Les trophées de la laïcité Année 2015/2016 Lycée automobile E. Béjuit à Bron Classe de 1ère Bac Pro Véhicules Particuliers 1B1 Dans le cadre du projet EUREKA intitulé « La République laïque et le fait religieux, quelles relations entre les deux ? », la classe de 1B1 a : - étudié en classe « la République et le fait religieux », la charte de la laïcité, avec Mme S. ORSSAUD, professeur de lettres/histoire, - rencontré M. J. GELLY, Président de l ’URFOL et spécialiste de la question, afin de s’entretenir sur la laïcité au quotidien, - visité 3 lieux de culte monothéiste à Lyon, accompagnée par M. JP CHANTIN, professeur à l ’ISERL : la cathédrale St Jean, la grande mosquée et la grande synagogue. Qu’est-ce que la laïcité ? La laïcité La laïcité comprend 3 principes : 1) Liberté d’opinion religieuse et non religieuse, 2) Liberté de culte (pratique de la religion). Un mineur peut porter plainte (loi 1905), 3) Séparation de l’Etat des Eglises. Ces 3 points dans la limite de la loi. Nb : Le ministre du culte est payé par l’Etat D’après M. CHANTIN, professeur à l’ISERL « Son principe absolu est la liberté de conscience .» D’après J. GELLY, Président de l’URFOL. Bref historique de la laïcité 1) Sous l’Ancien Régime : le catholicisme est la religion de la couronne. Lors de son sacre, le roi jure de défendre l'Église catholique. 2) La Révolution française de 1789 : l'abolition de l‘Ancien Régime s'accompagne de la fin des privilèges ecclésiastiques et de l'affirmation des principes universels, dont la liberté de conscience et l'égalité des droits exprimées par la déclaration des droits de l'homme 3) Le Régime concordataire de 1801 à 1905 : Le Concordat, signé par le consul Bonaparte et le Saint-Siège, reconnaît l'Eglise catholique comme la religion de la «grande majorité des français». Les évêques sont nommés par le chef de l'Etat et le clergé est payé par l’Etat. 4) La loi de 1905 : Loi de séparation des Eglises et de l'Etat portée par A. BRIAND, met fin au concordat napoléonien .La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes ,mais n'en reconnaît, n'en salarie et n'en subventionne aucun. La laïcité à travers la visite des lieux de culte des 3 religions monothéistes à Lyon Cathédrale St Jean Grande Synagogue Grande Mosquée VISITE DE LA CATHEDRALE ST JEAN-BAPTISTE LE 4/2/16 Guide : Jean BERNARD Accompagnateurs : JP CHANTIN et S. ORSSAUD La cathédrale St Jean est une primatiale parce qu’elle est la première église, du grec « ecclésia » qui signifie « assemblée », au Moyen-Age. Sa construction dure 300 ans, de 1180 à 1480. La communauté chrétienne est très présente à Lyon depuis le IIème siècle. En 177, au temps où Lyon s’appelait encore Lugdunum, la colline de la Lumière, 48 martyrs lyonnais dont Ste Blandine et Pothin, premier évêque de Gaule, sont exécutés dans la capitale des Trois Gaules. Les vestiges de cette première église datent du IVème siècle. Ils se situent dans le jardin archéologique qui jouxte la cathédrale. Le baptistère, encore visible à l’extérieur, permettait à l’évêque de baptiser les chrétiens en les plongeant dans l’eau jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus respirer afin qu’ils ressentent la résurrection (une nouvelle vie) et qu’ils puissent être autorisés à rentrer dans l’église. Quelle surprise ! Sur la façade, on peut observer la gargouille la plus célèbre à Lyon, celle d’Ahmed Benzizine, le chef de chantier musulman qui a œuvré pendant 30 ans, pour la restauration de la cathédrale. Elle s'accompagne de l'inscription gravée "Dieu est grand", en français mais aussi en arabe "Allah akhbar". Emmanuel Fourchet, artisan sculpteur, explique son geste par une simple histoire d’amitié. La Cathédrale St Jean et l’Etat : Classée monument historique depuis 1862, l’Etat a financé la restauration extérieure de la cathédrale à hauteur de plus de 10 millions d’euros. La restauration intérieure de la cathédrale elle, hors chapelles latérales, mobilier et orgue, s'élèvera à 10, 5 millions €, soit 4,5 millions d’euros