Numéro 30 ­ Avril 2014 ASTRONotes A L A DE CO UV E RT E DE S G E ANT E S G AZ E US E S Arrêt sur images pour le bassin Caloris L'Europe spatiale 1964­2014 2 ASTRONotes 30 Avril 2014 ASTRONotes 30 (Avril 2014) L'AstroNotes est une revue trimestrielle qui sort le 01/01, 01/04, 01/07 et 01/10 en complément d'informations au site Destination Orbite. Elle est téléchargeable au format PDF. Destination Orbite, le site de l’exploration de l’espace. Vous pouvez le visiter à l'adresse www.destination­orbite.net Retrouvez également Destination Orbite sur www.facebook.com/pages/DestinationOrbite/ Rédaction Philippe VOLVERT SOMMAIRE A LA UNE 4 Arrêt sur images pour le bassin Caloris 4 ACTUALITE 8 Les news L'espace au jour le jour 8 12 EVENEMENT 16 L'Europe spatiale: 1964­2014 Couverture Les missions d'exploration des géantes gazeuses – Photos Nasa, JPL, ESA 16 DOSSIER 18 Le Grand Tour L'héritage Galileo Le duo de choc Cassini/Huygens 20 24 28 AGENDA 32 Ou découvrir l'espace 32 Avril 2014 ASTRONotes 30 3 ARRET SUR IMAGES POUR LE BASSIN CALORIS Tout récemment, la Nasa réceptionnait la 200 000ième image de Mercure prise par la sonde Messenger. Assemblées, elles racontent l'histoire géologique de la planète tellurique la moins connue du système solaire. Certaines d'entres elles lèvent le voile sur le bassin Caloris, le plus gros cratère météoritique connu de Mercure. A 4 ASTRONotes 30 Avril 2014 2 5 3 4 A 1 Mercure ressemble à s'y méprendre à la Lune. Surface morne, grêlée de cratères trahissant une activité géologique pratiquement éteinte aujourd'hui. Il ne s'y est plus produit grand chose depuis la fin de la période d'intense « bombardement » qui a affecté les corps du système solaire interne lors du premier milliard d'années du système solaire. De cet épisode, il ne reste que les traces d'impacts dont celui qui a créé le bassin Caloris. Il est le plus gros cratère météoritique connu de Mercure avec un diamètre d'environ 1 550 km. Les planétologues ont estimé son âge entre 3,8 et 3,9 milliards d'années. Découvert partiellement par Mariner 10 dans les années 70, c'est grâce à Messenger qu'il a enfin dévoilé tous ses mystères. Avril 2014 ASTRONotes 30 5 1 2 4 6 5 ASTRONotes 30 Avril 2014 3 1: Alvin Rupes (latitude: 8,35° et longitude: 208,53° E). Pour donner une idée, le cratère central présente un diamètre d'environ 12 kilomètres. On y voit un escarpement lobé, habituel sur Mercure, coupant un cratère quelconque. 2: Cratère Apollodorus (latitude: 31,5° et longitude: 165.0° E). Le cratère Apollodorus mesure environ 42 km de diamètre. Il est situé en plein centre du bassin Caloris et est reconnaissable en raison des failles qui l'entourent et qui ont été baptisées Pantheon Fossae. Les scientifiques pensent néanmoins qu'il n'existe aucun lien entre les deux structures. 3: Cratère Atget (latitude: 25,92° et longitude: 166,2° E). Le cratère Atget mesure une centaine km de diamètre. Il est le plus sombre du bassin de Caloris. Il s'agit vraissemblablement de matériaux en sous­sol dégagé lors de l'impact qui a créé le cratère. 4: Volcans (latitude: 22,03° et longitude: 146,4° E). Les formes irrégulières sont des cheminées volcaniques d'où se sont échappés à une époque des flots de lave (zones plus claires). 5: Cratère Kertész (latitude: 27,44° et longitude: 223,3° E). Le cratère Kertész mesure 34 km de diamètre. Contrairement au cratère Atget, celui­ci présente un fond plus clair. Sur la droite, on distingue un cratère relativement récent de 3 km de diamètre, ce qui explique les éjectas lumineux qui l'entourent. Toutes les images sont créditées Nasa/JHUAPL/Carnegie Institution Avril 2014 ASTRONotes 30 7 LES NEWS AT L A S V, N O U V E L L E S C O N D I T I O N S LES BREVES InSight avec la France Le CNES a signé avec la Nasa un accord de participation à la mission martienne In­ Sight. La France contribuera en dévelop­ pant le sismomètre SEIS (Seismic Experiment for Interior Structures) destiné à mieux comprendre la formation et l’évo­ lution de la planète Mars en mesurant son activité sismique. InSight devrait s’envoler en mars 2016 et arriver à desti­ nation 6 mois plus tard.. SPOT tout public Lors de l’assemblée plénière du Group on Earth Observations du 17 janvier dernier, la France a annoncé son intention de mettre gratuitement à disposition du pu­ blic toutes les images de la Terre fournies par les satellites SPOT. L’initiative s’ins­ crit dans le cadre du programme « SPOT World Heritage » et devrait s’enrichir des images datant de plus de 5 ans. A ce jour, ce sont plus de 30 millions d’images qui ont été récoltées en 27 ans d’exploita­ tion des satellites SPOT. Photo ULA Bien que présente sur le marché des satellites commerciaux, la place de la fusée Atlas V reste marginale. Depuis qu’elle a intégré la flotte des lan­ ceurs de la United Launch Alliance en 2006, seules deux missions non gou­ vernementales lui ont été assignées. Dans le carnet de commandes de Lockheed Martin, trois autres sont au programme d’ici 2016. Il y a deux raisons pour expliquer le faible intérêt des clients pour ce lanceur. Avec un prix affiché à 200 millions de dollars pour lancer une charge de 8,7 tonnes maximum sur l’orbite de transfert géostationnaire, Atlas V est l’une des fu­ sées les plus chères du marché. A cela s’ajoute un planning d’activité bien chargé avec les missions gouvernementales, principalement pour le compte du Pentagone. Lockheed Martin souhaite s’impliquer plus sérieusement en proposant aux clients non gouvernementaux de relancer gratuitement un satellite en cas de perte ou de le rembourser intégralement. Cette ga­ rantie permet aux clients de renoncer à souscrire une assurance, réduisant du même coup la facture pour le service rendu. De quoi relancer la car­ rière commerciale d’Atlas V à l’heure où SpaceX et Mitsubishi entrent dans l’arène en concurrence avec Ariane 5 et Proton. S AV I E Z ­ V O U S Q U E La fusée R7, développée dans les années 50 par Sergei Korolev, totalisait à la date du 01 février 2014 quelques 1815 lancements dont 780 sous la version Soyuz U. Avec 79 échecs, toutes versions confondues, la R7 s’en­ orgueillit d’un taux de fiabilité de 95,65 % ! 8 ASTRONotes 30 Avril 2014 Test d'Orion retardé Le premier vol d’essai du vaisseau Orion par une fusée Delta IV Heavy vient d’être repoussé à décembre prochain. Selon des sources bien informées, la décision a été prise afin de permettre le lancement des satellites GSSAP jugés prioritaires par les militaires. Récemment déclassi­ fié, le programme est dédié à la sur­ veillance des objets positionnés sur l’orbite géostationnaire. Thomas Pesquet sélectionné L’astronaute français Thomas Pesquet vient de recevoir son affection à un vol dans l’espace. Il rejoindra la station spatiale internationale en novembre 2016 pour une mission de 6 mois en tant que membre des équipages Expedition 50 et 51. Sélectionné en 2009 par l’ESA en même temps que 5 autres Européens, Pesquet était le dernier du groupe à at­ tendre son ticket pour l’espace. Enquête Après la disparition mystérieuse du vol MH370 de la Malaysia Airlines (239 per­ sonnes à bord), la Chine a déclenché la charte internationale de l’espace et des catastrophes afin d’utiliser les satellites pour renforcer les moyens mis en place pour rechercher l’avion. DES GEYSERS SUR CERES Photo Y. Gominet, B. Carry/CNRS Le télescope spatial Herschel a révélé la présence de deux sources de vapeur d’eau bien distinctes à la sur­ face de Cérès, une planète naine circulant dans la cein­ ture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter. La découverte est le résultat d’une campagne d’observation menée entre novembre 2011 et mars 2013 et réalisée par une équipe internationale sous l’égide de l’agence spatiale européenne. Si l’origine semble inconnue à ce jour, deux hypothèses pourraient expliquer le phénomène. A une période déterminée au cours de son orbite autour du Soleil, Cérès serait suffisamment proche de notre étoile pour que la glace en surface se mette à sublimer. L’autre explication serait un cryovolcanisme géant qui expulserait de la vapeur d’eau en haute altitude et qui proviendrait soit d’un océan situé sous la croûte soit d’une poche d’eau locale. En 2015, on devrait en sa­ voir plus sur ces geysers. En effet, la sonde Dawn de la Nasa est en chemin pour se placer en orbite autour de cet astre de près de 950 km de diamètre composé d’un mélange de glace d’eau et de divers minéraux. Avec ses caméras hautes résolutions, elle devrait four­ nir des images des régions suspectées d’être à l’origine du phénomène. LE POLE NORD LUNAIRE EN HD La Nasa vient de rendre public la plus grande carte interactive du pôle Nord lunaire. Elle a été réalisée à partir de 10 581 clichés pris par la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter satellisée autour de notre voisine depuis 2009. Pour assembler cette mo­ saïque de 931 070 pixels car­ rés, il aura fallu 4 années d’un travail minutieux aux scientifiques du Goddard Spaceflight Center. La zone de couverture totalise envi­ ron 2,54 millions km² avec une résolution maximale de 2 mètres. C'est­à­dire