielle et touristique du territoire
la stimulation du tissu économique local pour répondre à la demande.
Aussi, un développement équilibré de l’économie de proximité repose sur la capacité des acteurs locaux
à articuler ces deux leviers.
Par ailleurs, les stratégies à mettre en place dépendent des difficultés rencontrées par les territoires. On
distingue alors quatre cas de figures.
20 Le centre de ressources du développement territorial : réunissant intercommunalités, collectivités de
tous niveaux, associations d'élus et réseaux nationaux, Etd constitue un lieu ouvert d'échanges et de
débats entre tous les acteurs du développement territorial.
38
Cas n°1
Les zones d' emploi à fort potentiel de captation de revenus basiques
et à forte capacité à faire circuler ces revenus
Pontarlier, Dole et Lons-le-Saunier
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Même si ces Ze ont en commun une stratégie de consolidation et de pérennisation de leur économie de proximité, les leviers d’actions à mettre en œuvre diffèrent.
La zone de Pontarlier doit faire face aux effets pervers liés à une économie résidentielle surdéveloppée.
Aussi, le levier d’action principal pour ce territoire consiste à limiter les facteurs de risques et de déséquilibres
qui menacent à long terme le développement local.
Méthodologie de l'état des lieux
Objectif
Quantifier les risques qui menacent le développement local
Indicateurs
thèmes
Foncier
Effet de congestion
Cohésion sociale
indicateurs (liste indicative)
sources
Prix du foncier et évolution
Perval
Part de propriétaires
Insee
Nombre de véhicules immatriculés et flux
Aaa*, Dreal, Trafalgare
Nombre de déplacements
Dreal, Trafalgare
Comparaison des niveaux de rémunération entre
travailleurs frontaliers/non frontaliers
Insee, Dgfip
Les évolutions sont mesurées sur le long terme (série historique).
Les résultats obtenus sont comparés à d’autres territoires (échelles régionale et nationale).
*Aaa : Association auxiliaire de l'automobile.
Cet état des lieux servira de point d’appui pour identifier la politique à mener. Quelques actions peuvent
d’ores et déjà être avancées :
Développer l’offre de transport en commun pour diminuer les effets de congestion et ainsi limiter
la pollution.
Mettre en place une politique sociale du logement pour éviter les effets d’éviction menaçant les
non frontaliers.
Préserver la qualité du paysage afin de protéger les facteurs d’attractivité qui soutiennent le
développement local.
Renforcer l’attractivité économique de la zone pour limiter la dépendance envers la Suisse (par
exemple, mise en place d'actions en faveur des entreprises et de leur installation dans la Ze).
39
Exemple de stratégies mises en place dans d’autres territoires
Scot du Pays de la Provence Verte
Contexte
L’étude des moteurs de développement pour la Provence Verte a montré l’importance de la base résidentielle (migrants alternants, retraités, touristes) dans le total des revenus circulant sur le territoire. Par
ailleurs, une analyse des capacités d’achat immobilier des ménages a fait ressortir que 12 % des ménages
étaient en capacité d’acheter des biens sur le territoire du pays au prix du marché, alors que seulement 6 %
de l’offre immobilière concerne les logements Hlm.
Action
Les élus ont décidé d’augmenter l’offre de logements Hlm, de 6 à 12 % sur le territoire.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Source Etd21
En ce qui concerne les zones de Dole et de Lons-le-Saunier, leur développement ne doit pas s’opérer au
détriment de la sphère productive. En effet, rappelons que la base productive représente environ 20 % du
total des revenus basiques pour ces deux zones et les emplois de la sphère non présentielle près de 36 % de
l’emploi total. Les stratégies mises en place renvoient donc à une stimulation de l’économie productive.
Pour déterminer ces leviers d’actions, il est indispensable de mesurer l’attractivité économique de ces territoires. Deux outils seront à utiliser : un état des lieux et une enquête auprès des acteurs locaux.
Méthodologie de l'état des lieux
Objectif
Mesurer l'attractivité économique des zones d'emploi.
Indicateurs
thèmes
indicateurs (liste indicative)
sources
Variation de l'emploi total
Évolution de l'emploi
Taux de chômage et évolution
Caractéristiques de l'emploi salarié
Insee
Ratio emploi privé / emploi public
Démographie des
entreprises
Nature et caractéristiques des entreprises
Insee
Nombre de créations nettes d’entreprises et évolution
Insee à l’échelle nationale,
enquête nécessaire pour
les zones d’emploi.
Mesure des investissements directs
Les évolutions sont mesurées sur le long terme (série historique).
Les résultats obtenus sont comparés à d’autres territoires (échelles régionale et nationale).
21 Le centre de ressources du développement territorial : réunissant intercommunalités, collectivités de
tous niveaux, associations d'élus et réseaux nationaux, Etd constitue un lieu ouvert d'échanges et de
débats entre tous les acteurs du développement territorial.
40
Méthodologie de l'enquête
Les participants
Les participants à l’enquête sont les mêmes que ceux cités pour la définition du modèle Afom
auxquels il convient d’ajouter les entreprises de la zone d’emploi.
Outil
Logiciel Sphinx
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Le questionnaire (Source Cci de Bourgogne)
"Quels sont selon vous les 3 atouts et les 3 handicaps de la zone d’emploi de… ?"
thèmes
Potentiel marchand
critères détaillés
Proximité des clients
Taille du marché (nombre de clients potentiels)
Réseau autoroutier
Réseau ferroviaire
Réseau aérien
Infrastructures
et transports
Offre foncière adaptée à la demande des entreprises
(superficie, présence de services aux entreprises…)
Parc immobilier d’entreprises
Zones d’activités
TIC (internet, téléphonie…)
Entreprises leaders du secteur
Tissu d’entreprises complémentaires
Présence de fournisseurs
Réseaux d’affaires
Entreprises et réseaux
Dynamisme des entreprises présentes
Existence de spécialisations ou secteurs phares
Pôles de compétitivité ou d’excellence
Clusters ou groupements
Clubs d’entreprises
Synergie des acteurs locaux
Disponibilité de la main d’œuvre
Ressources humaines
Niveau de formation et de qualification de la population
Offres de formation existant sur le territoire
Climat social
Situation fiscale
Impôts payés par les entreprises
Zone franche
41
mÉthodologie appliquée à la ZONE D'EMPLOI DE Pontarlier
À titre d’exemple, la méthodologie présentée précédemment a été appliquée à la zone d’emploi de Pontarlier. Ces premiers résultats seraient à compléter avec les entretiens qualitatifs réalisés auprès des acteurs
locaux.
1. Le modèle Afom
Objectif
Établir un portrait global de la zone d’emploi.
