le reconnaître comme l'ange Gabriel, le « Messager de Dieu ». A la fin des
apparitions, il dira « avoir été choisi » pour être celui que Dieu, Allah, a désigné
comme prophète. Mais à la différence d'Abraham, Moïse ou Jésus qui ont
transmis surtout oralement la loi divine (Torah, Evangile), qui ont été consignés
plus tard par écrit, Muhammad, lui, ne fait que réciter et dicter ce que Dieu lui a
révélé. Cette récitation, en arabe qur'an, se traduit en français par Coran.
Ce qui est nouveau, c'est que cette « révélation » est faite dans la langue arabe à
Muhammad. Et cette langue comprise dans toute la péninsule et chantée par tous
les poètes, va devenir la langue sacrée. La doctrine principale que Muhammad va
prêcher, est la soumission à Allah : Dieu unique, tout-puissant et omnipotent,
qui lors du jugement dernier punira les méchants, récompensera les bons et
ressuscitera les morts et détruit les incroyants. Cette nouvelle religion s'appelle
l'Islam (tiré du verbe arabe aslama : « se soumettre ») et le croyant se nomme
musIim, « celui qui obéit », en français musulman. L'une des premières
conséquences de l'Islam est la naissance d'un art nouveau : la calligraphie qui
reproduit les noms d'Allah, de son Prophète et les paroles sacrées du Coran.
Des débuts difficiles
Après avoir converti ses plus proches parents (Khadidja, Ali, Zayd) et un riche
marchand (Abu Bakr, qui deviendra plus tard son beau-père, lorsqu’il épousera,
en secondes noces, sa fille, la très jeune A'icha. A la mort de Muhammad, c'est
ce dernier qui sera élu premier calife/khalifa/remplaçant). Mais l'oligarchie
mercantile, vaniteuse et polythéiste des Mekkois, ne répond à la prédication du
Prophète que par sarcasmes et moqueries et se montre même si menaçante
dans son opposition qu'un petit groupe de ses fidèles dut s'expatrier en Abyssinie
(Éthiopie), pays monothéiste où les croyants pouvaient trouver refuge. De son côté,
Muhammad va très vite se heurter à ceux de son clan, de riches commerçants.
Cette nouvelle religion ne risque-t-elle pas de troubler les pèlerinages à la Kaaba,
donc de leur faire perdre de l'argent ? On l'insulte, le traite de devin, on l'accuse
d'avoir été corrompu par les juifs et les chrétiens, on jette aussi des pierres sur
ses disciples. C'est l'interdiction tribale de toucher à un membre du clan qui lui
évite d'être assassiné. Mais, raillé de toutes parts, Muhammad est maintenant haï
par ceux qu'il appelle les « infidèles ».
La vie à la Mecque est bientôt plus possible et devient même trop risquée ;
les disciples de Muhammad, « les musulmans », sont persécutés par les habitants
de la ville et se résignent à l'exil. Exil qui conduira ces musulmans en Abyssinie
chez les chrétiens où une relation très amicale entre ceux-ci et les musulmans est
indéniable. A la Mecque, la situation ne s'améliore pas pour Muhammad, bien que
les musulmans qui sont restés près de lui osent maintenant venir prier à la Kaaba.
Mais en 620, sa femme Khadidja qui a été sa première disciple, sa confidente et
même son conseiller, décède (on voit ici, qu’au départ les femmes ne sont pas
mises de côté… bien au contraire !). Deux jours plus tard, c'est Abu Talib, son
oncle et chef de clan, qui la suit dans la mort. Muhammad se retrouve alors seul,
sans protecteur, avec devant lui Abu Lahab, son ennemi qui succède à Abu Talib.