pour l’État (ministère de la Culture et de la Communication-DRAC Auvergne-Rhône-Alpes) et 6 millions d’euros pour le Conseil départemental du Rhône et la Métropole de Lyon. La Révolution française de 1789 avait bien pris tous les biens de l’Eglise mais sous le Concordat, le clergé est à nouveau payé par l’Etat. En 1905, les catholiques ne veulent pas créer d’association cultuelle, loi 1901, pour récupérer leurs biens, c’est pourquoi les cathédrales sont financées par l’Etat. Les traces de l’Histoire La cathédrale St Jean comprend plusieurs styles : du roman au gothique flamboyant. Les traces de la guerre entre catholiques et protestants en 1562 : les statues des consoles ont été détruites. La cathédrale : la bible (le livre) du pauvre. A l’origine, les couleurs sur les cathédrales étaient présentes pour émerveiller les gens. Sur la façade, les sculptures représentent - d’un côté, les 12 mois de l’année, avec l’illustration du travail des champs, et de l’autre, le ciel avec les signes astrologiques. Copernic était d’ailleurs un chanoine. - la morale : le bien, le mal, - Le premier livre : la genèse. Adam et Eve. Abel et Caïn. Noé. Abraham. Isaac ou Ismaël. Le plan de la cathédrale : c’est une croix Les Eglises sont orientées et tournées vers l’Orient (l’Est) où le soleil se lève ce qui représente la résurrection, le paradis. L’Ouest, c’est l’obscurité : le monde profane, le bruit. P Le sanctuaire : lieu sacré interdit aux profanes La cathèdre de la cathédrale, trône de l’évêque, est un siège muni d’un haut dossier. 7 est le chiffre de la perfection : 7 vitraux et 7 médaillons dans les vitraux qui illustrent le nouveau testament avec Jésus Christ. L’ambon ou pupitre sert aux lectures publiques. L’autel est un lieu en hauteur où on célébrait le sacrifice et dans l’église, l’eucharistie (sacrifice du corps et du sang de Jésus Christ présent sous la forme du pain et du vin). Un vase acoustique, un trou, permet de bien entendre. VISITE DE LA GRANDE MOSQUEE LE 10/2/16 Guide : Monsieur TAIBI Accompagnateurs : JP CHANTIN et S. ORSSAUD La construction de la Grande Mosquée : une volonté des maires de Lyon A la fin des années 1970, Louis Pradel et le Cardinal Renard, primat des Gaules, constatent que les musulmans, devenus nombreux, désirent des salles de prières. Francisque Collomb, maire de Lyon de 1976 à 1989, est le second maire à porter le projet malgré les polémiques. La Ville de Lyon cède un terrain situé entre le boulevard Pinel et la rue Guillaume Paradin, à l’est du 8e arrondissement. L’archevêché apporte son entier soutien au projet. En vertu de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, le financement des édifices religieux postérieurs à 1905 n’est pas à la charge de l’Etat. Pour la Mosquée de Lyon, une association cultuelle, loi 1901, a recueilli les fonds des donateurs en 1980 : l’Arabie Saoudite pour les 3/4, aux côtés de l’Algérie, des Emirats arabes unis et de la Tunisie. Le permis de construire est déposé en 1984, mais les voisins s’y opposent. La première pierre est posée en 1992 et en 1994 est créée une société civile immobilière et une Association Culturelle Lyonnaise Islamo-Française : l’ACLIF. L’inauguration se fait par le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua qui s’occupe également des cultes. Le maire de Lyon est alors Michel Noir. C’est une mosquée sunnite, dont le rite juridique est l’école hanbalite mais elle accueille tous les musulmans. La Grande Mosquée : un lieu culturel, social et cultuel La Grande Mosquée de Lyon Badr Eddine a été construite par les architectes français Ballandras et Mirabeau. Elle est surmonté d'un minaret de 25 mètres, l'édifice immaculé est un habile mélange d'arts persan et maghrébin, intégrés dans une architecture contemporaine Contrainte. Après avoir franchi la porte d’entrée, on se retrouve dans le patio qui donne accès à l’administration : la Grande Mosquée est aussi un lieu culturel où l’on peut apprendre l’arabe ou s’initier à l’islam. Elle a également un rôle