Une inuence possible dans certaines
régions sensibles
Cette analyse statistique a permis de conrmer
l’absence d’évolution généralisée des bas
débits des cours d’eau en France, l’été. Mais,
en s’intéressant à une longue période passée,
les scientiques ont pu mettre en évidence
pour la première fois des tendances évolutives
marquées dans certaines zones où la question
de la ressource en eau s’avère sensible: ainsi,
la durée et la sévérité des étiages ont augmenté
ces dernières décennies dans le sud de la
France principalement, sauf dans les Alpes,
alors que cette tendance n’est pas révélée dans
le nord. Par ailleurs, la période d’étiage apparait
débuter de plus en plus tôt dans l’année, dans
les régions de plaine.
1 - Renard, B. 2006. Détection et prise en compte d'éventuels
impacts du changement climatique sur les extrêmes
hydrologiques en France. Thèse, INPG, Cemagref Lyon.
2 - Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement
et du logement – service régional unié du ministère de
l‘Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la
Mer (MEEDDM)
Des étiages sous surveillance
Les scientiques du Cemagref s'intéressent
depuis plusieurs années à cette question
de l'inuence du changement climatique sur
l'évolution des plus faibles débits des rivières,
en été (période d'étiage), et donc de la quantité
d'eau disponible sur ces périodes.
En 20061, leurs travaux fondés sur l'analyse
statistiques de données recueillies avant 2003
sur 200 stations de mesures réparties sur
les cours d'eau français, n'avaient pas révélé
d'évolution généralisée des étiages, à l'échelle
de l’ensemble du territoire métropolitain. En
revanche, ils avaient permis de mettre en
évidence certaines tendances cohérentes, donc
un lien possible entre réchauffement du climat
et évolution des bas débits des rivières, à une
échelle plus ne, régionale, dans les Alpes, les
Pyrénées et Nord-Est.
Sur la base de ces résultats, l'Onema et le
Cemagref ont souhaité mettre en place une
surveillance accrue des bas débits des cours
d'eau, à travers l'établissement d'un réseau
de référence. Ce réseau est constitué de
stations dont les débits sont peu inuencés par
les activités humaines locales. Son objectif ?
Détecter et préciser l’évolution des débits d’étiage
liée aux changements globaux, en identiant les
stations de mesures ables sur le territoire et les
indicateurs statistiques pertinents pour analyser
les évolutions des étiages (date de survenue,
durée, intensité…) au cours du temps.
Des séries de mesures hydrologiques, étendues
sur plus de 40 ans, ont été triées puis analysées,
en collaboration avec les gestionnaires régionaux,
en particulier les DREAL
2
, en charge des relevés
et des archives de mesures. La qualité du
protocole de mesure, du suivi et des conditions
environnementales du recueil de ces mesures
a également été soigneusement étudiée an de
conserver des données ables et limiter certains
biais ou erreurs (changements d'appareils ou
de techniques de mesures, inuence d'activités
humaines, urbanisation…).
Au total, le travail a porté plus spéciquement sur
les données de 221 stations en France, réparties
sur des rivières non soumises à l’inuence
d’activités humaines, et sur une vaste période
s’étendant de 1968 à 2007.