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CLASSE EXPORT
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Analyse pays
Afrique du Sud
Des vents contraires
provoqués par des défis
intérieurs…
Pendant des années, l’Afrique du Sud a été la
plus grande économie du continent africain
et la préférée des investisseurs en raison de
son cadre institutionnel solide et du boom
des secteurs minier et des services. Mais
depuis la crise financière mondiale, l’Afrique
du Sud n’est pas parvenue à relancer la crois-
sance et s’est vu dépasser économiquement
par le Nigeria.
En 2012, la croissance a atteint 2,5% pour
ralentir à 1,9% en 2013 et 1,6% en 2014.
Ces mauvaises performances consécutives
peuvent s’expliquer en partie par des dif-
ficultés structurelles. Le pays est en effet
confronté à un taux élevé de chômage, un
taux d’épargne domestique faible et des
infrastructures déficientes surtout en matière
d’approvisionnement électrique. En outre, la
consommation des ménages, qui est le prin-
cipal moteur de la croissance sud-africaine, a
commencé à baisser sous l’effet de l’essouf-
flement de la hausse des revenus et d’une
inflation croissante, proche du taux plafond
de 6% établi par la banque centrale.
… et ravivés par des
vulnérabilités extérieures
Des grèves violentes ont éclaté à de multiples
reprises depuis 2012 et des syndicats dissi-
dents se sont formés, minant la confiance
des investisseurs internationaux. Des
troubles sociaux graves ont encore émaillé le
premier semestre 2014 avec en point d’orgue,
la grève de six mois dans les mines de platine.
Un contexte préjudiciable à la production
des métaux précieux mais qui pénalise aussi
l’industrie manufacturière. Le déficit du
compte courant s’est donc encore détérioré,
accentuant par ricochet la pression baissière
sur le rand sud-africain.
Mais l’Afrique du Sud est un marché très
liquide qui attire de grands flux de capitaux,
particulièrement sous la forme d’investisse-
ments de portefeuille. La bourse de Johannes-
bourg et le marché obligataire national attirent
beaucoup les acteurs internationaux, ce qui
permet de financer aisément le déficit struc-
turel du compte courant. Ceci nous amène
de but en blanc à la principale vulnérabilité
de l’Afrique du Sud, à savoir un changement
de l’appétit pour le risque des investisseurs
étrangers qui entraîne une baisse des afflux
de capitaux. La profonde intégration du pays
dans les marchés mondiaux l’expose dès lors à
la dynamique internationale d’offre et de flux
financiers, qu’elle soit positive ou négative. Le
risque de déséquilibres s’est encore accentué
depuis que la Réserve fédérale américaine a
annoncé le repli de sa politique accommo-
dante qui pousse les liquidités mondiales à la
baisse et ramène les flux de capitaux sur les
marchés occidentaux.
La politique de l’ANC
Malgré des scandales de corruption et un
mécontentement croissant au sein de la
population, l’ANC a remporté sa 5ème
victoire consécutive lors des élections géné-
rales de mai 2014. La tripartite actuellement
au pouvoir (l’ANC, le syndicat COSATU
et le parti communiste), connaît de fortes
tensions. L’ANC est en effet coincé entre
une gauche populiste en pleine croissance
et une droite libérale. L’aile gauche du gou-
vernement est parvenue à faire voter une
série de lois interventionnistes juste avant
les élections, attisant ainsi l’inquiétude du
monde des affaires. Mais après les élec-
tions, le président Zuma a mis le plan plus
libéral de développement national («Natio-
nal Development Plan» - NDP) au centre
de l’agenda économique. Ce plan vise une
reprise économique par une réduction de
la bureaucratie et des impôts, des investisse-
ments dans l’infrastructure, la libéralisation
du marché du travail et l’encouragement des
partenariats public-privé. Mais sa mise en
œuvre sera entravée par le manque de marge
de manœuvre budgétaire : le déficit budgé-
taire devrait en effet atteindre 4,7%. La dette
publique reste cependant soutenable à 43%
du PIB en 2013 et est détenue en majeure
partie à l’intérieur du pays. La concentration
croissante des obligations d’État libellées en
rands dans les mains d’acteurs internatio-
naux expose davantage le pays au change-
ment de l’appétit pour le risque des investis-
seurs étrangers évoqué plus haut.
Perspectives pour 2015
et au-delà
La croissance devrait rebondir à 3,1% en
2015 sous l’effet de la mise en œuvre du
NDP. Bien que la dette extérieure et les
paiements du service de la dette soient à la
hausse, le risque politique à moyen et long
termes devrait rester modéré. Les perspec-
tives à long terme dépendent largement
de la volonté du gouvernement de mener
des réformes structurelles, notamment en
matière de marché du travail, de système
éducatif, de lutte contre la corruption et
d’infrastructure.
Risque politique
Court terme échelle de 1 à 7
Afrique du Sud 3
Nigeria 4
Ghana 4
Moyen et long termes échelle de 1 à 7
Afrique du Sud 3
Nigeria 5
Ghana 5
Risque commercial
échelle de A à C
Afrique du Sud C
Nigeria C
Ghana C
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