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lorsqu'ils devaient compléter les verbes par l'inflexion pertinente). D'autre part, il convient de
prédire d'autres faits que des expériences ultérieures devront mettre en évidence.
Les processus intervenant dans la production du langage peuvent être envisagés comme
se déroulant en plusieurs étapes dont chacune opère sur un certain type de représentation
(conceptuelle, sémantique, lexicale, morphologique, phonologique) par le biais de certaines
procédures (Bock & Levelt, 1994; Levelt, 1989).
Architecture du modèle et types de représentations
Dans une première étape, le message prend en considération l'intention de l'émetteur et la
situation d'énonciation : par exemple qu'il y a plusieurs timbres ou montres ou que plusieurs
personnes timbrent ou montrent quelque chose. Ces informations sont utilisées pour alimenter
le composant formulation (Levelt, 1989). A cette deuxième étape, les procesus d'encodage
grammatical sélectionnent les lemmas associés aux concepts lexicaux et leur assignent des
fonctions grammaticales. Les lemmas portent les informations relatives à la catégorie
grammaticale (nom vs. verbe) et au genre. A ce niveau, un item est par exemple marqué ( +
PLURIEL) sans que soit spécifiée la marque correspondante (e.g., (FOUILLE) (+ PLURIEL)
(Mackay, 1979).
Les deux étapes suivantes traitent le groupement et la mise en ordre des constituants
(lexemes) et la génération des inflexions. Les éléments des lexiques phonologique ou
orthographique de sortie seraient représentés sous forme décomposée (Butterworth, 1983;
Cutler, 1983; Henderson, 1985). Les erreurs commises par les sujets normaux (Garrett, 1980;
Stemberger, 1985) comme par les aphasiques (Caramazza, 1988) et les agraphiques (Badecker,
Hillis & Caramazza, 1990) fournissent des arguments empiriques en faveur d'une organisation
des lexiques de sortie sous forme décomposée (cf. sur tout ceci, voir Fayol, 1997).
Dans une telle conception, chaque radical lexical est associé à l'ensemble des affixes qu'il
est susceptible d'accepter. Par exemple, le verbe trouver serait relié, pour ce qui concerne
l'indicatif présent aux flexions : -e (1ère et 3ème personnes du singulier) ; -es (2ème personne
du singulier) ; -ons (1ère personne du pluriel) ; ez (2ème personne du pluriel ; -ent (3ème
personne du pluriel) (Caramazza, Laudanna & Romani, 1988). Ces liens seraient pondérés en
fonction des fréquences d'occurrences (-es, plus rarement utilisé que -e, serait moins fortement
relié au radical). Par exemple encore, le nom poule serait relié à -e (singulier) et -es (pluriel)
avec des poids différant éventuellement selon les fréquences (Dubois, 1965) (Figure 1).
Fonctionnement
Deux mécanismes fondamentaux seraient impliqués dans la sélection d'un item, quel que
soit le niveau de représentation concerné : l'activation et l'inhibition (Bock & Levelt, 1994;