PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 1 De Jean Benoit Patricot Mise en scène : Serge Barbuscia Avec Camille CARRAZ et William MESGUICH Eugénio ROMANO – Conception sonore et musicale Annick SERRET - Costumes Sébastien LEBERT – Création Lumière / Scénographie Ce texte a reçu en 2012 la Bourse à l'écriture par l’Association Beaumarchais / SACD, ainsi que les Encouragements du CNT en 2013. Aide à la Production Beaumarchais / SACD Texte publié aux éditions de l’Amandier L’histoire. La Fille. On dit la Fille bien qu’elle ait presque trente ans. On ne dit pas la femme parce qu’il y a quelque chose d’enfantin en elle, à moins que ce ne soit une déficience, un empêchement à être réellement adulte. L’Homme. Presque beau. Un physique sans laisser-aller au service de son métier : pompier. Ces deux-là ont un problème... Peut-être n'auraient-ils pas dû se rencontrer ? Elle s’est construit une histoire d’amour. Lui n’a vu que la possibilité d’assouvir ses pulsions sexuelles. Elle n’a pas su dire non. Il l’a offerte aux autres. Pourquoi aurait-il été le seul à profiter de la bonne aubaine. Elle doit aimer ça puisqu’elle ne dit jamais non. Mais en a-t-elle la capacité ? Sait-elle qu’elle peut dire non ? C’est une fille limitée, ils disent que c’est une fille limitée mais font comme s’ils ne s’en apercevaient pas. Elle a fini par raconter. À d’autres femmes. Et il va être jugé. Il a peur. La cité va défendre la victime contre ses bourreaux. Vraiment ? Dans un monde d’homme. La parole d’une fille limitée contre celle d’un soldat du feu. Et c’est la fille qui gagnerait ? PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 2 Faire entendre les écritures contemporaines : Une démarche de compagnie Le Théâtre du Balcon participe depuis plus de 20 ans, à l'un des objets de l'Association Beaumarchais / SACD qui est de soutenir des créations théâtrales à partir des textes d'auteurs vivants. Animée par le désir de témoigner sur le monde actuel et de mettre l'humain au cœur de ses créations, la Compagnie est un véritable « laboratoire » : Questionner l'humain, sa place, dans un monde en perpétuel changement, le mettre en perspective grâce à des auteurs, le confronter à son Histoire. C’est plus de 30 créations qui ont été jouées en France et hors frontières. Bon nombre de ces créations, mises en scène par Serge Barbuscia, ont reçu le soutien de l’association Beaumarchais / SACD : « Fin de Service » d’Yves Garnier, « Signé Parpot » d’Alain Monnier, « Le Dernier Bouffon » de Philippe Coulomb, « Voleurs de vie » et « Marche » de Christian Petr, « Bat l’Enfance » d’Adeline Picault et « Les tableaux d'une exposition » de Serge Barbuscia. De plus, la création « La Disgrâce de Jean-Sébastien Bach » de Sophie Deschamps et Jean François Robin reçoit le Fond SACD en 2009. Aujourd'hui, cette démarche se poursuit avec « PompierS » de Jean Benoît Patricot. Pour cette création 2016 Serge Barbuscia retrouve ses compagnons de longue date : La comédienne Camille Carraz, le compositeur Eugenio Romano, la costumière Annick Serret et le créateur lumière Sébastien Lebert, et c’est William Mesguich qui est choisi pour incarne le rôle du Pompier. L’auteur : Jean Benoît Patricot Une écriture, une signature C’est en 2012, alors qu’il siège à la commission de la Fondation Beaumarchais / SACD, que Serge Barbuscia découvre le texte « PompierS ». La première pièce de Jean-Benoît Patricot reçoit en juillet 2012 la Bourse à l’Ecriture Beaumarchais / SACD, puis en 2013 les encouragements du CNT. Publiée aux Editions de l’Amandier en 2014, « PompierS » est présenté dans le cadre d’Acte e(s)t Parole en lecture mise en voix au Théâtre du Balcon. « En décembre 2014 je me suis rendu à Avignon, au Théâtre du Balcon, pour assister à la première lecture du texte dirigée par Serge Barbuscia. J'en ai été bouleversé. Non seulement toutes les intentions et le ton des personnages étaient justes mais en plus le silence et l'attention du public étaient très palpable. Durant le débat qui a suivi, j'ai compris que le public avait été touché. C’est donc en toute confiance que je confie « PompierS » à Serge Barbuscia» Jean-Benoît Patricot L’aventure peut commencer … PompierS sera la création de la Cie Serge Barbuscia pour le Festival d’Avignon 2016. PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 3 L’Intention du metteur en scène, Serge Barbuscia. Inspiré d’un fait divers largement commenté par la presse, d'une histoire classée car aujourd’hui jugée, la pièce de Jean Benoit Patricot utilise la réalité pour mieux nous entraîner dans la fiction. Le choc de la rencontre avec le texte est immense ; la lecture qu’en fait Camille Carraz déterminante : la comédienne, que l’on retrouve sur plusieurs projets de la compagnie, insuffle sa pureté fragile, sa sincérité et sa lumière au personnage qu’elle incarne face à un William Mesguich tout en tension, obscurité et incompréhension. L’abus, le consentement, le désir, le mépris, l’amour sont autant de thèmes que la pièce sonde, dissèque jusqu’à les mettre à nu, jusqu’au dérangement. Pourtant, de ces mots crus, de cette situation sordide où se sont avilis des hommes respectés, l’écriture de Jean Benoit Patricot sort le magnifique personnage