Enseigner la langue française à l`école La grammaire (de texte)

Résumé de l'ouvrage :
Enseigner la langue française à l’école
Carole TISSET (Hachette éducation) 2005
La grammaire de phrase influe en lecture/écriture
La grammaire de texte montre le rôle de la langue dans la compréhension. On peut travailler par :
- intégration (grammaire au service de la compréhension)
- décrochage (travail d’un point de grammaire hors lecture)
La grammaire (de texte) au service du lire-écrire
La phrase
Concept (historique de la notion p 50 à 60)
La notion de phrase est un concept abstrait, pour l’écrit.
C’est très différent de l’oral, où
- on ponctue par des petits mots
- les énoncés sont incomplets ou disloqués
- les répétitions nombreuses
- l’intonation a un grand rôle
- les négations sont incomplètes
- le GN est repris par un pronom…
Concept difficile à aborder
Mise en œuvre
2 entrées à croiser : (exemples p 62 à 78, fiches 7 et 8)
- voir tous les types de phrases en même temps : met l’accent sur la ponctuation et les marques
écrites MAIS permet difficilement de percevoir les constantes.
- partir d’une phrase pour percevoir la nécessité du verbe, prolonger en conjugaison MAIS on ne
voit qu’un type de phrase.
Il faudra plusieurs années pour faire le lien énoncés oraux / énoncés écrits.
La chaine anaphorique : groupe qui remplace le nom d’une personne
Utile en compréhension et production d’écrit. On travaille sur les pronoms et les substituts :
oLes pronoms
Concept
Définition usuelle : un pronom remplace un nom MAIS « je », « tu », et les pronoms indéfinis ne
remplacent pas de nom ! En primaire, travailler surtout les pronoms à la 3e personne.
Mise en œuvre
Repérage des pronoms :
Ils sont employés spontanément à l’oral comme à l’écrit.
On peut les repérer dès le CP (chasse à l’homme ou jeu de recherche des reprises anaphoriques ou tous
les mots qui parlent de la même personne).
Le travail sur les pronoms se fait TOUJOURS avec l’antécédent ou avec la phrase précédente, notamment
pour faire identifier « le » et « la » comme pronoms. (Ex : fiche 9 CE2-CM1 p 82)
Relation pronom/verbe :
Pour amorcer le repérage du sujet. Faire varier les pronoms pour faire varier le verbe…
(Ex : fiche 10 p 87)
Sylvie GUFFOND, CPC Bonneville, 74
oLes substituts nominaux
Concept
La désignation d’une personne donne des informations sur celle-ci. Il existe des « désignateurs »
« rigides » (les noms propres), qui diffèrent des expressions ou des noms communs + expansions.
Mise en œuvre
Utilité en lecture : les élèves ont du mal à saisir qu’une même personne soit désignée différemment, les
reprises anaphoriques peuvent aussi être source d’ambiguïté. L’élève croit souvent à l’apparition de
nouveaux personnages quand apparaît une nouvelle dénomination.
Utilité en production d’écrit, pour faire varier les dénominations.
Exemple de mise en œuvre au CE2, p 90, sur le géant de Zéralda (lexique, extensions du nom, point de vue)
La chronologie et le verbe
Conséquences de l’enseignement actuel
Aujourd’hui, on donne ces définitions : le verbe change de terminaison selon le temps et la personne et
les temps de la conjugaison correspondent aux temps de l’énonciation.
Au CE1, on repère les époques (hier = passé…) MAIS « Demain Zoé se marie » a un sens « futur ».
Cette simplification s’oppose à la compréhension de la chronologie des faits.
Cela augmente la difficulté à sortir de son temps personnel pour traiter la temporalité du contexte.
(Grande importance des remises en ordre chronologique)
Concept
Sur un texte en « je » : organisation autour de la parole, du temps où les mots ont été prononcés.
- Présent = moment de l’énonciation + présent « général, dilaté » + présent « décalé » (Demain, il
pleut).
- Futur = postériorité par rapport à l’énonciation (y compris le futur antérieur).
- Imparfait = pas de valeur de durée limitée, antériorité par rapport à l’énonciation.
- Passé composé = événement terminé, présent accompli et antériorité par rapport à
l’énonciation.
Sur un texte en « il » : récits « passés »
- Passé simple = temps limité, comme le passé composé. Vision externe de l’action.
- Imparfait = plante le décor, décrit
- Passé composé = « passé simple employé à l’oral »
- Conditionnel = correspond au futur dans un énoncé, coupé du moment de la parole.
