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Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. III - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2005
lysé le tabagisme chez 624 patients adressés en
réadaptation cardiaque (472 réadaptés et 152
non-réadaptés). La persistance du tabagisme à 3
mois (durant la réadaptation) est de 13,7 % chez
les patients réadaptés versus 30,5 % chez les non-
réadaptés. Les facteurs associés à la poursuite de
l’intoxication sont le sexe masculin, le jeune âge et
la persistance d’un angor. La poursuite du taba-
gisme est corrélée à un taux de triglycérides plus
élevé et à une moindre confiance en soi
(7)
.
Sédentarité : cela va sans dire mais….
Les capacités physiques d’un sujet, y compris pour
les patients atteints de maladies cardiovasculaires,
sont prédictives de la mortalité cardiovasculaire.
Pour les patients coronariens, il est maintenant bien
démontré que la pratique régulière d’activités phy-
siques d’intensité modérée diminue la mortalité
totale à 7 ans de 10 % en valeur absolue.
L
ES NOUVEAUX MARQUEURS
D
’
ATHÉROSCLÉROSE
,
DYSFONCTION
ENDOTHÉLIALE ET HYPOTHÈSES
PHYSIOPATHOLOGIQUES
Les mécanismes classiquement proposés pour ex-
pliquer les bénéfices de l’activité physique sont :
–une réduction de la demande myocardique en
oxygène pour un niveau d’effort donné ;
– une amélioration des capacités physiques aérobies ;
– la modulation du système nerveux autonome ;
– l’amélioration du profil de risque cardiovasculaire.
Plus récemment, les travaux sur l’exercice phy-
sique ont démontré une amélioration de la fonc-
tion endothéliale et un effet sur les marqueurs de
l’inflammation qui jouent un rôle majeur dans la
pathogenèse de la maladie coronaire.
L’exercice physique réduit les taux de fibrinogène,
de protéine C réactive (CRP), et module le niveau
d’activation plaquet
taire. Ainsi, Milani et al. ont
montré chez 277 patients
(comparés à un groupe
contrôle de 42 patients) qu’un programme de
réadaptation cardiaque de 3 mois diminue de
36 % les taux de CRP ultrasensible, indépendam-
ment de la prise de statine ou de la perte de poids.
Plus récemment, une revue de la littérature a
étudié les effets de l’exercice physique sur les
marqueurs de l’inflammation. En aigu, il entraîne
une réponse inflammatoire, mais s’accompagne, à
moyen et long terme, d’ un effet “anti-inflammatoi-
re” avec une diminution non seulement de la CRP,
mais également des cytokines pro-inflammatoires
(IL-6 ou TNF)
(8)
.
La dysfonction endothéliale qui participe à la
genèse et à la progression de l’athérosclérose est
un facteur de risque reconnu dans la maladie coro-
naire. L’entraînement physique a montré une amé-
lioration de la vasodilatation endothélium dépen-
dante chez les patients diabétiques, hyperten-
dus, coronariens ou après un infarctus du myo-
carde (IDM). Les améliorations de la fonction
endothéliale s’accompagnent d’une augmentation
de la réserve coronaire.
L’augmentation du tonus parasympathique, avec
réduction du taux de catécholamines pour un niveau
d’effort donné, peut participer aux effets cardio-
protecteurs de la réadaptation.
Enfin, la prescription particulièrement rationnelle
et ciblée des traitements pharmacologiques parti-
cipe à la prévention secondaire et à la correction
des facteurs de risque : incluant la prescription de
bêtabloquants, IEC, statines, etc., dont
les grandes
études ont prouvé l’indéniable efficacité.
M
ESURES COMPORTEMENTALES
La maladie coronarienne ne doit plus être envisa-
gée comme un processus mécanique, mais comme
la conséquence de facteurs génétiques, biolo-
giques et psychosociaux. Ainsi, le mode de vie peut
jouer un rôle décisif dans le développement des
lésions vasculaires. Les effets des mesures compor-
tementales ont été évalués par deux grandes
études : Multi-Fit model et SCRIP. MultiFit model
est un programme coordonné par des infirmières et
supervisé par des médecins dans lequel 585 patients
(20 % de femmes) sont recrutés en postinfarctus
et sont randomisés en deux groupes : intervention
versus contrôle. Les modifications comportemen-
tales visées sont : l’arrêt du tabac, le régime, la pra-
tique d’activités physiques, et l’observance des trai-
tements hypolipémiants. L’intervention comprend
des conseils de motivation axés sur les modifica-
tions de comportement avec une identification
d’éventuelles barrières pour prévenir les risques de
rechute, et relayés par des contacts téléphoniques