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ROMANA
ROMANA
Le journal des latinistes du LFS
Lycée Français de Singapour Numerus XII — MMXIV
Qui étaient
vraiment les
Gaulois ?
EDITORIAL
Il y a environ vingt-cinq siècles, vivent au nord des Alpes, entre le bassin
parisien et l'Europe centrale, des peuples que les Romains appellent « Gaulois » et
que les Grecs nomment « Celtes ». Romains et Grecs, qui se considèrent comme
civilisés, les jugent sales, brutaux et ivrognes, c'est-à-dire barbares. En réalité, bien
avant la conquête romaine, ces peuples forment déjà une civilisaon brillante,
éclipsée ensuite par Rome dans les mémoires puisqu'elle n'a pas laissé de traces
écrites (J-P Demoule, Les Gaulois, Hachee Éducaon, 1995). Parmi ces peuples, les
Gaulois n'habitent pas d'impénétrables forêts, mais une Gaule largement défrichée
et exploitée, urbanisée et jalonnée de routes. Leur organisaon polique et sociale
est élaborée et ce sont des combaants redoutés pour leurs qualités guerrières.
Arsans émérites, passionnés d'astronomie et de chires, les Gaulois ont inventé la
charrue tractée, la moissonneuse, la coe de mailles... (Les cahiers de sciences et vie,
« Les Gaulois, qui étaient-ils vraiment ? », 125, 10 octobre 2011). Les lanistes de
VOX ROMANA vous souhaitent de belles vacances à l'occasion de ce numéro de n
d'année. Bonum oum ! J.-F.C. L.L.
Celte : le mot lan Celtus (pl. Cel ou Celtae) serait
emprunté au grec Κελτοί et Cel ou Celtae ont été
rapprochés du germanique Hildi- « guerre, déesse
guerrière » ou encore au lan celsus « élevé ». Selon
une autre théorie, le mot « celte » proviendrait de
l'indo-européen keleto qui signie rapide. Les Celtes
sont un groupe de peuples dont la civilisaon s'étend
sur l'Europe du XIIème au IIème siècle avant J-C. Le
celque comprend le breton, le gaulois et l'irlandais.
Gaule : on ne connaît pas avec certude l'étymologie du terme lan Gallus (Gaulois)
homonyme du nom du « coq » (lan gallus, i m > ancien français jal « coq ») peut-être
lui-même emprunté à un élément celque qui désigne la force. A la Renaissance, le
nom lan Gallus (Gaulois) est associé à son homonyme lan gallus (coq), devenu ainsi
l'animal emblémaque de la France lors de la redécouverte de « nos ancêtres les
Gaulois ». On parle de « gallicisme » pour une expression propre à la langue française.
Armorique : le terme est souvent ulisé pour désigner la Bretagne même s'il désigne
à l'origine un ensemble plus vaste. Il viendrait du gaulois aremorica qui signierait
« proche de la mer ». L'Armorique est le nom de la Bretagne jusquson invasion par
les Celtes venus d'Angleterre, les Britons.
Bretagne : du lan Briania (ou Britannia) qui signie liéralement « le pays des
Bretons » c'est-à-dire la Bretagne insulaire (aujourd'hui Grande Bretagne), province
romaine qui s'étend du Sud de l'île jusqu'au mur d'Hadrien. Le terme lan dérive
lui-même du mot grec Πρεττανικη (Preanike) ou Βρεττανίαι (Breaniai).
Gui : son nom est issu du lan viscum, i n (gui), devenu *WISCU en gallo-roman puis
*gwy et guy. Viscum signie aussi « colle, glu » (cf. visqueux) en référence à la viscosi-
té de ses fruits. Le gui est une plante parasite à baies blanches qui vit sur les branches
de certains arbres. C'est une plante sacrée en raison de ses vertus médicinales et
miraculeuses pour chasser les mauvais esprits, purier les âmes, guérir les corps,
neutraliser les poisons et même de voir les fantômes et de les faire parler.
Menhir : Le mot est construit à parr du breton maen (pierre), et hir (longue). Le
menhir est un monument mégalithique, pierre allongée dressée vercalement.
Couverture : François-Émile Ehrmann (1833-1910) - Vercingétorix lance un appel aux Gaulois pour la défense d'Alésia, 1869, crédit notesdemusees.blogspot.sg
Etymologie
par les lanistes de 5ème
Statère des Parisii, monnaie
gauloise, cc Clio20
La religion gauloise par les lanistes de Tle
La religion gauloise est l'ensemble des croyances et rites des peuples de la Gaule.