Mise en œuvre
Repérage hors texte :
Besoin de faire des activités de chronologie avant d’aborder le texte :
Travailler sur le lexique du temps
→ Travailler les repérages sur calendrier : verbaliser les actions les unes par rapport aux autres, en
faisant varier l’activité de référence à partir de laquelle on situe les autres.
Repérage dans un texte :
En compréhension, les élèves doivent retrouver le « fil chronologique » des événements. (Comme en
situations-problèmes, la chronologie de l’énoncé ne correspond pas toujours à la chronologie des
actions). Ex : p 100 CE2
Les mots inducteurs :
Faire rechercher les mots qui annoncent un événement et sa temporalité.
Ex p 101 CM1
Remise en ordre chronologique :
Reconstituer l’ordre des énoncés, en appui sur le lexique et sur les temps.
Ex p 102 (indices sémantiques, connecteurs, formes verbales, lexique)
Sylvie GUFFOND, CPC Bonneville, 74
Changements de temps :
Pour montrer que le temps varie avec la chronologie, par un changement radical d’énonciation (à l’oral
ou à l’écrit) montre que le verbe se conjugue.
Proposition de progression
Le travail de la chronologie est un préalable à l’étude des temps.
CE1 :
- Mise en ordre d’événements par rapport à leur situation temporelle. (avant, après, en même temps qu’un
repère), sur des faits de vie ou des images séquentielles.
- Changements de repère
CE2 :
-Remise en ordre sur des images séquentielles et sur des textes linéaires.
-Changer les repères pour faire varier le verbe et travail sur l’ajout de connecteurs
-Premier travail sur des textes avec flash-back
-Distinction des textes en « je » des textes en « il »
CM1 :
-Travail sur tous types de textes mais avec une unité discursive (en « je » ou en « il »)
CM2 :
-Travail sur des extraits mêlant formes narratives et dialoguées
-Attention à faire ranger les événements et pas les phrases. On ne fait pas de reconstitution de texte, on
peut proposer des résumés des événements.
L’adjectif qualificatif (problème en production écrite)
Concept adjectif qualificatif ≠ adjectifs déterminatifs
Épithète = supprimable
On pose souvent la question « comment » mais attention à la concurrence avec les adverbes.
Attention, certains adjectifs ne sont pas suppressibles, ils répondent à la question « quel, lequel,
laquelle » : les adjectifs numéraux (à écarter de l’étude), de même que certains adjectifs relationnels
(la maison présidentielle) ou désignatifs (la main droite) attention à la pertinence des exemples des
manuels !
Attribut = fonction dans le groupe verbal, non supprimable
D’autres mots que les adjectifs peuvent être attributs (pronoms), (p 108)
Morphologie des adjectifs: accord en genre (e au féminin) et en nombre (s au pluriel) avec le nom MAIS
exceptions nombreuses (adj en –s, -z, -e, -al, -ou, …) coût cognitif élevé.
Propositions en production d'écrite
Objectif = enrichir le lexique adjectival des élèves pour améliorer la production d’écrits.
Ex p 111 à 116, au CM1 :
-Projet d’écriture
-Observation des expansions du nom
-Observation de la quantité et de la place des adjectifs
-Manipulation
-Mise en mots
-Réécriture…
Le passif
Concept
Définitions courantes : à la forme passive, le sujet subit l’action, le complément d’agent fait l’action,
verbe conjugué avec être, transformation « en croix » pour passer à la forme active.
Le sens : il y a d’autres façons de trouver un sens passif (aimable, cette boisson se boit chaude…).
Sylvie GUFFOND, CPC Bonneville, 74
Les contraintes lexicales : passer de la forme active à la forme passive peut faire varier le sens (Un
seul élève n’a pas mangé de fraises ≠ les fraises n’ont pas été mangées par un seul élève). Il existe des verbes
qui ne se mettent pas au passif… (p 119)
Un choix énonciatif : le passif est avant tout un phénomène discursif. Il a une portée informationnelle,
et évite de mettre l’accent sur celui qui agit… (p 120)
Mise en œuvre
Réserver les changements de formes systématiques et l’analyse au collège.
A l’oral : manipulations indispensables, utilisation pour trouver le COD, analyse de son utilisation dans
un texte.
En lecture de texte littéraire : observation et analyse des effets (suspens), (ex p 121 à 126).
L’hypothèse
Concept de conditionnel
Dans les manuels : sert à exprimer la condition et sert à exprimer des réserves. On insiste sur la
construction de la conjugaison, moins sur l’emploi.