que chaque pixel de l’image re­ présente une superficie de 2 mètres de la surface lunaire. Pour pouvoir la stocker sur le serveur et la visualiser sur votre explorateur internet, il a été nécessaire de la compresser. Le fichier affiche tout de même la jolie taille de 950 Gbytes ! Afin d’être utilisable, il a été divisé en des millions de petits fichiers compressés. Il est consultable sur http://lroc.sese.asu.edu/gigapan/ Photo Nasa/GSFC/Arizona State University Avril 2014 ASTRONotes 30 9 L A N A S A C H E R C H E D E S PA R T E N A I R E S La NASA prévoit d'attribuer à 6 millions $ à l'industrie cet été pour définir les technologies et examiner les occa­ sions pour un rôle commercial accru en perspective d’une mission habitée en direction d’un astéroïde à l’horizon 2025. Elle aidera l’agence spatiale à choisir l’un des deux concepts de rendez­vous avec un bolide de 10 m et le ramener sur une orbite stable près de la Lune. Asteroid Redirect Mission est la première étape d’un pro­ gramme qui en compte deux destiné à tester des méthodes pour guider les objets célestes qui pourraient mena­ cer la Terre. La seconde consiste à envoyer des astronautes chargés de collecter des échantillons et les ramener pour analyse. La compétition est ouverte au niveau international et devrait déboucher le 05 mai par la remise des différents projets. Après un examen approfondi, seul 25 seront retenus et annoncés officiellement le 01 juillet prochain. Les plus prometteurs intégreront la mission robotisée qui sera lancée par une fusée Atlas V en 2018. Le programme est une étape intermédiaire et nécessaire, en termes d’expérience, qui mènera à plus longue échéance l’envoi d’un équipage se poser sur Mars. Photo Nasa H­3 CA SE PRECISE en partenariat avec les industriels. C’est en tous les cas le souhait du comité de la politique nationale de l’espace qui a fait une telle recommandation en février dernier. Selon lui, une telle implication du privé dans un projet d’envergure permettrait de rendre le lanceur plus compétitif. Mitsubishi Heavy Industries Ltd, fort de son expérience dans le domaine, est assuré d’obtenir une place de choix. H­3 devrait être un lanceur à deux étages modulaires à l’instar des Delta IV et Atlas V américaines. Le premier étage sera équipé de deux mo­ teurs cryogéniques LE­X de 147 tonnes de poussée cha­ cun. Selon la version, les performances sur l’orbite de transfert géostationnaire iront de 3 à 6,5 tonnes. Bien que reprenant l’architecture de son aîné, H­3 devrait bé­ néficier des dernières innovations en matière de lan­ ceurs, notamment avec des propulseurs d’appoint directement dérivé de la fusée à poudre Epsilon. Une fois H­3 opérationnel, la Jaxa espère arriver à un coût de lancement situé entre 50 et 65 millions $ contre 100 pour H­IIA actuellement. 10 ASTRONotes 30 Avril 2014 Photo Jaxa SELECTION M3 POUR COSMIC VISION Photo ESA/C.CARREAU Le comité scientifique de l’agence spatiale européenne a sélectionné PLATO comme troisième mission M dans le cadre du programme Cosmic­Vision 2015­2025. PLAnetary Transits and Oscillation of stars a pour objectif de rechercher et caractériser les planètes extrasolaires type terrestre orbitant autour d'étoiles proches. Pour se faire, il sera équipé de 34 télescopes de 12 cm qui détecteront les phénomènes de transit (passage d’une pla­ nète devant son étoile) et les oscillations des étoiles. Il doit couvrir une part importante de la voute céleste au­ torisant l’observation en continu d’un million d’étoiles. Le satellite doit être lancé en 2024 par une fusée Soyuz et placé autour du point de Lagrange L2 à 1,5 millions de km de la Terre pour une mission de 6 ans minimum. Tout comme les autres missions M, le coût du projet est plafonné à 450 millions d’euros. C’est en 2007 que PLATO est proposé par l’Observatoire de Paris après l’appel d’offres de l’ESA pour des mis­ sions scientifiques. Mais en 2011, c’est Solar Orbiter et EUCLID qui gagnent la compétition face entre autre à PLATO. Cette dernière est repêchée dans le concours pour la mission M3, preuve de l’intérêt grandissant des astronomes pour la recherche d’exoplanètes. L'ESA PRETE POUR 2017 Photo ESA/D.DUCROS En dépit des retards dans son développement, le mo­ dule de service d’Orion sera prêt pour son lancement en 2017. C’est en tous les cas ce qu’a dit récemment Jean­Jacques Dordain, le patron de l’agence spatiale européenne. En 2012, les États membres de l’ESA s’était mis d’accord pour proposer un dérivé de l’ATV à la Nasa. Il a pour fonction de propulser le vaisseau habité américain, fournir à ce dernier l’alimentation électrique dont il a besoin ainsi que tout le nécessaire pour l’équipage. Pour l’heure, l’ESA doit faire face à plusieurs problèmes techniques dont un lié au surpoids de l’engin. Selon le programme établi, le premier exemplaire doit servir lors de la mission Exploration Mission­1 qui prévoit un vol inhabité circumlunaire de 7 jours. Avril 2014 ASTRONotes 30 11 L'ESPACE AU JOUR LE JOUR JANVIER 2014 01/01: La sonde Cassini commence l’année 2014 par un survol de Titan. Cette 98ème rencontre avait pour objectif principal de cartographier avec le spectromètre infrarouge la région Est d’Adiri, région d'altitude élevée qui semble être traversée par de nombreux canaux de drainage, afin de mettre en évidence les éventuels changements opérés. Les images ont été prises à une altitude de 1 400 km alors que l’engin passait à la vi­ tesse de 5,9 km/sec. 05/01: La fusée indienne GSLV retrouve la voie du suc­ cès après la mise sur orbite réussie du satellite GSat 14 (1,98 t) qu’elle transportait. Il s’agit du premier vol de ce lanceur depuis ses déboires d’il y a 3 ans. En avril 2010, le troisième étage ne s’était pas allu­ mé. Quelques mois plus tard, le jour de Noël 2010, une autre GSLV explosait une minute après son décol­ lage. Le succès est d’autant plus apprécié qu’il s’agit de la version Mk­II équipée d’un moteur cryogénique de fabrication nationale pour le troisième étage. Jus­ qu’alors, c’est chez les Russes que les Indiens se four­ nissaient en attendant de disposer d’un moteur cryogénique. Ce qui est le cas désormais avec cette version améliorée de GSLV, la Mk­II (Photo ci­ dessous). 06/01: Après deux reports de lancement, la fusée Falcon 9 V1.1 place sur orbite le satellite Thaïcom 6/Africom 1 (3 t). Il fournira des services de télécom­ munications pour l’Afrique de l’Est pendant au moins 15 ans. Le lancement a été effectué depuis le pas de tir numéro 40 à Cap Canaveral par SpaceX. Ce succès conforte encore un peu plus la place de l’opérateur privé comme une alternative bon marché et fiable face à la concurrence d’Ariane 5 notamment. 09/01: Après un report de 24 heures en raison de température trop basse et d'un autre pour radiations solaires, la fusée Antares a parfaitement accompli sa mission en plaçant sur orbite le premier cargo opéra­ tionnel Cygnus développé par Orbital Sciences Corporation et destiné à ravitailler la station spatiale internationale. L'engin emporte près de 1 500 kg de fret comprenant des vivres et du matériel. 12/01: Le cargo Cygnus a parfaitement été amarré à la station spatiale internationale. Au terme d'une course poursuite de trois jours le vaisseau a été cap­ turé à l'aide du bras robotisé piloté par l'astronaute américain Mike Hopkins. Il a ensuite été conduit vers l'une des écoutilles du module Harmony. Six heures plus tard, le sas était ouvert et l'équipage commençait les premiers transferts de fret. 14/01: En mars 2013, International Launch Services et Intelsat signaient un contrat pourtant sur le lance­ ment de deux satellites de télécommunications. Au moment de la signature, l’affectation n’avait pas en­ core été choisie. Désormais c’est chose faite pour l’un des deux satellites. Il s’agit d’Intelsat DLA 2 connu aussi sous l’appellation Intelsat 31. D’une masse de 6 tonnes, l’engin sera expédié dans l’espace en 2015 par une fusée Proton. 15/01: International Launch Services annonce avoir si­ gné avec l’opérateur européen Eutelsat un contrat por­ tant sur le lancement du satellite de télécommunications Eutelsat 9B (5,3 t) par une fusée Proton dans le courant de l’année 2015. 18/01: Le cargo russe Progress M­21M procède à une rehausse d’orbite de la station spatiale internationale. L’opération a consisté à allumer les moteurs pendant 528 secondes permettant d’accélérer la vitesse 1,18 m/s et par conséquent l’altitude du complexe orbital de 2,8 km. Programmée pour le 16 janvier, la manœuvre avait été annulée en raison d’un risque po­ tentiel de collision avec un débris spatial. Photo ISRO 12 ASTRONotes 30 Avril 2014 20/01: La sonde Rosetta est sortie de son hibernation dans laquelle elle était plongée depuis le 08 juin 2011. L’agence spatiale européenne a réussi à reprendre contact avec l’engin alors qu’il se situait à 807 million km de nous. Après les contrôles de routine, il sera pré­ paré pour son rendez­vous avec la comète 67P/Churyumov­Gerasimenko prévu pour août 2014. Les scientifiques attendent les premières images de l’astre gelé à partir du mois de mai alors que Rosetta débutera ses manœuvres d’approche. 