Un fait remarquable chez les Gaulois est le choix d'une transmission orale des
croyances et des savoirs en général. Cela pour ne pas ger les connaissances une fois
pour toutes dans l'écriture et permere à l'élite dirigeante de conserver ses préroga-
ves. Le peu de traces écrites à propos des croyances gauloises provient des auteurs
lans qui ont romanisés une pare des cultes gaulois suite à la conquête des Gaules
par le général en chef Jules sar (-100 ; -44). Les cultes gaulois sont naturalistes c'est-à
-dire qu'ils renvoient à une Nature divinisée aux dieux mulples. Hériers de la tradi-
on celque, les Gaulois praquent leurs rituels dans des lieux naturels tels que les
montagnes, les lacs, les rivières, les sources ou les groes. Le principal moyen d'expres-
sion de la piété est le sacrice qui a lieu dans un sanctuaire servé aux cérémonies
sacrées. Les oiseaux jouent un grand rôle dans l'exercice de la divinaon mais les
songes ont aussi une foncon importante en tant que liens avec les divinités.
Le polythéisme gaulois est
complexe. L'âme est considérée
comme immortelle puisqu'elle se
réincarne dans un autre corps et de
nombreux dieux sont vénérés. Taranis,
associé à Jupiter, dieu de l'orage
célèbre pour sa valeur guerrière ;
Epona, déesse de la fécondité protec-
trice du foyer et des moissons ; Teuta-
tès (Toutas), dieu guerrier que l'on
peut assimiler à Mars chez les
Romains et rendu célèbre par la bande-dessinée Astérix et Obélix. Le dieu le plus vénéré
est Lug, associé à la lumière stellaire et que Jules César compare à Mercure. Son nom a
par ailleurs été dérivé en noms de villes comme Lugdunum (Lyon), la capitale des
Gaules. Belenos, dont le nom signie « brillant », « brûlant », représente la lumière
solaire qui parvient à la surface de la terre. Dieu complémentaire de Lug, son nom est
très probablement à l'origine des toponymes du type Beaune.
Le druide est un personnage très important de la société celque qui est à la fois
ministre du culte, théologien, philosophe, gardien du savoir et de la sagesse, historien,
juriste et aussi conseiller militaire du roi et de la classe guerrière. Il est en premier lieu
l'intermédiaire entre les dieux et les hommes, chargé de la célébraon des cérémonies
sacrées et lui seul a le droit de praquer les sacrices. L'enseignement, c'est-à-dire la
transmission orale du savoir, fait aussi pare de ses responsabilités. Il se charge
notamment de l'instrucon
des enfants de l'aristocrae
dont certains deviendront
druides à leur tour. Véritables
maîtres de la Gaule avant
l'invasion romaine, les druides
passent par une période
d'apprenssage de 20 ans
pendant laquelle ils apprennent,
entre autres choses, les
sciences naturelles et l'art
de la divinaon. Le seul nom
de druide qui nous reste
aujourd'hui est celui de
Diviciacos, qui a été l'hôte
de Cicéron dans sa somp-
tueuse villa du Mont Pala-
n. Les écrits de Cicéron
précisent que Diviciacos
apparent à la fois à la
classe sacerdotale et à la
classe guerrière.
Taranis, détail du chaudron de Gundestrup, cc Claude Valee.
Un vision du XIXème siècle, Les druides portant le gui, Georges Henry et Edward
Atkinsons Hornel, 1890, domaine public.
Les inventions des Gaulois
par les lanistes de 3ème
Les Gaulois ont inventé beaucoup d’objets ou de machines pour se faciliter la
vie. L'héritage qu’ils transmirent au reste du monde anque concerne principalement
les domaines de l'arsanat, des arts militaires et des arts culinaires .
Ainsi, les Celtes de Gaule produisirent des charcuteries de qualité (pâtés,
boudins, saucisses) préparées parfois sous forme de salaisons (produits frais conser-
vés dans le sel), des fromages etc. Ils auraient inventé la cervoise, une bière fabriquée
a parr de blé. Elle faisait pare de leur alimentaon pour des raisons d’hygiène car la
cervoise pouvait présenter moins de risques que l’eau. Ils buvaient aussi de
l’hydromel, boisson à base de miel et de vin.
Pour transporter ces boissons, ils auraient ainsi créé les tonneaux de bois,
contrairement aux Romains qui ulisaient des amphores en terre cuite. Les tonneaux
étaient faits en châtaignier et cerclés de fer, ce qui était bien plus solide.
En eet, les Gaulois avaient une
grande maîtrise du travail des métaux.
Grâce à leur agilité à extraire le fer, ils
ont pu créer la coe de maille et les
dents des moissonneuses baeuses.
Cet oul ulisé pour l’agriculture, était
une grosse caisse sur roues armée de
dents. Elle était poussée par un bœuf
dans les champs de blé. Les dents arra-
chaient les épis qui tombaient dans la
caisse. Les Gaulois sont également con-
nus pour avoir inventé une sorte de
briquet avec deux barres de métal et un
silex taillé qui faisait des éncelles per-
meant d’allumer de l’amadou, un champignon. C’est sur cet amadou qu’on enam-
mait alors de l’herbe sèche. Des couteaux à lame repliable, qu’on appelle aujourd’hui
canif, ont été retrouvés récemment sur un site archéologique de Bobigny.
