Diffusion programme politiques économiques

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UMR AUSONIUS – SÉMINAIRE D’HISTOIRE ÉCONOMIQUE 2012-2013
POLITIQUES ÉCONOMIQUES ET MONDES ANCIENS
ECONOMIC POLICIES AND ANCIENT WORLD
Rencontres organisées par Chr. PÉBARTHE (MCF habilité à diriger des recherches,
Université Bordeaux 3) et A. CARRARA (ATER, Université de Rouen).
L'historiographie a eu tendance à étudier les mondes anciens, soit à travers la catégorie
“économie”, soit à travers la catégorie “politique”, l'une excluant l'autre. Dans le cadre des
rencontres d'histoire économique au sein de l'UMR Ausonius (Bordeaux), nous avons fait le
choix d'interroger la pertinence de la notion de politique économique pour analyser les
décisions prises par les sociétés anciennes au sujet des activités de production matérielle et
d'échanges de biens.
Plusieurs rencontres sont prévues à cet effet, dont vous trouverez le programme cidessous. Nous avons notamment prévu des séminaires introductifs pour permettre aux nonspécialistes de se familiariser avec les thématiques abordées lors de la journée d’étude.
Scholars are used to study the ancient world, either through the “economic” category
or the “politic” one, categories excluding one another. In the framework of the economic
history seminar of the Ausonius Institute (Bordeaux), we have chosen to interrogate the
relevance of the notion of economic policy, in order to analyse decisions made by the ancient
societies about activities of material productions and goods exchanges. Several meetings are
planned in this goal : three introductory seminars, a study-day including a workshop in order
to introduce new ways to study the ancient economic history.
POLITIQUES ÉCONOMIQUES ET MONDES ANCIENS : Présentation du projet.
D’une part, et sous l’influence des modèles primitiviste et polanyien, l’historiographie
a considéré pendant longtemps que les activités économiques étaient encastrées dans la
société. De ce fait, les faits économiques étudiés n’étaient en réalité pas économiques. D’autre
part, les études consacrées à la cité en tant qu’État se sont orientées vers une individualisation
du champ politique, là encore en niant l’existence d’une dimension économique.
Les recherches récentes sur l’économie antique ont dans un premier temps souligné le
caractère essentiel du marché dans les cités grecques. Cette dimension marchande imposait
alors de s’interroger sur les concepts utilisés puisqu’elle posait à nouveaux frais la question de
la modernité de l’Antiquité grecque, c’est-à-dire la possibilité d’utiliser des concepts produits
par la science économique, ce qu’interdisaient les tendances dominantes des années 1970. Les
travaux de D. North et de la Nouvelle Économie Institutionnelle ont alors semblé fournir des
outils heuristiques aux historien(ne)s de l’Antiquité. Ce courant ne permet toutefois pas de
clarifier réellement les liens entre politique et économie, car il importe en histoire ancienne
l’anthropologie de l’homo œconomicus et une conception des politiques économiques réduite
à une seule finalité : la maximisation du profit. Ce faisant, la dimension civique, donc la
politique, est réduite à la simple addition des citoyens, la cité ne cherchant elle-même qu’à
accroître ses revenus, sur le modèle de chaque individu en son sein. Dès lors, aujourd’hui
encore, il ne semble pas possible de mettre au jour une politique économique antique, soit
parce qu’elle ne serait in fine qu’économique, soit parce qu’elle ne serait que politique.
Cette aporie peut être dépassée grâce à une réflexion d’ordre épistémologique. En
effet, le débat qui anime les historien(ne)s des économies antiques fait souvent l’impasse sur
les catégories de l’entendement du monde “social-historique” (C. Castoriadis) étudié et sur les
catégories scolastiques utilisées par les chercheurs. Comme elles semblent aller de soi, il ne
saurait être question de définir les catégories de politique et d’économie autrement que
comme deux universels. Pourtant, mettre en évidence l’existence éventuelle de politiques
économiques, c’est-à-dire de décisions prises après délibérations collectives, suppose de
comprendre en quels termes les problèmes étaient posés ; non pas pour élaborer une nouvelle
histoire intellectuelle, théorique, ou une histoire des représentations, mais bien pour refonder
une histoire des pratiques économiques.
