.6. Lundi 21 mars : Les grandes religions du Livre (3) : l`Islam, Unité

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.6. Lundi 21 mars : Les grandes religions du Livre (3) : l’Islam,
Unité et diversité (plus une courte ouverture sur une spirituali
originale née en terre d’Islam : la Religion Bahá’ie).
Introduction à l’Islam
L’Islam est aujourd’hui la seconde religion du monde avec près d’un milliard et
demi de fidèles, mais aussi de France (environ 6 millions de fidèles). Malgré tout,
en Occident et notamment en France, cette religion présente plutôt une image
négative, à cause du fanatisme et de la violence de quelques uns ; et d’aspects
de leur foi - comme le respect de la diversité religieuse, les droits des femmes,
le droit de changer de religion ou de ne pas croire… - qui nous paraissent être
des formes d’intolérance ou des atavismes incompatibles avec la modernité…
voire notre République laïque, de fondation judéo-chrétienne et gréco-latine. Autre
aspect, aujourd’hui, beaucoup mettent « en accusation » son côté « conquérant ».
En effet, à l’origine, les grandes religions de l’Orient, mais aussi le Judaïsme et
le Christianisme, n’ont pas dans leurs principes fondateurs, leur base théologique,
cette forme d’expansionnisme qui, comme au tout début de l’histoire islamique,
a pris parfois des allures de « conquête militaire ». Reste aussi l’épineuse question
de la séparation entre le politique et le religieux, entre le droit religieux et le droit
civil ou les Droits de l’Homme (même si le Christianisme a connu et connaît
encore parfois des poussées théocratiques, l’Evangile appelle lui à « rendre à
César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »).
Nous allons donc essayer de voir si ces aspects sont vraiment constitutif de
l’Islam et donc à étroitement liés la prédication de Muhammad, ou sont plutôt dus
aux choix politiques et religieux des premiers Califes, successeurs du Prophète.
Reste que, comme pour l’Hindouisme, le Bouddhisme et le Christianismenous
verrons que lIslam n’est pas un bloc monolithique et que, comme à son origine,
il reste pluriel, beaucoup plus divers et même divisé qu’il n’y paraît.
Chronologie
Année
chrétienne
Année de
l’Hégire
Evènements importants
570
Naissance de Muhammad à La Mecque.
611
Première apparition de l'Ange Gabriel à Muhammad lors d'une d’une retraite dans une
grotte des environs de La Mecque. Il lui annonce qu'il sera « prophète de Dieu ».
622
1
Après des années de persécution envers Muhammad et ses disciples, émigration du
prophète de La Mecque vers la ville de Yathrib (Médine) sur l'inspiration de Dieu.
Muhammad échappe ainsi à une tentative d'assassinat.
629
8
Après bien des confrontations entre les musulmans et leurs ennemis, « premier
pèlerinage » du prophète à La Mecque à la faveur d'un traité.
52
630
9
Entrée triomphale du prophète à La Mecque. Destruction des idoles entourant la Kaaba.
632
11
Dernier pèlerinage de Muhammad à La Mecque, appelé « pèlerinage de l'adieu ».
A l'occasion d'un sermon dans « la plaine d'Arafat », sur le colline de djebel-r-rahma,
le prophète Muhammad transmet ses dernières recommandations aux fidèles.
C'est à cette occasion que le dernier verset du Coran est vélé (Sourate V, verset 3).
Deux mois environ après son dernier pèlerinage, il s'éteint des suites d'une maladie.
632
11
Accession au « Califat » d'Abou Bakr. Conservation du Coran sous la forme d'un
volume unique, Moushaf.
634
13
Mort d'Abou Bakr. Omar accède au Califat. Expansion rapide de l'Islam autour de
la péninsule arabique en Syrie, Palestine, Mésopotamie et Egypte.
644
23 - 24
Assassinat d’Omar. Accession au Califat de Othman. Extension de l'Islam en Libye et
en Perse.
651
30
Selon la volonté d’Othman, assemblage du Coran à partir du « Moushaf d’Abou
Bakr ».
656
35
Assassinat du Calife Othman. Accession au Califat d'Ali, gendre de Muhammad.