de La Fille, d’une absolue pureté, d’une absolue sincérité qui la hisse audessus du bourbier pour lui donner le visage lumineux et tragique des grandes amoureuses. Plus de questions que de réponses Histoire d’amour pour elle ? Défouloir pour lui ? Objet de passion pour elle, objet tout court pour lui ? Une victime, un bourreau ? Pas si simple. Pas si clair en tout cas. Et c’est justement ces zones d’ombres, ces obscurités que l’on trouve plus encore exacerbées ici par le désir sexuel, que l’on se propose d’explorer, que l’écriture précise, chirurgicale presque de Jean-Benoît Patricot, examine, et expose au grand jour. Pour que chacun entende, pour que chacun plonge dans les méandres tortueux de l’humain. L’intention première, fondamentale, n’est pas de juger mais d’exposer, pour tenter d’approcher au plus près la – les – vérité(s) humaine(s). Il faut donc laisser parler le texte, l’accompagner, en souligner les mots sans artifice par l’utilisation tout en sobriété de la lumière et de la musique. Un plateau nu pour des vérités nues Improbable est ce dialogue, comme le lieu où il se produit, ce qui détache la mise en scène de tout réalisme. Ainsi le plateau sera nu tout comme l’âme des personnages qui se dévoile au fil de leurs paroles, juste des bancs qui évoqueront l’attente dans le lieu de leur confrontation, de leur mise à nu. La musique pour sortir du vide Flash-back, plongée parallèle dans l’inconscient de La Fille, les voix off entrecoupent le dialogue. Monologues poignants, elles témoignent dans une langue plus souple, plus fluide, de sa grande solitude de sa confusion, de l’innocence qui fait sa beauté malgré ce qu’elle accepte. Comme pour accompagner cette parole, l’aider à prendre son envol, la musique, à la fois présente et très sobre, ponctue les mots de celle qui aimerait tant savoir, voudrait tant comprendre, semble tellement en quête de ce qui pourrait combler ses vides. PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 4 Un travail sur les personnages Car c’est bien de vide qu’il s’agit, de la rencontre de deux grandes solitudes, de l’incapacité de l’une à aimer l’autre, de ce qui le pousse peut-être à l’utiliser, l’humilier, la corrompre. Tout l’intérêt du travail de direction sera de faire ressortir les contradictions, les errements, les blessures, les fissures de l’un comme de l’autre. Une multitude de questions se posent d’emblée, comme autant d’étapes de travail : qui est ce pompier qui semble si fort sanglé dans son uniforme de Chevalier du feu ? Pourquoi a-t-il commis ces actes au péril de sa situation, de sa réputation ? Jusqu’où cette femme a-t-elle été véritablement consentante ? Par quel cheminement du corps ou de l’esprit des hommes peuventils commettre de tels actes, quel plaisir y trouvent-ils ? Quelle honte ? Doivent-ils eux comme elle en éprouver ? Ce sont toutes ces questions que portent les deux personnages, qu’ils nous livrent, nus. De ces mots qu’ils auraient pu se dire, doit émerger pour nous, spectateurs et témoins, verdict... Ou doutes plus profonds encore sur la complexité de ce qui fait un être humain. PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 5 EXTRAIT FILLE Ils disent que je suis limitée. Ils disent : c’est une fille limitée. Ils se croient infinis alors ? HOMME C’est sûr que tu es limitée. Une fille normale aurait parlé. Une fille qui a quelque chose dans la tête aurait su dire non. Toi, tu n’as rien dit. Tu venais, c’est tout. FILLE Je ne savais pas que je ne voulais pas. Je ne savais pas que je pouvais ne pas vouloir. FILLE Tu avais juste dit « si tu as besoin d’un câlin, repasse ». J’ai toujours besoin. Il faut me serrer dans ses bras, il faut me parler dans le cou, il faut me caresser et dire que je suis douce, toujours, encore, sinon j’ai des idées qui faut pas, et j’ai la mort. HOMME C’est le camion qui t’intéressait, pas moi, pas moi sans mon uniforme. Tu ne m’aurais même pas remarqué si on s’était croisés dans la rue, si j’avais été en habit de tous les jours. C’est mon uniforme que tu voulais. Mon uniforme et le camion rouge. FILLE Les autres aussi avaient l’uniforme, et les autres je ne les aimais pas. C’était toi que je voulais. Bien sûr que c’était aussi l’uniforme, tu es magnifique avec. Tu es un chevalier. Tu sauves les gens. HOMME Et le camion. Tu le caressais comme une gosse, une petite gosse de six ans. FILLE Ce que tu m’as fait dans le camion, tu le fais aussi aux petites filles ? PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 6 JEAN-BENOIT PATRICOT AUTEUR, ROMANCIER. Encore lycéen, Jean-Benoît Patricot, passionné de cinéma, envoie un scénario écrit sur un cahier d’écolier à François Truffaut. Ce dernier lui répond : « Gardez-le, conservez-le, il le mérite ». Puis il devient docteur en pharmacie. Sa thèse a pour sujet : « Le rôle des neurotransmetteurs dans le sommeil, illustré par l’analyse d’une nuit de sommeil dans l’œuvre de Marcel Proust ». Après cela il continue à écrire et adapte pour le théâtre La racine carrée du merveilleux de Carson McCullers et On achève bien les chevaux d’Horace McCoy. Son premier roman Le roi c’est moi est paru chez Buchet-Chastel. En juillet 2012 il reçoit l’aide à l’écriture de l’association Beaumarchais / SACD et les encouragements du CNT pour sa pièce de théâtre PompierS. Son texte Darius est lauréat du prix Durance-Beaumarchais SACD. PompierS et Darius seront créés au Festival d’Avignon en 2016. Il est également auteur de fictions radiophoniques diffusées sur France-Inter. Avec Francesca Pollock, il a écrit un livre pour enfants À la rencontre de Ferdinand chez HD Éditions dont il a fait aussi les illustrations. PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 7 Serge Barbuscia Comédien, metteur en scène, auteur. C’est à Marseille dans le cadre de ses études de Lettres que Serge Barbuscia commence le théâtre. A la suite de cette expérience, il travaille au sein d’une compagnie. Il suit pendant un an l’enseignement de Jacques Lecoq, et crée sa propre compagnie, la Cie des Trois Soleils à Marseille. Fort de cette expérience il s’installe à Avignon, ville de théâtre, ville du festival de Jean Vilar. Il fonde en 1983 sa compagnie la Cie Serge Barbuscia -Théâtre du Balcon - Scène d’Avignon, un espace de création et de diffusion. Au sein du « Balcon », il affirme une action permanente orientée principalement sur la découverte de nouveaux talents et ouvre son théâtre à des artistes tels que : Jean Luc Revol, Christophe Lidon, Michel Fau, Carlo Boso, Nemanja Radulovic, Patrick Timsit, Yolande Moreau, Michel Bruzat. Défendre l'écriture contemporaine, est un des fondements de la ligne artistique du Théâtre du Balcon, à travers l'accueil d'auteurs, de lectures, notamment en mettant en valeur des textes inédits d'auteurs vivants. En effet, pendant cinq ans Serge Barbuscia a été membre de la commission bourse à l’écriture de l’association Beaumarchais / SACD, où il a pu lire de nombreux textes d’auteurs contemporains. Au Théâtre du Balcon, c'est dans le cadre des soirées « Acte e(s)t parole » que Serge Barbuscia, en présence de l'auteur met en scène des lectures, et donne vie à des textes en les confrontant au public. En collaboration avec l’Association Beaumarchais / SACD, il fait découvrir des auteurs comme José Plyia, Remi de Vos, Jean Louis Leconte, Natacha de Pontcharra, Adeline Picault, Isabelle de Toledo, Christian Petr, Anne Jolivet, Pascal Bancou, Jean Benoit Patricot, Matéi Visniec, Christophe Ferré. Ses créations se révèlent comme une nécessité où s’imbriquent des expressions multiples : Texte, danse, musique, peinture, chant, autant de matériaux que Serge Barbuscia aborde pour élaborer un langage théâtral singulier. Ses spectacles rencontrent un public exigeant qui ne vient pas au théâtre « pour oublier le monde mais pour le comprendre. » La Cie Serge Barbuscia, c’est plus de 30 créations dirigées et jouées en France et à l’étranger qui prennent vie à partir de rencontres d’auteurs, de textes, Notamment : Victor Hugo le visionnaire d’après les textes de Victor Hugo avec un Orchestre symphonique, Le dernier Bouffon d’après un texte de Philippe Coulomb (création retenue pour la ville européenne de la Culture an l’an 2000), Voleurs de Vie d’après le texte de Christian Petr, Tango Neruda d’après des poèmes de Pablo Neruda sur la musique d’Astor Piazzolla, , la Disgrâce de Jean Sebastien Bach de Sophie Deschamps et Jean François Robin, J’ai Soif d’après le texte de Primo Levi sur la musique de Joseph Haydn, Bats l’enfance d’après le texte d’Adeline Picault, La conférence des oiseaux de Jean Claude Carrière, Chants d’exil d’après Bertolt Brecht, Marche de Christian Petr, Pompiers de Jean Benoit Patricot pour le festival d’Avignon 2016. PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 8 Camille CARRAZ Comédienne. Avignonnaise, Camille Carraz étudie pendant trois ans (199396) en classe Théâtre à La Chartreuse de Villeneuve-lezAvignon (CNES) sous la direction de Michel Azama, Roland Fichet, Gilbert Barba. De 1996 à 1999, elle part à Aix-en-Provence et obtient une licence d’Etudes théâtrales et des Arts du spectacle à l’Université où elle rencontre des enseignants comme Danielle Bré, Nanouk Broche, Louis Dieuzayde. En parallèle elle poursuit sa formation d’actrice en participant à différents stages et laboratoires, dirigés par Jean-François Matignon, l’Académie expérimentale des Théâtres, avec Eimontas Nekrosius, Chantal Morel, Bruno Meyssat, Antoine Caubet, Eric Vigner. Elle étend son répertoire, et ses rôles sont issus aussi bien d’auteurs contemporains que classiques, avec les metteurs en scène: Claude Esnault, Jean-Marie Boëglin, Alain Timar, Geneviève Damas, Sylvain Thirolle, Jean-François Matignon, Isabelle Pietra, Micheline Welter, Marie Pagès, Serge Barbuscia, Yann Allegret. Elle aborde le cinéma, et interprète le second rôle féminin dans le film d’Eugène Green, « le Pont des Arts » en 2004, avec les acteurs Natacha Régnier, Denis Podalydès comme premiers rôles. En 2006 Gérard Gélas lui offre le rôle de Camille dans “On ne badine pas avec l’amour” d’Alfred de Musset qui fera une tournée nationale et internationale (2006-2009). En 2007, elle joue une pièce inédite de Oriza Hirata “Gens de Séoul 1919” sous la direction de Franck Dimech au Théâtre National La Criée à Marseille et en octobre 2008 avec la pièce « Sur la route d’Oklahoma », d’après Kafka. Avec Alain Cesco -Résia, elle co-signe en 2009 la conception, la