VOLUME 4, NO 4 – AVRIL 2007 DIRECTION DE SANTÉ PUBLIQUE DE LAVAL La Direction de santé publique de Laval est heureuse de vous faire parvenir ce nouveau feuillet qui vise à rendre plus facile d’accès, les données de surveillance de l’état de santé de la population lavalloise. LE CANCER COLORECTAL DANS LA POPULATION LAVALLOISE L'information présentée dans ce numéro est essentiellement tirée des mises-à-jour du portrait de santé de la population lavalloise rédigé en collaboration avec 1 Michel Duval, médecin conseil . Le cancer colorectal est la troisième cause de nouveaux cas de cancer tous sexes confondus après soit le cancer du sein ou de la prostate et le cancer du poumon. Autant chez l’homme que chez la femme, l’évolution des taux ajustés de l’incidence de ce type de cancer montre une légère tendance à l’augmentation (graphique 1). La situation est semblable au Québec. Par contre à Laval, cela correspond à une augmentation de 39 % du nombre de nouveaux cas de cancer colorectal, le nombre moyen brut 2 ayant passé de 169 pour la période 1991-1993 à une moyenne de 235 cas annuellement pour les années 3 2002-2004 . Graphique 2 : Évolution du taux ajusté d'incidence du cancer colorectal, Laval et Québec, 1991-2004 100 Taux ajusté/100 000 80 38 32 30 20 20 7 6 20-49 ans Hommes - Laval Hommes - Province 1992 1994 1996 Femmes - Laval Femmes - Province 1998 2000 2002 2004 2006 Notons que l'augmentation des nouveaux cas de cancer peut se répartir au minimum en deux (2) composantes: l'une est attribuable à l'augmentation de la population de Laval depuis les quatorze ans entre 1991 et 2004 et la deuxième à une véritable augmentation des cancers (celle-ci étant multifactorielle). Nous avons estimé que cette dernière expliquerait environ 74% de l'augmentation, le facteur population environ 26%. 1 44 45 0 40 0 1990 44 Femmes Hommes 40 10 60 20 Nombre moyen de nouveaux cas de cancer colorectal par groupe d’âge, Laval, 2002-2004 50 Nombre de Lavallois Graphique 1 : Chez les Lavallois entre 2001 et 2004, on note en moyenne un diagnostic d’environ 5 nouveaux cas de cancer colorectal par semaine. Par contre, ce type de cancer est diagnostiqué un peu plus souvent chez les hommes (14 % des nouveaux cas de cancers), que chez les femmes (12 % des nouveaux cas de cancers). Au total de la population, tous sexes confondus, il arrive au troisième rang (13 %) après le cancer du poumon (17 %), et le cancer du sein chez la femme (13 %). En observant par groupe d'âge, on dénombre une prédominance des nouveaux cas chez les hommes de 65 ans et plus et chez les femmes de 75 ans et plus (graphique 2). Corbeil MR, Duval M., (Février 2006) Le cancer colorectal : Portrait de santé de la population lavalloise, Unité connaissance-surveillanceévaluation, Direction de santé publique, Agence de la santé et des services sociaux de Laval. 2 À cause des fluctuations annuelles, nous avons calculé un nombre annuel moyen sur trois ans. 3 2004 est la dernière année pour laquelle nous avons des données d'incidence 50-64 ans 65-74 ans 75 ans + En utilisant les cas diagnostiqués entre 1995 et 1999, donc une période de cinq ans, on estime à 332 hommes et à 294 femmes, les personnes à Laval vivant avec le cancer colorectal. La prévalence à court terme (5 ans) regroupe, en très grande majorité, des cas en phase des traitements primaires et nécessitant une surveillance intense ou en phase terminale, il s'agit donc d'une estimation des cas 4 dont le diagnostic est récent . Similaire au Québec, le cancer colorectal représente 12 % du total des décès par cancer chez les Lavallois entre 2003 et 2005. Cela présente 95 décès annuel en moyenne et la deuxième cause de décès par cancer chez les Lavallois après le cancer du poumon (29 %). Depuis environ 15 ans, les taux sont relativement stables à Laval comme au Québec (graphique 3). Près de 4 décès par cancer colorectal sur 5 ont lieu chez des personnes de 65 ans et plus. 4 Louchini, R., Beaupré, M., Bouchard, C., Goggin, P., (Décembre 2005), La prévalence du cancer au Québec en 1999, Institut national de santé publique du Québec. 