Les Gaulois sont aussi
à l’origine du savon lustrant
qu’ils ulisaient pour laver
leurs longs cheveux. Le savon
était fabriqué en grande
quanté. L’arsan gaulois
faisait fondre de la graisse
animale mélangée à de la
cendre sous haute température.
Il obtenait une pâte qui
refroidissait à température
ambiante. Ce savon servait
comme médicament mais
aussi pour blanchir les ssus
ou pour se laver.
Par ailleurs, le pantalon
également est gaulois. Les
braies étaient des pantalons
fabriqués à parr de ssus
de couleurs vives qu’ils por-
taient serrés ou non selon la
tribu. Les Romains s’éton-
naient de cee façon de
s’habiller car ils revêtaient
des tuniques ou des ssus
drapés.
Briquets gaulois et silex, reproduconcelte.centerblog.net
Ache pour l’Elixir gaulois, marque de liqueur,
1895, vintageadbrowser.com
Les Gaulois
en guerre
par les lanistes de 2nde
Contrairement aux idées
reçues, les Gaulois ne sont pas
des barbares qui livrent bataille
sans avoir établi au préalable de stratégie oensive ou défensive.
Être guerrier professionnel est un privilège héréditaire qui suppose
l'acquision de compétences guerrières. Les chefs gaulois constuent
l'élite de la société. Loin d'être simplement un bagarreur indiscipliné
comme certains héros de bande dessinée, le guerrier gaulois est en
réalité un combaant redouté pour sa technique et son courage.
L'art de la guerre repose sur la structuraon des forces et l'accroissement des
eecfs, sur un art strict du commandement fondé sur des préoccupations stratégiques
qui prennent en compte la topographie des lieux. Les Gaulois ont des compétences
dans le domaine des forcaons et des techniques de siège (la poliorcéque : du
grec ancien πολιορκέω, «assiéger», construit sur πόλις «ville, cité», et ἕρκο, «clôture»)
des places fortes (oppida).
Les armées gauloises au combat sont impressionnantes. Au début de la bataille,
le carnyx (trompee de guerre se jouant vercalement et dont l'extrémité est en
forme de hure de sanglier le plus souvent) sonne puis les soldats chantent un hymne
de guerre. Cet instrument permet aussi pendant le combat de transmere les ordres
via des mélodies diverses et d'amplier le tumultus gallicus, « le tumulte gaulois »
comme l'appellent les Romains. Les guerriers agitent leurs armes an de terroriser
l'ennemi tout en montrant les enseignes, symboles de la tribu. Il y a trois types de
combaants : l'infanterie légère qui représente l'eecf le plus important, l'infanterie
lourde composée de l'élite des guerriers et les chefs de guerre de l'aristocrae, les
mieux équipés, ce sont eux qui donnent les ordres au combat. Au signal donné, les
Gaulois se jeent sur l'armée adverse, les chars s'élancent par dizaine, conduits par un
écuyer dont le guerrier descend pour se bare après avoir lancé ses armes de trait. Les
guerriers du premier rang peuvent être torses nus pour exhiber èrement leurs
torques (colliers) et leurs bracelets, quant aux autres, ils portent une coe de maille et
forment un mur d'hommes qui se jeent sur les ennemis en hurlant. Après la bataille,
les vainqueurs emportent avec eux les têtes des vaincus en guise de trophées de
guerre.
Voici quelques
exemples de la panoplie
(du grec ancien πανοπλία :
armure) gauloise :
- le bouclier constué de
lames de bois collées entre
elles avec une résine et
recouvertes de cuir sur la
pare avant. De forme
ovale, son poids varie
entre 4 et 5 kg.
- la lance est l'arme
principale, très maniable et facile à fabriquer. Elle mesure entre 1,80 m et 2, 50 m.
- l'épée est courte (environ 65 cm), pointue et elée.
- le casque est en fer et de forme oblongue. Un protège-nuque peut être ajouté, quant
au haut du casque, il est néralement percé pour permere la xaon d'une crête
décorave.
- le linothorax, vêtement compode plusieurs couches épaisses de lin collées entre
elles. Lourd, inconfortable et rigide mais très ecace contre les aaques des armes
métalliques.
- la coe de mailles est une protecon en fer composée d'anneaux de 6 mm. Lourde,
elle a l'avantage d'être souple et de former ainsi une seconde peau.
Gauche : détail du chaudron de Gundestrup,
joueurs de carnyx, cc Valee. Ci-dessus : détail de
Astérix et le coup du menhir, www.acs.psu.edu
Extrait du lm Vercingétorix, par Jacques Dorfmann, 2001, torrentbutler.eu.
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