>> Le voLet économique
des contrats de viLLe <<
Contribuon des Centres de ressources Polique de la Ville
engagés dans la Mission naonale d’animaon
du Développement économique urbain
Mars 2015

Depuis 2012, de nombreux Centres de ressources
Polique de la Ville (CRPV) se sont inscrits dans la
démarche proposée par la Caisse des Dépôts
et Consignaons et le CGET intulée « Mission
naonale d’animaon du Développement Éco-
nomique Urbain ». Elle comporte deux axes :
d’une part la montée en compétence des Centres
de Ressources eux-mêmes et le déploiement
par les centres de ressources d’une ore de
qualicaon / partage d’expériences / mise en
réseau / producon de connaissances en direc-
on des acteurs locaux d’autre part. Lensemble
de la mission vise à soutenir la consolida-
on d’un volet économique ambieux dans la
polique de la ville.
Il est important de rappeler que les Centres de
ressources Polique de la Ville ne sont pas les
arsans directs de l’élaboraon des contrats
de ville. Leur rôle est de proposer des espaces
de réexion et de producon de connaissances
(théoriques, issues de l’expérience, méthodolo-
giques …) ules à la construcon des contrats de
ville par celles et ceux dont c’est la mission.
Cee contribuon vise à partager avec le CGET
et la Caisse des dépôts et consignaons, maîtrise
d’ouvrage de la Mission naonale d’animaon
du développement économique urbain :
des enjeux percepbles en vue de l’émergence
et de l’animaon d’un véritable « volet écono-
mique » des contrats de ville ;
des points de vigilance et des pistes de travail
à explorer.
Elle se base sur les constats et analyses issus
de nos récentes iniaves dans le champ du
développement économique urbain et de nos
séances de qualicaon avec Marie-Laure
Beauls.
Cee contribuon vise à poser l’état des
exions dans un but de capitalisaon et de
réinvesssement de l’expérience des Centres de
ressources polique de la ville, par les centres
eux-mêmes et par la maîtrise d’ouvrage de la
mission naonale dans son champ de responsa-
bilité.
>> Les enjeux perceptibLes
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Principalement développée par des acteurs
sociaux, plutôt connectée à des acteurs ou
disposifs d’inseron professionnelle tels que les
Missions locales et les PLIE, la polique de la ville
est très éloignée de la dimension économique
et des acteurs privés. Elle est historiquement
plus aachée au rôle prépondérant des acteurs
publics dans les processus de développement
des quarers. Dès lors, le « monde économique »
est souvent appréhendé de façon distante
et approximave, empreint de très fortes
représentaons négaves, et réciproquement.
Celui-ci n’apparaît pas comme un allié naturel,
considéré tour à tour comme une cause des
dicultés socioéconomiques ou une citadelle”
à forcer pour y placer « les publics » qui en
seraient exclus.
Paradoxalement alors que les quarers ont
été construits pour orir des logements en
proximité des grandes zones d’acvités, les
personnes qui y vivent aujourd’hui, souvent
vicmes de la désindustrialisaon et des crises,
sont depuis, tenues à l’écart des programmes de
développement économique.
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Le contexte actuel est favorable au croisement
de la polique de la ville avec le développement
économique notamment grâce à :
l’adopon de la loi de programmaon pour la
ville et la cohésion urbaine qui prévoit que :
les contrats de ville conennent un volet
développement économique [1] (avec des
focales parculières, ex : sur l’entreprenariat
des femmes [2] ou le développement
économique dans le renouvellement urbain
[3]) ;
les contrats de ville devront être élaborés,
signés, suivis et évalués avec les diérents
acteurs du développement économique [4]
(CCI, CMA, PTCE, Régions…) ;
l’adopon de la loi sur l’économie sociale et
solidaire ;
les convenons signées entre le ministère
de la ville et ceux des droits des femmes, de
l’arsanat et du commerce et de l’ESS, avec des
entreprises qui s’engagent pour les quarers ;
la promoon du plan « Entrepreneurs des
quarers »[5] ;
la mise en place du disposif « Territoires
entrepreneurs »…
Pour autant, les termes tradionnels du
volet « emploi, inseron et développement
économique » dans la polique de la ville invitent
les acteurs à s’inscrire dans la connuité de
l’approche prédominante, celle d’une économie
circonscrite à sa relaon à l’emploi dans le
quarer. Ainsi, le pilotage du volet économique
par les acteurs de l’emploi et de l’inseron peut
représenter une diculté pour une approche
économique plus large et transversale, dans
laquelle les chefs de projet polique de la ville
et les développeurs économiques seraient des
acteurs légimes, aux côtés des précédents.
Les expériences des CRPV montrent que cee
démarche de dialogue de plusieurs systèmes
d’acteurs est loin d’être évidente. Elle est pourtant
essenelle pour reconstruire de nouveaux
repères communs permeant d’élargir le champ
d’acon et de compléter l’acon des acteurs
de l’emploi et de l’inseron tradionnellement
invess dans la polique de la ville.
Le par pris par les CRPV en maère de
développement économique urbain est constué
par la mobilisaon de trois dimensions :
économique : qui agit sur les facteurs
d’aracvité du territoire et de croissance
des entreprises (ou impactant la créaon
et le développement d’acvités d’une part,
l’implantaon d’entreprises d’autre part) en
mobilisant les ressources locales;
urbaine : qui relie le quarer au reste de la
ville et smule l’implantaon et la circulaon
des ressources humaines et matérielles, les
mobilités par les transports ;
sociale : qui met l’accent sur les habitants
et leurs aentes plus parculièrement en
maère de formaon, d’inseron, d’emploi,
de créaon d’acvité…
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Avec la rénovaon urbaine, deux gures du
monde économique ont été parculièrement
mises en avant : d’une part les commerçants,
avec le nœud que représente bien souvent la
problémaque commerciale dans les quarers,
tant en termes d’ore, d’équilibre économique
que d’intégraon urbaine et d’autre part les
promoteurs-invessseurs, en lien avec les futurs
ulisateurs de mètres carrés de locaux d’acvité.
La programmaon aurait d’ailleurs gagné à
s’appuyer davantage sur l’experse du territoire
dont disposent les acteurs de la cohésion sociale.
D’autre part, si l’économie est protéiforme,
ce sont plutôt ses expressions illicites qui,
paradoxalement, cristallisent l’aenon des
pouvoirs publics. Les acteurs économiques du
territoire (auto-entrepreneurs, TPE / PME, ESS…)
sont plus rarement l’objet d’étude ou d’aenon.
Le manque de connaissance des entrepreneurs
ou porteurs de projet implantés ou issus des
quarers est parculièrement révélateur de ce
constat. Dans les quarers ils sont nombreux
à se tourner vers la créaon d’acvité, parfois
poussés par les trop grandes dicultés d’accès à
l’emploi. Mais plus qu’ailleurs, ils rencontreront
des freins et dicultés qu’il faudra surmonter :
éloignement des éléments facilitateurs
(accessibilité et/ou qualité urbaine, disposifs
de souen aux iniaves et à la créaon
d’acvités, moyens nanciers et réseaux ….) ;
l’aspect négaf de « l’eet quarer » : une
image dévalorisée (le regard de l’Autre), une
absence de perspecves par manque de
projecon (le regard sur l’Autre) ;
des dicultés au quodien liées par exemple
au manque de lieux de stockage de matériel
pour les arsans, entraînant des problèmes de
sécurité ;
la diculté parfois à porter un projet
entrepreneurial solide quand la créaon
d’acvité répond d’abord à la nécessité de
générer un revenu.
Néanmoins, ces porteurs de projets disposent
peut-être d’autres moteurs ou ressources :
l’envie de s’en sorr et l’appui possible d’autres
réseaux et systèmes de solidarité qui peuvent
être renforcés par la présence d’acteurs publics
dans ces quarers. Les acteurs de la polique de
la ville ont à saisir cee opportunité, porteuse
de valeur ajoutée, pour mere en place les
condions favorables à l’émergence, à la mise
en œuvre et à la pérennisaon de ces projets
économiques qui sont aussi des projets de vie et
des chemins vers l’autonomie. On peut d’ailleurs
établir un parallélisme entre créaon d’acvité
et pouvoir d’agir au sens émancipaon et accès
aux droits, priorités de la polique de la ville.
Létymologie du mot « acvité » est celle de la
« puissance d’agir » c’est-à-dire faire, avoir une
inuence sur, être ecace…
Enn, les réseaux d’entreprises engagés dans
des poliques de RSE et les grands groupes
pourraient contribuer à une exion globale
sur l’avenir économique des quarers, y compris
à travers la Charte Entreprises et Quarers.
Depuis des années, ils sont posionnés comme
des contributeurs / partenaires des poliques
d’inseron, de formaon professionnelle, ou de
lue contre l’exclusion. La logique qui prédomine
est celle de la réparaon. Ce regard sur les
quarers est invité à changer et les Contrats de
ville y contribueront.
   
