nouveau à toutes les échelles. Aléatoires, ils constituent la turbulence ;
plus organisés, ils manifestent l’existence de courants de matière. Or
aucun modèle ne sait inclure ces mouvements de façon correcte, même
approchée. Pour les simuler dans l’apparence des spectres (car au nal
on compare un spectre observé à un spectre calculé), on se contente d’in-
troduire deux paramètres : la vitesse de microturbulence et la vitesse
de macroturbulence. La microturbulence est censée représenter les mou-
vements aléatoires à toute petite échelle (ce qui revient grosso modo
à augmenter la température du gaz, mais pas tout à fait). La macro-
turbulence vise à reproduire les mouvements d’ensemble à grande échelle.
L’ajustement empirique des calculs à la forme des raies spectrales obser-
vées fournit la valeur de ces paramètres de turbulence. Je ne rejette pas
catégoriquement cette façon de faire : après tout, elle peut donner une
certaine idée de l’importance des mouvements de matière. Mais l’erreur
est de prendre ces paramètres pour argent comptant, comme s’ils avaient
une signication physique réelle, et de chercher à les déterminer avec
exactitude, comme si l’accroissement fallacieux de précision était gage
d’amélioration qualitative. L’illusion est de penser que grâce à l’utili-
sation des paramètres de microturbulence et de macroturbulence on a
traité, comme adorent le dire les astrophysiciens, les champs de vitesse.
Maltraité serait plus juste.
Autre exemple éloquent de l’inadéquation des modèles : la variation
réelle de la température du plasma stellaire en fonction de la distance au
centre de l’étoile n’est pas conforme à la prévision théorique. Tandis que
les modèles prédisent que la température décroît du centre vers l’exté-
rieur, la nature agit autrement. Dans le Soleil, elle diminue bien, comme
l’annonce la théorie, depuis les quelque 15 millions de degrés du centre
jusqu’aux quelque 5 000 degrés de sa surface visible, nommée photo-
sphère, mais se met à croître au-delà pour atteindre les dizaines de milliers
de degrés de la chromosphère et les millions de degrés de la couronne,
cette couche extérieure dont la magnicence nous éblouit lors des éclipses
totales de Soleil. Or – cela pourra légitimement en étonner certains –
aucun modèle d’étoile ne prévoit l’existence de chromosphères et de
couronnes. Selon les besoins, on les accolera aux modèles d’étoiles en