22/01: Gazprom Space Systems passe commande au­ près d’International Launch Services pour le lancement du satellite de télécommunications Yamal 601 (5,7 t). La mise sur orbite sera effectuée par une fusée Proton en 2016. FEVRIER 2014 02/02: Lors de sa 99ème rencontre avec Titan, la sonde Cassini utilise son radar pour cartographier le lac Ontario pour les comparer avec les images prises en juin, juillet 2009 et janvier 2010 (Photo­ci dessous). L’idée est d’observer les éventuelles modifications intervenus avec le changement de sai­ son. L’approche a eu lieu à une distance de 1 236 km. Photo Nasa/JPL 24/01: Une fusée Atlas V/401 réussit la mise sur or­ bite du satellite TDRS 12 (3,5 t) après son lancement depuis Cap Canaveral. Il s’agit du second satellite de troisième génération de la Nasa destiné à relayer vers les centres de contrôle les communications avec la sta­ tion spatiale internationale et les différents satellites de l’agence spatiale. 27/01: Les cosmonautes russes Oleg Kotov et Sergey Ryazanskiy ont effectué une sortie extravéhiculaire, la première de l'année, qui a duré 06 heures et 08 mi­ nutes. Ils avaient pour mission d'installer deux camé­ ras haute définition sur le module Zvezda. Elles font partie d'une expérience commerciale russo­canadienne d'observation de la Terre. En décembre dernier, l'instal­ lation de ces caméras avait échoué après que le centre de contrôle ait détecté un problème lors des branche­ ments. Elles avaient été ramenées à bord de l'ISS pour inspection et réparation. 27/01: United Launch Alliance signe avec le Pentagone un accord pour la fourniture de 36 étages propulsifs CCB d’Atlas V et de Delta IV d’ici 2017. Ils équiperont 28 lanceurs dont 4 Delta IV Heavy à triple CCB char­ gés de placer sur orbite des satellites pour le compte de l’US Air Force, l’US Navy et le National Reconnais­ sance Office. L’accord signé, pour un montant de 2,6 milliards de dollars, est moins élevé que ce qu’avaient estimé les experts lors de l’élaboration du budget de la défense en 2012. 29/01: ANTRIX, filiale commerciale de l’agence spatiale indienne ISRO, signe avec DMC International Imaging un contrat portant sur le lancement de trois satellites de télédétection anglais DMC­3 (350 kg chacun). La mise sur orbite sera assurée par une fusée PSLV de­ puis le centre spatial de Sriharikota dans le courant de cette année. 03/02: Le vaisseau Progress M­20M s’est désamarré du module russe Pirs après avoir passé 7 mois amarré à la station spatiale internationale. Il libère la place pour Progress M­22M qui doit être lancé deux jours plus tard. 05/02: Le ravitailleur Progress M­22M s’amarre parfai­ tement à la station spatiale internationale au terme d’une procédure de rendez­vous accélérée. L’engin était parti 6 heures plus tôt du cosmodrome de Baïko­ nour au sommet d’une fusée Soyuz U. A noter que Progress transporte le Cubesat péruvien Chasqui 1 (1 kg). Il sera placé sur orbite par l’équipage de l’ISS. 06/02: ANTRIX signe avec l’opérateur Singapore Tech­ nologies Electronics Ltd le contrat de lancement du sa­ tellite de télédétection TeLEOS­1 de 400 kg. Le lancement sera effectué par une fusée indienne PSLV dans le courant de 2015. 06/02: Une fusée Ariane 5ECA réussit la mise sur or­ bite des satellites ABS 2 (6,3 t) dédié aux télécom­ munications pour le compte de l’opérateur Asia Broadcast Satellite et Athena­Fidus (3 t) de conception franco­italienne pour les communications gouverne­ mentales. A l’origine, la 216ème Ariane devait emporter les satellites Astra 5B et et Amazonas 4A en Avril 2014 ASTRONotes 30 13 décembre dernier. Mais en raison de l’indisponibilité du satellite Amazonas 4A, les vols VA 216 et VA 217 ont été intervertis. Le vol 216 est désormais program­ mé pour le courant du mois de mars. 11/02: Début des opérations de déploiement de la flot­ tille des CubeSat Flock 1 depuis la station spatiale internationale. La constellation doit compter 28 sa­ tellites de 5 kg chacun. Conçus par Planet Labs, ils au­ ront pour mission l’observation de la Terre avec une résolution de 3 à 5 m. La manœuvre devrait s’étaler sur un mois à raison de 2 satellites à chaque fois. 14/02: Proton semble avoir repris une rythme de croi­ sière avec le lancement réussit du satellite Turksat 4A (4,9 t). La fusée russe a pris son envol depuis le pas de tir 81/24 au Kazakhstan à l’heure prévue et a placé son unique passager sur une orbite de transfert géosta­ tionnaire quelques 09 heures plus tard. Le satellite, construit par le japonais Mitsubishi Electric, devrait as­ surer des services de télécommunications pendant au moins 15 ans sur un territoire qui s’étend de l’Europe à l’Asie en passant par l’Afrique et le Moyen­Orient. 18/02: Fin de la première mission opérationnelle du ravitailleur Cygnus développé conjointement par l’ita­ lien Thales Alenia Space et l’américain Orbital Sciences Photo Nasa/Jaxa/K. WAKATA 14 ASTRONotes 30 Avril 2014 Corporation. L’engin a été désamarré du module Harmony à l’aide du bras piloté par l’équipage de la station spatiale. Le succès du premier vol ouvre la voie à 7 autres missions logistiques à destination de l’ISS. 21/02: Une fusée Delta IVM+ 4,2 a placé sur orbite le cinquième satellite GPS 2F (1,6 t). Le lancement a été effectué depuis le pas de tir 37B à Cap Canaveral en Floride. Le réseau américain de géolocalisation compte désormais 33 satellites actifs répartis sur 6 plans sur une orbite moyenne à 20 000 km de la Terre sur une inclinaison de 55°. 27/02: Un satellite américano­japonais pour l’observa­ tion des précipitations a été mis sur orbite à l’aide d’une fusée H­IIA qui a décollé depuis le pas de tir YLP­1 au centre spatial de Tanegashima. GPM (3,3 t) associe principalement la Nasa et la Jaxa mais égale­ ment d’autres équipes provenant des agences spatiales indienne et européenne. Le satellite est une pièce maîtresse du programme américain Earth Syste­ matic Missions dédié à l’étude d’une thématique liée à notre planète. A bord se trouvait également 7 passa­ gers secondaires issus de diverses universités japo­ naises. Il s’agit principalement de démonstrateurs technologiques dont la masse varie entre 1 et 35 kg. MARS 2014 11/03: Les trois membres de l'équipage Expedition 37/38 ont effectué leur retour sur Terre après un sé­ jour de 166 jours, 06 heures et 27 minutes dans l'espace. Le vaisseau Soyuz TMA­10M s'est posé en douceur dans la steppe du Kazakhstan avec à bord sont bord les Russes Oleg Kotov, Sergey Ryazansky et l'Américain Mike Hopkins. Ils seront relevés très pro­ chainement par l'équipage de Soyuz TMA­12M dont le lancement est programmé pour le 25 mars depuis le cosmodrome de Baïkonour, complétant ainsi l'équipage de la station spatiale internationale. 13/03: Progress M­22M amarré à l’ISS procède à une nouvelle manœuvre de reboost du complexe orbital. La mise à feu dure 462 secondes accélérant l’ensemble de 1,1 m/s ce qui a pour conséquence de relever l’or­ bite de 2 km. 23/03: Une fusée Soyuz 2.1b équipée d’un étage Fregat injecte correctement sur orbite le satellite de géologalisation Uragan M­42 (1,4 t). Le lanceur a dé­ collé du pas de tir 43/4 de Plesetsk. Il rejoindra le troisième plan orbital. 25/03: Un nouvel équipage s’envole au départ de Baïkonour à destination de la station spatiale interna­ tionale. Le vaisseau Soyuz TMA­12M emporte les cos­ monautes Aleksandr Skvortsov, Oleg Artemyev et l’astronaute américain Steven Swanson. Le plan de vol prévoyait un amarrage au bout de 6 heures selon une procédure de rendez­vous rapide. Mais après avoir exécuté les deux premières mises à feu afin d’aligner le vaisseau, le troisième doit être annulé en raison d’un problème d’orientation. Les contrôleurs de vol ordonnent l’interruption de la procédure et repro­ gramme un nouveau rendez­vous pour le 27 mars (Photo ci­dessous). 15/03: Une fusée Proton M/Briz M réussit la double mise sur orbite des satellites Ekspress­AT 1 (1,7 t) et Ekspress­AT 2 (1,3 t) après avoir pris son envol depuis la rampe 81/24 du cosmodrome de Baïkonour. Les deux engins ont été construits conjointement par ISS Reshetnev qui a fourni les plates­formes Ekspress­ 1000K sur lesquelles a été montée la charge utile développée par Thales Alenia Space. Les deux sa­ tellites fourniront des services de télévision directe pour le territoire russe pendant une quinzaine d’an­ nées. 17/03: Nouvelle manœuvre de reboost pour le vais­ seau Progress M­22M. Elle dure 429 secondes ce qui conduit à une augmentation de la vitesse de 0,5 m/s ainsi que de l’altitude de 0,9 km. 18/03: La Nasa signe avec United Launch Alliance le contrat de lancement pour la sonde Solar Orbiter conçue conjointement avec l’agence spatiale euro­ péenne. Il devrait être effectué par une Atlas V/411 en 2017 au départ de Cap Canaveral. 