    

Appréhender la relaon entre acteurs publics et
acteurs privés, notamment les entreprises dans
leur diversité, nécessite de prendre la mesure
des mutaons socioéconomiques à l’œuvre.
Elles peuvent être lues de façon mulple et
traversent tous les domaines de la société.
Concernant la place de l’entreprise, celle-ci
est fortement bouleversée. Le travail salarié
et à temps plein est de plus en plus mis à mal
tandis que de nouvelles formes d’économies
collaboraves et horizontales émergent. Celles-
ci transforment progressivement le rapport à
la producon des biens de consommaon, à la
propriété intellectuelle et in ne, interpellent
les modèles économiques tradionnels, sans
y substuer un nouveau modèle stabilisé. Les
demandeurs d’emploi les moins armés sont les
moins agiles pour bénécier de cee transion.
Les entreprises elles-mêmes se trouvent
désorientées et ont de plus en plus besoin de
comprendre l’environnement sociétal dans
lequel elles doivent naviguer aujourd’hui pour
se projeter dans l’avenir. Ainsi, les repères et
grilles de lecture pour comprendre l’entreprise
et l’économie sont à revisiter. Certes, il est
toujours ule et pernent d’aendre de
l’entreprise qu’elle génère des emplois et
que les habitants des quarers prioritaires
puissent y accéder. Mais il s’agit également de
considérer l’entreprise comme une ressource,
au-delà de sa capacité à générer directement
des emplois (esprit d’entreprendre, services
associés, mixité fonconnelle, relaons sociales,
accompagnement vers le retour à l’emploi ....).
Dans ce contexte, de nouvelles relaons entre
les diérentes pares-prenantes sont à inventer.
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