Représentation
du modèle
Afom
pour la
Ze
de
Pontarlier
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Atouts
• Positionnement
géographique
• Pouvoir d’achat élevé
• Richesses naturelles
Opportunités
• Poursuite du dynamisme
économique de la Suisse
• Développement du
tourisme vert
...
• Industries agroalimentaires
dynamiques
• Peu d’emplois dans
les secteurs fragiles
...
Faiblesses
• Difficultés de recrutement
pour les entreprises locales
Menaces
• Évolution législative en Suisse
• Effet de congestion
• Ralentissement de l’économie
suisse
• Prix du foncier élevé
• Cohésion sociale
• Établissements de
petite taille
• Prises en charge des
dépenses sociales
• Réchauffement climatique
...
...
Atouts
Positionnement géographique frontalier de la Suisse
Pouvoir d’achat élevé
Les travailleurs frontaliers et les Suisses possèdent un pouvoir d’achat à l’origine du fort développement
commercial observé autour de Pontarlier, développement surdimensionné au regard de la taille de la ville.
Richesses naturelles
La diversité et la qualité du patrimoine naturel de la zone sont des atouts favorisant notamment le tourisme vert et les sports d’hiver. Le maintien de cette qualité est conditionné par la maîtrise de l’urbanisation, enjeu important au regard de l’attractivité résidentielle du territoire.
Industries agroalimentaires dynamiques
Ce secteur est souvent positionné sur des produits sous label de qualité (Aop, Igp…).
Peu d’emplois dans les secteurs fragiles
La structure économique de l’appareil productif de la zone de Pontarlier est moins orientée sur des secteurs en difficulté que d’autres territoires de la région. Le secteur tertiaire, particulièrement dynamique,
est prédominant et le recul des activités industrielles est moins marqué qu’au niveau régional, en raison
du poids important et de la bonne santé des industries agroalimentaires.
42
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Faiblesses
Difficultés de recrutement pour les entreprises locales
Il est difficile pour les employeurs de trouver de la main d’œuvre et même de la fidéliser face au niveau
de salaire proposé en Suisse. Cependant, certains parviennent à limiter ce phénomène en offrant d’autres
avantages que le seul salaire (conditions de travail, accès à la formation, intéressement…)
Effet de congestion
Les flux de migrants alternants génèrent des effets néfastes en termes de trafic et de pollution qui
s’ajoutent à ceux des touristes.
Prix du foncier élevé
Les travailleurs frontaliers contribuent largement à la hausse du prix du foncier réduisant l’accès des
travailleurs locaux à la propriété.
Établissements de petite taille
Les établissements de petite taille disposent de moyens d’investissement limités et sont parfois plus vulnérables aux perturbations économiques.
Prises en charge des dépenses sociales par la France et la Région
Les indemnités chômage versées aux demandeurs d’emploi ayant travaillé en Suisse sont supportées par la
France. De même, la majorité des actifs se forme en région puis part travailler de l’autre côté de la frontière, leurs compétences bénéficiant ainsi aux entreprises suisses. Des collaborations existent toutefois
entre la France et la Suisse débouchant sur des cofinancements d’actions de formation.
Opportunités
Poursuite du dynamisme économique de la Suisse
La situation économique solide de la Suisse et les perspectives positives pour 2014 et 2015 (croissance
du Pib, progression de l’emploi dans l’ensemble des secteurs d’activités, baisse du chômage) pourraient
profiter à la zone de Pontarlier et faire perdurer la hausse du nombre de travailleurs frontaliers.
Développement du tourisme vert
L’intérêt grandissant pour le tourisme vert lié aux préoccupations de la population pour le développement
durable pourrait bénéficier à la zone de Pontarlier au regard de ses aménités naturelles.
Menaces
Évolution législative en Suisse
La dépendance vis-à-vis de l’économie suisse peut être source de fragilité en cas d’évolution législative :
remise en cause des accords bilatéraux, de la libre circulation des travailleurs (votation du 9 février 2014
sur la limitation de l’immigration)…
Ralentissement de l’économie suisse
Même si les perspectives en Suisse sont optimistes, un retournement économique serait problématique
pour la zone d’emploi et pour les travailleurs frontaliers dont le niveau d’endettement est élevé.
Cohésion sociale
L’écart important de rémunération entre travailleurs frontaliers et travailleurs locaux engendre des difficultés pour ces derniers. En effet, l’accès au logement, en particulier à la propriété, devient de plus en
plus compliqué.
Réchauffement climatique
Dans le contexte du réchauffement climatique, l’avenir des activités sportives hivernales de moyenne
montagne est menacé.
43
2. Identification des leviers d’actions
Objectif
Quantifier les risques qui menacent le développement local.
Rn 57 au sud
de Pontarlier
Ze de
Pontarlier
Bassin d'habitat
de Pontarlier
Bassin d'habitat
de Besançon
Secteur de
Pontarlier
Secteur de
Besançon
F-Comté
Prix des maisons
anciennes
**
**
**
**
232 800 €
190 000 €
140 000 €
Prix des appartements
anciens
**
**
**
**
2 170 €/m²
1 700 €/m²
1 460 €/m²
Prix des appartements
neufs
**
**
**
**
2 990 €/m²
2 800 €/m²
2 620 €/m²
Prix des terrains à bâtir
**
**
**
**
75 600 €
55 200 €
48 800 €
Thèmes
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Foncier
Indicateurs
Prix des loyers
**
**
Plus de 9 €
Plus de 9 €
**
**
**
Évolution prix des loyers
**
**
+2,1 %
+1,1 %
**
**
**
Part de propriétaires
**
64,6 %
**
**
**
**
61,1 %
Nombre de véhicules
immatriculés
**
2 128
**
**
**
**
41 229
24 000
**
**
**
**
**
**
280
**
**
**
**
**
**
10 600
8 000
25
**
**
**
**
**
**
**
**
**
**
**
**
**
**
**
**
**
**
+9 %
**
**
**
**
**
**
**
1,8
**
**
**
**
**
Flux de véhicules / jour
Effet de
congestion
Nombre de déplacements
transfrontaliers en
transport
en commun par jour
Nombre de déplacements
routiers par jour (domicile-travail) :
- France-France
- France-Suisse
- Suisse-France
Covoiturage
Cohésion
sociale
Rapport entre le salaire
des frontaliers et celui
des non frontaliers
Liste des indicateurs
Détails
Année
Source
Prix des maisons anciennes
Prix médian de vente
Du 01/08/2013 au 31/07/2014
Perval
Prix des appartements anciens
Prix médian au m²
Du 01/08/2013 au 31/07/2014
Perval
Prix des appartements neufs
Prix médian au m²
Du 01/08/2013 au 31/07/2014
Perval
Prix des terrains à bâtir
Prix médian de vente
Du 01/08/2013 au 31/07/2014
Perval
Prix des loyers
Prix mensuel moyen des loyen au m² hors charges
Au 01/01/2013
Adil 25-70-39 et
Dreal
Évolution du prix des loyers
Evolution moyenne des loyers
Du 01/01/2012 au 01/01/2013
Adil 25-70-39 et
Dreal
Part de propriétaires
Part de propriétaires dans le total des résidences
