AVRIL 2003 LA LETTRE D'INFORMATION DE LA FONDATION FRANÇAISE POUR LA RECHERCHE SUR L'ÉPILEPSIE EDITORIAL EDITORIAL LA DOUBLE MALADIE e dialogue entre le malade et sa famille d’une part, le médecin souvent neurologue spécialisé en épileptologie d’autre part s’accompagne fréquemment de l’intervention d’un psychanalyste dont le rôle est souvent nié par les neurologues purs et durs pour lesquels une maladie neurologique comme l’épilepsie ne saurait relever en quoi que ce soit de la psychanalyse. L Pourtant, s’il est vrai qu’il s’agit d’une maladie organique, neurologique, il reste que c’est une double maladie suivant l’expression de Clémenceau : le malade est malade de ses crises d’épilepsie, mais il l’est aussi du regard des autres souvent malveillant ou à tout le moins choqué et peu compatissant. “Docteur, combien de temps serai-je malade ? Combien de médicaments ? Sont-ils dangereux ? Docteur, encore un nouveau traitement, écoutez-moi et aidez-moi ; l’isolement moral de mon fils ; ma vie est un puzzle auquel il manque des pièces ; mon fils pourra-t-il dire un jour je suis épileptique comme on dit je suis asthmatique ? ... ” Le neurologue : “crises tonico-cloniques ; épilepsie généralisée symptomatique ; concentration plasmatique ; fonctionnement pré-agonique ...” La première crise intervient, les parents et l’enfant consultent : “Docteur, c’est grave ?” Réponse du neurologue : “Il présente des bouffées de pointes-ondes généralisées”. Réponse du psychanalyste : “Votre enfant vient de vivre la surprise éclatante que constitue le big bang du premier assaut”. Le psy : “La lésion, dans l’ordre de la psyché ; la rupture du flux de la socialité ; la crise élide un temps du temps ; c’est un trop-plein de sens qui est fait de non-sens (personne n’a besoin de moi) ; la crise est l’art abstrait du lien social ; ce qui lui a manqué ce fût celui ou celle qui aurait réclamé de lui partage, communication ; la crise est un présent sans représentation ; contre le tragique insu, la crise est un cri, une émeute contre le malheur indistinct ; réponds-moi est la plainte du symptôme ...” “Docteur, est-ce que je vais guérir ?” Réponse du neurologue : “Absences myocloniques.” Réponse du psy : “La crise-réponse à des conjonctures secrètes”. Sans oublier l’interprétation sartrienne qui fait intervenir le regard des autres alors que l’épileptique répond : “l’épilepsie, c’est ce que j’ai, pas ce que je suis”. “Docteur, sa scolarité ?” (la maman). Le neurologue : “Anomalies paroxystiques multi-focales”. Le psy : “La crise fantôme de deuils encryptés, d’un chaos caché qui gèle le sujet et ses arborescences dissimulées.” Bien entendu, le langage des neurologues que je dépeins est celui des années 60 et il a évolué depuis. Et il ne peut, sur une maladie dont les causes profondes sont toujours inconnues, être aussi précis et rassurant que pour d’au- page 2 tres maladies, même si la vocation du médecin est de préserver la vie quotidienne du patient et son autonomie. Mais la présence de traducteurs, de conciliateurs, de médiateurs reste souhaitable. On pourrait les trouver dans des centres complets d’épileptologie comprenant des neurologues-épileptologues, des psychiatres, des neuropsychiatres, des psychologues, des rééducateurs, des assistantes sociales, des infirmières, des techniciens .... C’est ce que la Fondation pour la Recherche sur l’Epilepsie a plaidé depuis 10 ans, avec un certain succès si l’on en juge par le nombre de centres de cette nature qui se sont créés dans les grands hôpitaux parisiens et de province. Demain pour faire dialoguer une famille perdue, un médecin-sphinx et un psy ésotérique, point ne sera peut-être besoin de réunir toutes ces personnes dans un même lieu, il suffira de jouer de l’effet de réseau, ce qui veut dire que le neurologue devra pouvoir indiquer au malade, à ses parents ou à son entourage, les coordonnées et caractéristiques de toutes les autres personnes susceptibles de l’aider à se reprendre en main et à mener une vie la plus normale possible. Mais pour longtemps encore tous les moyens humains subordonnés à la réduction du handicap social devront dans un même lieu aider à la reconstruction de la personne épileptique. Bernard Esambert, Président Épilepsie et retentissement de la maladie : quelle prise en charge ? 