AIR(E) de JE(UX)
Titre provisoire
Création 2016
Tout public à partir de 8 ans
DOSSIER ARTISTIQUE
Notes d’intention
Quand je regarde ma fille je me vois, je vois sa mère et je la vois. Attitudes, manière de s’exprimer,
ressemblance physique, traits de caractère, cette petite fille de 8 ans est comme une éponge qui se
serait chargée des influences de son entourage et qui, peu à peu, aurait décidé de « presser » à
certains endroits pour ne garder que certains attributs, et qui aurait également fabriqué ses propres
attributs.
La regarder grandir, c’est comme me voir dans un miroir, qui me renverrait une image de moi
déformée par le prisme de ma fille.
Et puis il y a en elle des choses qui me sont totalement inconnues, qui font qu’elle est une personne
unique, un autre parmi les autres.
Ce qui est valable pour elle l’est aussi pour l’ensemble des enfants : entre inculcation et interaction,
l’espace de l’enfance est celui se forgent les individualités. L’enfant s’approprie, à travers
l’interaction avec ses proches, un certain nombre de valeurs, de normes, de rôles, qui participent à
son éducation, à sa socialisation. Mais de manière plus sensible, plus inconsciente, il s’approprie
également des savoir être, des « manières de », qui vont l’aider à construire son identité. Dans une
logique de mimétisme ou de rejet, c’est à travers les rencontres qu’il fait, à travers les autres (et
principalement les adultes), que l’enfant se définit.
Nous adultes, sommes donc des modèles, des caricatures de caractères. Et nos enfants sont les
témoins de nos comportements, qu’ils absorbent, assimilent ou rejettent. De ce constat m’est venue
l’envie d’un spectacle. Un spectacle qui parle de cette influence silencieuse que nous exerçons, nous
les grands, mais aussi de la formidable capacité des petits à devenir des êtres uniques, qui à leur tour
nous modèlent.
A l'heure ou la tendance est au repli sur soi, à la crainte de l'autre, il me semblait important
également de mettre l'accent sur les richesses que les rencontres nous apportent à tous, grands et
petits et de répéter que c'est en se frottant à l'autre, à ses différences, que nous sommes en capacité
de grandir, que l'on soit grand ou petit.
Ce spectacle parlera donc de rencontres et d'influences....
Parallèlement, j'avais envie depuis plusieurs années de revenir à la confrontation du jeu masqué et
de la marionnette, déjà présent dans le spectacle « les vies de greniers » créé il y a dix ans, et de
pousser encore ce rapport corps/objet et ce travail d'échelle entre personnage masqué et objet
manipulé. Pour cette création, l'utilisation du masque larvaire a été une évidence : c'est un masque
figé, qui recouvre l'entièreté du visage et qui demande une précision sans faille dans la technique.
C'est tout naturellement que le choix d'Hacid BOUABAYA s'est imposé pour la mise en scène, de par
sa grande expérience de la discipline et des affinités artistiques qui nous lient. Marionnettes et
masques seront donc les acteurs de création « AIR(E) DE JE(UX) ».
Nicolas JEAN
Le masque est au centre de ma recherche artistique depuis plus de 25 ans. Le masque amplifie,
agrandit par le regard, le mouvement, le geste l’émotion du moment. Le masque démasque, épure le
propos, essentialise le jeu, efface les fioritures pour aller droit au but. Il dévoile l’émotion sincère du
geste et du regard. C’est pourquoi, quand la Compagnie La Cuillère, au travers de Nicolas JEAN m’a
proposé de mettre en scène un spectacle sans parole, avec masques larvaires et marionnettes jouant
ensemble sur une partition évocatrice - la rencontre - je n’ai pas hésité une seconde.
Le masque larvaire et la marionnette ont un fonctionnement assez similaire. La recherche de
l’essentiel est primordiale. La rigueur technique doit être absolue pour porter une justesse
indispensable à ce mariage.
C’est par la rencontre que nous nous construisons. C’est par l’échange, la transmission, l’attirance, la
répulsion, la curiosité, le mimétisme, la peur, la haine ou l’amour qu’engendrera cette rencontre que
chacun se grandit. Qu’il soit père ou mère, frère ou sœur, ami ou inconnu, l’autre est de fait notre
partenaire dans notre construction émotionnelle, physique, mentale ou philosophique.
L'expérience de Nicolas dans la manipulation de marionnette et
la mienne dans la technique de masque vont se confronter et
nous allons pouvoir explorer ensemble des rapports d'échelle
nouveaux, qui promettent de beaux moments artistiques. Ce
spectacle dont un des sujets est l'influence, utilise également des
techniques d'influences : influence du corps sur un masque
larvaire, influence du manipulateur sur la marionnette. Un travail
corporel donc, un travail plastique également très important car
notre langage sera visuel. Des musiques originales, nées du travail
sur le plateau, porteront l’ensemble du spectacle.
