- A la dimension cyclique visant à réintroduire des matières résiduelles dans les circuits de
production et de consommation (recyclage, récupération énergétique, valorisations
diverses), quels que soient les modes d’organisation qui sous tendent ces pratiques
(instauration réglementaires de filières de recyclage, pratiques informelles de récupération,
innovations pour créer de nouveaux matériaux...).
Les circulations de matière mettent en jeu des dimensions culturelles et sociales qui trouvent à
s’incarner dans l’espace. En effet, les (re)configurations des circularités propres à chaque matière
comportent une dimension spatiale déterminante, qui tend à être maîtrisée et infléchie, à travers
l’application de principes de proximité, d’économie circulaire, des pratiques de circuits court, et qui
tend également à être objectivée (démarches d’empreinte écologique, de bilan carbone ou d’analyse
des cycles de vie). C’est sur la base de ce constat que la caractérisation et l’analyse des processus,
formes et modalités des circulations - circulation planifiée, contrôlée ou spontanée, non maîtrisée
(pollution, matières illicites)- prend son sens.
La contribution des approches des sciences du territoire se situe potentiellement à plusieurs
niveaux, qu’il conviendra justement de mettre en débat avec des représentants des disciplines
voisines. Elle porte sur la structuration économique et territoriale des filières impliquées dans la
circulation et le recyclage des matières. Au-delà des entreprises à très haute technicité, ces activités
impliquent en effet des acteurs économiques ordinaires fortement liés au territoire, parfois
d’ailleurs « invisibilisés » par leur statut informel (recyclage des métaux par ex.). Pourtant ces
filières, souvent non identifiées par les politiques publiques, jouent un rôle majeur, dont on peut
interroger la contribution aux objectifs de durabilité et de remise en circularité de l’économie locale.
On soulignera en particulier que toute circulation de matière implique, de manière complémentaire,
une circulation d’argent (selon une répartition qui détermine des hiérarchies sociales et politiques)
et relève de l’économie politique. Les circulations ne vont souvent pas sans conflit ou controverses,
lesquelles méritent d’être appréhendées au delà des dimensions « d’acceptation » ou
« d’acceptabilité » sociale des procédés et des produits. Enfin et plus généralement, les circulations
varient selon leurs caractéristiques matérielles (volume, type de matière...), l’endroit où elles se
produisent, l’échelle à laquelle elles se déploient, et les acteurs qui les mettent en œuvre.
Certains travaux interrogent de manière critique la notion de métabolisme urbain (Swyngedouw,
2006) ou proposent de prendre en considération les propriétés matérielles de l'énergie et d'en
suivre les flux (Mitchell, 2011). Il s’agit de prendre au sérieux la question de la matérialité des objets
et des matières, notamment dans leur dimension circulatoire, c’est-à-dire, très directement, dans
leur relation au territoire (Barles, 2010) et la lecture géographique à laquelle elle invite (Bridge et
al, 2013). Cette perspective vise à analyser de manière concrète à la fois des dispositifs matériels et
technologiques mais aussi les agencements d'acteurs (individuels ou institutionnels), qui les
rendent possibles.
Contributions attendues
Les communications attendues sont à la fois de nature théorique et empirique. Elles proviendront à
la fois des disciplines « classiques » du territoire (géographie, aménagement et l’urbanisme,
sociologie, histoire, économie ou sciences politiques) mais aussi des disciplines de l’ingénierie et de
l’environnement, qui esquissent elles-mêmes un tournant social et spatial.
Les thématiques traitées sont vastes, les contributions peuvent porter par exemple sur : la
transition et l’efficacité énergétiques à l’échelle du bâtiment, de la ville ou du territoire ; le
changement climatique et les nouvelles formes de politiques urbaines ; la gestion des déchets de