mise en scène et l’interprétation de « La douzième bataille d’Isonzo » du dramaturge britannique Howard Barker. Cette création part en tournée nationale et au Théâtre national du Luxembourg et toujours avec Alain Cesco-Résia en 2010 dans le cadre du Festival OFF d’Avignon, un spectacle autour de l’œuvre de Jacques Henri Pons, « Ad libitum ou l’extraordinaire théâtre de Monsieur Jacques ». En 2011 performance Art du combat/Art de la scène en compagnie de freefighters et de Yann Allegret, Condition publique, Roubaix. En 2013, elle retrouve Alain Timar, metteur en scène pour la création du monologue de Noëlle Renaude « Blanche Aurore Céleste » qu'elle reprend au festival Off d'Avignon. Avec la Cie Serge Barbuscia, qu’elle intègre comme comédienne, elle participe à des lectures mises en voix d’auteurs contemporains dans le cadre de « Acte e(s)t Parole, et aussi dans le spectacle « Marche » création 2015 du festival d’Avignon. PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 9 William MESGUICH Metteur en scène, Récitant et comédien. Après une maîtrise de Lettres Modernes à Paris IV, William Mesguich suit les cours de Philippe Duclos et intègre l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique Pierre Debauche - Françoise Danell. Depuis 1982, il participe comme comédien à de nombreux spectacles, sous la direction de, notamment, Antoine Vitez, Roger Planchon, Pierre Debauche, Françoise Danell, Frédérique Smetana, Liliane Nataf, Robert Angebaud, Madeleine Marion, Miguel Angel Sevilla, Daniel Mesguich, Jean-Louis Benoît… Et sous sa propre direction. Il joue dans Le Roman de Renart , Hippolyte de Robert Garnier, Athalie de Jean Racine, Marie Tudor de Victor Hugo, L’Histoire qu’on ne connaîtra jamais d’Hélène Cixous, Les Troyennes de Sénèque, Tartuffe et L’Avare de Molière, Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco, la Périchole de Jacques Offenbach, La Seconde surprise de l’amour de Marivaux, L’Echange de Paul Claudel, Alice Droz de Miguel Angel Sevilla, Le Diable et le bon dieu de Jean-Paul Sartre, Fin du monde chez Gogo, cabaret de Frédérica Smetanova, Si j’aime les trains, c’est sans doute parce qu’ils vont plus vite que les enterrements, autour de Robert Desnos, Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare, La Grève des Fées de Christian Oster, Paul Schippel de Carl Sternheim, Le Prince de Hombourg de Heinrich Von Kleist, L’Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le Jeune de Jean-Claude Brisville, Du cristal à la fumée de Jacques Attali, Agatha de Marguerite Duras, Hamlet de William Shakespeare, Les Mémoires d’un fou de Gustave Flaubert, Al-Zir Hamlet de Ramzi Choukair et Le Prince Travesti de Marivaux. En tant que récitant, il participe à des opéras et des spectacles musicaux sous la direction, notamment, de Kurt Masur, Serge Bodo, Jeanne au bûcher de Paul Claudel et Arthur Honegger, Pascal Rophé, Le fou de Marcel Landowski, La Boîte à joujoux de Claude Debussy ; Jean-François Gardeil, L’enfant et les sortilèges de Maurice Ravel et Colette, Laurent Petigirard, Des saisons en enfer de Marius Constant, Jean-Claude Malgoire, Egmont de Ludwig Van Beethoven, Cyril de Diedrich, Athalie de Felix Mendelssohn et Jean Racine, Cyril Huvé, Babar de Francis Poulenc, Jean-François Essert, L’Histoire du Soldat d’Igor Stravinsky et Kaspar Zehnder, Loup y es tu ? avec l’Orchestre National d’ile de France, Le Carnaval des animaux de Camille de Saint Saëns et Casse- Noisette de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Au cinéma, il joue, notamment, dans Faits d’hiver de Robert Enrico, La Fidélité d’Andrzej Zulawski et se produit à la télévision sous la direction de Jean-Louis Lorenzi, Bruno Herbulot, Thierry Bénisti, Pierre Aknine, Charlotte Brandstom, Hervé Balsé, Brigitte Koskas, Nina Companeez. Il participe régulièrement aux Fictions Dramatiques de France Culture, sous la direction de Claude Guerre, Jacques Taroni ou Jean Couturier. Depuis 1996, il est metteur en scène au sein du Théâtre de l’Etreinte (exceptés Oncle Vania, Tohu-bohu et Lomania, il joue dans tous les spectacles qu’il met en scène) : Fin de Partie de Samuel Beckett, L’Avare de Molière, Oncle Vania d’Anton Tchéckov, Le Chat botté de Charles PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 10 Perrault, l’Histoire du soldat d’Igor Stravinsky, Le Cabaret des monstres, La Légende des porteurs de souffle, La Légende d’Antigone, La légende de l’Etoile, La légende du Palladium et M. Septime, Solange et la casserole de Philippe Fenwick, Tohu-Bohu, tragédie écrite par les lycéens de Noisy-le-Grand, avec leur professeur Cécile Ladjali, Comme il vous plaira de William Shakespeare, Les Amours de Perlimplin et Bélise en son jardin de Federico Garcia Lorca, Comment devient-on Chamoune, La veuve, la couturière et la commère, Lomania et Mozart l’Enchanteur de Charlotte Escamez, Il était une fois… Les fables de Jean de La Fontaine, Ruy Blas de Victor Hugo, La Belle et la Bête de Madame Le Prince de Beaumont, la Vie est un Songe de Pedro Caldéron, Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, Les Fables de La Fontaine de Jean de La Fontaine et Noces de Sang de Federico Garcia Lorca. Avec la compagnie Artistes en mouvement, il