Un décor sera sobre. Il mettra en valeur le masque et la
marionnette. Les masques, marionnettes et accessoires se
construiront et évolueront conjointement au travail de recherche
sur scène. Nous travaillerons ensemble, Nicolas JEAN et moi-
même sur l’écriture du spectacle.
Hacid BOUABAYA
Dramaturgie
AIR(E) de JE(UX) pourrait être vu comme un laboratoire d'anthropologie sociale. Nous plaçons dans
un même espace (celui du plateau) des grands et des petits et nous observons la façon dont les
comportements des grands influent sur ceux des petits. Sur scène, du côté des grands, des
rencontres s’enchaînent entre différents personnages. Les petits, témoins de ces rencontres,
réagissent : ils imitent, ils rejettent, ils transforment ce qu'ils ont vus ou ressenti, et chaque
rencontre leur permet d'affiner (d'affirmer?) leur identité. Le spectateur est lui-même témoin des
évolutions des personnages.
AIR(E) de JE(UX) est une réflexion sur ce qui se transmet inconsciemment d'un individu à l'autre, un
théâtre sans parole qui exacerbe la communication silencieuse des corps. C'est un spectacle qui agit
comme un miroir, une prise de conscience qui nous montre à quel point nos comportements
influent sur les autres, et principalement sur les enfants qui nous sont proches. Non dénué
d'humour, le spectacle s'adresse aux enfants autant qu'aux adultes, puisqu'il adopte le point de vue
de l'enfant : si l'action est jouée par des grands, elle n'est que le prétexte à regarder comment elle
résonne du côté des petits.
La temporalité est celle de l'enfance, depuis les premiers sourires au dessus du berceau jusqu'au
moment l'enfant devient lui-même un grand. C'est à ce moment que le miroir s'inverse et que
nous découvrons que même adulte nous continuons de grandir au contact des autres.
Axes de mise en scène
Un monde clos, régi par ses propres conventions
Le propos dramatique sera porté par un éloignement, une transposition radicale de la réalité. En
effet, il s'agit ici d'un théâtre sans parole, un théâtre du corps et d'objet, un théâtre de sensation et
d'images. Notre but n'est pas de faire du beau, mais que l’esthétisme soit au service du sens et de
l'émotion.Nous entrons donc dans un univers codifié, de par la nature même des disciplines
employées : le masque larvaire et la marionnette. Ces deux médiums utilisent les mêmes
conventions : la question du focus, celle de la distanciation entre autres. Nous ne sommes pas dans
un théâtre réaliste mais dans un théâtre régi par ses propres règles d'expression. Le parti pris est
également d'emmener le spectateur dans un monde clos, sans référence à une époque donnée, ou à
un lieu précis. L'espace est celui de la scène, et ce qui se passe se passe sur scène. Le spectacle est
comme une parenthèse, en dehors de toute inscription dans le monde réel. C'est aussi grâce à cela
que chacun pourra relier ce qu'il voit à lui-même.
Une double narration
Dans ce spectacle les adultes, les grands seront joués pars les comédiens masqués (masques
larvaires). Pour augmenter, et symboliser le rapport d’échelle, les enfants ou descendants, les petits
seront représentés par des marionnettes sac ou sur table de 50 à 80 cm.
Le sans visage (Le voyage de Chihiro – Miyazaki) Les sylvains (Princesse Mononoké - Miyazaki)
Du côté des grands, le spectacle se déroule comme une succession de rencontres fortes l'on
cristallisera en un temps donné les grandes émotions qui naissent face à " l'Autre ". De manière
progressive nous entrerons dans la complexité et la subtilité des rapports humains. Il ne s'agit pas ici
de proposer un catalogue, ni un mode d'emploi des moyens d'entrer en relation avec l'autre, mais
de porter un regard nouveau sur notre manière d’appréhender la différence. De même nous nous
concentrerons sur la communication non verbale : comment lit-on dans notre corporalité les
émotions qui nous traversent face à un plus fort, ou devant le désir de l'autre ?
Du côté des petits, on assiste, tout au long du spectacle à l'évolution des personnages, à leur
" croissance " en quelque sorte. Des rencontres entre adultes complètement différents va émerger
un flot d'émotions : amour colère, rejet peur...Et ces émotions vont devenir le ciment de la formation
de l'identité des petits. Par mimétisme, par protection ou par opposition ils vont se construire. À
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