1 INTERVIEW Épilepsie et retentissement de la maladie : quelle prise en charge ? Propos recueillis par Marie-Noëlle du Payrat Neurologue, psychiatre, épileptologue, le professeur Bertrand de Toffol s’intéresse de très près aux troubles psychiques observés chez les sujets épileptiques. Le problème central consiste surtout, selon lui, dans la façon d’envisager la prise en charge et la qualité du soin donné aux épileptiques. Car si elle n’est plus considérée comme une maladie mentale, l’épilepsie est toujours ressentie de nos jours comme une maladie handicapante, source d’innombrables problèmes sociaux et humains. FFRE : Docteur, vous êtes spécialiste en neurologie, spécialiste en psychiatrie et professeur à l’Université François Rabelais de Tours . Vous dirigez également une collection de Sciences Humaines et êtes l’auteur d’un ouvrage “Introduction aux Sciences Humaines en médecine”. Epileptologue et docteur en neurosciences (Paris VI), vous faites des recherches sur les liens entre troubles mentaux et crises épileptiques et avez publié récemment un ouvrage consacré aux “Syndrômes épileptiques et troubles psychotiques “. Pouvezvous en introduction nous donner un bref aperçu de l’historique de la maladie ? B. de Toffol : Avant toute chose, il est très important de réaliser que le développement de la psychiatrie a précédé de presque un siècle celui de la neurologie, né avec Charcot à la fin du XIXème siècle seulement. C’est donc avec les aliénistes, “les ancêtres” des psychiatres qu’a commencé au début du XIXème, dans les années 18021840, l’étude de l’épilepsie considérée à cette époque comme une maladie mentale. « La crise est au cerveau ce que la toux est au poumon », répétait volontiers le professeur Loiseau. Pourtant, avant les aliénistes, dans l’Antiquité surtout, l’opinion était beaucoup plus nuancée. On en avait une idée parfois beaucoup plus positive dans la mesure où elle atteignait de grands hommes, Jules César en étant le plus illustre exemple. Elle était regardée comme le “morbus sacer“, le mal sacré, et sa perception était marquée par l’ambivalence accor2 dée aux divinités. À l’époque, la maladie était connue uniquement sous sa forme convulsive qu’on appelait le Haut Mal. Mais, dans les années 1860, les aliénistes français ont suggéré qu’il existait une épilepsie se manifestant uniquement par des troubles mentaux, une sorte d’épilepsie psychique sans convulsions. C’est là qu’on a commencé à penser qu’un grand nombre de troubles mentaux étaient la manifestation particulière de l’épilepsie et que celle-ci est devenue un modèle de compréhension des troubles mentaux très puissant. A une époque où, il faut le souligner, il n’y avait guère que l’approche clinique pour discuter des conceptions nosographiques, c’est à dire de la classification des maladies. Tout le problème a donc été obscurci par le fait qu’on considérait les épileptiques comme des malades mentaux et que leurs cas étaient traités comme tels par les aliénistes. C’est à partir de là qu’a pris racine un imaginaire social extrêmement délétère dont cette maladie supporte encore les conséquences. FFRE : Avant d’entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous expliquer ce qu’on entend par épilepsie active ? B. de Toffol : Là encore il faut faire preuve de la plus grande précision. Bien des gens confondent la crise elle-même, qui n’est qu’un symptôme, et la maladie stricto sensu. “La crise est au cerveau ce que la INTERVIEW toux est au poumon”, répétait volontiers le professeur Loiseau. Elle se caractérise par la décharge anormale d’une population de neurones donnant des symptômes qui dépendent du rôle fonctionnel de ces neurones. Or on peut très bien avoir un jour une crise