au contraire de l’Asie ou de l’Afrique. Dans les ÉFO par exemple, ils fondent l’Union des Volontaires,
qui se rapproche vite de Pouvanaa a Oopa.
La Seconde Guerre mondiale et les origines du Règne Maasina
Jonathan Fifi’i est né en 1921. Quand la guerre éclata, en, 1942, il fut recruté en tant que sergent… Une fois la guerre
terminée, il devint le chef du Règne Maasina pour la région de Kwaio. Il fut arrêté en 1947, et en 1948, fut condamné ainsi
que huit autres leaders de ce mouvement, à six ans de prison.
Ils furent tous relâchés en 1950, après quoi Fifi’i aida à la mise en place du Conseil de Malaita pour lequel il travailla. En
1952, il participa à la mise en place d’une école et travailla pour le Conseil du gouvernement ainsi que pour le Conseil
législatif des îles Salomon. .. Il représenta l’est de Kwaio au Parlement national jusqu’en 1980.
Pour Fifi’i, la route de l’indépendance pour les Salomon commença dans les années 1940 avec le mouvement du Régne
Maasina. Ce mouvement apparut en 1944-1945 sur l’île de Malaita. .. Ceux qui étaient impliqués dans ce mouvement
refusaient de payer leurs impôts ou de travailler dans les plantations européennes... Les objectifs du mouvement incluaient
l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de travail, une meilleure utilisation des impôts payés par les
autochtones et la possibilité d’avoir leur mot à dire auprès du gouvernement… Une hiérarchie de chefs fut mise en place pour
superviser les projets d’intérêt public s tel que le jardinage, la récolte des impôts pour le mouvement, la codification des
règles de la coutume dans la nouvelle société… Le gouvernement riposta en arrêtant les leaders du mouvement ainsi que
plusieurs milliers de sympathisants…
Des analyses récentes montrent qu’une longue période d’insatisfaction liée à l’ensemble de la politique coloniale et
remontant à l’avant-guerre est en fait à l’origine du Règne Maasina… Il est clair que l’expérience de la guerre eut un effet
catalyseur sur l’action anti-coloniale, mais la guerre n’a pas été le point de départ des ressentiments des Salomonais.
Comme Fifi’i l’explique, les événements de Guadalcanal eurent des répercussions profondes sur la conscience politique des
Salomonais… Selon les officiers britanniques de Guadalcanal, les soldats américains se comportaient avec les Salomonais
comme ils l’entendaient. Ils développèrent des relations amicales et décontractées avec eux. Ils leur offrirent des salaires
relativement élevés et des choses apparemment extravagantes. Ce qui fut le plus mal perçu, c’est que les Américains
critiquaient les autres Blancs de façon ouverte. La plupart des soldats américains avaient peu de respect pour les coloniaux
britanniques… Les Salomonais découvrirent à travers ces attitudes un nouveau monde plein de possibilités passionnantes. Ils
étaient déjà insatisfaits de leur situation avant-guerre, alors comment auraient-ils pu s’en accommoder après ces évènements ?
De nombreux Salomonais ne remarquèrent pas la ségrégation raciale pratiquée par les Américains, ni le racisme qui était sans
aucun doute présent parmi les troupes américaines en 1942…
La Grande Mort, la Seconde Guerre mondiale aux îles Salomon, témoignages, University of the South Pacific, 2003
4- Au lendemain du conflit, le contexte international a changé, et les colonisateurs aussi
La Seconde Guerre mondiale a sonné le glas de la colonisation traditionnelle qui a vu son apogée dans
l’entre-deux-guerres. Plus rien ne peut être comme avant. Les empires coloniaux ont beaucoup souffert
et la France et l’Angleterre ont une dette vis-à-vis de leur colonie, dans le Pacifique comme ailleurs.
Très tôt, la France de la Ive République a fait évoluer les colonies de son empire vers des territoires
d’outre-mer au sein de ce qu’elle a appelé l’Union française. Les termes colonie et empire colonial
disparaissent. Ce n’est pas neutre, même si cela ne résout pas tout, loin de là. Les ex-colonies du
Pacifique accèdent donc à la citoyenneté, immédiate pour la minorité de Polynésiens qui ne l’avait pas
déjà, progressive pour les populations mélanésiennes de Nouvelle-Calédonie. Ces territoires envoient
désormais des représentants aux différentes assemblées métropolitaines. Mais on reste dans l’idée du
maintien de l’Union française au sein de la République.
Du côté anglais, le problème se pose en d’autres termes. Il apparaît que l’on ne conservera pas les
colonies bien longtemps. Mais on dispose d’une structure intermédiaire dans laquelle ces colonies
pourront se glisser le moment venu : le Commonwealth. L’émancipation progressive des possessions
anglaises du Pacifique est une idée qui suit son chemin et qui a même été développée avant-guerre, si
l’on en juge par la facilité avec laquelle l’Angleterre a confié les mandats de la Papouasie-Nouvelle-
Guinée ou de Samoa à ses relais océaniens, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, dès 1919.
Le même cas de figure se produit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale lorsque l’ONU place
sous mandat allié Nauru, Samoa et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ainsi qu’une grande partie de la
Micronésie (récupérée par les États-Unis).
C’est l’occasion également pour la communauté internationale, par le biais de l’ONU ou du monde
communiste, de rappeler la nécessaire émancipation des peuples colonisés, à commencer bien sûr par
les territoires sous mandat.