principales
2010
Insee Rp 2010
Nombre de véhicules immatriculés
Nombre de voitures particulières neuves immatriculées
2013
Assoc. Auxiliaire de
l'Automobile
Flux de véhicules par jour
Nombre de véhicules circulant entre le carrefour
des Rosiers et le giratoire Malraux dans les 2 sens
Octobre-novembre 2013
Dreal - Trafalgare
Nombre de déplacements en transport en
commun par jour
Nombre de déplacements en transport en commun
par jour en période de pointe (5h-9h ; 15h-19h)
Mai 2014
Dreal - Trafalgare
Nombre de déplacements routiers
par jour (domicile-travail)
Nombre de déplacements routiers quotidiens en
semaine
2014
Dreal - Trafalgare
Covoiturage
Évolution du nombre de covoitureurs à la douane
de Jougne
Déc 2012 - Déc 2013
Dreal - Trafalgare
Rapport entre le salaire des frontaliers et
celui des non frontaliers
Calcul : salaires des frontaliers / salaires des non
frontaliers
2010
Dgfip, Insee Rp 2010
44
Périmètres
géographiques retenus pour l'application de la méthodologie
Zones d’emploi de Besançon et de Pontarlier
Secteurs de Besançon et de Pontarlier
Vesoul
Vesoul
Montbéliard
Montbéliard
Gray
Gray
Besançon
Besançon
Morteau
Dole
Morteau
Dole
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Pontarlier
Pontarlier
Lons-le-Saunier
Lons-le-Saunier
Saint-Claude
Nord
Nord
Ouest
0
Saint-Claude
Est
Sud
20 kms
Ouest
0
Source : INSEE - traitement Efigip
Source : INSEE - traitement Efigip
Bassins d’habitat de Besançon et de Pontarlier
Vesoul
Montbéliard
Gray
Besançon
Morteau
Dole
Pontarlier
Lons-le-Saunier
Saint-Claude
Est
Sud
20 kms
Nord
Ouest
0
Est
Sud
20 kms
Source : ADIL, DREAL - traitement Efigip
45
Cas n°2
Les ZOnes d ' emploi à fort potentiel de captation de revenus
et à faible capacité à les redistribuer
Morteau et saint-Claude
Dans ce cas de figure, la valorisation de l’économie de proximité repose sur deux aspects :
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
La préservation des facteurs d’attractivité résidentielle et touristique.
Pour la zone de Morteau, les leviers d’actions font écho à ceux évoqués pour la zone de Pontarlier,
ces deux territoires étant confrontés aux mêmes problématiques (dépendance économique vis-à-vis
de la Suisse, effet de congestion, hausse du prix de l’immobilier…). Concernant la zone de SaintClaude, l’accent sera mis sur la protection des aménités touristiques.
La stimulation de l’économie locale de sorte que les revenus qui circulent sur le territoire se transforment en demande.
Pour ce dernier point, la méthodologie suivante a été retenue.
Méthodologie de l'état des lieux
Objectif
Mesurer les ressources territoriales existantes.
Indicateurs
indicateurs (liste indicative)
sources
Nombre d’équipements pour 10 000 habitants par gamme (proximité,
intermédiaire et supérieure) et domaine d’activité
Base permanente des équipements,
Comparaison avec d’autres territoires
Insee
Type d’équipements manquants
Une enquête sur les habitudes de consommation des résidents de la zone d’emploi devra compléter
cet état des lieux.
Exemple de stratégies mises en place dans d’autres territoires
Pays des Landes de Gascogne, Aquitaine
Contexte
Le pays est confronté à un apport démographique important, accentuant de ce fait les risques de
dégradation des formes traditionnelles d’occupation de l’espace. De plus, ce territoire doit faire face
à une banalisation des paysages et de l’identité locale.
Actions
Création d’un "Livre Blanc d’urbanisme" qui contient des prescriptions concernant les références
constructives
Valorisation de l’emploi des savoir-faire et des ressources locales (pin maritime)
Accompagnement dans la réalisation d’aménagement utilisant le pin maritime comme matériau de
construction
Source Etd
46
Cas n°3
Les territoires à faible potentiel de captation de revenus et à forte
capacité à faire circuler en interne ces revenus
Besançon et Vesoul
Une économie résidentielle peu développée est synonyme de faible attractivité. Les leviers
d’actions portent donc sur une amélioration de l’attractivité résidentielle et touristique de
ces deux Ze
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Méthodologie de l'état des lieux
Objectif
Mesurer l'attractivité résidentielle et touristique des Ze.
Indicateurs
thèmes
indicateurs (liste indicative)
sources
Évolution de la population globale
Solde migratoire
Démographie
Solde naturel
Insee
Évolution de la pyramide des âges
Relations entre migrations résidentielles et évolution de la structure
sociale (Csp, revenus des ménages…)
Nombre de nuitées par type d’hébergement
Profil de la clientèle
Tourisme
Part et évolution des résidences secondaires dans le total des
logements
Insee
Capacité d’hébergements
Nombre de jeunes de moins de 25 ans
Étudiants
Part d’étudiants dans la population locale
Principales filières de l’enseignement supérieur
47
Insee
Rectorat
Méthodologie de l’enquête
Les participants
Les participants à l’enquête sont les mêmes que ceux cités pour la définition du modèle Afom
auxquels s’ajouteront le Conseil régional (service "tourisme"), l’Observatoire régional du
tourisme, les Opca et les représentants des branches professionnelles du tourisme (hôtellerie,
restauration, animation, sport, transport de voyageurs).
Outil
Logiciel Sphinx.
Le questionnaire
"Quels sont, selon vous, les 3 atouts et les 3 handicaps de la zone d’emploi de… ?"
thèmes
Critères détaillés
Situation géographique (accessibilité, infrastructures, transport…)
• Efigip • Novembre 2014
Géographie
Ressources naturelles et physiques
Climat
Valeurs et identités
Image extérieure et réputation
Image du territoire
Notoriété d’élus ou personnes emblématiques
Évènements professionnels (congrès, salons)
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
Tourisme (sites et monuments à visiter, manifestations culturelles et festives…)
Offre de logements (logements sociaux, logements locatifs, taille des logements…)
Coût du logement
Offre d’équipements sanitaires et sociaux (hôpitaux, nombre de médecins…)
Offres d’équipements de loisirs (culturels, sportifs, récréatifs)
Qualité de vie
Services d’éducation (de la maternelle à l’enseignement supérieur)
Patrimoine naturel et architectural
Qualité environnementale
Offre commerciale
La sécurité des biens et des personnes
Le coût de la vie
Développement durable
Gestion des déchets et de l’eau
Exemple de stratégies mises en place dans d’autres territoires
Agglomération de Poitiers, Poitou-Charentes
Contexte
L’agglomération de Poitiers, comme toutes les agglomérations dotées d’un pôle universitaire,
cherche à mieux assumer cette fonction, dans une logique de développement économique et donc de
rapprochement avec les entreprises. L’impact attendu concerne la vitalité démographique du territoire et sa capacité à attirer et à fixer la matière grise.