met en scène Il était une fois la création du monde, spectacle théâtralo-musical. En 2011, il met en scène le Misanthrope de Molière, à Pékin en chinois avec les élèves de l’Académie Centrale de Pékin. En 2012, il retourne à Pékin où il met en scène l’adaptation chinoise du spectacle « Il était une fois.. Les Fables ». Il enregistre pour Gallimard, sous la direction de Catherine Lagarde, le grand Meaulnes d’Alain Fournier. Il met en scène en 2012 Sur un Air de Shakespeare, à partir des grands sonnets de William Shakespeare. Diplômé d’état d’enseignement du théâtre, il anime des stages et des ateliers de pratique théâtrale tant en milieu scolaire qu’associatif ; Il est régulièrement récitant (Bibliothèque Nationale de France, Maison Balzac, Archives Nationales, Musée de la Renaissance association Texte et Voix). William Mesguich créé et met en scène la pièce Mémoire d’un Fou de Gustave Flaubert qu’il a joué pour la 1ère fois au Théâtre du Balcon pour la saison 2014-2015. La rencontre entre ces deux comédiens et metteurs en scène est une évidence, Serge Barbuscia lui propose de lire le texte de Jean Benoit Patricot : PompierS, il incarnera le rôle masculin pour cette nouvelle création du Festival d’Avignon 2016. PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 11 Eugenio Romano Contrebassiste et Compositeur. Né à Fiesole (Italie), Eugenio Romano débute la musique par la pratique du piano. Il poursuit ensuite ses études en contrebasse et composition au Conservatoire Luigi Cherubini de Florence. Il se perfectionne auprès de Franco Petracchi à Cremone, d’Alberto Bocini à l’HEM de Genève avant d’intégrer la classe de Cédric Carlier au CNSMD de Lyon où il obtient en 2014 son master avec mention très bien à l’unanimité du jury. Il a été contrebasse co-soliste de l’Orchestre Luigi Cherubini dirigé par Riccardo Muti et a joué sous la direction de chefs d'orchestres et solistes d'exception tels que Claudio Abbado, John Axelrod, Bertrand de Billy, Ono Kazushi, Tomas Netopil, Lang Lang, David Garrett, Alexander Lonquich, Mario Brunello, Herbie Hancock, Emmanuel Pahud. À ce jour, Eugenio Romano collabore régulièrement avec l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg et l’Orchestre de région Avignon Provence. Il a participé en tant que contrebasse soliste et compositeur à la création du spectacle « Bats l’Enfance » au Théâtre du Balcon dans le cadre du Festival Off d’Avignon, édition 2011. Il a par ailleurs interprété la Sequenza XIVb de Luciano Berio à l’amphithéâtre de l’Opéra de Lyon dans le cadre du festival Berio 2013. En formation diplômante au certificat d’aptitude au CNSMD de Lyon, Eugenio Romano est actuellement professeur de contrebasse au Conservatoire de Montauban. Il retrouve Serge Barbuscia sur la nouvelle création » PompierS », pour le Festival d’Avignon 2016 en tant que compositeur. PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 12 REVUE DE PRESSE PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 13 PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 14 PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 15 PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 16 La Provence – Fabien Bonnieux – 13 Juillet Article de D. Rousseau – La Provence -14 Juillet PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 17 Par Henri LEPINE Pompiers Théâtre du Balcon (AVIGNON) de Jean Benoit Patricot Mise en scène de Serge Barbuscia Avec Camille Carraz, William Mesguich Entre Eros et Agapé... C'était une jeune fille un peu simple, de celles qu'on dit un peu félées... Peut-être parce qu'elles laissent mieux passer la lumière ? Un jour, elle a rencontré un beau pompier dans une fête... Et elle est tombée éperdument amoureuse. Le beau pompier en a profité... mais plus pour son plaisir que par amour véritable. Et il est allé jusqu'à la partager avec un certain nombre de ses camarades pompiers... INFOS PRATIQUES Du 06/07/2016 au 30/07/2016 17h. Théâtre du Balcon 38 rue Guillaume Puy 84000 AVIGNON Réservations : 04 90 85 00 80 Elle et lui se retrouvent un jour dans la salle d'attente d'un tribunal où doit se jouer le procès de cet homme qui a ainsi fait plus qu'abuser d'une jeune femme dont le seul tort est de n'avoir pas su lui dire non. Après avoir été mise au courant par d'autres femmes, elle veut qu'il soit puni pour avoir fait d'elle un banal « objet sexuel ». Cet avant-propos en privé au procès qui va se jouer entre les deux personnages, et qui fait le détail en flashback de tous les événements, est une longue séquence où la volonté de manipulation masculine se heurte sans répit à l’opiniâtreté de la jeune fille et à sa soif de justice. C'est la lutte sans merci entre le machisme calculateur limite pervers et l'amour pur et total... Dans ces deux personnages, Camille Carraz, lumineuse et tragique, et William Mesguich, tour à tour apeuré et menaçant, jouent sans cesse, et avec quelle force, des rapports fusion-répulsion. Pour lui, ce sera la consécration de sa propre mauvaise foi... Pour elle, un chemin escarpé et dangereux mais qui la conduira enfin vers une libération définitive et totale pour trouver, cette fois, le pouvoir de lui dire « Non » !... PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 