22/03: Après 3 mois de report, la 216ème Ariane prend son envol à l’heure prévue et place correctement sur orbite ses deux passagers. Le satellite luxembourgeois Astra 5B (5,7 t) dédié à la télévision directe et le sa­ tellite espagnol Amazonas 4A (2,9 t) pour les télécom­ munications. C’est ce dernier qui est à l’origine du retard du vol d’Ariane prévu à l’origine au mois de décembre dernier. Des vérifications complémentaires avaient été demandées par le client, obligeant Arianespace à revoir son calendrier des lancements. La fusée a décollé depuis le pas de tir numéro 3 au Centre Spatial Guyanais après un dernier report de 24 heures dû au vent en altitude. Photo Nasa/B. INGALLS 27/03: Le vaisseau Soyuz TMA­12M, emmenant les cosmonautes Aleksandr Skvortsov, Oleg Artemyev et l’astronaute américain Steven Swanson, s'est parfaite­ ment amarré à la station spatiale internationale. Ils complètent ainsi l'équipage Expedition 39 qui était jus­ qu'ici composé du trio Mikhael Tyurin, Richard Mastrac­ chio et Koichi Wakata. Ce dernier, devient le premier Japonais à commander un équipage à bord du com­ plexe orbital. 28/03: C’est au tour de Progress M­21M de procéder à une manœuvre de reboost du complexe orbital. Les moteurs sont mis à feu durant 458 secondes ce qui permet d’accélérer la vitesse de 1,1 m/s et de remon­ ter l’orbite de 1,5 km. 31/03: La Chine procède à la mise sur orbite du sa­ tellite Shijian 11­06. Il est lancé à l’aide d’une fusée Chang­Zheng 2C qui a pris le départ depuis le centre spatial de Jiuquan. Aucune information n’a filtré quant aux objectifs de la mission mais selon les spécialistes, le satellite pourrait être dédié à la détection de lance­ ment de missiles et d’alerte précoce. Avril 2014 ASTRONotes 30 15 L'EUROPE SPATIALE 1964­2014 C DE L'ESRO A L'ESA ette année, la recherche spatiale en Europe fête son cin­ quantième anniversaire. Que de chemin parcouru en un demi­siècle ! Tout commence avec la création de l’organisation pour la recherche spatiale européenne (ESRO) le 20 mars 1964. Elle est l’aboutisse­ ment de la conférence interministé­ rielle de Meyrin en Suisse de 1960 qui a conduit à mise en place d’une commission préparatoire euro­ péenne sur la recherche spatiale. Deux ans plus tard, la Belgique, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays­Bas, l’Espagne, la Suède, la Suisse et le Royaume­Uni signent à Paris la convention sur la création de l’ESRO. Entretemps, la majorité de ces pays se met d’ac­ cord pour la création d’une autre organisation dédiée au développe­ ment d’un lanceur spatial, l’ELDO (European Launcher Development Organisation). Bien que ces deux organisations soient financées par les mêmes pays, elles sont indépen­ dantes l’une de l’autre. Rapidement après la mise en appli­ cation de la convention qui régit l’ESRO, plusieurs décisions sont prises, notamment celle concernant 1964­1974 ESRO 2A (échec) ESRO 2B En mai 1967, l’ESRO doit faire face à la perte de son premier satellite baptisé ESRO 2A après que le lan­ ceur Scout ait rencontré des prob­ lèmes de propulsion. L’année suivante, sa doublure est lancée dans l’espace avec succès fournis­ sant des données sur les rayons X et le rayonnement cosmique. Il est suivi de six autres satellites dont la nature de la mission va de l’étude 1974­1984 COS B GEOS 1 ESRO 1A ISSE 2 (avec la Nasa) ESRO 1B IUE (avec la Nasa) HEOS 1 HEOS 2 TD 1A ESRO 4 16 la construction de centres de re­ cherche à travers l’Europe. La même année est créé l’ESTEC aux Pays­Bas, suivi deux ans plus tard par l’ESRIN en Italie et l’ESOC en Allemagne l’année suivante. Au­ jourd’hui, il s’agit des plus impor­ tants établissements de l’Agence Spatiale Européenne. Parallèlement, l’ESRO décide l’élaboration d’un pro­ gramme de petits satellites. Mais les responsables vont se heurter à deux problèmes qui vont mettre en péril la stratégie européenne. Lar­ gement sous­financés, certains pro­ grammes doivent être annulés au grand dam des scientifiques. Néanmoins, certains d’entre eux fi­ nissent par aboutir mais ne disposent pas d’un lanceur pour les placer sur orbite. Les Européens sont contraints de se tourner vers la Nasa pour leur lancement. ASTRONotes 30 Avril 2014 GEOS 2 EXOSAT des aurores polaires à l’observation de l’Univers en passant par celui de l’environnement terrestre. A la fin des années 60, l’Europe spatiale est plongée dans une crise ma­ jeure. Crise qui conduit à la créa­ tion de l’Agence Spatiale Européenne qui regroupe les équipes de l’ESRO et de l’ELDO. L’acte de naissance entre en vi­ gueur le 30 mai 1975. ESRO 2B ­ Photo ESA 1984­1994 Giotto Hipparcos Ulysses (avec la Nasa) Hubble (avec la Nasa) DE HORIZONS 2000 A COSMIC VISION Dans un premier temps, l’ESA va se contenter de reprendre les dif­ férents projets en cours et les me­ ner à bien. Le sous­financement du département scientifique ne permet pas d’élaborer de nouvelles missions si ce n’est la sonde Giotto qui croisera l’orbite de la comète de Halley en mars 1986 et de partici­ per à la construction du télescope spatial Hubble. Face au risque de voir l’histoire se répéter, l’ESA met en place un ambitieux programme étalé sur plusieurs années et desti­ nés à faire progresser de manière importante les connaissances scien­ tifiques. Horizons 2000, qui couvre la période 1985­2000, compte quatre missions dites pierres angu­ laires (SOHO/Cluster, XMM­Newton, Rosetta et FIRST) et cinq missions moins couteuses (HIPPARCOS, Ulysses, ISO, Huygens et INTEGRAL). Certaines d’entre elles font appel à la coopération interna­ tionale, notamment Huygens qui prendra la route vers Saturne en compagnie de Cassini et Ulysses. Avec l’arrivée de nouveaux membres au sein de l’ESA, l’enve­ loppe financière est plus conséquente, ce qui permet de don­ ner une suite à Horizons 2000. Horizons 2000+ porte sur des pro­ jets qui doivent arriver à terme dans la période 2006­2017. Dans le cadre de ce programme, trois pierres angulaires sont sélection­ nées (BeppiColombo, Gaia et Lisa) 1994­2004 ISO ainsi que des missions moins coû­ teuses (Mars­Express, Venus­ Express entre autres). L’ESA se montre également intéressée de participer au James Webb Space Telescope de la Nasa. Le nombre croissant de projets et l’augmenta­ tion annuelle de leurs coûts conduisent l’ESA à une refonte de la structure organisationnelle du dé­ partement science. L’allongement de la période de développement permet de répartir l’enveloppe finan­ cière de chaque projet sur une période plus longue et donc de pe­ ser moins à brève échéance. Elle donne naissance à Cosmic Vision qui couvre la décennie 2015­2025. Cosmic Vision, mis en place en avril 2004, comporte trois types de mis­ sions qui se classifient en fonction du budget alloué. Les missions de classe S sont entiè­ rement réalisées par l’ESA et plafon­ nées à 50 millions €. Un premier appel à propositions a été lancé en mars 2012 qui a conduit à la sélec­ tion de CHEOPS, dédiée à l'étude d'exoplanètes connues. Les missions de classe M sont entiè­ rement réalisées par l’ESA et plafon­ nées à 470 millions €. Trois projets sont sélectionnés et doivent aboutir à un lancement dès 2017. Il s’agit de Solar Orbiter, destiné à rempla­ cer SOHO, d’EUCLID spécialisé dans l’étude de l'énergie sombre et de PLATO qui détectera les exopla­ nètes. Les missions de classe L sont plafon­ 2004­2014 Rosetta SOHO (avec la Nasa) Venus­Express XMM Newton Planck Cluster I (échec) Cluster II INTEGRAL Double Star (avec la Chine) SMART 1 Cassini/Huygens (avec la Nasa) Mars­Express Herschel Gaia nées à 900 millions d'euros et peuvent faire appel à la coopéra­ tion internationale. L1 est la seule et l’unique mission qui entre dans le cadre du programme Cosmic Vi­ sion. Cela n’empêche pas l’ESA de penser au­delà de 2025. En mars 2013, elle demande à la commu­ nauté scientifique de lui remettre des propositions pour deux autres missions. L2 sera désignée à la fin de l’année et aura pour thème l’univers chaud et énergétique. Elle devrait être lancée en 2028. L3 sera assignée d’ici 2020. Néan­ moins, on sait qu’elle concernera l’univers gravitationnel et que l’an­ née du lancement est fixé pour 2034. En cinquante ans, l’Europe spatiale s’est dotée d’un programme scien­ tifique fort et ambitieux qui répond aux attentes de la communauté. S’il est devenu une référence mon­ diale à l’instar de celui de la Nasa, c’est sans doute grâce à la volonté de certains hommes et femmes qui en ont été responsables. L’une d’eux est sans conteste Roger­ Maurice Bonnet. En mars 1983, il est nommé Directeur du pro­ gramme scientifique à l’ESA et décide à son arrivée de modifier en profondeur la planification de cette activité en définissant une stratégie à long terme qui permet de réaliser un plus grand nombre de missions tout en tenant compte des res­ sources disponibles et des moyens financiers nécessaires. Une straté­ gie payante depuis les 25 ans ! 