d’épilepsie due à une cause très précise, un traumatisme crânien, un accident vasculaire, un antidépresseur mal supporté, des convulsions fébriles dans le cas des nourrissons par exemple, et ne pas être épileptique pour autant. Une épilepsie est caractérisée par la répétition spontanée de crises. On la qualifie d’active quand cellesci se répètent malgré les médicaments. Il faut se méfier du poids des idées reçues. FFRE : On sait aujourd’hui que l’épilepsie n’est pas une maladie mentale. On se pose néanmoins la question de savoir si une épilepsie active peut générer des troubles psychotiques ? B. de Toffol : Le problème est infiniment complexe dans la mesure où, tous les spécialistes le savent, l’épilepsie n’existe pas en tant qu’entité absolue. C’est un ensemble de maladies très hétérogènes - on parle plutôt de syndromes - qui prennent des formes extrêmement variées en termes de symptômes, de durée, de gravité. Aujourd’hui on n’a aucun argument solide et on n’a pas, à une ou deux exceptions près, d’études épidémiologiques qui permettent de démontrer clairement que l’épilepsie active puisse être un facteur de risque de troubles psychotiques. Il faut se méfier du poids des idées reçues. La seule chose que l’on puisse dire aujourd’hui, c’est que certains sujets faisant des crises très rapprochées peuvent développer un délire aigu de durée brève, une semaine environ. Ce phénomène très spectaculaire est appelé psychose post-ictale. Le patient est la proie d’hallucinations très vivaces, de manifestations paranoïaques, parfois d’une sorte de délire mystique ou de grandeur. Mais on sait que cette psychose passagère concerne une forme d’épilepsie très particulière. Il s’agit de patients présentant une épilepsie temporale, volontiers lésionnelle, avec, la plupart du temps, des foyers bitemporaux sur l’EEG. C’est le seul cas qui soit clairement démontré et identifié. Il y a bien sûr de nombreuses autres situations discutées. On s’intéresse beaucoup, par exemple, à l’heure actuelle, aux psychoses médicamenteuses mais les incertitudes sont très nombreuses. FFRE : Aucun autre trouble psychotique chronique ou durable ne peut donc être lié à l’épilepsie de façon certaine ? B. de Toffol : Absolument. La question de savoir si un épileptique peut développer une forme schizophrénique reste ouverte et très controversée. Le problème n’est pas simple et demanderait ici de rentrer dans des considérations et dans un développement très complexe: les difficultés sont surtout liées à la définition que l’on accorde aux tableaux cliniques. De plus, il faut bien définir ce qu’est un trouble psychotique. Il est caractérisé par l’altération des rapports du sujet avec lui-même et avec la réalité. Les crises sont vécues comme une menace. D’où un sentiment d’insécurité permanent et une anxiété très délétères pour l’image de soi. En revanche il existe des troubles mentaux non psychotiques qui regroupent principalement, dépression, anxiété, angoisse, troubles de l’humeur et de la personnalité. Les épilepsies graves peuvent s’accompagner d’un spectre étendu de ces troubles portant 3 sur la mémoire, le langage, les émotions, ou le comportement selon la population de neurones touchés. Là encore, cependant, la question est discutée. Une épilepsie peut-elle, sui generis, créer un trouble mental ou bien ce trouble est-il une conséquence existentielle du fait que, la personne épileptique ayant statistiquement plus de problèmes - célibat, chômage, difficultés relationnelles, conjugales - elle a de ce fait, plus de chances d’être touchée ? Il y a deux approches : soit le trouble peut être la réaction du malade aux évènements qui l’affectent, soit il est d’origine endogène, et relève d’un processus biologique indépendant de ces “événements de vie”. D’où l’intérêt des études longitudinales dans lesquelles on suit le même patient sur plusieurs années consécutives. En tout état de cause, le problème central de l’épilepsie aujourd’hui est, à mon sens, d’un autre ordre tout à fait