L'Islam s'installe au maghreb.
661
40
Assassinat du Calife Ali.
661 - 750
40 -132
Dynastie Omeyyade (capitale : Damas).
711 - 718
92 - 99
Conquête et islamisation d'une partie de la péninsule ibérique (Espagne et Portugal).
750 - 1258
132 - 655
Fondation de la Dynastie Abbasside (capitale : Bagdad).
756
138
Les Omeyyades réfugiés en Espagne fondent le Califat de Cordoue (Andalousie).
969
358
Proclamation du Califat Fatimide au Caire.
1258
655
Prise et mise à sac de Bagdad par les Mongols qui marque la fin du califat Abbasside.
1260
658
Victoire des Mamelouks contre les Mongols, en Palestine. L'Egypte devient le centre
du monde musulman.
1453
856
Prise de Constantinople par les Ottomans (Turcs) ; qui dès lors, avec leur « Sultanat »
domineront le monde arabo-mulsuman… jusqu’en 1922 et la chute du dernier Sultan.
1492
897
Prise de Grenade par les castillans, et chute du dernier royaume musulman
d'Espagne.
L'Islam aux premiers siècles
Au VIème siècle, dans les vastes étendues désertiques de l'Arabie, vivent des
nomades, les Bédouins. L'une de ces tribus, les Saranes (Sarraceni en latin et
Sarrazins en français), connaissent des conditions de vie extrêmement difficiles.
Devant se déplacer continuellement pour survivre (recherche d'eau, de pâturages),
ils n'hésitent pas à pratiquer des razzias, attaque de campements sédentaires et
enlèvement de femmes et d’enfants revendus comme esclaves. L'Arabie connaît
alors une grande diversité religieuse.
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La vie religieuse en Arabie avant Muhammad
En Arabie coexistent à cette époque deux religions monothéistes, le Judaïsme et
le Christianisme et la religion des Arabes polythéistes. En effet, au centre de
la ninsule vivent des tribus juives, originaires de Judée et des arabes convertis
au judaïsme. Au nord, des arabes, alliés des Perses et des Byzantins, sont eux
devenus chrétiens. Ces deux communautés, Arabes juifs et Arabes chrétiens,
se font des guerres sans merci (ex. : 20000 arabes chrétiens brûlés vifs par une
tribu arabe juive parce qu'ils ne voulaient pas se convertir au Dieu de Moïse).
Le reste de l'Arabie est polythéiste. Les nomades nèrent le dieu Hobal et trois
déesses : AI-Làt, AI-Oz et Manat. Mais par-dessus tout, ces hommes sont très
superstitieux et ont peur des djinns malins petits génies, qui sont partout
(dans les arbres, sous les rochers, dans les rivières). Pour se rendre favorable
aux djinns, ils pratiquent des sacrifices. Si ces trois formes religieuses coexistent,
cela est à la grande tolérance culturelle des Arabes. C'est pour cette raison
qu'ils ont construit la Kaaba, toutes les divinités (environ 360) sont exposées
comme dans un musée, afin de permettre à tout étranger présent à la Mecque de
venir adorer son dieu. Il ne faut pas chercher ailleurs le fait que cette ville soit
considérée comme le grand lieu de pèlerinage (le hadjdj). Et comme très souvent
dans les lieux de pèlerinage, la Mecque va voir prospérer une minorité de
quelques très riches commerçants qui s'enrichit avec les lerins. Spéculation,
commerce, trafic religieux font rage. A côté de cela, vit dans les rues de la Mecque
une majorité de personnes très pauvres. La solidarité ancestrale des Bédouins
n'est plus respectée, par exemple celle qui oblige le riche à nourrir le pauvre,
ou à protéger la veuve et l'orphelin. Rien ne compte plus que l'appât du gain,
ce qui va inévitablement créer un immense malaise dans la population qui attend
un changement. Cet homme attendu sera Muhammad (Mahomet).