Actions
Favoriser l’installation des étudiants
Renforcer les capacités d’accueil de l’université
Développer les filières de pointe locales et les synergies entre les entreprises et l’université
Promouvoir l’université : salon de l’étudiant, soutien aux colloques…
Source Etd
48
Cas n°4
Les zones d ' emploi à faible potentiel de captation de revenus
et à faible capacité de redistribution
B mh et Gray
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Ces zones d’emploi souffrent d’un manque d’attractivité résidentielle et touristique se traduisant par
une économie présentielle très peu développée. Toutefois, Bmh et Gray ne présentent pas le même
profil.
D’une part, l’économie productive est prédominante dans la Ze de Bmh, laissant peu de place à
l’économie résidentielle en raison notamment de l’image associée à ce type de territoire (paysages,
atmosphère marquée par la présence d’établissements industriels…). La valorisation de l’économie de
proximité représente une solution face aux difficultés que rencontre l’industrie (chômage, difficultés
sociales…) et implique l’identification de compétences transférables et de passerelles entre secteurs
d’activités.
D’autre part, la zone de Gray est un territoire plutôt rural et relativement isolé. La constitution
et la mise en valeur des facteurs d’attractivité résidentielle et touristique constituent un axe de
développement de l’économie de proximité.
La combinaison des méthodologies exposées précédemment permettra d’identifier précisément les
leviers d’actions à mettre en place.
Exemple de stratégies mises en place dans d’autres territoires
Pays Vitryat, Champagne-Ardenne
Contexte
Le pays Vitryat est un territoire à forte vocation industrielle, qui bénéficie également d’une agriculture dynamique. Le territoire cumule les difficultés : perte d’emplois dans l’industrie, difficulté à
attirer des habitants, vieillissement de la population et densité de services de proximité insuffisante
pour répondre aux besoins (surtout dans le domaine de la santé). Le pays a ainsi redéfini sa stratégie,
l’objectif de celle-ci étant d’attirer des revenus résidentiels et touristiques. Néanmoins, les acteurs
locaux ne remettent pas en cause l’importance de la sphère productive, qui reste le véritable moteur
de développement du territoire.
Actions
Création d’une Maison d’accueil rurale pour personnes handicapées psychiques âgées
Maison de retraite accueillant des malades d’Alzheimer
Valorisation du lac de Der, principal support d’attractivité touristique (label station balnéaire,
ouverture d’un casino…)
Programme de logements de qualité (accessibilité, économie d’énergie…).
Couverture Tic
Renforcement de l’animation culturelle.
Source Etd
49
Les leviers d’actions ainsi identifiés pour chaque zone d’emploi devront être en cohérence avec les
axes du schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire Franche-Comté
à l’horizon 2030, schéma établi par le Conseil régional. Certaines politiques en lien avec le développement de l’économie de proximité peuvent être citées :
Stimuler, accompagner et sécuriser la création et la reprise d’entreprises
Favoriser une économie au service de la société
Promouvoir les atouts de la région
Accueillir et maintenir activités et populations
Améliorer l’attractivité de l’offre touristique.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
La méthodologie d’identification des leviers d’actions repose d’une part sur les acteurs
locaux et sur leur connaissance du territoire et d’autre part, sur les spécificités des zones d’emploi franc-comtoises en termes de captation et de redistribution des revenus.
50
conclusion
La théorie de la base économique suggère une partition de l’économie locale en deux secteurs
(secteur basique et secteur domestique) et offre ainsi un cadre analytique pour répondre à l’enjeu de
développement de l’économie de proximité dans les zones d’emploi franc-comtoises.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Aussi, dans un premier temps, l’ensemble des revenus captés par les zones d’emploi a été mesuré,
constituant ainsi le secteur basique. Les résultats obtenus révèlent l’importance du secteur productif
en Franche-Comté, soulignant la nécessité de développer l’économie résidentielle. Ce constat doit
toutefois être nuancé selon les zones d’emploi de la région. C’est le cas par exemple des Ze de
Saint-Claude et de Pontarlier qui bénéficient d’aménités touristiques et d’atouts géographiques,
notamment grâce à leur proximité avec la Suisse, leur permettant ainsi de capter des revenus
résidentiels conséquents.
Ensuite, le secteur domestique, dont le développement est induit par le secteur basique, correspond
aux activités répondant à la demande locale de biens et de services. Les emplois domestiques ou
emplois présentiels constituent donc un indicateur essentiel de l’économie de proximité. Dès lors,
l’économie présentielle des Ze franc-comtoises a été analysée grâce à la nomenclature de l’Insee.
Celle-ci a montré qu’à l’exception des zones de Besançon et de Pontarlier, ce secteur reste peu
développé et souvent synonyme de précarité.
Par ailleurs, la théorie de la base préconise un développement des territoires axé sur l’articulation
entre ces deux secteurs, c'est-à-dire la captation et la redistribution des richesses. À l’inverse, un
désajustement de ce mécanisme provoque des difficultés économiques pesant sur le développement
des territoires. Ces désajustements ont été identifiés grâce à la construction d’indicateurs statistiques.
Cependant, il est nécessaire d’aller au-delà du simple diagnostic dans l’objectif de mettre en place
de véritables stratégies de développement. Aussi, l’identification des leviers d’actions susceptibles
de garantir un développement territorial implique une méthodologie capable de prendre en compte
deux aspects essentiels. D’une part, l’association à la réflexion des acteurs locaux est primordiale,
au regard de leurs connaissances du système économique local. Elle permet ainsi l’élaboration d’un
diagnostic partagé des besoins des territoires. D’autre part, les indicateurs doivent être sélectionnés
en fonction des spécificités du territoire étudié, ici les dimensions de captation et de redistribution
des revenus ainsi que sa structure économique.
Pour terminer, ce travail apporte les premiers éléments d’analyse de l’économie de proximité dans
les zones d’emplois franc-comtoises et débouche, d’un point de vue plus général, sur de nouveaux
questionnements à explorer.
Le vieillissement de la population et son renforcement à venir soulèvent la question de l’accompagnement des
personnes âgées dépendantes et des compétences pour y répondre. Ces besoins futurs, en particulier dans le
secteur des services aux personnes, apparaissent ainsi comme une source potentielle d’emplois présentiels.
