Des aspects concernant l`influence de l`évolution météorologique

Réchauffement climatique, quels impacts probables sur les vignobles ?
Global warming, which potential impacts on the vineyards?
28-30 mars 2007 / March 28-30, 2007
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Des aspects concernant l’influence de l’évolution météorologique
sur le cycle végétatif de la vigne
dans le vignoble de Dealu Bujorului, Roumanie
Cristina SIMION, Viorica ENACHE, Alina DONICI
SCDVV BUJORU, rue E.Grigorescu n° 65, Tg.Bujor, Galaţi, Roumanie
[email protected]
Résumé
La multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes et la prévision des changements
climatiques importants incitent à aborder une thématique portant sur la recherche d’impacts sur les
écosystèmes viticoles.
La pratique d’une viticulture durable implique de prendre en compte le changement climatique
global qui comporte encore beaucoup d’inconnues : quel peut être, par exemple, son impact sur la
fréquence des précipitations, sur l’intensité et la récurrence des sécheresses, sur l’expansion des
phénomènes de désertification ? Des chercheurs ont montré que les fortes températures, la sécheresse ou
la pollution atmosphérique peuvent conduire au développement de maladies ou d’insectes nuisibles à la
vigne, dont il est encore difficile d’évaluer l’importance sur les écosystèmes viticoles.
On étudie ici l’évolution des facteurs climatiques entre 1979 et 2006 dans le vignoble de Dealu
Bujorului par rapport aux normales. On traite les données pluviométriques, montrant un changement dans
la répartition des précipitations (courts épisodes pluvieux intenses encadrés par de longues périodes
sèches). On souligne aussi la fréquence des températures extrêmes.
Ces changements observés durant la période végétative ont des répercussions, pas toujours
favorables, sur les phases phénologiques de la vigne.
On peut, dès lors, penser que les changements climatiques prévus auront des conséquences plutôt
négatives sur les vignobles, remettant peut-être en cause la durée des plantations viticoles.
Mots-clés : vignoble, vigne, cépage, facteurs climatiques, phénophases de végétation.
* * *
I. Données et méthode
Utilisant les données de la Station de Recherche pour la viticulture et vinification de
Bujoru (département Galati, Roumanie), nous proposons une étude des facteurs climatiques et de
leur influence sur le cycle végétatif de la vigne en recherchant des implications sur la production
et la qualité.
Les analyses des facteurs climatiques portent sur une période de vingt-huit années (1979-
2006) et pour le cycle végétatif sur dix années (1997-2006).
Trois cépages ont été analysés : Fetească regală, Băbească neagră et Merlot. Nous avons
suivi leur évolution phénologique pendant les dix années et avons recherché l’impact de la
variabilité climatique sur la quantité et la qualité des récoltes.
Parmi les cépages roumains, Fetească regală (photo 1), bien adapté écologiquement, est
très apprécié et répandu dans tout le pays. Il a un grand potentiel de production, de sorte que,
selon les années, le vin qu’il donne est classé soit vin de table, soit vin d’appellation d’origine
contrôlée. Le vin blanc est sec, avec une robe jaune à reflets légèrement verts, au corps d’une

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constitution harmonieuse, en dépit du degré alcoolique assez modeste et d’une acidité plus élevée.
Les consommateurs le préfèrent jeune à cause de sa fraîcheur plus intense.
Photo 1. Fetească regală
Le cépage Băbească neagră (photo 2) est un très ancien cépage roumain. Il a une grande
vigueur, mais est vulnérable au gel. Son rendement et sa qualité sont très sensibles aux variations
climatiques. Le vin a une robe d’un rouge moins intense, mais qui résiste bien au vieillissement.
Le consommateur apprécie ce vin, notamment, pour son fruité et sa saveur tout à fait particuliers.
Photo 2. Băbească neagră
Le cépage Merlot donne des vins rouges de qualité supérieure. En Roumanie, il a une
vigueur moyenne ; il est sensible au gel et aussi à la sécheresse.

