En fait, vous aviez survolé la notice de votre nouvel appareil numérique de trop haut pour y voir les
choses vraiment importantes et qui sont, en plus, jamais au début, et qui, en plus, sont écrites en petits,
et, en plus, ils le font vraiment exprès, non ?
POURQUOI DES YEUX ROUGES.
Juste avant que le flash lance son éclair, la lumière d’ambiance dans la pièce est modérée. Les
convives du réveillon ont leurs pupilles assez largement ouvertes. La pupille, encore nommée prunelle,
est le trou noir au centre de l’iris que l’on a représenté sur les illustrations ci-dessous. Sa dimension
varie selon l’éclairement pour permettre à la rétine de recevoir la quantité de lumière nécessaire à une
vision correcte. Dans la pénombre, la pupille peut avoir une ouverture de 10 mm, alors qu’elle se
réduit à un diamètre de 2 mm en présence d’une grande lumière.
Schéma de principe de l’oeil La prunelle de votre serviteur
A l’instant où le flash émet une grande quantité de lumière, de nombreux yeux sont dirigés vers
l’appareil car, original comme je vous connais, vous avez finement lancé : « souriez, le petit oiseau va
sortir ». Cette adjuration, immanquablement, impose à tous de regarder l’appareil pour tenter
d’apercevoir le modeste volatile. Ce que vous ignorez, à ce moment précis, est que le système
musculaire de chacun de ces yeux va faillir à sa mission, faute de temps. Dans cette nouvelle situation
de grande lumière produite par l’éclair du flash, il aurait dû ramener la taille de la pupille à une
dimension bien plus petite. Mais le délai nécessaire à la mise en œuvre de ce système musculaire est
trop long, la pupille reste donc ouverte pendant l’émission de la lumière du flash. Une grande quantité
de lumière entre ainsi par la pupille et se réfléchit sur la rétine.
La couleur sous laquelle est vu un objet dépend des propriétés de sa surface. Selon les composantes
lumineuses qu’elle absorbe plus ou moins totalement, la lumière réfléchie possède une dominante
particulière que l’on appelle la couleur de l’objet. C’est grâce à ce phénomène que l’on voit un objet
comme rouge, vert ou bleu. Un objet que l’on voit blanc réfléchit chacune des composantes de la
lumière incidente dans les mêmes proportions, il ne produit donc pas de dominante particulière, la
lumière réfléchie reste donc blanche. En revanche, un objet que l’on voit noir possède une surface qui
absorbe toutes les composantes de la lumière incidente, il ne réfléchit aucune lumière.
La rétine est une membrane qui possède une couleur rougeâtre car elle est très irriguée de sang. La
lumière blanche de notre flash se réfléchit partiellement sur la rétine en prenant une belle dominante
rouge, puis ressort par la pupille encore largement ouverte. La suite de l’histoire vous l’imaginez. La
lumière avec sa dominante rouge arrive sur la surface sensible de votre appareil photographique.
Voilà comment on immortalise mémé, maman et la petite avec de magnifiques yeux de lapin. Vous
venez de photographier les rétines de la famille, en quelque sorte !
Un dernier mot du comportement de l’éclair du flash que nous avons besoin de comprendre. En
observant avec attention des yeux, rouges ou pas, d’ailleurs, vous noterez sur chaque œil une zone plus
ou moins grande et plus ou moins claire qui peut se situer en diverses positions. Il s’agit de la réflexion
d’une partie de la lumière du flash sur l’extérieur de la cornée. Ce reflet cornéen donne son caractère
vivant au regard. Sa position fournit aussi une indication de la position du globe oculaire, c’est à dire
2