GUIDE PEDAGOGIQUE « Clown » En 1784, à partir de l’Angleterre, le compositeur et astronome d’origine allemande Herschel découvre une nouvelle nébuleuse planétaire, résultant de l’explosion d’une étoile mourante. Située dans la constellation des Gémeaux, ayant l’apparence d’une tête avec un gros nez au centre (les restes de l’étoile) et une parka (la matière éjectée), elle est surnommée la nébuleuse du Clown ou encore Eskimo. Pour une raison rarement explicitée, elle fut le premier objet observé le 24 janvier 2000 par le télescope spatial Hubble après la mission qui l’a réparé en décembre 1999. Cet anthropomorphisme s’est rencontré de multiples fois dans l’exploration du système solaire. Image de la nébuleuse du Clown acquise par le télescope spatial Hubble en 2000. © NASA L’ aspect étonnant de la nébuleuse du Sablier découverte par le télescope Hubble a conduit certains astronomes à la surnommer « l’œil de Dieu ». © NASA Le sol des planètes offre également des concrétions rocheuses aux formes anthropomorphiques. La fameuse « Face » de Mars photographiée pour la première fois par la sonde Viking en 1976 a suscité tous les fantasmes. Les sondes Mars Global Surveyor puis Mars Express (photo de droite) révéleront une simple formation rocheuse sculptée par l’érosion. © NASA et ESA Cette image de « cœur martien » acquise par la sonde américaine Mars Global Surveyor est l’une des dernières images anthropomorphiques réalisées dans l’exploration de Mars. La précision sans égale des caméras de la sonde MRO, mise sur orbite martienne récemment, permettra certainement d’en découvrir de nouvelles. © NASA Suggestions d’écriture Un extraterrestre observant la planète Terre y voit des formes qui lui rappellent sa propre morphologie. Il cherche à préciser ses impressions par une série d’expériences scientifiques.... Un astronome dépose une requête à l’UAI pour déclarer la découverte d’une super novae et la nommer « Marilyn Monroe ». L’UAI nomme une commission pour déterminer si cette dénomination est acceptable... Sources documentaires Convention de dénomination Les commissions de l’Union astronomique internationale (UAI) proposent des noms pour les objets du système solaire. Pour le reste, il faut se contenter de plaques d’immatriculation (chiffres et lettres ou coordonnées dans l’espace). • les comètes prennent le nom de leur découvreur ; • les astéroïdes se nomment selon la fantaisie et le goût du découvreur ; • les planètes du système solaire adoptent les noms des Dieux de la mythologie grecque, de manière cohérente (le rouge pour Mars dieu de la guerre; Eris, déesse de la discorde pour la planète naine récemment découverte, plus grosse que Pluton et qui a obligé les astronomes à redéfinir la notion de planète) ; • les satellites, quant à eux, sont nommés en fonction du thème de leur planète: les titans et géants pour les corps en orbite autour de Saturne, les personnages de Shakespeare pour Uranus découverte par un Anglais. Les experts de l’UAI peuvent aussi puiser dans les noms de célébrités décédées depuis plus de trois ans, à condition qu’elles ne furent ni des militaires ni des politiques, pour éviter toute polémique. Le « visage de Mars » révèle son secret L’idée d’une vie extra-terrestre a longtemps été associée à Mars ; les supposés habitants de la planète rouge étaient bien souvent confondus avec toutes sortes de petits hommes verts ou gris. L’existence d’une civilisation martienne, présente ou disparue, avait ses défenseurs acharnés. En 1877 quand le scientifique italien Giovanni Schiaparelli dressa une carte de la planète rouge où figuraient des mers australes et intérieures reliées entre elles par des sortes de chenaux (canali en italien) une grande controverse était née. Des canaux de Schiaparelli jusqu’au film Mission to Mars, de Brian de Palma, en passant par la littérature et les innombrables spéculations sur Internet, Mars et sa région de Cydonia où se trouve le célèbre « visage », ont toujours excité l’imaginaire. © NASA, Touchstone Pictures En 1976, la sonde américaine Viking-1 permit aux défenseurs de la vie martienne d’appuyer leurs théories sur des données scientifiques : un cliché pris dans la région de Cydonia révélait ce qui ressemblait à une face vaguement humaine, de 2,5 km de long. Ce « visage de Mars » était, pour quelques passionnés, considéré comme un paysage artificiel, avec de possibles pyramides, voire une cité désagrégée. L’idée que la planète ait pu, à une époque, abriter des êtres intelligents a depuis lors inspiré l’imagination de nombreux passionnés de Mars. Néanmoins, les scientifiques de la NASA avaient déjà correctement interprété l’image comme résultant d’une illusion d’optique causée par Reconstitution 3D du « Visage » effectuée avec