vidus de se régénérer. Les cryptophytes (ou géophytes), plantes dont les bourgeons sont enfouis
dans le sol, sont moins sensibles que les autres espèces vivaces. Elles seront peu affectées par
des interventions modérées (coupes partielles), particulièrement si elles sont effectuées à un
autre moment que durant la saison de croissance. Les chaméphytes et hémicryptophytes, pour
leur part, passent facilement inaperçues parmi les débris végétaux en raison de leur faible taille
ou de leur port prostré. Elles seront donc particulièrement vulnérables aux interventions en sous-
bois. Finalement, la sensibilité des phanérophytes dépend de leur degré de développement. Les
arbres et arbustes à l’état adulte peuvent tolérer les assauts mécaniques, dans la mesure où ils
ne sont pas visés directement par les opérations forestières. Toutefois, les jeunes individus et
les arbrisseaux sont tout aussi vulnérables que les hémicryptophytes et les chaméphytes, ce qui
explique la sensibilité relative élevée des phanérophytes (tableau III, p. 244).
• Regroupement des espèces selon leur sensibilité
Les 206 espèces menacées ou vulnérables ont été regroupées en fonction de leur sensibilité
relative aux trois facteurs écologiques. Ceci produit 16 catégories d’espèces qui se distinguent par
leur sensibilité aux perturbations occasionnées par les activités forestières (tableau IV, p. 244).
Impact des activités forestières
Les activités forestières considérées sont fondées sur celles énumérées par Hunter (1990), le
Gouvernement du Québec (1996b) et Huot (1996). Celles ayant des impacts similaires ont été
regroupées pour simplifier. C’est le cas lorsque, tout en ayant des objectifs identiques, elles ne
se distinguent que par l’intensité des altérations écologiques produites : chemin principal ou
piste de débardage par exemple, ou encore coupe de récupération partielle et coupe de récupé-
ration totale.
Pour chacune des catégories d’activités, énumérées et décrites au tableau V (p. 246), une valeur
relative d’impact a été attribuée à chacun des trois facteurs écologiques. Dans tous les cas où
des ambiguïtés se sont présentées, nous avons adopté un principe de précaution et retenu la
valeur d’impact la plus élevée.
Mesures d’atténuation
L’annexe 1 (pp. 248 à 250) présente les mesures d’atténuation pour chacune des catégories d’es-
pèces rencontrées. Dans tous les cas, l’intensité des mesures est obtenue à partir d’une table de
contingence à double entrée, construite selon les valeurs relatives de sensibilité et d’impact
(tableau VI, p. 246).
Dans les cas où des mesures d’atténuation sont requises, qu’elles soient destinées à empêcher
ou atténuer l’intervention forestière, elles sont rédigées à partir des informations fournies à la
section traitant de la sensibilité des espèces. Par exemple, la récolte des arbres n’est pas souhai-
table dans l’habitat d’une sciaphile stricte puisqu’il s’agit là d’une catégorie d’espèces ayant une
sensibilité élevée à l’ouverture du couvert forestier, visée par une intervention ayant un impact
élevé sur ce même facteur. Empêcher l’intervention permet de préserver l’ombre résiduelle, vitale
pour les espèces de cette catégorie.
Dans une situation donnée, l’action favorisant au mieux le maintien ou le rétablissement des
populations d’espèces menacées ou vulnérables est celle qui tient compte des trois facteurs
simultanément. C’est donc l’addition des mesures destinées à chacun des trois facteurs, qui
constitue, en pratique, la recommandation finale à intégrer à un plan de récupération du bois en
perdition ou à un plan de restauration d’un jeune peuplement.
Rev. For. Fr. LVI - 3-2004 245
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