Plus largement, la volonté politique de favoriser l’économie sociale et solidaire apparaît également
comme une opportunité de développement de l’économie de proximité.
D’autres évolutions peuvent apparaître comme une menace pour le développement de l’économie de
proximité. À titre d’exemple, l’essor du e-commerce pénalise en partie l’emploi présentiel. Toutefois, ce
nouveau mode de consommation contribue à redynamiser certains espaces ruraux en rendant accessible
une grande partie de l’offre de biens et de services aux résidents de ces territoires.
La garantie de la poursuite du développement de l’économie de proximité repose sur la volonté des acteurs
locaux de porter le projet et implique la mise en place d’un suivi permanent à l’échelle des territoires et
d’actions correctives le cas échéant. Cette analyse s’inscrit sur le long terme et sera opérationnelle en
l’intégrant dans une réflexion économique globale.
51
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
an nexe s
Références bibliographiques 54
Méthodologie pour le calcul des moteurs du développement économique
56
Les moteurs de développement économique des zones d’emploi franc-comtoises 57
Les caractéristiques des migrants alternants 58
Les pensions de retraites 61
Méthodologie pour la typologie des zones d’emploi en fonction
des moteurs du développement économique 62
Méthodologie pour mesurer l’économie présentielle dans les zones d’emploi franc-comtoises 64
Les caractéristiques des emplois présentiels 65
Méthodologie pour la typologie des zones d’emploi en fonction
des caractéristiques des actifs occupant un emploi dans la sphère présentielle 67
Méthodologie du calcul de la population présente développée par l’ard 70
53
Références bibliographiques
Ouvrages généraux
• Courlet C., Pecqueur B. (2008), L’économie territoriale, Presses Universitaires de Grenoble
• Crozet M., Lafourcade M. (2009), La nouvelle économie géographique, La Découverte, coll. "Repères"
• Davezies L. (2008), La République et ses territoires. La circulation invisible des richesses, Seuil, coll.
"La République des Idées"
• Gillio N., Ravalet E. (2012), Comprendre l’économie des territoires, Certu, coll. "Références"
Cadre théorique de l’économie de proximité
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
• Aradel, Région Rhône-Alpes (2013), Les cahiers de l’économie de proximité
• Davezies L. (2003), La diversité du développement local dans les villes françaises, Rapport à la DATAR,
Oeil-Créteil-Université Paris XII
• Davezies L. (2004), "Formes de développement des territoires et pauvreté", Travaux de l’Observatoire
national de la pauvreté et de l’exclusion 2003-2004, La Documentation française, pp. 415-435
• Davezies L. (2009), "L’économie locale "résidentielle", Géographie, économie, société, Vol.11, pp. 47-53
Dore G. (2009), "Attractivité retrouvée des zones rurales : atouts et risques de l’économie résidentielle",
POUR, pp.60-68
• Etd (2011), Économie résidentielle. Du diagnostic à la stratégie
• Krugman P. (1991), "Increasing Returns and Economic Geography", Journal of Political Economy, vol.99,
pp. 483-499
• Pecqueur B., Talandier M. (2012), "Les espaces de développement résidentiel et touristique. État des
lieux et problématique", Territoires 2040 n°3, La Documentation française, pp. 121-138
• Sombart W. (1916), Der Moderne Kapitalismus, Duncker & Humblot, Munich et Leipzig, Rééd. 1928
• Talandier M. (2007), Un nouveau modèle de développement hors métropolisation, Thèse de doctorat,
Université Paris XII
• Terrier C., Sylnader M., Khiati A. (2005), "En haute saison touristique, la population présente double dans
certains départements", INSEE Première, n°1050
• Terrier C. (2009), "Distinguer la population présente de la population résidente", Courrier des statistiques,
n°128, pp. 63-70
Rapports d’études en lien avec l’économie de proximité
de la région Franche-Comté
• Agence Régionale de Développement de Franche-Comté (2011), État des lieux : l’économie résidentielle
en Pays Horloger
• Insee Franche-Comté (2006), L’attractivité de la Franche-Comté
• "La vérité sur les salaires suisses" (2014), La Presse Pontisalienne, n°176, pp.20-24
• Observatoire Statistique Transfrontalier de l’Arc Jurassien (2009), Une comparaison des salaires entre la
Franche-Comté et l’Arc jurassien suisse
• Observatoire Statistique Transfrontalier de l’Arc Jurassien (2011), Les travailleurs frontaliers francscomtois dans l’Arc jurassien suisse
• Insee Franche-Comté (2008), Malgré une tertiarisation accélérée, l’économie franc-comtoise ne résorbe
pas son retard, L’essentiel n°109
• Insee Franche-Comté (2014), Les emplois directement liés au tourisme représentent 2,6% de l’emploi
franc-comtois en 2011, L’essentiel n°153
54
Rapports d’études en lien avec l’économie de proximité
dans d’autres régions
• Côte d’Armor Développement (2010), L’économie résidentielle, une dynamique récente, moteur du
développement des territoires ?
• Chabanel B. (2013), L’économie de proximité. Une voie pour développer l’emploi ?, en collaboration
avec Talandier M.
• Crevoisier O., Segessemann A. (2011), L’économie résidentielle en Suisse : une approche par les emplois,
Maison d’analyse des processus sociaux
• Davezies L. (2005), Les moteurs du développement de la métropole Nantes Saint-Nazaire, rapport
pour la Société d’Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique et communication à la Conférence
métropolitaine
• Davezies L. (2010), Les moteurs du développement économique des SCoT du Var, rapport pour l’Agence
d’Urbanisme de l’Aire Toulonnaise
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
• Davezies L. (2010), La crise et nos territoires : premiers impacts, rapport pour l’Adcf, la Caisse des
Dépôts et l’Institut Cdc pour la Recherche
• Davezies L. (2010), Étude sur l’économie résidentielle. Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, rapport de
phase 1 pour Acadie
• Insee Provence-Alpes-Côte d’Azur (2008), L’économie résidentielle en Provence-Alpes-Côte d’Azur, n°15
• Jean P. (2008), Économie résidentielle ou productive : le choix des territoires, Insee Aquitaine, Le quatre
pages n°175
• Observatoire régional économique et social (2013), L’économie de proximité, La lettre de l’Ores n°7
• Pôle emploi Alsace (2010), Sphère présentielle et sphère non présentielle en Alsace, Les Cahiers n°3
• Portier O. (2012), Le fonctionnement socio-économique du Ccdra du Faucigny. Une approche par les
moteurs du développement
Rapports d’études en lien avec l’attractivité territoriale
• Etd (2005), L’attractivité territoriale dans les projets d’agglomérations et de pays, Les notes de
l’observatoire
• Cci de Bourgogne (2012), Schémas sectoriels 2011-2015. Attractivité, Assemblée Générale du 28 juin
2012
Autres ouvrages
• Fragnière J-P. (2009), Comment réussir un mémoire, Dunod, 4e édition
• Lenoble-Pinson M. (1996), La rédaction scientifique. Conception, rédaction, présentation, signalétique,
De Boeck Université
Sitographie
• Ard Oser-Fc : portail d’informations socio-économiques de Franche-Comté.