2014­Au­delà BeppiColombo Solar Orbiter (avec la Nasa) Exomars TGO (avec la Russie) Exomars Rover (avec la Russie) JWST (avec la Nasa) JUICE (avec la Nasa) CHEOPS Euclid PLATO Avril 2014 ASTRONotes 30 17 20 L e G r a n d To u r 24 L'héritage de Galileo 28 Le duo de choc Cassini/Huygens 18 ASTRONotes 30 Avril 2014 A LA DE DES GEA GAZEUS Photo Nasa ECOUVERTE ANTES SES Le 11 juin 2004, Cassini pénétrait dans l'environnement de Saturne, l'une des plus amblématiques missions de l'exploration spatiale. Elle doit son succès retentissant aux hommes et aux femmes qui ont permis de relever de nombreux challenges mais aussi aux précédentes missions qui lui ont ouvert la voie. Avril 2014 ASTRONotes 30 19 LE GRAND TOUR L LA GENESE ors d’un stage d’été au Jet Propulsion Laboratory, Gary Flandro, âgé de 24 ans, est chargé de calculer les trajectoires possibles pour une mission d’exploration de Jupiter. Une tâche qu’il considère secondaire alors que les plus grosses équipes de la Nasa tra­ vaillent sur les sondes martiennes et lunaires qui attirent toute l’atten­ tion du public et des médias. Il dresse différentes cartes avec les positions futures des planètes du système solaire. En les faisant coïn­ cider, il remarque que Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune seront toutes positionnées du même côté du système solaire dans les années 80. Il ne faut pas longtemps à la Nasa pour comprendre tout l’intérêt d’un tel alignement qui ne se repro­ duit que tous les 176 ans ! La puis­ sance des fusées de l’époque permet tout juste d’atteindre Jupiter. Pour aller plus loin, les in­ génieurs vont devoir utiliser la tech­ nique d’assistance gravitationnelle. Elle consiste à aborder une planète selon un angle déterminé afin d’aug­ menter la vitesse et de modifier la trajectoire d’un engin tel un rico­ chet pour rejoindre la planète suivante. La Nasa engage les pre­ mières études d’un ambitieux pro­ gramme baptisé « Outer Planets Grand Tour Project » qui comprend quatre engins à lancer par des fu­ sées Saturn V. Deux doivent abor­ der Jupiter, Saturne et Pluton tandis que les deux autres doivent passer par Jupiter, Uranus et Neptune. Le coût estimé du projet est d’environ 700 millions de dollars (988 mil­ lions de dollars au 31/12/2013). Cependant, l’ère où l’argent coulait à flot est révolu d’autant plus que la Nasa doit financer un autre pro­ gramme qui va l’engager sur plu­ sieurs décennies, celui de la navette spatiale. Lors du vote du 20 ASTRONotes 30 Avril 2014 budget par le Congrès pour l’année 1972, seules deux sondes sont fi­ nancées. Pour rester dans les li­ mites de l’enveloppe allouée au projet, la Nasa se voit dans l’obliga­ tion de revoir la copie de ses en­ gins. Elle décide de reprendre l’architecture des sondes Mariner et de l’adapter pour l’exploration des planètes extérieures. En juillet 1972, le projet Voyager est officiali­ sé. P I O N E E R 1 0 e t 11 Avant l’adoption du programme Voyager par le Congrès, la Nasa souhaite défricher le terrain afin de déterminer les conditions dans les­ quelles devront fonctionner les deux sondes Voyager. C’est pour­ quoi, elle décide de construire deux éclaireurs baptisés Pioneer 10 et 11 destinés à collecter le maximum d’informations sur l’environnement de Jupiter qui vont s’avérer utiles dans la conception des futures mis­ sions d’exploration spatiale. Cha­ cun des engins emporte une quinzaine d’instruments scienti­ fiques dont des caméras qui vont of­ frir aux scientifiques les premières images rapprochées des planètes externes. Le 03 mars 1972, Pioneer 10 est le premier à prendre son envol en di­ Pionner 10 ­ Photo Nasa rection de Jupiter. Géante gazeuse qu’elle atteint le 4 décembre 1973 à la vitesse de 132 000 km/h ! Elle la croise à seulement 130 354 km de distance, nous offrant des vues imprenables de la couverture nuageuse et des principales lunes joviennes. Pour ce qui est de l’ex­ ploration du système solaire, Pio­ neer 10 en restera là. Profitant d’une assistance gravitationnelle of­ ferte par Jupiter, l’engin prend le large en direction de l'étoile Aldé­ baran qu’elle attendra dans 2 mil­ lions d’années. Après avoir encore contribué à la science en récoltant des informations sur le vent solaire et les rayonnements cosmiques, la mission est officiellement achevée le 31 mars 1997. Cependant, le contact n’est pas perdu pour au­ tant. Il est encore maintenu occa­ sionnellement jusqu’au 22 janvier 2003. Depuis lors, plus aucune ré­ ponse n’est parvenue aux antennes du réseau Deep Space Network destinées à capter les signaux émis par les vaisseaux spatiaux voguant à longue distance de nous. Il est vraisemblable que l’énergie fournie par les générateurs thermo­ électriques à radio­isotope de la sonde ne soit plus suffisante pour faire fonctionner les différents instruments embarqués. Aux der­ nières nouvelles, Pioneer 10 fonçait dans l’espace intersidéral à la vi­ tesse de 44 000 km/h. Avec un an d’écart c’est au tour de Pioneer 11 de prendre le chemin de l’espace. Tout comme son aînée, elle décolle de Cap Canaveral ju­ chée au sommet d’une fusée Atlas­ Centaur. Jupiter, sa première cible, est atteinte le 02 décembre 1974. L’engin passe à seulement 42 000 km des plus hautes couches atmo­ sphériques de la planète offrant aux scientifiques les premiers clichés de la fameuse Grande Tache Rouge, gi­ gantesque anticyclone qui fait deux fois la Terre et qui avait été obser­ vée pour la première fois par l’astro­ nome italien Galilée. Contrairement à Pioneer 10 qui n’avait que Jupiter comme objectif, Pioneer 11 doit éga­ lement survoler Saturne. Le 1er septembre 1979, il passe à 20 930 km de la planète, dévoilant toute la majestuosité des anneaux qui en­ tourent Saturne à l’équateur. Après quoi, Pioneer 11 s’en est allée en di­ rection de la constellation de l'Aigle qu’elle devrait rejoindre d’ici 4 mil­ lions d'années. Le 30 septembre 1995, la mission est officiellement achevée bien que d’autres contacts La Grande Tache Rouge ­ Photo Nasa/JPL sont établis avec l’engin jusqu’en novembre de la même année. V O YA G E R , V E R S L ' I N C O N­ NU ET AU­DELA Après l’officialisation du programme Voyager en juillet 1972, la Nasa commence les premières études sur la conception des deux engins. Elle mise sur la simplicité en se basant sur une architecture proche de celle des sondes Pioneer 10 et 11, c'est­ à­dire une plate­forme hexagonale porteuse de bras équipés des instru­ ments scientifiques et surmontée d’une antenne parabolique de 3,7 mètres de diamètre. La masse au décollage avoisine les 822 kg dont 105 kg représentent à eux seuls le package scientifique embarqué. Il comprend 10 instruments répartis entre ceux qui sont destinés à l’étude de l’environnement interpla­ nétaire et ceux qui sont conçus pour les observations faites lors des différents survols. Le 20 août 1977, Voyager 2 prend son envol suivie deux semaines plus tard par Voyager 1. Bien que fonçant à toute allure vers Jupiter, les deux engins empruntent une route différente. Voyager 2 se dé­ place sur une trajectoire plus lente et plus courbée, ce qui permet de la maintenir sur le plan de l’éclip­ tique, une sorte de disque invisible où tournent les planètes autour du Soleil. Avec une trajectoire plus tendue et une vitesse plus élevée, Voyager 1 dépasse sa grande sœur en cours de route et commence à photographier Jupiter en janvier 1979. Les images montrent une atmosphère encore plus turbulente que ce qui avait été perçu lors des survols Pioneer quatre ans plus tôt. En février 1979, la sonde entre dans le système jovien avant de passer au plus près de la planète géante le 5 mars 1979 à une distance de 280 000 km. Elle dé­ couvre la présence d’anneaux en­ tourant la planète et dont l’épaisseur n’excède pas 30 km. S’ils n’avaient pas été aperçus jus­ qu’alors c’est parce qu’ils sont beaucoup moins lumineux et moins larges que ceux de Saturne. Quasi transparents, ils deviennent vite in­ visibles lorsque l’on s’en éloigne. Voyager 1 survole également les lunes Amalthea, Io, Europa, Gany­ mède, et Callisto. Jusque là, la croyance voulait que les lunes des autres planètes soient des astres morts comme la Lune. Or, en ana­ lysant les images d’Io, les scienti­ fiques de la mission aperçoivent une sphère s’en détachant. Dans un premier temps, ils pensent avoir à faire à une nouvelle lune avant de se rendre compte que le phéno­ mène est lié à cette petite lune de 3 650 km de diamètre. Il s’agit d’un jet de gaz d’origine vol­ canique. Europa va tout autant surprendre avec sa surface particu­ lièrement lisse parcourue par de longues stries foncées. Les plané­ tologues qui s’attendaient à voir des mondes ternes recouverts de cratères se voient contraints de re­ voir les objectifs de la mission. Il serait en effet dommage de ne Avril 2014 ASTRONotes 30 21 s’intéresser qu’aux planètes exté­ rieures uniquement alors que visi­ blement leurs lunes ont également beaucoup à nous apprendre. Fin avril 1979, Voyager 1 quitte le monde de Jupiter en ayant retrans­ mis quelques 19 000 photos. Alors que Voyager 1 s’embarque pour Saturne, Voyager 2 est en approche de Jupiter qu’elle survole le 9 juillet 1979 à quelques 570 000 km de distance. La sonde complètera les données recueillies par sa jumelle et confirme l’activité volcanique de Io. Au cours de ce rendez­vous, elle réalise 15 000 clichés du sys­ tème jovien. Le transit de Voyager 1 vers Saturne dure jusqu’au 10 novembre 1980, date à laquelle la sonde pé­ nètre au cœur du système plané­ taire de Saturne. Le lendemain, elle croise Titan à seulement 6 940 km de