les images fournies par la sonde européenne Mars Express. © ESA l’angle d’illumination du Soleil, la morphologie de la surface de la formation et les ombres portées, qui donnaient l’impression que le massif comportait des yeux, un nez et une bouche. Le 25 septembre 2006, la sonde européenne Mars Express anéantit une nouvelle fois l’espoir de ces doux rêveurs. Grâce à une caméra haute résolution, l’engin a recueilli des images extraordinaires de précision de la région martienne de Cydonia. Prises le 22 juillet, ces photos, rendues publiques tardivement, sont les plus spectaculaires du fameux « visage de Mars. » Des « figures » sur notre planète ? morphologie? Qu’ils soient d’essence animale, végétale ou semblables à nous, leur imagination serait tout aussi fertile que la notre à vouloir se reconnaître dans de simples formes crées par les hasards de l’érosion...ou par les hommes. Des voyageurs venus d’un autre monde ne veraient-ils pas eux aussi sur la surface de notre planète des représentations de leur propre L’île en hippocampe Isla Isabela (Galapagos), l’île en feuille Pulau Yos Sudarso (Indonésie), l’île ronde Nukuoro Atoll (Micronésie), l’île artificielle en palmier à Dubaï. © NASA Réflexions Extrait de Anthéa de Michel Epuy, in Chasseurs de Chimères, ed. Omnibus, 2006 C’était bien un nouvel astre. Les journaux du matin publièrent la dépêche que j’avais été le premier à connaître. Il en arriva d’autres dans la matinée, et, à midi, des éditions spéciales donnèrent quelques détails sur le merveilleux événement. (…) Je n’attendis pas d’en savoir davantage. Le jour même je pris le train du Havre, voulant profiter du départ d’un transatlantique rapide. Sept jours plus tard, je débarquais à New York. Le temps d’acheter les journaux de la semaine écoulée... et je sautais à bord d’un vapeur qui devait me transporter au Panama. Quatre jours de navigation, puis traversée de l’Isthme en chemin de fer... Deux autres jours à bord d’un bateau très peu confortable, et je me trouvai enfin à Guayaquil, le port de Quito. Déjà, dès le second jour passé sur les flots du Pacifique, j’avais aperçu à l’horizon méridional, au-dessus des hauts sommets des Andes, une énorme masse ronde et d’un blanc laiteux qui ressemblait à la lune vue de jour et qui grossissait à mesure que nous nous rapprochions de l’équateur. C’était l’astre inconnu, le monde nouveau, que la comète de Lador avait été cueillir dans les régions inexplorées de l’espace et avait abandonné là, tout près de notre vieille Terre ! En sortant de la gare de Quito, tandis que le nez en l’air je cherchais l’astre, j’entendis soudain l’encourageant et jovial allô! par lequel tout bon Américain annonce sa présence. C’était mon vieil ami Merryman de l’Université de Harvard, avec qui je m’étais trouvé en Australie, lors du dernier passage de Vénus sur le disque solaire. Il m’accueillit chaleureusement, puis, devinant mon intense curiosité, il s’écria immédiatement : - Interrogez-moi, ami ; je puis vous donner tous les derniers détails pendant que nous allons à l’hôtel. - Bravo ! répondis-je, et merci ! Eh bien, cet astéroïde ? - C’est une petite planète qui sort on ne sait d’où. Elle est devenue notre satellite. Elle s’appelle Anthéa... d’après les désirs exprimés par moimême... - C’est vous qui l’avez aperçue le premier ? - Oui, et comme on donne généralement aux planètes un nom mythologique, j’ai pensé à ce surnom d’Anthéa, dont les Grecs affublaient certaines déesses. Cela ne va pas trop mal, car notre Anthéa céleste a bien l’aspect d’une grande fleur épanouie là-haut... - Mes félicitations, répondis-je. Nous tenons donc un monde inédit, mais le tenons-nous bien ? - All right, parfaitement. Anthéa est immobile au-dessus de Quito, c’est-à-dire tourne autour de la Terre en vingt-quatre heures exactement, d’où il suit qu’elle ne se déplace pas relativement à nous. (…) J’arrivai enfin à la question palpitante : - De si près, vos télescopes ont pu fouiller à la surface... - Oh ! vieux loup de mer! cria Merryman en se frottant les mains, je vous voyais venir ! Les chiffres ne vous amusent pas. Vous n’êtes pas un astronome mathématicien, vous, vous êtes un astronome sentimental. Eh bien, Anthéa, qui est un globe solide, offre diverses particularités... - Y a-t-il une atmosphère ? - Oui, et relativement à la petitesse de la planète, cette atmosphère est lourde, je veux dire dense et elle lui constitue une enveloppe de plusieurs kilomètres d’épaisseur. - C’est une terre en miniature ! - On ne sait pas, fit flegmatiquement l’Américain. En tout cas, personne n’y a encore aperçu des bipèdes. - Quoi, rien? - Si, des plantes, ou du moins des taches sombres que le télescope décompose en feuillages, ramures, arborescences... ou choses semblables...