LA CONQUÊTE ROMAINE
soutenaient et l’importance capitale de l’enjeu. « Cette
guerre, fait dire César à l’un des compagnons de Vercingéto-
rix, n’a rien de semblable aux autres. Les Cimbres et les
Teutons ont ravagé la Gaule ; leur invasion fut un grand
désastre, mais un beau jour ils ont disparu pour gagner
d’autres terres ; ils nous ont laissé nos droits, nos lois, nos
champs, notre liberté. Les Romains, au contraire, que cher-
chent-ils ? Que veulent-ils ? L’envie les a conduits chez
nous. Jaloux de notre réputation de noblesse et de puissance
militaire, ils veulent nous les ravir ; ils veulent s’installer sur
nos terres et dans nos villes, et nous imposer une éternelle
servitude. Tel a toujours été le but de toutes leurs guerres. Si
vous ne savez pas ce qui se passe chez les peuples lointains,
regardez la partie de la Gaule qu’ils ont déjà conquise ; ils en
ont transformé le droit et les lois ; ils l’ont assujettie à leurs
faisceaux ; elle souffre l’oppression d’une servitude de tous
les instants. »
Les défenseurs de l’indépendance gauloise succombè-
rent. L’avenir du pays, sous le joug romain, fut cependant
moins sombre qu’ils le prévoyaient. Pour assurer l’empire
trop vaste qu’elle avait conquis, Rome dut se montrer libé-
rale. Un siècle après Vercingétorix, en 70 après J.-C., une
assemblée générale des Gaulois, invitée à décider le soulè-
vement, préféra l’état de choses romain à ce que pouvait
faire attendre un retour à l’indépendance : « La crainte de
l’avenir, dit Tacite, leur fit préférer le présent. » Les Trévires
seuls, avec les Lingons de Langres, avaient persévéré dans la
révolte, et, après les avoir vaincus, le général romain pouvait
leur tenir ce discours : « De quoi vous plaignez-vous, Gau-
lois ? Vous commandez nos légions, vous gouvernez nos
provinces. Vous profitez comme nous des vertus des bons
empereurs. Des mauvais, vous souffrez moins que nous qui
en sommes plus près. Les défauts du régime, il faut les ac-