distance. La plus grande lune de Saturne est recouverte d’une épaisse atmosphère de cou­ leur orangée et opaque à la lumière visible. Sous l’ultraviolet ou l’infra­ rouge, Titan dévoile quelques peu ses mystères, notamment en trahis­ sant la présence d'éthylène et d'autres hydrocarbures. Le thermo­ mètre affiche une température de – 180°C. Voyager 1 poursuit sa route et aborde Saturne dans la journée du 12 novembre. Elle s’ap­ proche à 64 200 km de la couche supérieure nuageuse de la planète. L’un des rendez­vous les plus atten­ dus est sans conteste celui program­ mé avec les anneaux de Saturne. Ces disques équatoriaux qui cein­ turent la planète s'étendent de 7 000 à 72 000 km au­dessus de l’at­ mosphère supérieure. Leur épais­ seur n’excède pas 100 mètres sont constitués de blocs rocheux et de glace. Voyager les observe de plus près et fait une découverte surpre­ nante, celle de la présence de nuages flottant au­dessus. Ces spokes sont des nuages de grains de poussière chargés, mesurant moins d'un micron, qui sont mis en mouvement par un champ électro­ magnétique. Il s'agit d'un phéno­ 22 ASTRONotes 30 Avril 2014 Saturne et ses plus grosses lunes ­ Photo Nasa/JPL mène saisonnier qui apparait à l'équinoxe, au moment où les an­ neaux sont orientés vers le Soleil. Au cours d'une révolution autour du Soleil (30 ans), les spokes sont vi­ sibles à deux reprises durant plu­ sieurs années. Avant d’être catapultée hors du système solaire par la force gravitationnelle de Saturne, Voyager 1 croise la route des lunes Dioné, Mimas et Rhéa. La sonde cède la place à Voyager 2 qui frôle la planète à seulement 41 000 km de distance le 25 août 1981. Elle complète les données recueillies par sa jumelle. Contrai­ rement à Voyager 1 qui ne rencon­ trera plus aucun autre astre, Voyager 2 poursuit sa route qui doit l’emmener dans le voisinage d’Uranus. Les deux rencontres permettent d’envoyer 34 500 cli­ chés de Saturne et ses lunes. Les anneaux de Saturne en fausses couleurs ­ Photo Nasa/JPL Uranus ­ Photo Nasa/JPL En ce mois de janvier 1986, l’atten­ tion de la Nasa est à son maximale tant sur la côte Est où la navette Challenger s’apprête à décoller que sur la côte californienne où les équipes du JPL attendent avec impa­ tience la rencontre avec Uranus. Mais les premières images venues des confins du système solaire dé­ çoivent. Uranus semble plongée dans un brouillard épais qui ne permet pas d’observer la structure de sa haute couche atmosphérique contrairement à Jupiter ou Saturne. Et ce n’est pas l’accident de Challen­ ger survenu quatre jours plus tard qui va redonner du baume à l’agence spatiale. Néanmoins, la moisson d’information collectée est au rendez­vous. Voyager 2 passe à 81 500 km de la planète et met en évidence la présence d'un champ magnétique dont l'intensité est proche de celui de la Terre et qui est incliné de 60° par rapport à son axe de rotation. La sonde s’in­ téresse également aux anneaux dé­ couverts dans les années 70. Contrairement à tout ce qui a été vu jusqu’à présents, ceux d’Uranus ne semblent pas s’être formés en même temps. Il pourrait s’agir des restes d’une lune pulvérisée par un impact avec un astéroïde ou par les forces gravitationnelles de la pla­ nète mère. Dix nouvelles lunes sont également découvertes, por­ tant à 15 le nombre de satellites na­ turels orbitant autour de la planète. Le 25 août 1989, Voyager 2 atteint son ultime objectif. Depuis trois mois déjà, les écrans de la Nasa dif­ fusent les images de Neptune en­ voyées par la sonde. L’engin passe à seulement 4 500 km de la pla­ nète, un véritable rase­motte à l’échelle spatiale. Tout comme lors des précédentes rencontres, Voya­ ger nous livre son lot de décou­ vertes dont la présence d’une énorme tache sombre circulant dans l’atmosphère de la planète à l’instar de la Grande Tache Rouge sur Jupiter. La Grande Tache Sombre est bordée de nuages blancs constitués de cristaux de mé­ thane. Le vent y souffle à la vi­ tesse vertigineuse de 2 400 km/h, ce qui en fait la tempête la plus ra­ pide de tout le système solaire. L’attention s’est également portée sur Triton, la plus grosse lune de Neptune. Large de 2 700 km envi­ ron, elle est un cas unique dans les lunes de grande taille puisqu’elle ef­ fectue une orbite autour de sa pla­ nète mère dans le sens rétrograde. Cette singularité laisse à penser que Triton n’est pas une lune qui s’est formée dans l’environnement de Neptune mais serait un corps ge­ lé provenant de la Ceinture de Kui­ per et capturé par la planète. Sa composition fort similaire à Pluton corroborait cette théorie. L’un des aspects étonnants de Triton est une très faible présence de cratères, ce qui suggère une surface remodelée récemment dans son histoire géolo­ gique. La sonde a détecté la pré­ sence d’une atmosphère composée presque uniquement d'azote ali­ mentée par la sublimation de la glace présente à la surface. Sur les clichés, les scientifiques ont re­ péré des traces noires qui ont pour origine des geysers de vapeurs d'azote sortant sous pression et montant jusqu’à 8 km d’altitude. Les panaches sont ensuite déportés par le vent avant de retomber à la surface. Depuis 1980 pour l’une et 1989 pour l’autre, le voyage continue. A la vitesse de 61 000 km/h, les sondes mettront des siècles avant d’atteindre le Nuage d’Oort, consti­ tué de roches et de glace et envi­ ron 30 000 ans pour le traverser. D’ici là, les bouteilles de 720 kg je­ tées dans l’espace en cet été 1977 auront depuis longtemps cessé d’émettre. Elles poursuivront leur chemin tel un vaisseau fantôme en direction de la constellation de la Girafe pour l’une et la constellation d’Andromède pour l’autre. Le 14 février 1990, Voyager 1 s’offre un dernier baroud d’honneur. Elle réa­ lise le premier portrait intégral des planètes du système solaire à 5,5 milliards de km de notre planète. Une image qui fera date dans l’histoire de l’exploration de l’espace par l’Homme. Neptune et Triton ­ Photo Nasa/JPL Avril 2014 ASTRONotes 30 23 L'HERITAGE DE GALILEO UN DEMARRAGE BIEN DIFFICILE B ien que la mission Galileo ait été approuvée par la Maison­ Blanche en 1977, elle a bien failli ne jamais voir le jour en raison des réticences du Congrès Américain. D’un coût initial de 445 millions de dollars (aux conditions économiques de l’époque), la mission a vu son budget exploser en passant du simple au triple. A l’origine, Galileo devait être lan­ cée dans le courant de l’année 1982 par la navette spatiale équi­ pée d’un étage cryogénique Centaur. Cet étage avait l’avantage d’insuffler la vitesse nécessaire à la sonde pour rejoindre Jupiter directe­ ment. Le trajet vers la planète n’aurait pris que 3 ans. Mais les aléas techniques et l’accident de Challenger ont considérablement perturbés les plans. L’étage Centaur est débarqué de la navette et remplacé par un moteur à poudre nettement moins perfor­ mant ce qui a pour conséquence qu’il est impossible de rallier Jupiter directement. La Nasa est contrainte de revoir la route que de­ vra emprunter la sonde pour at­ teindre son but. Elle étudie une trajectoire qu’elle baptise VEEGA. Elle consiste à utiliser l’assistance Largage de Galileo ­ Photo Nasa 24 ASTRONotes 30 Avril 2014 Gaspra ­ Photo Nasa/JPL gravitationnelle de Vénus et de la Terre pour accélérer la vitesse qui lui permettra de rejoindre Jupiter. La nouveau plan de vol n’est pas sans conséquence pour la mission puisque la durée du voyage passe de 3 ans à 6 ans. Finalement, le 18 octobre 1989, la navette Atlantis s’élance de Cap Canaveral pour la 31ème mission du programme. Quelques heures après le lance­ ment, Galileo, montée sur son gros moteur IUS, est extraite délicate­ ment de la soute puis injectée sur une route qui doit l’emmener vers Vénus. Elle la croise le 10 février 1990 à une distance de 16 106 km. La Nasa en profite pour tester les dif­ férents instruments de la sonde et étudier l’atmosphère de la planète. Ce coup de pouce gravitationnel (8030 km/h en plus) expédie la sonde vers la Terre qu’elle survole le 08 décembre 1990 à seulement 960 km d’altitude. La courbe de la trajectoire décrite par Galileo s’élar­ git au gré des survols. Mais le 11 avril 1991, une mauvaise nouvelle arrive de l’espace. Ce jour là, ordre est envoyé à la sonde de dé­ ployer sa grande antenne. Depuis son lancement, elle était repliée comme un parapluie. Malheureuse­ ment, deux baleines restent déses­ pérément coincées dans le mat. Malgré tous les efforts consentis et d’ingéniosité, l’antenne ne se dé­ ploiera pas plus. Les antennes au sol du réseau Deep Space Network ainsi que les ordinateurs de bord ont du être modifiés afin de permettre de récupérer 70 % des données initialement prévues. Six mois plus tard, Galileo croise l’asté­ roïde Gaspra à seulement 1 604 km de distance. Ce sera la pre­ mière fois qu’un engin construit par l’homme s’approche de l’un de ces corps errants dont certains me­ nacent notre planète. Deux ans jour pour jour après son premier survol de la Terre, Galileo croise à nouveau notre planète. Cette fois, elle la frôle à seulement 303 km de distance. Cette ultime rencontre