social : elle aide les personnes en difficulté. Pour l’accès à la salle de prière, tout musulman doit auparavant enlever ses chaussures et faire des ablutions. Les mains, la bouche, le nez, le visage et les avant-bras sont lavés 3 fois. Les cheveux et les pieds sont rincés. La spiritualité est un équilibre entre l’âme et le corps. Le plan de la Grande Mosquée Elle est orientée dans la direction de La Mecque : La Kibla (SE) pour les prières quotidiennes. A Lyon, le minaret se situe près du mihrab, l’entrée est sur la droite du bassin pour les ablutions indiqué sur ce plan et enfin le bassin lui, jouxte la porte d’entrée, sur la droite. La salle de prière décorent Dans la salle de prière, les femmes sont séparées des hommes : elles sont à l’étage et eux en bas. Les horaires des 5 prières quotidiennes sont indiqués sur les cadrans, à droite de l’image. Ils changent régulièrement et ne sont pas les mêmes en fonction des mosquées. Le 6ème cadran concerne le vendredi, jour où la présence est obligatoire pour que les musulmans se rencontrent. Dans une mosquée, le mihrab (sanctuaire), est une niche qui indique la qibla, c'est-à-dire la direction de la kaaba à La Mecque vers où se tournent les musulmans pendant la prière. Le muezzin lance la prière dans le mihrab qui amplifie sa voix ; il a aussi un micro. L’imam lui, dirige la prière, tourné vers La Mecque. Les croyants sont alignés derrière lui. Le vendredi, l’imam monte sur le minbar, avec le bâton du prophète, pour faire son sermon. Ni le prophète, ni Dieu, ni l’être humain ne sont représentés dans la mosquée. Des arabesques, des figures géométriques, des calligraphies, des fleurs décorent la mosquée. Au niveau de la coupole, on peut lire le verset du trône tiré du coran. La Grande Mosquée et l’Institut Français de Civilisation Musulmane Créé en 2007, l’Institut Français de Civilisation musulmane (IFCM), en partenariat avec la grande mosquée de Lyon est une association loi 1901. Son projet : mieux faire connaître les cultures de l’Islam, permettre à tous d’en comprendre les origines, la diversité et les apports, dans un espace de rencontre ouvert à des publics variés. La civilisation musulmane est au cœur de ce projet, dans une approche résolument contemporaine et interculturelle : Art, littérature, musique, cinéma, architecture, langues, gastronomie. Porté depuis plusieurs années par Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon, la création de cet institut a reçu le soutien financier de l’Etat, de la région et de la Métropole de Lyon. Il doit voir le jour en 2017. VISITE DE LA GRANDE SYNAGOGUE LE 3/3/16 Guide : MICKAEL BARER Accompagnateurs : JP CHANTIN et S. ORSSAUD Le concordat accordé à la communauté juive Le Concordat est accordé en 1830 à la communauté juive. Les rabbins sont alors payés par l’Etat. Ce nouveau régime juridique va favoriser un doublement de la population juive française en 80 ans, surtout par immigration, les pays voisins à l’est étant loin de montrer la même tolérance. Napoléon III crée un consistoire régional. Ce dernier est chargé d'organiser le culte hébraïque dans la région. Un accord entre la municipalité et les juifs permet la construction de la Grande synagogue Le 3 septembre 1860, la ville de Lyon propose à la communauté juive un terrain situé au Jardin des Plantes mais le permis de construire leur est refusé. Le 28 mars suivant, la municipalité offre en échange de ce dernier, un terrain situé quai Tilsitt, l'ancien grenier à sel, moyennant 25 000 francs. Les travaux sont confiés à un architecte juif Abraham Hirsch qui deviendra plus tard l'architecte officiel de la ville de Lyon. L'inauguration officielle en présence des autorités civiles, militaires et des représentants des autres religions se déroule le 23 juin 1864. La Grande synagogue devient un monument historique La Grande synagogue se situe au fond d’une cour intérieure. En 1905, le bâtiment appartient à la communauté juive. Puis il devient un monument historique. Aujourd’hui, l’Etat donne de