Un homme, une nouvelle religion : Muhammad
L'enfance de Muhammad, qui né vers 570, est assez mouvementée : orphelin de
père à la naissance, recueilli par son grand-père maternel puis confié à une
nourrice du désert, il connaîtra la vie des caravaniers, parmi lesquels un jour,
un ermite chrétien le reconnaîtra comme l'envode Dieu annoncé par la Bible
(le Paraclet). Au cours de tous ses voyages, Muhammad va s'imprégner de cette
mentalité arabe pour laquelle, au-delà des villes et des palais, seule compte
la Parole. Le Verbe est tout-puissant. Les poètes sont très écoutés et respectés.
Muhammad saura en tenir compte. Marié à quarante ans avec la veuve riche
Khadidja, Muhammad se désole de ne pas avoir de fils, ce qui est une honte chez
les Arabes. Et au lieu de prendre d'autres femmes comme le veut la coutume,
il est fidèle à Khadidja et adopte deux garçons, Ali son cousin et Zayd un esclave
chrétien. De ce moment viendra l'habitude pour Muhammad, très mystique, de
se retirer la nuit dans une caverne du Mont Hirà. C'est durant une ce ces nuits,
en 611, qu'il aura « la Révélation ». Un être surnaturel va lui apparaître plusieurs
fois, le laissant à chaque fois dans un état physique très douloureux il est
inconscient, tremblant, comme ivre. Qui est cet être ? Muhammad finira par
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le reconnaître comme l'ange Gabriel, le « Messager de Dieu ». A la fin des
apparitions, il dira « avoir été choisi » pour être celui que Dieu, Allah, a désigné
comme prophète. Mais à la différence d'Abraham, Moïse ou Jésus qui ont
transmis surtout oralement la loi divine (Torah, Evangile), qui ont été consignés
plus tard par écrit, Muhammad, lui, ne fait que réciter et dicter ce que Dieu lui a
vélé. Cette récitation, en arabe qur'an, se traduit en français par Coran.
Ce qui est nouveau, c'est que cette « révélation » est faite dans la langue arabe à
Muhammad. Et cette langue comprise dans toute la ninsule et chantée par tous
les poètes, va devenir la langue sacrée. La doctrine principale que Muhammad va
prêcher, est la soumission à Allah : Dieu unique, tout-puissant et omnipotent,
qui lors du jugement dernier punira les méchants, récompensera les bons et
ressuscitera les morts et détruit les incroyants. Cette nouvelle religion s'appelle
l'Islam (tidu verbe arabe aslama : « se soumettre ») et le croyant se nomme
musIim, « celui qui obéit », en français musulman. L'une des premières
conséquences de l'Islam est la naissance d'un art nouveau : la calligraphie qui
reproduit les noms d'Allah, de son Prophète et les paroles sacrées du Coran.
Des débuts difficiles
Après avoir converti ses plus proches parents (Khadidja, Ali, Zayd) et un riche
marchand (Abu Bakr, qui deviendra plus tard son beau-père, lorsqu’il épousera,
en secondes noces, sa fille, la très jeune A'icha. A la mort de Muhammad, c'est
ce dernier qui sera élu premier calife/khalifa/remplaçant). Mais l'oligarchie
mercantile, vaniteuse et polythéiste des Mekkois, ne répond à la prédication du
Prophète que par sarcasmes et moqueries et se montre même si menaçante
dans son opposition qu'un petit groupe de ses fidèles dut s'expatrier en Abyssinie
(Éthiopie), pays monothéiste les croyants pouvaient trouver refuge. De son côté,
Muhammad va très vite se heurter à ceux de son clan, de riches commerçants.
Cette nouvelle religion ne risque-t-elle pas de troubler les pèlerinages à la Kaaba,
donc de leur faire perdre de l'argent ? On l'insulte, le traite de devin, on l'accuse
d'avoir été corrompu par les juifs et les chrétiens, on jette aussi des pierres sur
ses disciples. C'est l'interdiction tribale de toucher à un membre du clan qui lui
évite d'être assassiné. Mais, raillé de toutes parts, Muhammad est maintenant haï
par ceux qu'il appelle les « infidèles ».