prioritaire. FFRE : Et de quel ordre serait-il selon vous ? B. de Toffol : La question centrale est que les épileptiques souffrent avant tout de l’image négative encore attachée à cette pathologie. Le patient la vit dans le regard des autres. C’est un problème très spécifique de cette maladie qui génère un véritable handicap social. C’est dans ce sens qu’elle est considérée comme une maladie sociale. FFRE : Qu’entendez-vous par handicap social ? maladie sociale ? B. de Toffol : Un patient qui fait une crise épileptique dans la rue, à son travail, fait peur, alors que tout autre malaise, d’origine cardiaque ou autre, attire en général plutôt la sympathie. Les crises sont donc vécues comme une menace pour le travail et pour les rapports humains, menace dont la survenue est aléatoire. D’où un sentiment d’insécurité permanent et une anxiété anticipatoire, très délétères pour l’image de soi et pour l’activité, qu’il est très difficile de mesurer car ils varient selon les personnalités. Un patient peut avoir un sentiment d’insécurité très fort avec une crise par an et un autre un sentiment d’insécurité faible avec une crise par semaine. Cela dépend de la sensibilité de la personne, de son style de vie, de la nature de son travail, de son entourage, du type de ses crises. INTERVIEW La question du handicap est épineuse car directement liée au métier et à l’histoire personnelle du patient. Il est évident par exemple, que le handicap est beaucoup plus lourd pour un enseignant ou un conducteur de camion que pour un employé de bureau. Dès le début d’une épilepsie, il faudrait que le patient soit pris en charge de manière à lui conserver le maximum d’autonomie et de bien-être. C’est là que le rôle du médecin est important. vail. Soit le neurologue pense que là est la priorité, soit il obéit strictement à des canons techniques. A mon avis, il ne faut pas avoir une vision trop rationnelle de la relation avec le patient. Il y a vraiment, je crois, des manières différentes de faire de l’épileptologie selon le point de vue que l’on défend. Et c’est cela qui est en train de changer. De plus en plus, les médecins comprennent que le but est avant tout de préserver et de maximiser l’autonomie du malade. FFRE : Et ce rôle quel est-il selon vous ? B. de Toffol : Pendant très longtemps, on a pensé que le principal objectif de la prise en charge médicale de l’épilepsie était de supprimer les crises. Maintenant, on s’aperçoit que le problème n’est pas si simple et que toutes les expériences convergent vers ces questions vraiment fondamentales et pourtant très simples : Qu’est-ce qu’un médecin ? Qu’est-ce que le soin ? Qu’estce que l’activité médicale ? Est-ce appliquer des techniques pour faire un diagnostic, et traiter la maladie ? Ou bien le rôle du médecin est-il de rendre service au patient, de l’écouter, de répondre à sa demande et de privilégier la vision qu’il a des choses ? Le fond du problème est là : que doit-on considérer comme le plus important dans le soin médical. Beaucoup de médecins très honorables pensent que c’est de faire un bon diagnostic puisque, de toutes façons, tout en découle. C’est vrai dans la plupart des affections. Mais cela n’est justement pas forcément vrai dans le cas de l’épilepsie ou d’un trouble qui affecte le fonctionnement social. FFRE : Quelle est votre position à vous sur cette question du soin ? B. de Toffol : Cette vision a priori du soin médical est vraiment un enjeu central dans le cas de l’épilepsie. Encore bien plus que d’autres maladies, celle-ci est l’exemple typique de ce que la question de la prise en charge, est cruciale et dépend de la perception qu’a le médecin des souhaits de son patient. Le plus souvent, bien sûr, cette opinion converge avec celle du médecin et vise la suppression des crises. Le problème est qu’il ne souhaite pas cette suppression à un coût trop élevé pour lui, pour sa vie privée et professionnelle. Il n’a aucune envie d’être déprimé ou anxieux, ni de perdre son tra- Le neurologue se doit de tourner