1 Graphique 3 : Évolution du taux ajusté de décès par cancer colorectal, Laval et Québec, 1988-2005 Taux/100 000 60 40 Malgré une certaine stabilisation des décès et des nombres d’épisodes d’hospitalisations pour le cancer colorectal, on peut envisager une augmentation des soins requis en fonction du vieillissement de la population à Laval. Le tableau suivant présente les projections du nombre estimé de cas à partir des derniers taux calculés, en fonction de la croissance de la population. Tableau 1 : Projection du nombre estimé de cas à partir du dernier taux calculé, en fonction de la croissance de la population, Laval, population de 35 ans et plus, 2004-2016. 20 Hommes - Laval Hommes - Province Femmes - Laval Femmes - Province 0 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 À noter la rupture dans la série chronologique à partir de 2000 (note méthodologique, no.3, Volume 2, no 9, nov. 2005) On observe une augmentation du nombre d'hospitalisations pour cancer colorectal depuis plusieurs années, il se situe à 387 épisodes pour l'année 2004-05 à Laval. La très grande majorité représente des épisodes de soins de courte durée (97 %). En épisodes de courte durée, on observe 5968 jours d'hospitalisation ou 16 équivalents lits avec une moyenne de séjour de 15,9 jours et 52 % ont eu lieu sur le territoire de Laval (rétention). La survie à ce cancer est relativement bonne à court terme, mais décroit assez rapidement. À un an, elle est d’environ 1 75% comparativement à 54 % après 5 ans , autant chez les hommes que chez les femmes. La probabilité de survie varie peu selon l’âge. « La durée de survie à un cancer est une mesure importante de l’efficacité des soins et des traitements reçus par la personne atteinte, de même que des efforts de dépistage pour diagnostiquer le cancer à un 2 stade plus précoce. » Nouveaux cas Décès Épisodes d’hospitalisations * ** *** Dernière année 264* 105** 375*** 2007 2016 280 112 406 354 139 497 Croissance 2007-2016 24% 25% 23% MSSS, Fichier des tumeurs, 2004. MSSS, Fichier des décès 2005. MSSS, Fichier Med-Écho, 2004-2005. Le cancer colorectal: peut-on le prévenir? Plusieurs études ont présenté des évidences probantes ou à tout le moins probables entre le cancer colorectal et des facteurs reliés aux habitudes de vie, notamment l’obésité et l’inactivité 3 physique (la part attribuable, 14 %) . Inversement, un niveau élevé d’activité physique pourrait diminuer de 50 % 4 le risque de cancer du colon . Notons que selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (2005), environ 92 000 Lavallois de 20 ans et plus feraient de l’embonpoint et 46 000 seraient obèses, et 76 000 adultes du même âge seraient sédentaires. 3 «Causes of cancer in the world: comparative risk assessment of nine behavioral and environmental risk factors». The Lancet, vol 366, 19 novembre, 2005. 4 Fulfilling The Potential of Cancer Prevention and Early Detection, Institute of Medecine, 2003, p.59 1 Il s’agit de la survie relative à cinq (5) ans pour les nouveaux cas déclarés de cancer au Québec de 1984 à 1998, chez des hommes de 15 à 99 ans. 2 Louchini, R., Beaupré. M., (2003), La survie reliée au cancer pour les nouveaux cas déclarés au Québec de 1984 à 1998; Survie observée et survie relative, Institut national de santé publique du Québec. En conclusion : Le cancer colorectal est la troisième cause de nouveaux cas de cancer tous sexes confondus. Le nombre moyen annuel est estimé à 235 nouveaux cas à Laval pour la période 2002-2004. On observe une légère tendance à l’augmentation des taux ajustés d'incidence depuis 1991. Le nombre moyen annuel de décès par cancer colorectal à Laval, se situe à environ 95 décès par année de 2003 à 2005. Les personnes âgées de 65 ans et plus en sont les plus nombreuses victimes. On pourrait envisager une augmentation d’environ 25% des soins requis en fonction du vieillissement de la population à Laval. Direction de santé publique : équipe connaissance-surveillance-évaluation Rédaction : Marie-Reine Corbeil Conception : Gretta Azouri Abonnements : [email protected] Dépôt légal : 2e trimestre 2004 ISSN 1710-8284 (Imprimé) 2