Éditions ARMELINE
Albert GRENIER
LA GAULE
PROVINCE ROMAINE
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Éditions Armeline, Tal-ar-Groas, Route de l’Aber, 29160 CROZON
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés
réservés pour tous pays.
© Éditions ARMELINE, Crozon, 1999.
ISBN 2 - 910878 - 08 - 2
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CHAPITRE PREMIER
LA CONQUÊTE ROMAINE
I. — Gaule continentale et Gaule méditerranéenne.
La Gaule celtique représentait un État éminemment
continental. Le mouvement des hommes et des idées on
le constate bien par l’art celtique s’y faisait de l’Est à
l’Ouest et, à travers la Gaule, depuis le centre de l’Europe
jusqu’à l’île de Bretagne. La Gaule romaine, au contraire,
sera une province méditerranéenne, orientée tout entre du
Sud au Nord. Telle est la transformation capitale qu’accomplira
la conquête romaine.
Les deux grands passages de Cologne et du sud de
l’Alsace, vers la Picardie ou la Champagne et vers la Porte
de Bourgogne, conduisaient vers les vallées de la Seine et de
la Loire. Ces deux fleuves avaient été les avenues le long
desquelles s’étaient groupés les principaux peuples cel-
tiques : Trévires de Trèves, Rèmes de Reims, et les différents
peuples belges, d’une part ; Senons de Sens, Carnutes
d’Orléans et de Chartres, Aulerques de Normandie, Arvernes
sur la Haute-Loire et l’Allier, Bituriges de Bourges, Pictons
du Poitou d’autre part. Par la marine armoricaine et par les
Belges, au nord de l’estuaire de la Seine, le celtisme se con-
tinuait au delà de l’Océan et de la Manche. Un roi des
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Suessions (Soissons), nous dit César, avait régné naguère sur
une grande partie de l’île de Bretagne. C’est dans cette île
qu’après la conquête se réfugièrent les Gaulois intransi-
geants qui ne voulaient pas subir la domination romaine ;
l’archéologie y retrouve leurs traces.
Rome, au contraire, ferma la frontière du Rhin. C’est là
qu’elle établit la principale force militaire de l’Empire : huit
légions (50 000 hommes) et à peu près autant de troupes
auxiliaires. Elle avait détruit la marine armoricaine ; elle ne
la remplaça pas, même après la conquête d’une partie de l’île
de Bretagne, en 43 de notre ère. Elle ouvrit au contraire les
routes à travers les Alpes et celle du littoral méditerranéen.
La navigation s’intensifia depuis l’Asie, l’Égypte, l’Afrique
et l’Espagne vers les côtes méditerranéennes de la Gaule.
Arles et Narbonne devinrent de grands ports, l’un pour la
partie est du pays, le second pour l’ouest. Conquise la pre-
mière dès 120 avant J.-C., la Narbonnaise, c’est-à-dire toute
la partie méridionale de la Gaule, fut comme une annexe de
l’Italie au delà des Alpes. Par Lyon, sa capitale, le reste du
pays était rattaché au Midi. A travers les montagnes ou par
les chemins de la mer, remontant le Rhône, ou par le facile
passage de Naurouze, les hommes et les marchandises af-
fluèrent de tout le monde méditerraen, et la civilisation
gréco-romaine se substitua à celle des Celtes.
La Gaule celtique se gouvernait elle-même et se faisait
sa propre destinée. Elle ne fut plus désormais qu’une pro-
vince de l’Empire romain, soumise à toutes les vicissitudes
de cet Empire.
II. — La conquête.
Tandis qu’ils se défendaient à Alésia, les Gaulois
avaient compris le caractère nouveau de la guerre qu’ils
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soutenaient et l’importance capitale de l’enjeu. « Cette
guerre, fait dire César à l’un des compagnons de Vercingéto-
rix, n’a rien de semblable aux autres. Les Cimbres et les
Teutons ont ravagé la Gaule ; leur invasion fut un grand
sastre, mais un beau jour ils ont disparu pour gagner
d’autres terres ; ils nous ont laissé nos droits, nos lois, nos
champs, notre liberté. Les Romains, au contraire, que cher-
chent-ils ? Que veulent-ils ? L’envie les a conduits chez
nous. Jaloux de notre réputation de noblesse et de puissance
militaire, ils veulent nous les ravir ; ils veulent s’installer sur
nos terres et dans nos villes, et nous imposer une éternelle
servitude. Tel a toujours été le but de toutes leurs guerres. Si
vous ne savez pas ce qui se passe chez les peuples lointains,
regardez la partie de la Gaule qu’ils ont déjà conquise ; ils en
ont transfor le droit et les lois ; ils l’ont assujettie à leurs
faisceaux ; elle souffre l’oppression d’une servitude de tous
les instants. »
Les défenseurs de l’indépendance gauloise succombè-
rent. L’avenir du pays, sous le joug romain, fut cependant
moins sombre qu’ils le prévoyaient. Pour assurer l’empire
trop vaste qu’elle avait conquis, Rome dut se montrer libé-
rale. Un siècle après Vercingétorix, en 70 après J.-C., une
assemblée générale des Gaulois, invitée à décider le soulè-
vement, préféra l’état de choses romain à ce que pouvait
faire attendre un retour à lindépendance : « La crainte de
l’avenir, dit Tacite, leur fit préférer le présent. » Les Trévires
seuls, avec les Lingons de Langres, avaient persévéré dans la
révolte, et, après les avoir vaincus, le général romain pouvait
leur tenir ce discours : « De quoi vous plaignez-vous, Gau-
lois ? Vous commandez nos légions, vous gouvernez nos
provinces. Vous profitez comme nous des vertus des bons
empereurs. Des mauvais, vous souffrez moins que nous qui
en sommes plus près. Les défauts du régime, il faut les ac-
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