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agroecologie.cirad.fr
>> Les bases écologiques de la protection
des cultures
La PAEC cherche à optimiser les processus éco-
logiques et les interactions entre des commu-
nautés animales et végétales au sein d’un agro-
écosystème. L’optimisation de ces processus,
source d’équilibres bio-écologiques dans l’agro-
écosystème, permet ainsi d’empêcher ou de
limiter les risques d’infestations ou de pullula-
tions de bio-agresseurs (ravageurs, pathogènes,
plantes adventices).
Dans l’approche agro-écologique, le maintien
(ou l’amélioration) de la biodiversité locale et le
maintien (ou l’amélioration) de la santé des sols
sont les deux axes directeurs principaux visant à
optimiser ces processus bioécologiques et, ainsi,
à contribuer à la durabilité écologique de
l’écosystème. Le bon fonctionnement des agro-
écosystèmes, gage de la fourniture de différents
services (approvisionnement en alimentation et
matières premières, contrôle des maladies et
des organismes nuisibles, pollinisation ou encore
régulation du climat) est ainsi assuré par la di-
versité des espèces qui y coexistent et interagis-
sent. La gestion à long terme des populations
des ennemis des cultures passe donc par une
gestion harmonieuse de la santé du sol et de la
santé des plantes dans les agro-écosystèmes.
Dans le cas de la gestion des populations de
ravageurs, on cherche ainsi à optimiser les in-
teractions entre les arthropodes (ravageurs, pré-
dateurs, parasitoïdes, pollinisateurs) et les com-
munautés végétales dans lesquelles ils vivent
(cultivées ou non, dans ou en dehors de l’agro-
écosystème).
>> Une démarche ordonnée et une stratégie
générique sur le terrain
L’IPM, nous l’avons vu, est une combinaison de
techniques, encore souvent dans la pratique
basées sur l’agrochimie. Au contraire, la PAEC
est une approche qui se réfère à une acception
scientifique de l’agro-écologie, faisant appel à
des connaissances fines en biologie, écologie et
à l’intégration de ces connaissances. Dans
l’opérationnalité, cette approche agro-écologique
se traduit par une démarche méthodique et or-
donnée, où les techniques ne sont pas superpo-
sées ou ajoutées, mais où elles sont considé-
rées et appliquées selon un ordre préétabli dans
un raisonnement systémique, dans lequel les
échelles sont élargies (échelles d’espace et de
temps, échelle de gestion collective).
Cette démarche ordonnée permet de proposer
sur le terrain une stratégie phytosanitaire claire
et générique. Dans cette approche, la première
et essentielle étape (chronologiquement après le
respect des mesures réglementaires, dont
l’objectif est de se placer dans un cadre légal),
avant d’envisager d’éventuelles techniques cura-
tives, porte sur la mise en oeuvre prioritaire de
mesures préventives. Dans ces mesures préven-
tives, deux principales catégories de tactiques
sont proposées :
- favoriser la santé du sol et cultiver des plantes
saines (exemples de techniques : prophylaxie,
utilisation de variétés adaptées, succession des
cultures et assolements, semis sous couverture
végétale avec un travail minimal du sol, gestion
adaptée de l’enherbement, de la fertilisation et
de l’irrigation, amendements organiques, etc.) ;
- augmenter les populations des auxiliaires (en-
nemis naturels, pollinisateurs, détritivores, recy-
cleurs) et réduire les populations de bioagres-
seurs, au niveau de la parcelle, de ses alentours,
de l’exploitation et de l’agro-écosystème dans
son ensemble (exemples de techniques : cul-
tures ou plantes pièges, implantation de zones
refuges, associations et cultures intercalaires,
techniques de push-pull (répulsion-attraction),
gestion des bords de parcelles, aménagement
de structures de compensation écologique (cor-
ridors, haies, bandes herbacées et fleuries),
techniques d’incorporation de diversité végétale,
etc.).
Abeille butinant sur une fleur de bourrache dans une
bande fleurie insérée dans un agro-écosystème.
© C. Ajaguin Soleyen/Cirad