représentation dont nous venons de parler est soumise au principe de raison. Et l’essence de
cette représentation se dévoile à partir de l’expérience interne de chacun. Cette frontière
particulière est vraie comme l’esthétique qui se trouve au-delà de celle-ci. Il s’ensuit que les
frontières du monde de chacun s’accroissent ou se restreignent. C’est le déplacement des
limites de mon monde qui ne peut être dit parce qu’il ne peut être autrement que ce qu’il est.
Finalement, en étudiant l’esthétique de la première philosophie, nous avons essayé de montrer
que le sens du Tractatus se situait à deux niveaux à savoir que, d’une part, le langage utilisé
chaque jour dans l’intention de représenter le réel, n’exprime que du factuel et, d’autre part,
l’essence de la représentation est : le monde est mon monde. Il s’ensuit que l’esthétique, pour
Wittgenstein, relève de l’éducation. Il distingue le beau intelligible de Platon du beau relatif et
changeant identifié par nos sens. Par ailleurs, le beau répond à des sensations que nous
éprouvons, sensations qui ont besoin de raison en amont des phénomènes. C’est avoir
l’intention de …qui correspond à la propriété de l’esprit d’être orienté vers un objet qui peut
exister ou non d’où la description d’une chose. Ce n’est qu’à la suite des sensations que
l’imagination et l’entendement oeuvrent sous l’autorité de la raison. Il y a des intentions qui
engagent vers une action mais aussi qui engagent dans la situation où j’éprouve moi-même
des émotions d’où un certain type de comportement.
Ayant été conduit à une aporie, Wittgenstein va déterminer une autre conception du langage,
plutôt complémentaire de la première et ce progressivement à partir des années trente dans
laquelle le langage devient pluriel parce que tributaire de plusieurs paramètres extra
linguistiques en relation avec le contexte, la culture, la forme de vie… et c’est justement le
concept de jeux de langage qui va en montrer le fonctionnement de la signification comme
usages. De là, Wittgenstein a eu un nouveau rapport à l’esthétique qui jusqu’alors ne pouvait
être dite. Aussi, l’esthétique va désormais se déterminer surtout par le comportement de celui
qui regarde et par son impuissance à dire autre chose que cette expression commune « c’est
beau ». Il va renoncer à cette idée de l’ineffabilité de la valeur esthétique au profit de la
compréhension, qui ouvre le chemin de la satisfaction en fonction des propres idéaux de celui
qui observe. Mais il est évident que la compréhension d’une œuvre nécessite de la replacer
dans un contexte qui fait appel à des arrière-plans, à une perception des aspects et à des
formes de vie. Il considère, en effet, que nous avons des illusions d’optique connues sous le
nom d’aspects qui changent avec le temps et qui se situent entre la pensée et la vision, réalité
humaine prolongeant le monde naturel. Il en ressort un jugement qui crée à l’œuvre une
relation intentionnelle d’où une relation esthétique qui ne peut qu’améliorer la