• Conseil régional de Franche-Comté : cadre général de la politique territoriale de la Région FrancheComté.
• Efigip : site de ressources sur l’emploi, la formation et l’insertion professionnelle en Franche-Comté,
collection Point sur : les zones d’emploi franc-comtoises disponible en ligne.
• Etd, www.projetdeterritoire.com : le centre de ressources du développement territorial, base Initiatives.
• Insee : site permettant d’accéder aux productions, analyses et publications des statistiques officielles
en France.
55
Méthodologie pour le calcul des moteurs
du développement économique
Grâce à la méthodologie développée par Laurent Davezies, les premiers travaux de référence sur les
moteurs des économies locales sont réalisés par le cabinet de l’Œil en 2003. En 2010, ces résultats
sont actualisés à partir des données de 2006 et publiés dans le rapport de la Caisse des Dépôts
(Davezies, 2010). Cette actualisation a permis de mesurer les revenus extérieurs dans l’ensemble des
zones d’emploi (Ze) françaises.
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
Suite à la refonte nationale des Ze en 2010, leur contour évolue et leur nombre passe en FrancheComté de treize à neuf. Aussi, les bases économiques ont du être recalculées pour ces nouvelles zones
en s’appuyant sur la méthodologie de Laurent Davezies, présentée par Magali Talandier dans sa thèse
"Un nouveau modèle de développement hors métropolisation" (2007).
Toutefois des ajustements ont été nécessaires puisque certaines données n’étaient pas disponibles
dans les contraintes de temps de ce travail (par exemple, les données de la Mutualité Sociale Agricole),
d’autres ont dû être adaptées à la situation de la Franche-Comté (par exemple, le salaire élevé des
frontaliers travaillant en Suisse). Pour faciliter la lecture, tous les calculs ne sont pas détaillés dans
les pages qui suivent.
Par ailleurs, Magali Talandier rappelle que dans le cas de la théorie de la base, le choix du zonage
devient essentiel. En effet, "il faut choisir une zone assez large pour ne pas considérer le moindre
flux intercommunal de revenu comme venant de l’extérieur. Mais il faut également que les territoires
étudiés ne soient pas trop vastes pour cerner au plus près la partie domestique des économies locales"
(2007). Il est donc important de travailler sur des territoires comparables, non pas en fonction de leur
taille ou population mais plutôt selon leur fonctionnement. C’est pour cela que l’échelle d’analyse
choisie dans cette étude est celle de la zone d’emploi 2010, zonage d’étude basé sur les migrations
domicile-travail.
En outre, Magali Talandier apporte quelques précautions d’usage quant aux résultats obtenus grâce
à cette méthodologie. Tout d’abord, les revenus basiques ne constituent pas le total des revenus des
ménages, il ne s’agit donc pas d’un modèle comptable des économies locales. À noter aussi que le
calcul des bases ne tient pas compte de la fiscalité propre aux territoires. Ensuite, les revenus issus
des activités domestiques peuvent être également mesurés. Toutefois, ces revenus ne représentent
que 1/4 du total des revenus basiques en Franche-Comté, suggérant ainsi que le poids des revenus
captés dans l’ensemble des revenus disponibles sur un territoire est largement prédominant. Enfin,
l’analyse des moteurs de développement permet de préciser la nature du développement économique.
Les conséquences territoriales des différents types de base seront développées par la suite.
Pour terminer sur ce point méthodologique, le poids des bases pour les zones d’emploi françaises en
2006 a été retenu comme référence afin de pouvoir comparer les résultats obtenus pour les Ze de
Franche-Comté. Ce choix s’explique par le manque de données disponibles à l’échelle nationale pour
l’année 2010 mais aussi parce que Magali Talandier souligne une relative inertie des économies locales
notamment en termes de revenus basiques. D’ailleurs, les estimations de 2006 sont similaires à celles
réalisées en 2003 sur les données de 1999.
56
Les moteurs de développement économique des
zones d ' emploi franc - comtoises
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
• Efigip • Novembre 2014
(Sources : de nombreuses données ont été mobilisées : Caf, Dgfip, Rp… sur une période allant de 2009 à 2011)
57
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
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Les caractéristiques des migrants alternants
58
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60
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
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ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
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Les PENSIONS DE RETRAITES
61
Méthodologie pour le calcul des moteurs
du développement économique
Méthodologie pour la typologie des zones d’emploi en fonction des moteurs du développement économique
La typologie des zones d’emploi, à partir du montant des bases par habitant, a été réalisée grâce à une
analyse en composantes principales (Acp). En effet, en plus d’être une méthode adaptée aux variables
quantitatives, l’Acp "permet d’extraire le maximum d’informations sous une forme simple et cohérente à
partir d’un ensemble très important de données et sert à mettre en évidence les interrelations entre les
variables et les ressemblances et oppositions entre les unités géographiques analysées".
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
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Pour ce faire, nous avons utilisé le logiciel R et plus particulièrement le package FactoMineR. Celui-ci est
programmé pour réaliser les méthodes les plus classiques d’analyse de données : Analyse en Composantes
Principales (Acp), Analyse Factorielle des Correspondances (Afc), Analyse des Correspondances Multiples
(Acm) et Classification Hiérarchique Ascendante (Cah).
L’analyse en composantes principales consiste à réduire la dimension des données initiales, en substituant
les six bases économiques (base productive, salaire des migrants alternants, pensions de retraites,
dépenses des touristes, base sociale et base publique) par un nombre réduit de facteurs (ou composantes
principales). Le pourcentage d’inertie expliquée par un axe factoriel permet d’évaluer la quantité
d’informations captée par cet axe.
En outre, il est possible d’apporter quelques précisions sur la méthodologie choisie pour réaliser cette
typologie. En effet, le nombre de variables étudiées est relativement faible pour la réalisation d’une
Acp. Néanmoins, procéder à une analyse de données à six dimensions sans avoir recours aux statistiques
multidimensionnelles paraît très compliqué. C’est pour cela que l’Acp a été retenue puisqu’elle a
l’avantage d’offrir une vision synthétique et une lecture rapide du positionnement des Ze entre elles.
Par ailleurs, une étude similaire a été menée sur le montant des bases détaillées (salaires du privé,
indemnités journalières,…), étoffant ainsi notre base de données. Toutefois, les composantes principales
étant difficilement interprétables, cette analyse n’est pas exploitée.