sa compétence vers la vie quotidienne du patient. Or, si vous partez du principe que la technique n’est pas tout, c’est difficile, cela prend du temps, une des raisons d’ailleurs de ne pas le faire. Certains médecins pensent en outre que ce n’est pas leur rôle, qu’ils ne sont pas psychothérapeutes. si tous ces moyens ne sont pas subordonnés à cette notion de handicap social de la maladie, on passe à côté de l’essentiel. FFRE : C’est difficile ? cela prend du temps ? B. de Toffol : On a aujourd’hui des moyens techniques surpuissants qui permettent de faire un remarquable bilan scientifique d’une épilepsie. Mais si tous ces moyens ne sont pas subordonnés à cette notion de handicap social de la maladie, on passe, à mes yeux, à côté de l’essentiel. Or la science étouffe souvent le discours du patient qui n’est d’ailleurs pas toujours 4 formulé : la majorité des demandes sont souvent implicites, la plupart des troubles phobiques ne sont pas avoués. On rentre ici dans la problématique très compliquée de l’interprétation de la demande, de la pondération des différents facteurs, sachant que les gens ne savent pas toujours eux-mêmes ce qu’ils veulent explicitement. Un malade avouera par exemple rarement de lui-même qu’il est déprimé, qu’il n’ose pas faire ses courses dans les grands magasins ou qu’il a des problèmes dans sa vie de couple. Vous aurez beau lui expliquer très clairement et très humainement son état, les solutions que vous lui proposez doivent être personnalisées. À la limite, les résultats de l’IRM lui importent peu. Il est quelquefois plus essentiel pour lui que le médecin prenne beaucoup de temps pour remplir le plus consciencieusement possible son dossier COTOREP1- car tout son quotidien en dépend - que de gloser sur son IRM. FFRE : Pouvez-vous donner quelques exemples ? B. de Toffol : Plusieurs exemples très simples : Une patiente, une jeune fille, est atteinte d’une épilepsie bénigne facile à traiter. 1 La COTOREP ou Commission d’Orientation et de Reclassement Professionnel est une structure chargée d’évaluer le degré de handicap d’une personne et de lui accorder l’aide spécifique en conséquence pour sa réinsertion. INTERVIEW Mais le traitement prescrit entraîne une prise de poids. Cela va évidemment lui poser un problème: que doit faire le médecin? Privilégier le contrôle des crises et ne pas modifier une prescription efficace? Je crois au contraire qu’il est important de prendre ce souci en compte et de changer le traitement. Elle risque sinon de ne pas le suivre, ce qui va compliquer toute la prise en charge. Mais il y a plus important dans cet exemple : le patient sait, au moins aussi bien que le médecin, ce qui est bon pour lui. Autre exemple qui atteint cette fois-ci la personne dans sa vie sociale et professionnelle : une institutrice fait une crise non convulsive en classe. Fort heureusement, cette crise n’est reconnue comme telle ni par les élèves ni par la directrice. La solution selon moi est de la protéger en la mettant en arrêt de travail afin de pouvoir étudier son cas et lui permettre de reprendre son activité, sans courir le risque d’une nouvelle crise à l’école qui pourrait aboutir à une décision d’inaptitude définitive. Ce qui serait dramatique pour elle. Dans le cas d’un enfant, on sait par exemple aujourd’hui qu’un des grands problèmes, qui touche l’enfant d’âge scolaire, est que, si on perturbe la scolarité par un traitement qui déclenche des troubles cognitifs, l’enfant restera handicapé toute sa vie, même s’il est guéri de son épilepsie. Le contrôle des crises est un objectif prioritaire auquel il ne faut cependant pas tout sacrifier. corps et des crises est extraordinairement différente de la vision du médecin : il faut pouvoir rapprocher les points de vue et donc commencer par écouter. FFRE : Le rôle du médecin est donc avant tout non seulement de savoir écouter mais “d’accoucher” le malade de ses problèmes ? B. de Toffol : S’il n’est pas nécessaire d’être psychothérapeute pour cela, il est à mon