Journée d’étude. 16 janvier 2015, Lyon
Produits, matériaux, déchets : circulations territoriales et économie des circularités
Objectif et organisation
Une journée d’étude est organisée le 16 janvier sur le thème des « circulations territoriales et
économie des circularités » relatives aux matériaux, déchets et divers produits incluant l’énergie.
Cette journée, soutenue par l’ARC 3, a pour ambition d’amorcer la réflexion scientifique de l’atelier 2
du nouveau contrat de laboratoire de l’UMR 5600 Environnement ville société, en réunissant, entre
autres, des contributions représentatives des travaux -collectifs et individuels- et projets en cours
au sein de l’UMR et ailleurs, sur des objets communs ou proches. Ces échanges permettront de
cerner les particularités de chacune des approches disciplinaires, qu’elles soient analytiques,
critiques ou appliquées, et d’engager un dialogue entre notamment les SHS, les sciences de
l’ingénieur et les sciences de l’environnement.
L’objectif est de réfléchir à une future publication collective. Dans cette perspective la circulation
préalable de textes, même courts, serait bienvenue.
Caractériser et analyser les circulations et circularités à partir de lectures matérielles et territoriales
Comment, dans le monde contemporain, face aux impératifs du développement durable, les choses,
les matières, circulent-elles ou devraient-elles circuler ? Comment comprendre, décrire, modéliser
et analyser les processus de circulation des choses dans l’espace et dans le temps ? Quelle est
l’importance et la signification environnementale, éthique, économique, sociale des circulations ?
Comment identifier et analyser les systèmes et agencements complexes qui combinent des
phénomènes physiques, des dispositifs technologiques, des collectifs d'acteurs humains et non-
humains, et des modes de régulation (juridique, sociale) ?
Appréhender les dimensions territoriales et géographiques des flux de matières
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mobilisés par le
fonctionnement économique au sens large à partir des dimensions de « circulation » et de
« circularité » permet de s’attacher à la fois :
- à la mobilité de ces matières, c’est à dire à leur déplacement dans l’espace, que celui-ci soit
maîtrisé et planifié, impliquant des infrastructures en réseau ou non, ou bien au contraire,
lorsque l’on perd le contrôle de cette mobilité et qu’elle prend la forme de pollutions
diverses (pollutions chimiques, nucléaire... ayant comme vecteur l’air, l’eau, les sols...).
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Cela inclut les matières « premières », matériaux de construction, déchets et énergie.
- A la dimension cyclique visant à réintroduire des matières résiduelles dans les circuits de
production et de consommation (recyclage, récupération énergétique, valorisations
diverses), quels que soient les modes d’organisation qui sous tendent ces pratiques
(instauration réglementaires de filières de recyclage, pratiques informelles de récupération,
innovations pour créer de nouveaux matériaux...).
Les circulations de matière mettent en jeu des dimensions culturelles et sociales qui trouvent à
s’incarner dans l’espace. En effet, les (re)configurations des circularités propres à chaque matière
comportent une dimension spatiale déterminante, qui tend à être maîtrisée et infléchie, à travers
l’application de principes de proximité, d’économie circulaire, des pratiques de circuits court, et qui
tend également à être objectivée (démarches d’empreinte écologique, de bilan carbone ou d’analyse
des cycles de vie). C’est sur la base de ce constat que la caractérisation et l’analyse des processus,
formes et modalités des circulations - circulation planifiée, contrôlée ou spontanée, non maîtrisée
(pollution, matières illicites)- prend son sens.
La contribution des approches des sciences du territoire se situe potentiellement à plusieurs
niveaux, qu’il conviendra justement de mettre en débat avec des représentants des disciplines
voisines. Elle porte sur la structuration économique et territoriale des filières impliquées dans la
circulation et le recyclage des matières. Au-delà des entreprises à très haute technicité, ces activités
impliquent en effet des acteurs économiques ordinaires fortement liés au territoire, parfois
d’ailleurs « invisibilisés » par leur statut informel (recyclage des métaux par ex.). Pourtant ces
filières, souvent non identifiées par les politiques publiques, jouent un rôle majeur, dont on peut
interroger la contribution aux objectifs de durabilité et de remise en circularité de l’économie locale.