majeure permet d’expulser la sonde en direction de Jupiter pour de bon. En route, Galileo passe à 2 410 km de l’astéroïde Ida autour duquel on découvre un petit sa­ tellite naturel qui sera baptisé Dactyl. Le 13 juillet 1995, les grandes manœuvres commencent. Galileo est à 5 mois de l’arrivée et il ne lui reste que 80 millions de km à par­ courir. C’est le jour choisi par les responsables de la mission pour li­ bérer une sonde atmosphérique qui devra plonger dans la couverture nuageuse très épaisse de Jupiter pour y prendre quelques mesures. UNE MISSION QUI JOUE L E S P R O L O N G AT I O N S Sept décembre 1995, les antennes de 70 mètres de diamètre installées à Goldstone en Arizona sont poin­ tées vers Jupiter. Journée critique pour la mission avec le plongeon programmé de la sonde atmosphé­ rique qui fonce à 170 000 km/h. La zone de rentrée est localisée par 6,5° Nord et 4,5° Ouest. Pendant 59 minutes, l’engin s’enfonce tout en transmettant des données avant d’être détruit par l’immense pres­ sion. Il descend sur 200 km envi­ ron en ayant transmis 3,5 Mb d’informations. Plus tard dans la journée, Galileo ralentissait afin d’être capturée par le champ de gravitation de la planète. Contraire­ ment aux autres sondes qui sont placées sur une orbite quasi polaire afin de couvrir la plus grande sur­ Photo Nasa/JPL face de l’astre étudié, Galileo cir­ cule sur une orbite relativement éloignée de Jupiter. Il y a deux rai­ sons majeures à cela. La première est expliquée par l’intensité du champ magnétique jovien qui pour­ rait anéantir la fragile électronique de l’engin. La seconde raison est purement scientifique. L’un des ob­ jectifs de Galileo est l’étude de l’en­ vironnement jovien et des principales lunes. Il est donc néces­ saire de prévoir un plan de vol qui permette de croiser les orbites d’Eu­ ropa, Ganymède, Io et Callisto qui circulent à une distance respectable de leur planète. La vedette de la mission de Galileo est sans conteste Europa. Dès les premiers clichés, elle attire l’atten­ tion de la communauté scientifique. Sa surface, très pauvre en cratères, est la plus lisse du système solaire. Elle se caractérise par la présence en très grand nombre de craque­ lures qui auraient pour origine les marées induites par Jupiter, de larges fractures suffisamment pro­ fondes pour que l’eau liquide pré­ sente sous la croûte de glace remonte vers la surface avant de geler instantanément, refermant la faille derrière elle. Ici et là, on y observe de grandes étendues où s’amoncellent des blocs de glace à la dérive dont certains font plu­ sieurs kilomètres de long. Au gré des rendez­vous, l’intérêt des pla­ nétologues mais aussi des exobio­ logistes se fait grandissant. A tel point que la Nasa décide de prolon­ ger la mission au­delà du 07 décembre 1997. L’extension, bap­ tisée Galileo Europa Mission, s’étend jusqu’au 31 janvier 2000 et compte pas moins de 8 autres sur­ vols de la lune gelée. Si Europa est l’une des priorités de la sonde, ses voisines ne sont pas délaissées pour autant. Io est visitée à trois reprises sur la même période, dé­ voilant un volcanisme très actif. Quant à Callisto, survolée à 7 re­ prises, présente une surface grêlée de cratères, preuve d’une activité géologique inexistante. Ganymède se situe entre Europa et Callisto avec des régions présentant des terrains, tantôt plus jeunes parse­ més de nombreux sillons et dor­ sales, tantôt plus anciens recouverts de cratères. A l’aube de l’an 2000, la Nasa décide de pro­ longer la mission histoire de mettre à profit le passage de la sonde Cassini dans l’environnement jovien pour une observation de Jupiter en tandem. La campagne Millenium Mission est prévue pour durer jus­ qu’à la fin de l’année 2000. Profi­ tant d’un reliquat d’ergols, un ultime prolongement est décidé. Quatre rendez­vous sont au pro­ gramme dont 3 avec Io. Cette fois, ce sont de véritables rase­ mottes qui sont prévus puisque Galileo doit passer à moins de 200 km de la surface brûlante de la lune la plus proche de Jupiter. Au moment où est entériné cet ultime extra, l’acte final est déjà program­ mé. Afin d’éviter que la sonde ne s’écrase sur Europa au risque de la contaminer, il est prévu de la dés­ intégrer dans la haute couche at­ mosphérique de la planète géante. C’est chose faite le 21 septembre 2003 au cours de la 35ème orbite, mettant un point final à l’une des missions les plus riches en données scientifiques. Avril 2014 ASTRONotes 30 25 26 ASTRONotes 30 Avril 2014 LES 10 DECOUVERTES DE GALILEO 1. La sonde de descente a mesuré les éléments atmosphériques et a trouvé que leur relative abondance était différente par rapport au Soleil, indiquant que l’évolution de Jupiter, depuis que la planète s’est formée, s’est faite en dehors de la nébuleuse solaire. 2. Galileo a fait la première observation de nuages d’ammoniac dans l’atmosphère d’une autre planète. L'atmosphère semble créer les particules de glace d'ammoniac dans les profondeurs inférieures, mais seulement dans des nuages "frais". 3. L’intense activité volcanique d’Io pourrait être 100 fois supérieure à ce qui existe sur Terre. La chaleur et la fréquence d'éruption rappellent les débuts de la Terre. 4. Les interactions complexes du plasma d’Io dans son atmosphère incluent le soutien des courants et l'accouplement à l'atmosphère de Jupiter. 5. Galileo a découvert des preuves évidentes pour conforter la théorie d’un océan d’eau liquide sous la surface glacée d’Europa. 6. Ganymède pourrait être le premier satellite naturel connu à posséder un champ magnétique propre. 7. Les données du magnétomètre de Galileo fournissent des preuves qu’Europa, Ganymède et Callisto ont une couche d’eau liquide salée. 8. Europa, Ganymède et Callisto sont reconnues comme ayant une mince couche atmosphérique résultant de l’impact micro­météorique sur leur surface, libérant des gaz et de la poussière alimentant l’atmosphère 9. Le système d’anneaux de Jupiter est formé de poussières provenant des météorites interplanétaires qui ont percuté la surface des lunes intérieures de la planète. L'anneau le plus éloigné est en réalité composé de deux anneaux, incorporé l’un à l'autre. 10. Galileo est le premier engin à mesurer la magnétosphère d’une planète géante sur une période assez longue pour en identifier sa structure globale et expliquer sa dynamique. Avril 2014 ASTRONotes 30 27 LE DUO DE CHOC CASSINI/HUYGENS L UN PROJET LABORIEUX ’aventure Cassini démarre en 1980 en Europe lorsque Daniel Gautier de l'Observatoire de Meu­ don et Wing­Huan Ip de l'institut Max Planck proposent de dévelop­ per en partenariat avec la Nasa une mission d’exploration de la planète Saturne. D’autres chercheurs sou­ tiennent l’idée et la soumettent à l’ESA lors d’un appel à candidatures pour une mission planétaire. De son côté, la Nasa planche sur plu­ sieurs missions dont une à destina­ tion de la planète aux anneaux. De part et d’autres de l’Atlantique, on mise sur un orbiteur pour l’étude in­situ de la planète et ses lunes et sur un atterrisseur qui doit se poser sur Titan. Des contacts sont entre­ pris entre les différentes équipes pour déterminer l’architecture des vaisseaux et des objectifs scienti­ fiques à atteindre. A la fin des années 80, l’ESA sélec­ tionne l’atterrisseur Huygens tandis que la Nasa travaille en parallèle sur les missions Cassini et CRAFT (Comet RendezVous/Asteroid Fly­ by). Elles doivent utiliser une plate­ forme Mariner Mark II dérivée des engins du programme Mariner en lieu et place de la plateforme très sophistiquée en cours de développe­ ment pour la sonde Galileo en rai­ son des premières coupes budgétaires qui affectent les mis­ sions. Néanmoins, elle comporte un module orientable permettant de pointer les instruments de télédétec­ tion et un deuxième module en rota­ tion constante pour les instruments de mesure des champs et parti­ cules. Une fois le concept défini, les agences spatiales se réunissent pour choisir les expériences qui se­ ront embarquées. Connaissant tous 28 ASTRONotes 30 Avril 2014 Photo Nasa/JPL les enjeux d’une mission aussi ambi­ tieuse, coûteuse et qui aura une du­ rée opérationnelle dépassant la décennie, il est important de bien choisir les instruments qui seront installés afin de couvrir le plus large champ de recherche possible. Tout au long du développement de Cassini/Huygens, une véritable épée de Damoclès sera suspendue au­dessus de la tête des res­ ponsables. L’explosion du budget en est la raison principale. A plu­ sieurs reprises, les agences spatiales sont face à un choix cor­ néliens pour maintenir les ambi­ tions d’une des missions les plus ambitieuses de l’exploration plané­ taire. En 1992, Le concept des mo­ dules scientifiques orientables est abandonné et l'antenne grand gain devient fixe ce qui permet d'écono­ miser 250 millions $. Deux ans plus tard, la Nasa envisage tout bonnement l’annulation du projet au profit de la nouvelle stratégie qui donne priorité aux missions plus petites, moins chères et plus rapides à mettre en œuvre, tout l’opposé de Cassini. La menace est telle que le patron de l’ESA écrit une