Une fois les résultats de l’Acp obtenus, il est nécessaire de les analyser grâce aux aides à l’interprétation
fournies par le logiciel.
Résultats généraux
Tout d’abord, le nombre de composantes principales à retenir afin de conserver le plus d’informations
initiales est déterminé grâce au tableau des contributions. En effet, la somme des variances cumulées
pour les axes sélectionnés doit atteindre au minimum 70% de l’inertie totale.
Les deux premiers axes conservent à eux seuls plus de 75% de l’information contenue dans l’ensemble des
six bases économiques.
62
Résultats sur les variables
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
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La matrice des corrélations propose une interprétation des axes en faisant l'étude des corrélations entre
les composantes principales et les variables initiales du tableau de données.
Le premier axe oppose significativement (p.value ≤ 0,05) les revenus issus des mécanismes de redistribution
(base sociale, base publique et pensions de retraites) aux revenus productifs ainsi qu’aux salaires des
migrants alternants.
Le deuxième axe se caractérise par l’importance des dépenses des touristes.
Le cercle des corrélations s’interprète de la manière suivante : plus une variable est proche du cercle,
meilleure est sa qualité de représentation. Ainsi, une bonne représentation traduit une forte corrélation
de cette variable avec les deux composantes principales.
Cercle
des corrélations de l’ACP sur le montant des bases par habitant
63
Résultat sur les individus
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
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La typologie des zones d’emploi est construite à partir du positionnement de celles-ci sur le plan factoriel
défini précédemment. Toutefois, la représentation des zones obtenue n’est qu’une approximation de la
configuration réelle ; une proximité peut être créée artificiellement par l’opération de projection sur
l’axe factoriel. Aussi, la qualité de représentation d’un individu i par un plan factoriel à deux dimensions
est mesurée par la somme des cos² : plus cette somme est proche de 1, meilleure est la représentation.
Ce tableau montre que toutes les zones d’emploi sont bien représentées sur le plan factoriel à l’exception
des Ze de Bmh et de Gray.
Pour terminer, les zones d’emploi sont représentées sur un graphique avec en abscisse la CP1 et en
ordonnée la CP2.
Méthodologie pour mesurer l' économie présentielle
dans les ze franc- comtoises
En appliquant la table de passage, qui détermine à quelle sphère économique (présentielle/non
présentielle) appartient chacun des secteurs de la Naf 73222 au recensement de la population de 2010, le
poids et l’évolution de l’économie présentielle ont pu être mesurés en Franche-Comté.
Cependant, l’objectif de cette étude est également d’établir le profil des actifs travaillant dans la sphère
présentielle à l’échelle des zones d’emploi. Or la table de passage ne peut être utilisée puisque les
données pour les Ze sont disponibles seulement au niveau A88. Une adaptation a donc été nécessaire.
Les effectifs régionaux des secteurs de la Naf 732 ont été agrégés en A88, permettant ainsi de déterminer un
pourcentage d’emplois présentiels et d’emplois non présentiels pour chacun des 88 secteurs. Cependant,
avec ce niveau d’agrégation, certaines activités combinent les caractéristiques des deux sphères : elles ne
visent pas uniquement à satisfaire la demande locale mais elles ne s’adressent pas non plus exclusivement
aux entreprises. Ce sont les secteurs mixtes. C’est le cas par exemple du secteur des transports où 44,4%
des emplois sont affectés au secteur présentiel et 55,6% au secteur non présentiel.
Aussi, pour résoudre cette difficulté, les parts régionales d’emplois présentiels et d’emplois non présentiels
pour ces secteurs mixtes ont été appliquées aux effectifs des Ze pour chacune des caractéristiques
sociodémographiques des actifs. Enfin, ces nouveaux effectifs, propres aux secteurs mixtes, ont été
redistribués au sein des secteurs présentiels et non présentiels.
Pour reprendre l’exemple des transports, la Ze de Besançon compte 2 849 hommes et 567 femmes
travaillant dans ce secteur, chiffres auxquels est appliqué le pourcentage régional d’emplois présentiels
propre à cette activité (44,4%). Ainsi, 1 265 hommes et 252 femmes ont été affectés au secteur présentiel.
Pour mesurer le nombre d’hommes et de femmes de la sphère non présentielle, la même opération est
répétée en reprenant la part régionale d’emplois non présentiels (55,6 %).
22 La nomenclature d’activités française révision 2 (NAF rév.2, 2008) est la nomenclature statistique nationale d’activités. Le niveau le plus
détaillé comprend 732 sous-classes d’activités.
64
Bien que cette méthodologie s’appuie sur l’hypothèse discutable d’une répartition régionale entre les
sphères économiques (au sein des secteurs mixtes) semblable pour les zones d’emploi, les résultats
régionaux obtenus sont conformes à ceux basés sur la table de passage réalisée par l’Insee (respectivement
62,4 % et 63 % pour l’emploi présentiel).
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
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LES CARACTÉRISTIQUES DES EMPLOIS PRÉSENTIELS
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66
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
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Méthodologie pour la typologie des ze en fonction des
caractéristiques des actifs occupant un emploi dans
la sphère présentielle
ÉCONOMIE DE PROXIMITÉ DANS LES Ze FRANC-COMTOISES
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Tout d’abord, le tableau des contributions montre que les trois premiers axes résument 86% de
l’information contenue dans les dix variables initiales.
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Ensuite, la matrice des corrélations permet d’interpréter les axes grâce aux corrélations entre les
composantes principales et les variables initiales.
La première dimension correspond au niveau de développement de l’économie présentielle. D’un côté,
on retrouve les zones d’emploi caractérisées par une forte spécialisation dans l’économie présentielle,
à laquelle s’ajoute un niveau de formation élevé des actifs. De l’autre, les Ze marquées par des emplois
présentiels précaires, où se conjuguent travail féminin et faible niveau de formation.
Le deuxième axe incarne le dynamisme de l’économie présentielle. En effet, les Ze dynamiques se
définissent par une croissance soutenue de l’emploi présentiel, par une part importante de jeunes actifs
mais également par des emplois plus fréquemment à temps partiel. Les zones d’emploi stables, quant à
elles, se distinguent par une proportion plus importante d’actifs âgés de 50 ans et plus, le plus souvent
travaillant à temps complet23.
Enfin, la dernière composante principale peut être lue comme l’axe de la précarité de l’emploi avec
d’une part les Cdd et de l’autre les Cdi.
Les liens entre composantes principales et variables initiales sont représentés graphiquement
grâce au cercle des corrélations.