avis impératif pour un neurologue de se former, de savoir ce qu’est un trouble mental ou un trouble dépressif, de savoir les diagnostiquer dans certains cas. Car un malade dépressif reste encore trop souvent un épileptique. Le médecin risque d’hésiter à lui prescrire les antidépresseurs nécessaires par crainte d’aggraver les crises, alors qu’il est clair que la souffrance psychique doit être soignée correctement. Le retentissement de la maladie sur la personne doit absolument être pris en charge par le neurologue. On peut également par ses questions ou ses explications dénouer des situations de couple très douloureuses, sans pour autant être conseiller conjugal. Jamais un patient ne vous parlera du fait qu’il est impuissant, car, la plupart du temps, il ne fera pas l’éventuelle relation de cause à effet avec son médicament ou il pensera que vous ne vous occupez pas de ces problèmes: c’est bien sûr vrai et faux. Il y a aussi un autre aspect majeur de l’écoute, c’est celui de l’entourage du malade. L’épilepsie mobilise dans une famille une force, une mise en tension, des mécanismes de défense considérables. Cela provoque forcément un bouleversement familial même dans une famille sans histoires, avec une capacité d’adaptation au stress normale. Il suffit d’interroger les frères et sœurs d’un enfant épileptique pour s’en rendre compte. Au moment où cet enfant protégé devient adolescent et tente de s’émanciper, il faut savoir prendre en compte l’angoisse d’une mère, le rejet anxieux d’un père. Je pense par exemple à l’un d’entre eux qui vit sa maladie dans le déni, fait de la moto, de l’escalade. Il ne faut pas le prendre de front mais faire avec lui tout un travail sur ce déni, avoir une vision globale du problème. FFRE : Diriez-vous en conclusion qu’il y a une approche humaine de la maladie et une approche technique. B. de Toffol : Non. On ne peut pas dire les choses comme cela. On ne peut pas opposer l’humaniste au technicien. La technique n’est qu’un moyen, le problème du médecin qui l’utilise est de savoir quelle place lui accorder. Si vous pensez que d’avoir trouvé sur l’IRM la lésion indubitablement responsable de l’épilepsie résume le problème du diagnostic, vous n’aurez pas forcément l’envie ni l’idée de parler d’autre chose, ni même de penser qu’il y a lieu de parler d’autre chose. La totalité des épileptologues est sensible à la dimension “existentielle”, comme tous les médecins qui suivent des malades chroniques, revus au cours des années. Ce n’est pas si simple. Les erreurs sont partout, attendant d’être commises, le plus souvent sans qu’on en ait conscience. Pour ma part, je pense très sérieusement, au risque de me répéter, que le retentissement de la maladie sur la personne doit absolument être pris en charge par le neurologue. Cette vision des choses m’est venue tout simplement au fil de l’expérience, en observant l’écart entre une prise en charge technique et les conséquences considérables de la maladie dans la vie quotidienne. C’est la raison pour laquelle, depuis deux ou trois ans, j’ai créé, avec d’autres, une consultation “épilepsie et travail” pour aider à la réinsertion des patients. ■ Jamais une femme ne vous dira non plus qu’elle appréhende les rapports sexuels à la suite d’une crise survenue à son mari dans ces conditions. Là en revanche, il n’y a aucune relation de cause à effet et il est important qu’elle le sache. Vous pouvez donc être d’une aide précieuse en prévenant ou en provoquant les questions. Ce qui me frappe le plus dans ces dialogues avec les patients, c’est que leur vision du 5 LES ECHOS Nous vous informons de la parution de deux nouveaux documents et d’une cassette vidéo que vous pouvez vous procurer auprès de la Fondation contre l’envoi de timbres pour couvrir les frais de gestion. La liste de toutes les brochures peut vous être adressée sur simple appel ou en consultant le site de la FFRE : www.fondation-epilepsie.fr Comprendre l’épilepsie Écrit par le Dr Dravet, ce fascicule donne des notions