En choisissant le prisme des politiques économiques, il devient possible de se situer,
sous condition de réflexivité, à l’intersection des deux sphères d’activité sociale que sont la
politique et l’économie, et donc de poser la question des catégories d’entendement. La nature
de la cité devient dès lors une interrogation première, notamment sa possible caractérisation
comme État. En outre, la notion de marché doit être appréhendée par un autre versant que le
versant mathématique dont l’impasse a été soulignée par les économistes eux-mêmes. Cette
double interrogation sera abordée dans les trois premiers séminaires (“Aux frontières du
marché, l’État ?” ; “État, champ économique et marché” ; “Politique, territoires et échanges”)
qui devront permettre d’élaborer la grille conceptuelle à l’origine de toute étude renouvelée
des politiques économiques anciennes. Une première enquête visant à définir ce que peuvent
être des politiques économiques anciennes donnera ensuite lieu à une journée d’étude, suivie
d’une table ronde conclusive, destinée à dessiner de nouvelles pistes de recherche, dans la
perspective d’une refondation de l’histoire économique de l’Antiquité.
PROGRAMME DES RENCONTRES
1) SÉMINAIRES INTRODUCTIFS
- Vendredi 25/01/13, 16h30-18h30 : Aux frontières du marché, l’État ? par Chr. Pébarthe.
Lieu : Salle 2, MSHA (Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 10 Esplanade des
Antilles, Pessac)
Le marché est le plus souvent défini par ce qu'il n'est pas, plutôt que par ce qu'il serait.
À ce titre, il devient une catégorie de l'entendement scolastique du monde social, au même
titre que les antonymes qui servent à le définir. L'État est souvent présenté comme une
institution hors marché, capable même de le réguler, d'en fixer les limites. C'est la pertinence
de cette opposition qui fait l'objet de ce séminaire, dans la perspective de mettre en question la
notion de politique économique.
- Vendredi 22/02/13, 16h30-18h30 : État, champ économique et marché, par Chr.
Pébarthe.
Lieu : Université Bordeaux 3, salle à confirmer
Dans les sociétés modernes, l'une des caractéristiques essentielles serait la division du
travail social, la délimitation de champs dans lesquels des règles particulières s'appliqueraient.
Cette autonomie relative s'incarnerait dans des principes tautologiques, l'art c'est l'art pour le
champ artistique ou les affaires sont les affaires pour le champ économique. Selon Pierre
Bourdieu, l'État serait le champ des champs et, à ce titre, serait seul à garantir la légitimité de
leur autonomie. Par ailleurs, pour les économistes contemporains, il serait indispensable au
fonctionnement du marché, puisqu'il serait à l'origine par exemple de la garantie des droits de
propriété. Or, l'articulation entre État, champ économique et marché n'a pas été véritablement
envisagée, alors même qu'elle constitue un élément déterminant pour vérifier la cohérence de
ces approches conceptuelles et pour comprendre ce que peut être une politique économique.
- Vendredi 5/04/13, 16h30-18h30 : Politique, territoires et échanges, par Chr. Chandezon
(Professeur d’histoire grecque, Université de Montpellier 3)
Lieu : Université Bordeaux 3, salle à confirmer
2) JOURNÉE D'ÉTUDE : Les sociétés anciennes menaient-elles des politiques économiques ?
Vendredi 3/05/13, 9h-16h30, amphi archéo (Maison de l’archéologie, Domaine
universitaire, Pessac).
Intervenants : A. Carrara, J. France (Professeur d’histoire romaine, Université Bordeaux 3),
A. Gorgues (MCF en histoire de l’art protohistorique, Université Bordeaux 3), T. Hasegawa
(doctorant en histoire romaine, Université Bordeaux 3), N. Kyle (postodoctorant Fulbright,
Université d’Haifa), Chr. Pébarthe.
3) TABLE RONDE CONCLUSIVE : De la politique économique à l’histoire économique de
l’Antiquité, Vendredi 03/05/13, 16h30-18h30, amphi archéo (Maison de l’archéologie).
Participants en plus des communicants de la journée d’étude : C. d’Ercole (Directrice d’études
à l’EHESS), V. Chankowski (Professeure d’histoire grecque, Université Lyon 2).
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