La vie à la Mecque est bientôt plus possible et devient même trop risquée ;
les disciples de Muhammad, « les musulmans », sont persécutés par les habitants
de la ville et se résignent à l'exil. Exil qui conduira ces musulmans en Abyssinie
chez les chrétiens où une relation très amicale entre ceux-ci et les musulmans est
indéniable. A la Mecque, la situation ne s'améliore pas pour Muhammad, bien que
les musulmans qui sont restés près de lui osent maintenant venir prier à la Kaaba.
Mais en 620, sa femme Khadidja qui a été sa première disciple, sa confidente et
même son conseiller, décède (on voit ici, qu’au départ les femmes ne sont pas
mises de côté… bien au contraire !). Deux jours plus tard, c'est Abu Talib, son
oncle et chef de clan, qui la suit dans la mort. Muhammad se retrouve alors seul,
sans protecteur, avec devant lui Abu Lahab, son ennemi qui succède à Abu Talib.
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Abu Lahab ne tarde pas à s'attaquer à lui, le vouant « aux flammes de l'enfer »,
ce qui, à l’époque, est la pire malédiction ! Dès lors, Muhammad devient un exclu,
un hors la loi. On peut le tuer, le vendre, le torturer sans risque de vengeance du
clan. Et les premières attaques arrivent : on lui jette un utérus de brebis pendant
la prière, on lui verse du sable sur la tête. La situation à la Mecque est intenable,
et Muhammad finit lui aussi par se résigner à partir.
La providence lui fait alors rencontrer des pèlerins originaires de la ville de Yatrib.
Ces hommes sont douze et sont très impressionnés par Muhammad. De cette
rencontre entre un homme seul et rejeté et ces douze hommes à la recherche
d'un chef pour leur clan, va naître un serment, « le serment d'Aqaba » les
habitants de Yatrib acceptent de prendre Muhammad comme chef pour régler
leurs problèmes. En 622, Ce départ en 622 vers Yatrib/dine : c'est l'Hégire.
L'Hégire
Le jour de son part, Muhammad échappe à un assassinat, et arrive à Yatrib/
Médine (400 km au nord de La Mecque) le 24 septembre 622 de l'ère chrétienne ;
mais comme les musulmans ne tiennent pas compte du calendrier grégorien
(année solaire), le temps est alors mesuré selon l'année lunaire : l'an 1 de
l'Hégire commence donc le 16 juillet, 1er jour de l'année lunaire (354 jours) et
toutes les années sont calculées à partir du 16 juillet 622. Yatrib devient donc
la ville du Prophète, en arabe al-Madina, en français Médine. Muhammad et tous
les disciples qui l'ont rejoint s'installent, hébergés souvent chez les habitants.
C’est donc que naît la première communauté de « croyants musulmans »,
le premier noyau de ce qui deviendra, plus tard et très vite, la Umma/la Grande
Communauté des Croyants. Très vite il construit un petit bâtiment en argile et
en pierre, qui sera le premier lieu sacré musulman, qu’il appellera masjid, qui veut
dire l'endroit on se prosterne : « mosquée » en français. Dans cette première
mosquée, Mahomet explique le culte, organise des unions, traite les affaires,
accueille les chefs de tribus. Il y fait aussi garder les prisonniers ou y fait coucher
les pauvres. A cette époque comme Muhammad était proche du Judaïsme,
il invita les musulmans à se prosterner dans la direction de Jérusalem.
Mais, échouant à gagner les juifs à sa cause, à cause de leur mépris, il se coupe
définitivement d'une alliance qui s'avère impossible et « rééquilibre» la continuité
prophétique, dans laquelle il est désormais impératif qu'il s'inscrive, au moyen de
trois « retouches » :
- La direction de prière (qibla) est dorénavant orientée vers La Mecque (au sud),
lieu du sanctuaire abrahamique, et non plus vers Jérusalem (au nord), lieu des
sanctuaires juif et chrétien.
- Le rattachement de sa prophétie sur l'Unici de Dieu se fait directement à
Abraham qui n'était ni juif, ni chrétien, mais le vrai croyant excellent.
- Tout en s'inscrivant dans la continuité de « la Révélation prophétique », de même
source que le Coran, il n'en assigne pas moins à celui-ci un achèvement et une
perfection que n'a plus la Révélation, que les juifs et les chrétiens ont altérée,
déformée, surchargée.
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