18 Le Théâtre côté Coeur - blog Louis Jouvet disait "Au théâtre il n'y a rien à comprendre, mais tout à sentir". Au théâtre le côté Cour c'est celui du coeur. Je me suis inspirée de ces deux notions pour le nom de ce blog qui a pour objectif de vous faire partager ma passion pour le théâtre, mes coups de coeurs, mes impressions, mes envies, mes émotions, et vous donner envie d'aller au Théâtre à Paris ou ailleurs. mardi 19 juillet 2016 POMPIERS HÉROS OU ÉROS ? ****Un très bon moment HUIS CLOS C'est une histoire d'amour. Ou une histoire de sexe. Tout dépend de quel côté on se place. Lui est pompier. Prestige de l'uniforme. Belle gueule. Elle est tombée amoureuse au premier regard. Par amour pour lui elle a tout accepté. Tout. Elle ne disait pas non. Il en a profité. Et comme c'est un bon camarade, il en a aussi fait profiter ses copains. Après tout c'est elle qui revenait sans cesse à la caserne. Mais un jour elle parle à d'autres femmes. Psychologue. Assistante sociale. Leurs mots vont devenir ceux de celle qui n'en avait pas. Parce qu'elle est handicapée mentale. Parce qu'elle ne savait pas qu'elle pouvait dire non. Parce que lui le héros, celui qui sauve, aurait dû dire stop puisqu'elle n'était pas en capacité de le dire. Parce qu'elle l'aimait. Parce qu'il ne l'aimait pas. Parce qu'elle n'était qu'une enfant dans un corps de femme. Parce qu'il était un homme, représentant la confiance et la bienveillance. Cette histoire compliquée entre un homme et une femme s'inspire d'un fait divers. Leur relation complexe fait-elle de lui un monstre ? Comment a-t-il pu la transformer en objet sexuel ? Comment n'a-t-il pas vu l'enfant derrière la femme, cette enfant de 6 ans qui parlait au travers de sa soif d'amour? "Ils disent que je suis limitée. Mais eux ils sont infinis ?" Cette enfant meurtrie à l'âge de 6 ans, comment ne l'a-t-il pas vue cachée au fond de cette âme pure ? Lui le sauveur, lui le héros, pourquoi ne l'a t-il pas sauvée ? Ils se retrouvent dans une salle d'attente le jour du procès. Ils n'auraient pas dû se retrouver ici ensemble. Il va tenter de lui faire reconnaître devant le juge qu'elle est responsable de ce qui lui est arrivé. Qu'elle n'a jamais dit non. "Je n'ai pas dit non parce que je ne dis jamais rien". Dans un huis clos intense, ils vont s'expliquer pendant une heure. Elle a désormais les PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 19 mots pour dire ce qu'elle ressent, ce qu'elle veut. Et même si elle l'exprime toujours au travers le parler simple de l'enfant qui est en elle ce sont désormais des mots pleins de sens, sincères, mûrement réfléchis. Saisira-t-il toute l'horreur de son comportement vis-àvis d'elle ? Le temps lui a-t-il apporté les mêmes réponses, la même maturité de réflexion ? Il a peur. Elle est devenue forte. Mais enfermée dans cette pièce avec son amant bourreau aura-t-elle suffisamment de force pour ne pas se plier à nouveau à sa volonté ? Face au juge ce sera sa parole à lui, le représentant d'un corps d'élite au service des victimes, contre celle de cette femme limitée qui n'a jamais dit non. DUO COMPLEXE William MESGUISH et Camille CARRAZ sont ce couple complexe, qui joue au chat et à la souris, s'attirant et se rejetant, dans une lutte autant psychologique que physique. Leur jeu tout en force et en sensibilité fait parfaitement ressortir tout l'aspect sordide de cette histoire qu'elle a découpé en 21 morceaux et dont il ne voudrait qu'elle ne retienne que les tous premiers. William MESGUISH sombre et cynique se fait cajoleur pour à nouveau se faire brutal. Au-delà de son comportement passé on tente de comprendre comment il a pu risquer de tout perdre comme il le lui reproche pour cette histoire ? Camille CARRAZ est saisissante. Son rôle est éprouvant, entre enfance et âge adulte, fragile et forte à la fois, enfant perdue et femme ayant repris le contrôle de sa vie. En bref : Un texte dur, une mise en scène et une direction d'acteur qui trouvent le juste équilibre, deux comédiens au jeu dramatique intense. Un spectacle dont on sort troublé. Une réussite C'EST OU ? C'EST QUAND ? Avignon Off 2016 Théâtre du Balcon 38 Rue Guillaume Puy - Avignon du 7 au 30 juillet 2016 - 17h - Durée : 1h10 Relâche : 11 - 18 - 25. http://le-theatre-cote-coeur.blogspot.fr/2016/07/pompiers.html PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 20 Festival d’Avignon 2016 PompierS, quand la dramaturgie joue avec le feu Ange Lise juillet 21, 2016 Festival OFF d’Avignon – PompierS de Jean-Benoît Patricot PompierS – La programmation du Festival OFF d’Avignon sert souvent de reflet sociétal dessinant en filigrane les préoccupations voilées et les sujets d’actualité trop présents. Les pièces qui se démarquent du peloton empruntent des sentiers qui sortent du consensus moral pour entrainer le public en eaux troubles. PompierS fait partie de ces brûlots qui laissent délicieusement mal à l’aise pour ouvrir l’espace de réflexion. Jean-Benoît Patricot s’est appuyé sur un fait divers sordide pour les fondements de son histoire. Un pompier peu scrupuleux abuse des faiblesses d’une jeune fille pour assouvir ses désirs. Il finit par la transformer en objet sexuel qu’il partage volontiers avec ses