« Le rapport se penche, région par région,
sur les phénomènes climatiques qui, selon
les projections, seront les plus fréquents au
cours des prochaines années : inondations,
sécheresse, élévation du niveau des mers,
phénomènes météorologiques extrêmes,
dit Bob Oliver. Il évalue ensuite l’impact
qu’auront les modèles climatiques sur
chaque secteur de l’économie. »
Par exemple, les secteurs fortement
dépendants de l’eau en tant qu’intrant
dans la production, notamment
l’agriculture et les industries manufacturières
et de production d’électricité, doivent
prévoir le fait que les changements dans
les profils des précipitations pourraient se
traduire par de longues pénuries en eau
dans certaines provinces et par de graves
inondations dans d’autres. L’élévation de la
température des eaux de surface, utilisées
comme agent de refroidissement, pourrait
elle aussi restreindre la productivité
industrielle.
Des températures plus élevées
prolongeront la période de croissance de la
végétation, un avantage en soi, mais elles
favoriseront la prolifération d’insectes
nuisibles, avec ce que cela comporte de
conséquences pour le secteur agricole et
l’industrie forestière de l’Ouest canadien.
S’en ressentiraient également les activités
d’exploitation par temps froid, entièrement
tributaires de l’utilisation de routes
hivernales.
Dans l’Est du Canada, on prévoit que le
changement climatique se traduira par
une fréquence accrue des tempêtes et des
inondations, par l’élévation du niveau de la
mer et par l’érosion côtière. On peut
facilement en imaginer les conséquences
sur l’infrastructure et l’industrie.
À l’échelle du pays, des vagues de chaleur
prolongées auront pour effet d’augmenter
la vulnérabilité du réseau électrique,
d’accroître le stress des travailleurs d’usine
et de surcharger le système des soins de
santé : toutes choses qui, à l’instar des
autres conséquences du changement
climatique, auront des incidences
cumulatives sur l’économie.
« Le commerce en est venu à dépendre de
systèmes stables : climat prévisible, accès
direct aux ressources et à
l’approvisionnement énergétique et
infrastructure de transport accessible, de
souligner Bob Oliver. Les entreprises
doivent désormais commencer à planifier
en fonction de changements qui, bien que
prévisibles, sont susceptibles d’amener des
chamboulements des plus imprévisibles. »
Gestion des risques
« En fin de compte, l’adaptation au changement climatique est un autre volet de la gestion
fondamentale des risques, de dire Bob Oliver de Pollution Probe. C’est ce que les
entreprises bien gérées font actuellement et c’est aussi ce que chaque entreprise doit
faire : comprendre les enjeux, évaluer sa vulnérabilité et prendre les mesures nécessaires
pour atténuer le risque grâce à une planification adéquate. »
Dans son rapport Adapting to Climate Change: A Business Approach, le Pew Center on
Global Climate Change, situé à Arlington, en Virginie, présente un processus d’évaluation
en trois étapes :
1. Déterminer si le changement climatique est un facteur important ;
2. Déterminer si la menace est imminente ou à long terme ;
3. Évaluer le coût d’une mauvaise décision.
À l’instar du Centre Pew, Bob Oliver suggère de commencer par évaluer la vulnérabilité
des activités principales. Mais il ne faut pas s’arrêter là. « Il faut aussi examiner la
vulnérabilité de sa chaîne logistique et de sa chaîne de valeur, dit-il. Par exemple, dans
quelle mesure les réseaux de distribution, les services de vos fournisseurs ou l’accès aux
principaux intrants risquent-ils d’être interrompus ? Et il n’y a pas que la quantité des
ressources disponibles ; le changement climatique peut aussi avoir un impact sur la
qualité des ressources, l’eau, par exemple. Compte tenu du type d’entreprise, il peut
même être nécessaire de prévoir que les changements de climat à long terme pourraient
entraîner des changements dans la demande des consommateurs », ajoute Bob Oliver.
Une perspective à long terme
S’il ressort de l’évaluation que le degré de
vulnérabilité des activités représente un
risque réel, la prochaine étape consiste à
définir des mesures d’adaptation
potentielles.
« Une stratégie d’adaptation à court terme
est, essentiellement, un plan de secours,
affirme Bob Oliver. Si le bouleversement
devait se produire demain, que pourrions-
nous faire pour assurer la poursuite des
activités ? Voilà un exercice que l’on se doit
de faire. Toutefois, le changement
climatique évoluera au fil du temps,
provoquant un changement à long terme
des écosystèmes. Voilà pourquoi tout plan
d’adaptation doit adopter une perspective à
long terme. »
Par exemple, les projections sur l’élévation
du niveau de la mer pourraient mener une
entreprise à modifier l’élaboration de ses
plans et l’emplacement de ses installations.
Selon Bob Oliver, l’une des réponses
cruciales consiste à trouver des moyens
d’utiliser les ressources plus efficacement.
« Si vos processus opérationnels dépendent
de ressources comme l’eau ou l’énergie, et
que vous développez des moyens d’en
utiliser une quantité moindre, vous serez
beaucoup moins vulnérable aux fluctuations
de la chaîne logistique. » Bob Oliver souligne
un autre point important : les mesures
« Si vos processus opérationnels
dépendent de ressources comme
l’eau ou l’énergie, et que vous
développez des moyens d’en
utiliser une quantité moindre,
vous serez beaucoup moins
vulnérable aux fluctuations de la
chaîne logistique. »
— Bob Oliver, Pollution Probe