Cercle
des corrélations de l’ACP sur les caractéristiques de l’économie présentielle
(CP1-CP2)
23 La variable « part de contrats de travail à temps plein » n’a pas été intégrée dans l’ACP. Toutefois, comme il n’existe que deux possibilités de temps de travail (complet ou temps partiel), si la variable « temps partiel » est corrélée positivement avec la CP2, on peut
logiquement en déduire que contrats de travail à temps plein et CP2 sont corrélés négativement.
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des corrélations
CP1-CP3
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Cercle
Représentation
des zones d’emploi sur la
CP1
et la
CP3
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Méthodologie du calcul de la population présente
développée par l' Ard
Point de départ : des travaux universitaires
Comment dimensionner les services et équipements au niveau local ?
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Le dimensionnement des services à la population sur un territoire doit pouvoir tenir compte de la
population présente sur ce territoire. Cette notion se traduit par des effectifs différents selon la période
de l’année, en ajoutant à la population résidente les afflux touristiques et en lui soustrayant les départs
(touristiques aussi). Chaque territoire connaît donc une période de pic présentiel qui lui est spécifique,
dont la population correspondante devrait asseoir le dimensionnement global des services présents (Poste,
commerces…), tandis que d’autres services ne sont concernés que par la population résidente (écoles…).
Apprécier la population présente revient généralement à réaliser des enquêtes régulières, lourdes et
coûteuses. Une alternative repose sur les travaux du ministère du Tourisme et de la Datar ; elle propose la
notion d’équivalents habitants permanents, qui serait une estimation d’une population présente moyenne
sur l’année entière. Magali Talandier24 s’appuie sur une désagrégation communale des résultats d’une
enquête Présence à maille départementale, en appréciant le taux de présence à l’aune du revenu des
habitants et de l’indice de potentiel d’accueil touristique. Les taux de présence touristique sont modélisés
pour chaque commune à l’aide d’une régression linéaire, en partant de l’hypothèse qu’ils sont :
Négativement corrélés au revenu par habitant
Positivement corrélés au potentiel d’accueil touristique.
Cela signifie qu’un territoire enregistrera un taux de présence d’autant plus élevé qu’il est touristique
(capacité d’accueil en hébergements marchands et résidences secondaires) mais également qu’il voit ses
habitants partir peu (revenus plus faibles).
Calcul du Taux de présence
La formule du modèle est la suivante (selon Magali Talandier) :
TXPRES = c + a*REV/HAB + b*IPAT,
avec :
TXPRES : taux de présence
REV/HAB : revenu par habitant
IPAT : indice de potentiel d’accueil touristique
c : une constante
a : le coefficient multiplicateur de REV/HAB (a est négatif, ce qui traduit la corrélation négative)
b : le coefficient multiplicateur de IPAT (b est positif, ce qui traduit la corrélation positive).
a, b et c sont fournis par les résultats de la régression linéaire.
L’indice de potentiel d’accueil touristique (IPAT) proposé par Magali Talandier rapporte la capacité
d’accueil touristique potentielle à la population résidente. Il divise par la population résidente le cumul du
nombre d’emplacements de campings, de chambres d’hôtels et de résidences secondaires, pondérés par
le nombre de personnes retenus dans les enquêtes pour chaque type d’hébergement (en lits touristiques) :
2 lits par chambre d’hôtel
3 par emplacement de camping
2,5 par résidence secondaire.
La formule en est :
IPAT = (2*chambres d’hôtel + 3*emplacements de camping + 2,5*résidences secondaires) / population
résidente
24 cf. Datar, Territoires 2040 n°3 : Les espaces de développement résidentiel et touristique
http://territoires2040.datar.gouv.fr/spip.php?article88&revue=1
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Enfin, les résultats communaux sont consolidés par rapprochement avec les données départementales
(population présente) issues de l’enquête du Ministère du Tourisme.
Adaptation par l’Ard Fc
De nouveaux indicateurs pour tenir compte des évolutions de la statistique publique
Cette méthode (qui s’appuyait sur des données de 2003 à 2005) a été adaptée aux dernières données
disponibles, c’est-à-dire pour 2010 (nous avons cependant réutilisé l’enquête départementale du ministère
du Tourisme, seule disponible à ce jour).
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Par ailleurs, des indicateurs ont été recherchés pour plus de précision dans la modélisation, afin de
remplacer ceux proposés par Magali Talandier. Ceux retenus ont la capacité d’être mis à jour annuellement :
Le déroulé de la méthode Ard Fc
1
Une régression linéaire est lancée sur l’ensemble des communes pour lesquelles les données de
source Insee-DGI sont disponibles (seuil de confidentialité), pour les variables REV/HAB et IPAT, les
variables a, b et c sont ainsi obtenues
2
Calcul de REV/HAB pour l’ensemble des communes (y compris celles affectées par le seuil de confidentialité DGI) :
si le revenu médian par UC est connu, il est utilisé
s’il ne l’est pas, c’est le revenu médian par UC du canton-ville de référence de la commune qui est
utilisé : en effet, le niveau spatial le plus proche de la commune et pour lequel les données DGI sont
complètes est le canton-ville
3
Calcul de IPAT (en %) : le Potentiel d’accueil touristique (capacité d’accueil touristique pondérée, en
nombre de lits touristiques) est rapporté à la population résidente pour obtenir l’IPAT ; les pondérations
retenues25 sont :
­ 2 lits par chambre d’hôtel
­ 3 par emplacement de camping
­ 5 par résidence secondaire.
4
Calcul de TXPRES (en %) : le Taux de présence est calculé par application de l’équation, pour chaque
commune
5
Taux de présence départementaux : les taux de présence calculés en 2005 (Ministère du tourisme) sont
actualisés par comparaison au modèle établi à l’étape 1 ; ces taux sont appliqués aux populations résidentes
départementales actualisées pour obtenir les populations présentes départementales actualisées
6
7
TXPRES est ajusté du rapport des populations présentes départementales 2005 et actualisées
La population présente actualisée est estimée par application de TXPRES à la population résidente.
25 Ces valeurs de pondération peuvent varier d’une étude ou d’un acteur à l’autre Nous avons retenu celles-ci parce qu’elles sont issues
du Code du tourisme réformé en 2006 (décret de 2008), même si elles n’assurent pas une continuité avec les travaux de M. Talandier).
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Résultats
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Les résultats sont à maille communale, pour toute la France métropolitaine. Ils sont donc mobilisables
pour tout territoire ou niveau spatial issue d’une agrégation de communes.
Ils peuvent être actualisés chaque année, ce qui nécessite un nouveau calcul de la régression linéaire.
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Réalisé en partenariat avec
de prospective,
d’évaluation et
d’aide à la décision
au service des décideurs publics sur
les champs
de l’emploi, de la formation, de
l’insertion et de la lutte contre les
exclusions,
Efigip est un groupement d’intérêt
public financé
dans le cadre du contrat de projets
État-Région 2007-2013.
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