THÈSES
SOUTENUES DEVANT
LA FACULTÉ
DES
SCIENCES DE PARIS,
M. CAMILLE DARESTE,
Licencié èsciences natrelles, Docteur en médecine.
Professeur d'Histoire naturelle au Collège Stanislas.
PREMIÈRE THÈSE.
Recherches sur la classification des Poissons de l'ordre des Plecto-
gnathes.
Examen de la place que doit occuper dans la classification le Poisson
décrit par S. Volta, sous le nom de
Blochius
longirostris.
PARIS.
IMPRIMERIE DE L. MARTINET,
RUE MIGNON, 2.
1850.
ACADÉMIE DE PARIS.
Faculté des Sciences.
MM. MILNE-EDWARDS, Doyen.
THÉNARD,
PONCELET,
BIOT,
DE MIRBEL,
Professeurs LUORAINE.
POUILLET,
CONSTANT-PRÉVOST,
DUMAS,
AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE,
DESPRETZ,
STURM,
DELAFOSSE,
BALARD.
LEFÉBURE DE FOURCY,
LEVERRIER,
CHASLES.
CAUCHY,
DUHAMEL,
DE JUSSIEU,
GEOFFROY SAINT-HILAIRE,
professeurs-
VIELLE,
BERTRAND,
MASSON,
PÉLIGOT,
PAYER,
DUCHARTRE,
Agrégés.
RECHERCHES
SDR LA
CLASSIFICATION DES POISSONS
DE L'ORDRE DES PLECTOGNATHES.
Les Poissons, qui constituent aujourd'hui pour les naturalistes
l'ordre des Plectognathes, avaient été rangés, par Linné et les
ichthyologistes de son époque, parmi les Poissons cartilagineux.
Plus tard on les plaça dans l'ordre des Poissons Branchiostéges
caractérisés par la non-existence des opercules et des rayons de
la membrane des ouïes.
En 1809, Geoffroy Saint-Hilaire, publiant dans le grand ou-
vrage sur l'Egypte les observations qu'il avait faites sur le Tetro-
don
fahaca, démontra que ces animaux possèdent, comme les
autres Poissons osseux, des opercules et des rayons branchios-
téges ; que chez plusieurs d'entre eux, au moins, le squelette
s'ossifie d'une manière complète; que, par conséquent, ces
Poissons doivent rentrer dans la grande division des Poissons
osseux.
Lorsque Cuvier publia, en 1816, la première édition du Règne
animal, il se fonda sur une disposition particulière des mâchoires
de ces animaux pour établir un ordre nouveau, et il créa pour eux
la dénomination de Plectognathes. Cet ordre a été admis par les
naturalistes qui ont travaillé, depuis Cuvier , sur la classification
des Poissons, à l'exception d'un seul, M. Agassiz. Pour ce der-
nier, les Plectognathes forment deux familles d'un ordre qu'il a
cru devoir établir sous le nom de Ganoïdes, d'après des considé-
rations empruntées à la paléontologie.
Or, si l'on examine avec attention les caractères d'après les-
quels Cuvier a cru devoir établir son ordre des Plectognathes,
on
ne tarde pas
à
reconnaître que ces caractères sont très inexacts ;
que
les
traits d'organisation, que Cuvier considérait comme appar-
tenant en propre à ces animaux, n'existent point chez tous, et
que plusieurs d'entre eux se retrouvent dans des espèces apparte-
nant à des genres différents. La caractéristique de l'ordre des
Plectognathes, telle qu'elle est établie dans le
Règne
animal, est
donc bien loin de remplir la double condition que la logique exige
d'une
bonne définition, celle
de
s'appliquer
à tous les
objets définis,
et de ne s'appliquer qu'à eux seuls.
Si,
comme je
l'espère, le présent travail démontre cette propo-
sition
d'une
manière complète, il est clair que de nouvelles ques-
tions surgissent en ichthyologie. Que doivent devenir, dans la
classification, les Poissons que Cuvier plaçait dans son ordre des
Plectognathes? Est-il possible de trouver dans leur organisation
des caractères qui puissent fournir à l'ordre des Plectognathes
une définition plus exacte et plus précise que celle de Cuvier?
Ou bien plutôt la difficulté ne tiendrait-elle pas à ce que cet ordre
ne reposerait point sur une base fixe, et, en conséquence, ne
devrait-on pas le rayer des cadres de l'ichthyologie?
Cette dernière conséquence est celle qu'adopte M. Vogt dans
un petit article publié, il y a quelques années, dans les Annales
des
Sciences
naturelles.
« On a accepté cet ordre sans discus-
sion ultérieure, dit M. Vogt, mais je suis persuadé qu'il sera
bientôt rayé des cadres ichthyologiques. » L'opinion de M. Vogt
est ici d'autant plus importante, que ses recherches sur l'embryo-
génie des Poissons, et sa collaboration au célèbre ouvrage de
M. Agassiz, lui donnent une grande autorité en pareille matière.
Mais M. Vogt
s'est
contenté d'énoncer son opinion sans dévelop-
per les considérations sur lesquelles elle repose.
Ayant eu, dans ces derniers temps, l'occasion de faire quelques
recherches sur l'organisation des Poissons de l'ordre des Plecto-
gnathes, j'ai réuni quelques éléments qui pourront peut-être utile-
ment intervenir dans la discussion de
ce
point important d'ichthyo-
ogie.
Or, l'étude attentive que j'ai faite de ces animaux m'a
conduit à cette triple conclusion :
•1° La caractéristique de l'ordre des Plectognathes, telle qu'elle
a été donnée par Cuvier, doit être abandonnée comme inexacte.
2° Il n'y a rien dans l'organisation de ces animaux qui justifie
l'établissement d'un ordre spécial.
3° Ces Poissons doivent être considérés comme formant cinq
petites familles très nettement caractérisées, et présentant entre
elles des différences aussi considérables que celles qui les éloignent
des autres Poissons osseux.
Voici en quels termes Cuvier caractérise l'ordre des Plecto-
gnathes (1) :
« L'ordre des Plectognates peut être rapproché des Chondro-
ptérygiens auxquels il tient un peu par l'imperfection des ma
choires et par le durcissement du squelette; cependant
ce
squelette
est fibreux, et en général toute sa structure est celle des Poissons
cartilagineux. Leur principal caractère distinctif tient à ce que
l'os maxillaire est attaché fixement sur le côté de l'intermaxillaire,
et à ce que l'arcade palatine s'engrène par suture avec
le
crâne,
et n'a par conséquent aucune mobilité. Les opercules et les rayons
sont en outre cachés sous une peau épaisse qui ne laisse voir à
l'extérieur qu'une petite fente branchiale. On ne trouve que de
petits vestiges de côtes ; les vraies ventrales manquent ; le canal
intestinal est ample, mais sans cœcums, et presque tous ces Pois-
sons ont une vessie natatoire considérable. »
En faisant l'examen successif de chacun de ces caractères, on
ne tarde pas à se convaincre qu'ils ne donnent point une défini-
tion exacte de l'ordre entier.
« L'ordre des Plectognathes peut être rapproché des Chondro-
ptérygiens auxquels il tient par l'imperfection des mâchoires et le
durcissement tardif du squelette;
cependant
ce
squelette
est fibreux,
et en général toute la structure est celle des Poissons ordinaires. »
Je ne sais ce que Cuvier a voulu exprimer par ce terme d'imper-
fection des mâchoires; car on retrouve chez les Plectognathes
(1) Cuvier, Règne animal, 2e éd., t. II, p. 3G4.
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