lettre au Vice­président améri­ cain lui demandant de poursuivre le développement en raison des sommes déjà investies. La lettre, qui souligne entre autre le manque de fiabilité du partenaire américain, aura des retentissements jusque dans les couloirs du Congrès. La mission est maintenue mais à quel prix ! La caméra grand angle mon­ tée sur la sonde est conçue à partir de pièces détachées issues du pro­ gramme Voyager. Pour faire de nouvelles économies, il est décidé de lancer la sonde avec des logi­ ciels incomplets et de télécharger les versions complètes une fois que cela sera nécessaire. Le budget to­ tal de la mission est évalué à 3,27 milliards $ dont 80 % sont à charge de la Nasa. A l’approche du lancement, une nou­ velle source de stress envahit les responsables de la mission. Cassini doit fonctionner à 1,4 milliard de km du Soleil, il n’est pas possible d’utiliser les panneaux solaires pour fournir l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de l’engin. Il faut avoir recours au générateur thermo­ électrique à radioisotope utilisant du plutonium 238 radioactif. La sonde en transporte 32,8 kg, de quoi inquiéter les mouvements éco­ logistes quant au risque encouru si la fusée explosait en vol. Après des recours déposés pour protester contre le lancement, la Cours l’auto­ rise. Il a lieu le 15 octobre 1997 avec succès. Lancement de Cassini ­ Photo Nasa/JPL UNE MISSION REUSSIE Tout comme Galileo, Cassini n’a pas la vitesse nécessaire pour joindre di­ rectement Saturne. Elle va re­ prendre la même route que son aînée pour atteindre sa destination. Les 26 avril 1998 et 24 juin 1999, elle survole Vénus avant de frôler la Terre le 24 août de la même année. Alors que Cassini vient de dépasser la Terre, les responsables de la mis­ sion découvrent que Cassini et Huygens ne communiquent pas sur la même longueur d’onde avec le risque de perdre 90 % des données recueillies par l’atterrisseur une fois sur Titan. Pour résoudre le prob­ Jupiter par Cassini ­ Photo Nasa/JPL lème, le plan de vol est modifié afin de limiter l'effet Doppler et donc la distance entre l'orbiteur et l'atterris­ seur au moment de l'arrivée de ce dernier sur Titan. De cette façon, la plage de fréquence de communi­ cations de Huygens entre dans les capacités du récepteur de Cassini. Le 30 décembre 2000, elle traverse l’orbite de Jupiter non sans avoir été mise à contribution pour une ob­ servation conjointe de la planète géante avec Galileo déjà sur place. A la fin du printemps 2004, Cassini arrive à destination. Le 11 juin 2004, elle entre dans l’environne­ ment de Saturne et croise sa pre­ mière lune. Phoebe est un petit corps rocheux de 230 km de côté circulant à une distance variant entre 11 millions et 15 millions de kilomètres environ de la planète. L’insertion orbitale a lieu le 01 juillet 2004, amorçant le début réel de la mission primaire qui doit du­ rer 4 ans. Durant cette période, de nombreux rendez­vous sont au pro­ gramme de Cassini, notamment avec Titan qui va devenir la cible privilégiée pour les caméras et ra­ dar de la sonde. L’un de ces ren­ dez­vous fera date dans l’histoire de l’exploration planétaire avec l’at­ terrissage réussi de Huygens sur Titan le 14 janvier 2005. L’engin re­ transmettra durant plus de deux heures une foule de données et cli­ chés de la plus grande lune du sys­ tème solaire. Si Titan est un monde fascinant pour les scienti­ fiques, c’est du côté d’Encelade que la surprise est venue. Lors d’un passage rapproché, Cassini a dé­ couvert des failles sur son pôle sud d’où émergent des jets de vapeur d’eau ! Une découverte de taille qui place Encelade dans le rang des astres potentiellement intéressants pour les exobiologistes. L’état de santé de Cassini et ses réserves d’ergols permettent d’en­ visager sérieusement une prolonga­ tion de la mission. Equinox Mission prend le relai à la mission primaire à la date du 30 juin 2008. Soixante orbites supplémentaires autour de Saturne sont inscrites au cours desquelles 7 survols d’Ence­ lade sont prévus ainsi que 21 de Titan. Cassini poursuit ainsi sa cartographie radar de la surface de cette dernière où l’on a découvert de nombreux lacs d’hydrocarbures. Après avoir dégagé 60 millions $ supplémentaire, la Nasa annonce être en mesure de poursuivre la mission au­delà de 2010. Elle pro­ pose la campagne Solstice mission qui doit s’achever en septembre 2017 par la désintégration de Cassini dans les hautes couches de l’atmosphère de Saturne mettant un point final à l’une des missions les plus réussies. Avril 2014 ASTRONotes 30 29 Calendrier des survols de Cassini ­ Photo Nasa/JPL L ' E X P L O R AT I O N D E T I TA N Si Cassini nous en apprend un peu plus à chacun des survols de Titan qu'elle réalise, l'atterrisseur européen Huygens a permis aux scientifiques de faire un grand bond en avant. Le 14 janvier 2005, après 21 jours de vol libre, Huygens pénètre dans l'épaisse atmosphère de Titan. Tout au long de sa descente, l'engin nous a fourni bon nombre de données grâce à ses 8 instruments: ­ ACP (Aerosol Collector and Pyrolyser) destiné à la collecte des aérosols qui circulent dans l'atmosphère de Titan; ­ DWE (Doppler Wind Experiment) a mesuré la vitesse des vents par effet Doppler; ­ GCMS (Gas Chromatograph and Mass Spectrometer) a étudié la composition chimique de l'atmosphère; ­ HASI (Huygens Atmosphere Structure Instrument) devait mesurer les propriétés physique de l'atmosphère et notamment détecter les décharges électriques des coups de tonnerre; ­ SSP (Surface Science Package) a servi à déterminer les propriétés de la surface de Titan; ­ DISR (Descent Imager/Spectral Radiometer) est un instrument destiné à prendre des clichés durant le descente et à l'atterrissage. Huygens a été larguée par la sonde Cassini le 24 décembre 2004. Ce n'est que 3 semaines plus tard que la sonde européenne pénètre dans les couches denses de l'atmosphère de Titan. Le premier contact a débuté vers 1 200 km à la vitesse de 22 000 km/h. Vers 170 km d'altitude, un premier parachute s'est déployé et donnant un premier coup de frein à la descente. Quelques 32 secondes plus tard, la sonde était à 160 km, altitude à la­ quelle, elle a libèré son bouclier thermique. Les instruments ont été activés et les premières mesures ont été prises. Au fur et à mesure que la sonde descendait vers la surface, elle a mesuré la vitesse du vent qui était va­ riable selon l'altitude, une pression atmosphérique qui augmentait de façon constante mais à plus forte échelle à partir de 50 km environ. La température diminuait également de façon constante jusque 50 km (­ 203°C) avant de remonter régulièrement jusqu'à atteindre le sol (­ 180°C). Vers 15 km, les nuages sont dépassés et la sur­ face a commencé à apparaître. Alors que les caméras prenaient les premières images, des structures étranges 30 ASTRONotes 30 Avril 2014 sont apparues. On pouvait y voir des chenaux ayant servi au drainage d'hydrocarbure et se jettant dans des étendues plus vastes, sorte de lacs. Aux abords de ces étendues, on y devine des rivages à l'instar de nos plages. Les données envoyées par Huygens confirme la présence d'argon, signe d'une activité géologique. La teneur en méthane a été mesurée avec précision, soit 5 % près du sol contre 1,5% avant l'arrivée de la sonde. A l'atterrissage, les premières données ont indiqué que la sonde s'est posée sur une surface meuble un peu comme le sable d'une plage. Le pénétrateur, qui s'est enfoncé à 15 cm de profondeur, a indiqué une constitution homogène. Malgré une luminosité équivalente à 1/1000 de celle sur Terre, Huygens nous a montré un horizon bien distinct de l'atmosphère ce qui indique une surface dégagée de toute brume. La surface e constellée de galets ne dé­ passant pas 15 cm et constitués de glace. La chaleur de la sond a fait fondre la glace comme en témoigne le dégazage qui s'en est suivi et qui a été détecté par les "renifleurs" de Huygens. Site d'atterrissage de Huygens ­ Photo Nasa/ESA/JPL Avril 2014 ASTRONotes 30 31 OU DECOUVRIR L'ESPACE P L A N E TA R I U M D E B R U X E L L E S Avenue de Bouchout 10 1020 Bruxelles (Belgique) Spectacles pour partir à la découverte de l'espace et formations en astronomie. Une initiative de l'Observatoire Royal de Belgique.. Visitez le site à l'a­ dresse www.planetarium.be/ Photo Planetarium de Bruxelles A G E N D A C U LT U R E L 23/04/2014 (18:30) A la Cité de l'espace (Toulouse): Les astéroïdes avec Mike Toplis, directeur de recherche au CNRS et Jean­Yves Pradot, ingénieur au CNES. 21/05/2014 (18:30) A la Cité de l'espace (Toulouse): Ariane 6, pourquoi un nouveau lanceur? avec Marien­Anne Clair, directrice adjointe à la Direction des lanceurs au CNES. Une conférence, une exposition se déroule près de chez vous? N'hésitez pas à contacter Destination Or­ bite. Une annonce sera publiée au numéro suivant. DANS LE PROCHAIN ASTRONOTES Comètes et astéroïdes Photo ESA 32 ASTRONotes 30 Avril 2014 Le dossier du prochain numéro sera consacré aux comètes et astéroïdes à l'heure où la sonde Rosetta s'approche de Churyumov­ Gerasimenko. Juillet 2012 ASTRONotes 23 33