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hommes. Mais c’est aussi une « théologie », car elle reconnait le principe et la fin de l’agir moral en Celui qui
« seul est le bon et qui, en se donnant à l’homme dans le Christ, lui offre la béatitude de la vie divine ».
Dans le débat « morale » contemporain, nul doute, que la tradition chrétienne, et la réflexion de l’Eglise, ont
beaucoup à apporter…
L’objet de ce cours d’introduction, n’est pas de traiter de toutes les questions éthiques contemporaines, ni
même, de vous donner un recensement de toutes les prises de position de l’Eglise sur tel ou tel sujet.
Je voudrais, simplement, tenter de vous donner des outils… Des outils, des jalons fondamentaux pour
l’élaboration d’un jugement moral dans le cadre de la tradition chrétienne.
Ce cours n’est donc qu’une « introduction », comme son nom l’indique… Une introduction à un module
spécifique qui, l’an prochain, tentera de repérer tout les éléments à prendre en compte, ou de dimensions à examiner,
pour poser un « choix éthique » et parvenir à un « agir juste » sur « les chemin de la vie bonne ».
Seront abordés dans le module, dit spécifique, la place de l’Ecriture dans le raisonnement moral, les
enseignements de l’histoire et de la Tradition, la pertinence de la Loi Naturelle, la place de la Raison et de la
Révélation, la notion de personne humaine, le dialogue de la Loi et de la Conscience, les vertus, les relations de la
Morale et de la spiritualité, les dimensions ecclésiales et sociales de l’agir chrétien.
Tous ces éléments, seront à prendre en compte dans notre réflexion. Notons d’emblé, qu’ils ne seront pas,
simplement, juxtaposés, mais devront être perçu dans leur cohérence, au sien d’une architecture d’ensemble qui en
donnera le sens.
L’éthique, ou la morale fondamentale, peu importe à ce stade le vocable utilisé, s’efforce de réfléchir aux
conditions d’une décision droite et d’une action juste.
Or, les fruits de la réflexion philosophique contemporaine, mais aussi, les enseignements de la tradition
chrétienne, nous ont appris que toute décision morale est le résultat d’une « délibération de la raison » qui suppose
une appréciation de la réalité et de la question éthique posée, une évaluation des principes en jeu et de leurs conflits
possibles, et une prise en compte des circonstances particulières de l’action à entreprendre ou à éviter.
La réflexion morale en situation doit toujours, en fin de compte, articuler l’appréciation des éléments objectifs
et celle des éléments subjectifs et contingents de l’action.
A tous les niveaux de leur élaboration, une décision et un acte éthiques ne sont jamais, simplement, la
déduction directe d’un principe général à une situation particulière, ils supposent, toujours, une interprétation, une
réflexion, un jugement éthique, une « herméneutique ».
La branche de la philosophie appelée « herméneutique », qui s’est d’abord, intéressée à l’interprétation des
textes bibliques, se préoccupe, précisément, des conditions de l’interprétation et de sa validité.
Cette discipline philosophique nous sera d’un grand secours, pour penser de manière rigoureuse la démarche
de la théologie morale, car elle nous a rendus sensibles à l’enracinement culturel, social et historique de toute prise
de décision.
Sans nier l’existence ou la possibilité d’atteindre la vérité, elle nous préserve du danger du positivisme et de
tout dogmatisme.
Si, comme le souligne le théologien Claude GEFFRE : « La théologie est de bout en bout une entreprise
herméneutique », puisqu’elle s’efforce de rendre compte de l’expérience croyante à la lumière de l’Ecriture et de la
Tradition. C’est, d’autant plus vrai, pour la théologie morale qui doit traiter de questions pratiques, par définition,
historiques et contingentes.