On soulignera en particulier que toute circulation de matière implique, de manière complémentaire,
une circulation d’argent (selon une répartition qui détermine des hiérarchies sociales et politiques)
et relève de l’économie politique. Les circulations ne vont souvent pas sans conflit ou controverses,
lesquelles méritent d’être appréhendées au delà des dimensions « d’acceptation » ou
« d’acceptabilité » sociale des procédés et des produits. Enfin et plus généralement, les circulations
varient selon leurs caractéristiques matérielles (volume, type de matière...), l’endroit elles se
produisent, l’échelle à laquelle elles se déploient, et les acteurs qui les mettent en œuvre.
Certains travaux interrogent de manière critique la notion de métabolisme urbain (Swyngedouw,
2006) ou proposent de prendre en considération les propriétés matérielles de l'énergie et d'en
suivre les flux (Mitchell, 2011). Il s’agit de prendre au sérieux la question de la matérialité des objets
et des matières, notamment dans leur dimension circulatoire, c’est-à-dire, très directement, dans
leur relation au territoire (Barles, 2010) et la lecture géographique à laquelle elle invite (Bridge et
al, 2013). Cette perspective vise à analyser de manière concrète à la fois des dispositifs matériels et
technologiques mais aussi les agencements d'acteurs (individuels ou institutionnels), qui les
rendent possibles.
Contributions attendues
Les communications attendues sont à la fois de nature théorique et empirique. Elles proviendront à
la fois des disciplines « classiques » du territoire (géographie, aménagement et l’urbanisme,
sociologie, histoire, économie ou sciences politiques) mais aussi des disciplines de l’ingénierie et de
l’environnement, qui esquissent elles-mêmes un tournant social et spatial.
Les thématiques traitées sont vastes, les contributions peuvent porter par exemple sur : la
transition et l’efficacité énergétiques à l’échelle du bâtiment, de la ville ou du territoire ; le
changement climatique et les nouvelles formes de politiques urbaines ; la gestion des déchets de
démolition du bâti urbain et des grandes infrastructures techniques ; la collecte, l’élimination ou le
recyclage des déchets ménagers, industriels ou radioactifs ; la dépollution des sols in situ via le cycle
du vivant ou par excavation, et la circulation souterraine des polluants ; la logistique urbaine ;
l’évaluation environnementale et économique des scénarios de circulation collaborative ou
mutualisée (des produits agricoles par exemple) ; les matériaux « premiers » pour la construction ;
les circuits courts (pour les produits agricoles et alimentaires, les produits manufacturés, les
matériaux de construction, les déchets), la consommation, le recyclage, la mutualisation, la question
du stockage ou de l’évacuation des matières...
Quatre entrées générales ont été identifiées :
- Analyser et modéliser la transition et l’efficacité énergétiques ;
- Le métabolisme des territoires et la circulation des matières : économie circulaire, flux et
logistique ;
- Quelle place pour les héritages et les temporalités dans la compréhension des circulations ? ;
- Données et analyse de données des flux et des circulations : collecte, analyse, conservation,
destruction...
Barles, Sabine, 2010, Society, energy and materials : the contribution of urban metabolism studies to
sustainable urban development issues, Journal of Environmental Planning and Management, vol. 53,
n°4, p. 439-455
Bridge, Gavin, Stefan Bouzarovski, Michael Bradshaw, & Nick Eyre, 2013, Geographies of energy
transition: Space, place and the low-carbon economy, Energy Policy, 53, p. 331-340.
Mitchell T., 2013, Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l'ère du pétrole, Paris, La Découverte,
330 p., 1ère édition 2011, traduit de l'anglais par Christophe Jaquet
Swyngedouw E., 2006, Circulations and metabolisms : (Hybrid) Natures and (Cyborg) cities, Science
as culture, vol 15, n°2, p. 105-121
Gert Spaargaren, Arthur P.J. Mol and Frederick H Buttel (eds), 2006, Governing Environmental Flows.
Global Challenges to Social Theory, The MIT Press
Calendrier
La journée d’étude aura lieu le 16 janvier 2015 à Lyon.
Une réponse avec un titre et un bref résumé est attendue pour le 29 septembre 2014, à envoyer à
romain.garcier@ens-lyon.fr, laurence.rocher@univ-lyon2.fr, eric.verdeil@normalesup.org
Les textes sont attendus pour le 3 janvier 2015.
Organisateurs : Romain Garcier, Laurence Rocher, Eric Verdeil.
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