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Dans le vignoble de Dealu Bujorului, il a trouvé un écoclimat très favorable. Le vin rouge
obtenu est toujours apprécié ; il a une robe d’un rubis assez intense qui présente, rarement, quand
il est jeune, des touches bleues ou violacées.
Les trois cépages sont conduits en cordon. Le tronc est d’une hauteur comprise entre 80
et 100 cm, ce qui est favorable aux coursons et aux rameaux parce qu’ils sont protégés en hiver, la
température à ce niveau étant de deux à quatre degrés supérieure à celle du sol.
II. Résultats et discussion
La technologie de production est même pour les trois cépages. Les mêmes avantages
thermiques existent en été.
La température de l’air et l’humidité représentent, avec les conditions socio-économiques,
les facteurs qui ont conduit à la répartition de la culture de la vigne dans le monde.
Des seuils biologiques inférieurs et supérieurs définissent les limites où la culture de la
vigne est possible. Un de ces seuils est la moyenne thermique annuelle de 9°C.
Analysant l’évolution de ce paramètre, on constate que le vignoble de Dealu Bujorului
bénéficie de conditions très favorables pour la culture de la vigne et notamment pour les cépages
rouges. Sur la période 1978-2006, on constate que la moyenne annuelle, autant que la moyenne
mobile, marque une augmentation des valeurs entre 11,5 et 12,5°C, soit un surplus de deux ou
trois degrés par rapport au seuil et d’un degré par rapport à la normale (figure 1).
Figure 1. La température moyenne annuelle de l'air pendant la période 1978- 2006
L’analyse du même paramètre pour la période de végétation (avril-septembre) met en
évidence la même tendance de réchauffement avec, entre 2000 et 2006, plus 1,5°C par rapport à
la moyenne multiannuelle (figure 2).
9
9,5
10
10,5
11
11,5
12
12,5
13
13,5
1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
en T ˚C
moyenne multiannuelle moyenne annuelle moyenne mobile/5ans

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Figure 2. La température moyenne pendant la période végétative (1978-2006)
Dans la zone tempérée où est située la Roumanie, la culture de la vigne est possible dans
les régions où les précipitations annuelles sont comprises entre 400 et 700 mm, dont 250 à 300
mm pendant la période végétative. Les figures 3 et 4 montrent que les précipitations présentent
des oscillations très amples entre les années 1979 et 1997. Au cours des dix dernières années, on
observe une légère réduction de leur amplitude et une tendance à la baisse, particulièrement nette
pendant la période végétative.
Figure 3. La distribution des précipitations annuelles pendant la période 1978-2006
150
200
250
300
350
400
450
500
550
600
650
700
750
1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
P en mm
moyenne multiannuelle moyenne annuelle moyenne mobile/5ans
15,0
16,0
17,0
18,0
19,0
20,0
21,0
22,0
1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
en T ˚C
moyenne multiannuelle moyenne annuelle moyenne mobile/5ans

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Figure 4. Précipitations pendant la période végétative (avril-septembre) 1978-2006
L’évapotranspiration potentielle élevée et la fréquence des vents arides d’est contribuent
d’ailleurs au grand déficit d’humidité atmosphérique et édaphique pendant les longues sécheresses
de juillet et d’août.
La durée moyenne d’insolation pendant la période végétative (figure 5) est de 1 100 à
1 350 heures par an.
800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700 1800 1900
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
ir(heure)
annuelle période v égétativ e
Figure 5. Somme du rayonnement solaire annuel pendant la période (1978-2006)
Parallèlement à cette évolution récente des températures et des précipitations, on constate
que les valeurs climatiques extrêmes, qui intervenaient de manière accidentelle, ont tendance à
devenir plus fréquentes ces dernières années. C’est le cas, en particulier, pour les températures
minimales et maximales (tableau 1).
50
100
150
200
250
300
350
400
450
500
1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
P en mm
moyenne multiannuelle moyenne annuelle moyenne mobile/5ans