élémentaires sur l’épilepsie et les épilepsies en abordant de façon claire et succincte les mécanismes, les causes, les crises, le bilan, le traitement, les aspects psychologiques, la vie quotidienne et la recherche (4 timbres à 0,46 r) Epitou, le kangourou Réalisé par Janssen Cylag Illustré et à colorier, destiné aux jeunes enfants (2/8 ans). Une histoire, colorée et joyeuse, qui raconte l’amitié qui unit Felix et un jeune kangourou, tous deux confrontés à l’épilepsie. (4 timbres à 0,46 r) Raconte-moi l’épilepsie Ce dessin animé, sur cassette vidéo, réalisé par Pfizer, est un outil pédagogique ludique pour informer et “éduquer“ les jeunes patients (6 à 14 ans) et leurs parents concernés par l’épilepsie. Il a pour vocation de répondre de manière synthétique, avec un langage simple et compréhensible, aux questions les plus fréquemment posées et d’engager le dialogue avec l’enfant et son entourage. (10 timbres à 0,46 r ou chèque équivalent) ● Vos dons en action La Fondation a lancé son appel à candidature auprès des chercheurs. Grâce à votre générosité et à la fidélité de votre soutien, la Fondation peut dorénavant, aux cotés des bourses, attribuer des contrats de recherche. Ils permettent de soutenir des programmes de recherche plus ambitieux et pouvant se poursuivre sur 2 ans. en novembre dernier, a été un succès. Notre prochain journal consacrera une large part aux actions menées durant cette journée. Plasticité cérébrale et épilepsie Ce colloque de la Fondation, organisé par Messieurs C. Bernard et T. Deonna, au Collège de France le 27 mars dernier, a réuni un grand nombre de chercheurs. Le Dr C. Bernard presentera dans notre prochain numéro une synthèse des connaissances actuelles sur la plasticité cérébrale d’après les travaux présentés à l’occasion de ce colloque. Visite de notre site Internet : www.fondation-epilepsie.fr Une moyenne de 3 500 visiteurs consulte chaque mois le site de la Fondation. Nous recevons des messages d’encouragement et de félicitation pour sa présentation claire et les inforFONDATIO N FRANÇAISE mations disponibles. POUR LA RE CHERCHE SUR L'ÉPILEP SIE De nombreuses questions sur la maladie, SOUTIEN À LA RECHERCH E 2003 les soins, la recherche, les actions y sont Bourses FF RE Prix FFRE abordées. La bibliographie et la rubrique 15 000 e “Actualité“ sont remises à jour régulièrement. Enfin, les dernières éditions du Contrats de Recherche journal “Recherches et Perspectives“ 30 000 e peuvent êtres téléchargées. 15 000 e Il n’y a pas d’heure pour s’informer puisque le site est aussi bien consulté à 10 H 25 avril 2003 du matin qu’à 23 H. Nous sommes heureux de pouvoir mettre à votre disposition une information toujours accessible quelque soit l’instant où vous choisissez d’y faire appel. Nous sommes à l’écoute de vos suggestions pour améliorer son contenu. TOUTES REC HERCHES Docteur, PosSUR L'ÉPILEPSIE t-Doc chacune TOUTES REC HERCHES SUR L'ÉPILEP SIE chacun ➛ Le jury sera composé du Comité d'un expe Scientifiqu rt français e, spécialisé et d'un expe dans le dom aine rt étranger francopho ne. Claire Cachera, responsable des donations et des legs, répond à vos questions tous les jours de 9 H à 12 H sauf le mercredi ✆ 01 47 83 65 36 La journée nationale de l’épilepsie, Fondation Valérie Chamaillard sous l'égide de la Fondation de France RÉCOMPEN SE UN TRAVAI L DE RECHER CHE FONDAMENT ALE SUR L'ÉPILEP SIE CHEZ L'EN FANT ET L'ADOLE SCE Docteur, Post NT -Doc Date limite de réception des dossiers ➛ Les dossiers de candidatu res sont dispo nibles sur inter la Fondation net et/ou au Française pou secrétariat 48 rue Bargu de r la e 75015 Paris Recherche • Téléphone sur l'Épilep : 01.47.83.6 E-mail : FFRE@ 5.36 • Téléc fondation-epileps opie : 01.40.61.0 sie ie.fr • www 1.44 .fondation-epile psie.fr La FFRE est reconnue d'utilité publique. A ce titre, elle n'a aucun droit de succession à payer. C'est donc l'intégralité du legs qui est mise à la disposition de la recherche. 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