saurait être question de définir les catégories de politique et d’économie autrement que
comme deux universels. Pourtant, mettre en évidence l’existence éventuelle de politiques
économiques, c’est-à-dire de décisions prises après délibérations collectives, suppose de
comprendre en quels termes les problèmes étaient posés ; non pas pour élaborer une nouvelle
histoire intellectuelle, théorique, ou une histoire des représentations, mais bien pour refonder
une histoire des pratiques économiques.
En choisissant le prisme des politiques économiques, il devient possible de se situer,
sous condition de réflexivité, à l’intersection des deux sphères d’activité sociale que sont la
politique et l’économie, et donc de poser la question des catégories d’entendement. La nature
de la cité devient dès lors une interrogation première, notamment sa possible caractérisation
comme État. En outre, la notion de marché doit être appréhendée par un autre versant que le
versant mathématique dont l’impasse a été soulignée par les économistes eux-mêmes. Cette
double interrogation sera abordée dans les trois premiers séminaires (“Aux frontières du
marché, l’État ?” ; “État, champ économique et marché” ; “Politique, territoires et échanges”)
qui devront permettre d’élaborer la grille conceptuelle à l’origine de toute étude renouvelée
des politiques économiques anciennes. Une première enquête visant à définir ce que peuvent
être des politiques économiques anciennes donnera ensuite lieu à une journée d’étude, suivie
d’une table ronde conclusive, destinée à dessiner de nouvelles pistes de recherche, dans la
perspective d’une refondation de l’histoire économique de l’Antiquité.
PROGRAMME DES RENCONTRES
1) SÉMINAIRES INTRODUCTIFS
- Vendredi 25/01/13, 16h30-18h30 : Aux frontières du marché, l’État ? par Chr. Pébarthe.
Lieu : Salle 2, MSHA (Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 10 Esplanade des
Antilles, Pessac)
Le marché est le plus souvent défini par ce qu'il n'est pas, plutôt que par ce qu'il serait.
À ce titre, il devient une catégorie de l'entendement scolastique du monde social, au même
titre que les antonymes qui servent à le définir. L'État est souvent présenté comme une
institution hors marché, capable même de le réguler, d'en fixer les limites. C'est la pertinence
de cette opposition qui fait l'objet de ce séminaire, dans la perspective de mettre en question la
notion de politique économique.
- Vendredi 22/02/13, 16h30-18h30 : État, champ économique et marché, par Chr.
Pébarthe.
Lieu : Université Bordeaux 3, salle à confirmer
Dans les sociétés modernes, l'une des caractéristiques essentielles serait la division du
travail social, la délimitation de champs dans lesquels des règles particulières s'appliqueraient.
Cette autonomie relative s'incarnerait dans des principes tautologiques, l'art c'est l'art pour le
champ artistique ou les affaires sont les affaires pour le champ économique. Selon Pierre
Bourdieu, l'État serait le champ des champs et, à ce titre, serait seul à garantir la légitimité de
leur autonomie. Par ailleurs, pour les économistes contemporains, il serait indispensable au
fonctionnement du marché, puisqu'il serait à l'origine par exemple de la garantie des droits de
propriété. Or, l'articulation entre État, champ économique et marché n'a pas été véritablement
envisagée, alors même qu'elle constitue un élément déterminant pour vérifier la cohérence de
ces approches conceptuelles et pour comprendre ce que peut être une politique économique.
- Vendredi 5/04/13, 16h30-18h30 : Politique, territoires et échanges, par Chr. Chandezon
(Professeur d’histoire grecque, Université de Montpellier 3)