camarades. Le petit fait tristement vrai va ancrer la pièce dans une réalité parallèle où l’auteur et le metteur en scène, Serge Barbuscia, vont décortiquer cette matière brute pour en retirer la substantifique moelle. Rencontre improbable dans une salle impersonnelle d’un tribunal avant l’audience. Aucun nom prononcé comme un anonymat préservé. Elle, la jeune fille un peu simplette, qui s’est amourachée de son pompier flamboyant, auréolé de prestige dans son bel uniforme et son joli camion. Lui, un soldat du feu dévoué à la population qui avait besoin de se détendre un soir de bal dans les bras de la première venue consentante. Le décalage est courant. Une histoire de désir repoussé toujours plus loin jusqu’aux limites de l’acceptable. Responsable, mais pas coupable. Ils ne parlent pas le même langage. D’ailleurs, la jeune femme ne prononçait pas un mot. Et qui ne dit mot, consent, c’est bien connu. C’est bien convenu. Les mots, elle ne les avait pas. Elle les a appris. Et après une rétention verbale prolongée, elle se libère sans sursis pour raconter sa version à elle… – Tu m’as donné du plaisir – Tu m’as donnée… C’est tout PompierS n’est pas construit comme un récit linéaire. La pièce fait encore moins le procès des PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 21 protagonistes. Il n’est pas question de juger selon des critères normatifs, mais d’affleurer à fleur de peau le ressenti des personnages. La mise en scène devient une mise à nu progressive, comme des couches psychologiques que l’on découvre pour atteindre le noyau central. Le plateau dépouillé libère l’espace, en contraste avec des dialogues de plus en pesants. La pièce repose sur l’interprétation des deux comédiens. Fragile équilibre pour ne pas basculer dans la caricature facile du jeu du bourreau et de la victime. Et le duo fonctionne comme deux corps en contrepoids suspendus au-dessus du vide. Camille Carraz incarne avec justesse cette jeune femme déficiente, perdue dans ses repères, dans cette machine judiciaire qui la dépasse. Frêle hirondelle engluée dans sa détresse et touchante d’innocence enfantine. Face à elle, un maître de précision qui donne un sens à chaque virgule et un souffle nouveau au silence. William Mesguich, que l’on a plus l’habitude de retrouver dans les pièces classiques du répertoire et qui s’illustre d’ailleurs en virtuose des mots dans Mémoires d’un fou de Flaubert au Théâtre du Girasole, sort de son registre habituel pour composer un rôle à l’ambiguïté troublante. Complexité d’un personnage à la fois prédateur sans ampleur dans une banalité du mal dont il n’a pas véritablement conscience et homme apeuré prêt à s’en remettre corps et âme à celle qui réclame justice et à négocier comme un gamin qui croit pouvoir échapper à la sentence avec des promesses. Carnassier dans les coups qu’il porte en réplique, il apparait désarmé face à la logique irrationnelle d’une partenaire qu’il n’a jamais finalement autant découvert que dans ce tête-à-tête émotionnel. Le manichéisme ne mène jamais la danse dans ce huis clos irréel et hors du temps. La victime s’arme de mots nouveaux dont elle manie de mieux en mieux l’utilité pour se défendre. Elle attaque son bourreau accablé, non pas de remords, mais de doutes quant à sa situation future. Ses tentatives de manipulations pour faire fléchir le témoignage de celle qui est considérée par tous comme « retardée », ne trouvent pas de prise. Et si les répliques sont sans douceur, pour ne pas dire rustres, la jeune femme endure, digère et régurgite sans haine. Elle qui ne cherche qu’à donner de l’amour. Le dénouement ne viendra pas d’une sentence attendue, mais d’un électrochoc verbal de celle qui a compris qu’un « non » la sortait de son état de poupée de chiffon et était bien plus puissant qu’une décision de justice. PompierS De Jean-Benoît Patricot Metteur en Scène : Serge Barbuscia Avec Camille Carraz, William Mesguich Metteur en Scène : Serge Barbuscia Conception sonore et musicale : Eugenio Romano Costumière : Annick Serret Création Lumières et Scénographie : Sébastien Lebert Crédit photo : Gilbert Scotti Durée : 1h10 Festival OFF d’Avignon au théâtre du Balcon à 17h PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 22 Festival d’Avignon : notre sélection pour le Off : PompierS 21 Juillet Pompiers, de Jean Benoît Patricot, mise en scène de Serge Barbuscia, Théâtre du Balcon à 17h jusqu’au 30 juillet. C’est une fille dite limitée, il y a d’autres noms pour ça, on dit aussi simplette, débile légère, handicapée, bref des tas d’expressions qui disent bien l’embarras de la société à l’égard de ces êtres différents. L’embarras, lui il ne connaît pas, à l’aise dans son uniforme de pompier, du bon côté du manche, il jouit de l’estime comme on dit, il veut jouir d’elle aussi, il la prend, elle ne dit pas non car elle n’a pas les mots pour dire non, il l’offre ensuite à ses copains comme on offre une tournée générale. Quoi ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? D’ailleurs, le tribunal lui donne raison, tiens donc, il les relaxe, lui est ses copains, comme on dit dans les salons où on livre son corps à d’autres mains. Elle, c’est Camille Carraz, poings serrés dans son cœur immense, visage