MAIS :
-le conditionnel est un mode, pas un temps (postériorité par rapport au passé, supposition,
condition qui peut aussi être obtenue avec présent/futur)
-il correspond à une valeur modale d’un système hypothétique quand il est employé avec « si +
imparfait ».
-il n’exprime pas que la condition mais aussi l’hypothèse, l’imagination, l’irréalité
-il peut atténuer un ordre (j’aimerais)
-Il dégage de sa responsabilité (il aurait fait…)
Mise en œuvre
Faire découvrir ses emplois dans un texte (ex CM1 p 131 à 133)
La grammaire de phrase
Le sujet
Concept
En grammaire scolaire, c’est le mot qui correspond à la personne ou chose qui fait l’action du verbe. Le
sujet (≠ du thème) est une fonction syntaxique de la phrase de base.
Mise en œuvre
En général, le sujet :
- non suppressible (sauf impératif)
- devant le verbe (pas toujours)
- donne les marques morphologiques du verbe
- existe seulement pour les verbes conjugués
- nom ou substitut (pronom, relative, infinitif…)
- trouvé par la question « qui est-ce qui ?» ou clivé par « c’est…qui » (pas toujours).
Ex p 138, p139 CE2, p143 au CM1, p145 au CM2
Les préalables :
- connaissance du verbe
- travail oral
- connaissance des natures (Nom, Déterminant, Verbe)
- connaissance du singulier/pluriel
Ex : problèmes encore rencontrés par des CM2
-Problèmes lexicaux
Sylvie GUFFOND, CPC Bonneville, 74
-Reconnaissance du verbe conjugué difficile
-pronom relatif non perçu comme sujet
-travail par rapport au sens et non par rapport à la langue
travailler sur un corpus court
revenir fréquemment sur ces questions
chercher les verbes en 1er ou donner des phrases où ils sont déjà repérés
lister des moyens de vérification
Prolongements :
-lister tous les types de sujets possibles
-lister les places du sujet
-lister les façons de trouver le sujet
Ex p 149 : proposition de progression en 12 points, du CE2 au CM2 :
-Préalables
-Changement de forme du verbe
-Le sujet ne fait pas toujours l’action
-Le sujet peut être un pronom
-Le sujet n’est pas toujours avant le verbe
-Les verbes non conjugués n’ont pas de S, pas de S à l’impératif mais verbe marqué
-Pas de sujet dans les phrases à présentatif
-Le sujet peut être un N dans un groupe étendu
-Le sujet peut être un pronom impersonnel
-Il peut y avoir un espace entre sujet et verbe
-sujet = pronom relatif
-Formes complexes type « nous »/ « vous »
-sujet d’une construction passive
En lecture
La recherche du sujet a un objectif orthographique.
On peut aussi chercher l’intention de l’auteur qui joue avec les sujets = objectif de compréhension.
Les compléments circonstanciels
Le concept
Ce sont des compléments de phrases (≠ compléments du verbe, compléments essentiels qui font partie
du groupe verbal)
En général, entrée sémantique par les questions « où ? », « quand ? », « comment ? » MAIS peut être
problématique (La petite maison dans la prairie, il fréquente l’université, je suis fatigué,…). Cette entrée
favorise la multiplication des circonstances et des nuances pas de liste exhaustive.
Les formes du CC : nom ou pronom, avec ou sans préposition, gérondif, GN, subordonnée, adverbe…
La place du CC : en général, après le verbe et le complément de verbe MAIS nombreux contre-exemples
(en tête de phrase : rôle de cadrage ou de thème de la phrase, déplaçable, détaché)
C’est un complément de phrase, donc il doit répondre à ces 4 critères syntaxiques :
- déplaçable (le déplacement est le test le + pertinent)
- supprimable (critère insuffisant : Jeanne écrit à Paris, complément non déplaçable si COI)
- non pronominalisable (sauf en « y » pour les compléments circonstanciels de lieu)
- non affecté par la négation, qui porte sur le verbe
Il reste malgré tout des cas ambigus et il est difficile de mettre une étiquette de fonction, parfois.
(Attention aux exemples proposés)
Mise en œuvre
Ex : p 160 CE2 (déplacement, préposition), p 162 CM1 (formes des CC), p 163 CM2 (formes, travail sur l’expression
et pas sur l’étiquetage pour améliorer les moyens linguistiques).
CC et production de texte : montrer l’importance des CC dans les textes descriptifs en les faisant
supprimer, encourager leur utilisation en production d’écrits.
Sylvie GUFFOND, CPC Bonneville, 74
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