courageusement les principes qui ont été les thèmes centraux de la
campagne électorale du nouveau président : l’Etat de droit, les libertés
publiques, les droits de la personne, le pluralisme, la légalisation de
tous les partis qui font allégeance à la Constitution, même s’ils
contestent certaines de ses dispositions, le fonctionnement du système
du Velayat Faguih (la personne du faguih, infaillible comme un pape,
demeure cependant hors d’atteinte). La presse réformiste de toutes
tendances - entre autres, Sobhe Emrouz et Khordad, proches de la
présidence de la République, Salaam (organe de la gauche islamique),
Nachat et Kian (gauche indépendante), Zanan (féministe),
Hamshahri (droite moderniste) - publie les textes et les déclarations
des théologiens « révisionnistes », des religieux conservateurs mais
par ailleurs favorables aux libertés.
La riposte du pouvoir à ces défis a pris diverses formes : suppression
de publications, qui renaissent aussitôt sous de nouvelles appellations,
arrestation de journalistes et de chroniqueurs, qui reviennent à la
charge après leur libération, campagnes médiatiques d’intimidation,
agressions physiques, menaces de mort proférées anonymement ou
par des organisations fantômes, et, enfin, assassinats dont le ministère
des renseignements a été contraint d’attribuer la responsabilité à
certains de ses agents qui auraient agi de leur propre chef.
« L’ère des assassins est révolue », s’est exclamé récemment dans un
discours M. Mohamed Khatami, auquel fait écho son ministre de
l’information, M. Ataollah Mohajerani, en répétant inlassablement que
« la suppression de la censure est irréversible ». Il a, en effet, autorisé
de nombreuses oeuvres littéraires ou cinématographiques
politiquement ou moralement « incorrectes », sauf celles qui
comportaient des scènes sensuelles. Il a reconnu, en attendant sa
légalisation, l’association des écrivains iraniens, notoirement laïque et
de gauche, hors la loi tant à l’époque de la monarchie que sous la
République. Traduit devant le Parlement pour menées « anti-
islamiques », le ministre a échappé de peu à sa destitution en avril
1999, une petite majorité de députés, craignant sans doute la
réprobation populaire, ayant voté contre la motion de censure.
Une épée maniée par le Seigneur
DANS l’arène de la confrontation, l’institution judiciaire occupe une
place de choix. Relevant du domaine réservé du faguih, elle échappe
au contrôle des pouvoirs législatif et exécutif. « L’épée du justicier est
aux mains de nos adversaires », se plaint, amer, M. Mohamed
Atrianfar, directeur du quotidien Hamshahri, le plus fort tirage de la
presse quotidienne. Une épée d’autant plus redoutable qu’elle est
maniée par le Seigneur. « La justice est d’essence divine », explique
M. Assadollah Badamchian, l’un des plus influents dirigeants du camp
conservateur. « La justice ne tire pas sa légitimité du peuple mais de
l’islam », précise l’ayatollah Mohamed Yazdi, le chef de l’institution