palpitant comme une gorge de colombe, lui c’est William Mesguich, pas tout à fait crapule, pas non plus un ange. Ah il regrette, bien sûr, surtout que ça lui pourrit la vie, mais bon, il recommencerait bien aussi, ah ça oui. On se dit qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, comme un cadeau empoisonné. C’est fort, comme une envie de hurler, le texte est magnifique, les comédiens aussi. A voir absolument. Luis Armengol PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 23 Critiques / Festival / Théâtre PompierS de Jean Benoît Patricot, Mise en scène Serge Barbuscia. Un crime enrobé de douceur Par Gilles Costaz - dimanche 24 juillet On est noué, percuté, bouleversé. La pièce de Jean Benoît Patricot met devant nous ce que nous ne voulons pas regarder, sans provocation, sans violence, sans discours moral : l’histoire d’une femme que son partenaire considère comme un pur objet sexuel et a partagée avec ses collègues de travail. Mais la situation n’est pas détaillée de façon aussi simple, la pièce n’aime pas les idées simples sous son langage clair. Ce n’est pas un document, pas un dossier, mais l’évocation sensible, approfondie, prolongée d’une relation d’amour qui était sincère d’un côté et mensongère de l’autre. La femme a l’air d’une gamine, elle est appelé la « Fille », mais elle a 30 ans. Elle n’a pas un psychisme de prof de fac, elle est ce qu’on appelle simplette quand on ne veut pas trop s’interroger sur le psychisme d’une personne restée dans l’enfance – l’auteur, lui, dit qu’elle est « limitée ». L’Homme est sapeur- pompier. Il a dit à la femme qu’il l’aimait et a pris avec elle tous les plaisirs dont il rêvait, jusqu’au jour où il a trouvé confraternel de confier le corps de son amie à ses camarades. Certains d’entre eux n’ont pas pas refusé l’aubaine mais la victime s’est confiée à d’autres femmes qui ont révélé ce crime qui s’apparente à celui de la « tournante »... La pièce commence quand la Fille et l’Homme se retrouvent peu de temps avant que l’affaire ne passe devant la justice. Il fait pression sur elle car il a appris ce qu’il risque. Il voudrait qu’elle déclare qu’elle n’a pas été obligée de faire ce qui a été fait, qu’elle était partie prenante dans cette violence sexuelle. Elle ne répond pas vraiment. Elle s’accroche à une obsession qui a la forme d’une interrogation : ce qu’ils ont vécu tous les deux, c’était bien de l’amour ? Il répond que oui et veut la convaincre de mentir au juge. La pièce s’arrête avant que le procès ait lieu et que soit connu le jugement. Le texte de Patricot est sacrément audacieux. Serge Barbuscia, qui le met en scène, fait également preuve d’audace en le créant, car cette mise à nu de ce que la société préfère cacher ne peut plaire à tout le monde. Elle peut créer des malaises chez certains spectateurs. Barbuscia place les deux personnages dans un quadrilatère où ils vont, viennent, s’arrêtent, se retrouvant d’un jour à l’autre. Les mots tournent en rond, et ils sont assez semblables. Elle veut croire à l’amour, il veut croire à sa survie. Barbuscia a finement dirigé les acteurs dans le registre de la mezza voce et d’une fausse tranquillité, terrible tant elle est ouatée. Pas de cri, juste une quête désespérée de mots qui apaiseraient l’un et l’autre. Camille Carraz, dans le rôle de la Fille, incarne une femme-enfant dans une interprétation qui nous hantera longtemps, tant elle est à fleur de cœur, à travers un jeu à la douce et délicate vibration. Elle incarne une victime aimante, ce qui est d’une extrême difficulté, et accède là à un niveau d’interprétation exceptionnel. William Mesguich est le pompier, le bourreau à la voix tendre. Loin du style lyrique qui est habituellement le sien, il est également parfait grâce à une sobriété étonnante : il compose un homme qui se replie, se cache, place son salut dans une tendresse de dernière minute, calculée ou réelle, trouvant cette ambiguïté avec laquelle Patricot est si limpide. Il y a comme un écho du théâtre de Duras dans la circulation du dialogue et des personnages, mais pour exprimer exactement le contraire. Duras chante l’amour. Patricot dit le mensonge de l’amour, s’aventure en d’autres terrains secrets. Rarement une œuvre et un spectacle en demi-teintes obstinées nous atteint avec une telle force ! PompierS de Jean Benoît Patricot, mise en scène de Serge Barbuscia, scénographie et lumière de Sébastien Lebert, costumes d’Annick Serret, conception sonore et musicale d’Eugenio Romano, avec Camille Carraz et William Mesguich. Le Balcon, Avignon, 17 h. Texte aux éditions de l’Amandier. Photo Gilbert Scotti. PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 24 C'est eux qui en parlent le mieux ! Des témoignages de spectateurs pour le spectacle "PompierS" sur "To See or not to See" Application gratuite de bouches à oreilles pour le Festival ! PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 25 Théâtre du Balcon – Scène d’Avignon Cie Serge Barbuscia. 38 Rue Guillaume Puy 84000 AVIGNON T 04 90 85 00 80 [email protected] www.theatredubalcon.org Diffusion : Sylviane Meissonnier T 06 09 16 28 63 Muriel Forêt T 06 09 68 50 16 PompierS de Jean Benoît Patricot - création 2016 de la Cie Serge Barbuscia p. 26