l’argent pour restaurer la synagogue. La synagogue, un lieu de culte mais pas seulement... La mezouzah est un objet de culte juif, qui consiste le plus souvent en un rouleau de parchemin comportant deux passages bibliques, emboîté dans un réceptacle, et fixé au linteau (ou aux poteaux) des portes d'un lieu d'habitation permanente, à l'exclusion des lieux d'aisance et de rangement. On le touche avant d’entrer. Malgré la présence de cet objet, la synagogue n’est pas qu’un lieu sacré, c’est un endroit où l’on apprend. Le plan de la synagogue l'Aron Kodesh (l’arche sainte) est une armoire généralement ornée de tentures brodées, ou une section orientée vers Jérusalem, qui est la direction vers laquelle prient les Juifs. C’est l'endroit le plus saint de la synagogue. Le Sefer Torah ou le rouleau de Torah est une copie manuscrite de la Torah (Ancien testament), le livre le plus saint et révéré du judaïsme mais reconnu par les 3 religions monothéistes. Il est écrit par des scribes professionnels sur du vélin, pendant un an. Le texte est identique dans le monde entier depuis 2500 ans. On commence à le lire en septembre et chaque semaine, on lit un chapitre. Il y a 52 chapitres en tout. L’intérieur de la petite synagogue La petite synagogue se situe tout de suite à gauche, après le porche. Pour y accéder, les hommes doivent être couverts : porter une kippa. Les femmes sont séparées des hommes. C’est elles qui transmettent la religion juive. Elles seules, allument les lumières le vendredi soir pour le Shabbat. Découverte du Sefer Torah posé sur la bimah (la table de lecture), du tallith (vêtement) avec ses tsitsits (franges) et du phylactère avec ses bandes de parchemin enroulées sur le bras gauche et où sont écrits les versets de la Torah. Pour lutter contre quelques idées reçues → « Le nombre de juifs en France : 0,8 % , 500 000 personnes alors que les catholiques sont 60 % , les athées 30 % et les musulmans 6 %. →Un juif musulman, ce n’est pas possible, mais un juif arabe, oui. C’est le cas des séfarades qui viennent du Maghreb : ils parlent la langue arabe et sont de confession juive. →Le rapport du juif et de l’argent : A la Renaissance, les catholiques n’avaient pas le droit de prêter de l’argent avec intérêts. Les musulmans non plus. Les juifs eux pouvaient le faire, comme les protestants qui se sont réfugiés en Suisse. → Dans l’Europe du 15ème siècle, on ne voulait pas des juifs. Ils vivaient donc à l’écart des villes. Et lorsqu’il y avait des maladies, on les accusait de les transmettre. » D’après M. BARER. « La République laïque et le fait religieux, quelles relations entre les deux ? » Pour conclure, A travers ce projet, nous avons pu constater que la République laïque depuis la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, ne reconnaît aucun culte mais n’en ignore plus aucun. La non-reconnaissance des cultes ne signifie pas que l’Etat cesse d’entretenir des relations avec les institutions religieuses. Le Ministère de l’intérieur est ainsi en charge des cultes. L’Etat entretient également des relations avec les représentants des différents cultes : le président de la République présente chaque année ses vœux aux autorités religieuses. « La république ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte ». Mais la loi de séparation stipule à l'article 12 que « les édifices qui (...) servent à l'exercice public des cultes ou au logement de leurs ministres (...) sont et demeurent propriétés de l'État, des départements, des communes et des établissements publics de coopération intercommunale ayant pris la compétence en matière d'édifice des cultes ». Remerciements Nous remercions la Région Rhône-Alpes Auvergne qui a financé ce projet, les intervenants M. GELLY de l’URFOL et M. CHANTIN de l’ISERL, nos guides lors des visites des 3 lieux de culte : M. BERNARD pour la cathédrale St Jean, M. TAIBI pour la Grande Mosquée et M. BARER pour la Grande Synagogue. La classe de 1B1 du LP automobile E. Béjuit à Bron et leur professeur Mme ORSSAUD