
Du portage et peu de défauts sur les marchés
obligataires ?
Avec la persistance d’une croissance
anémique en zone euro, qui ne permet pas
d’envisager une baisse du taux de chômage,
et à l’inverse, un rebond de l’économie
américaine, les investisseurs vont devoir vivre avec une
situation de découplage qui nécessitera un pilotage très
fin de leurs allocations.
Tout d’abord, nous ne
constatons pas de bulle sur
les marchés obligataires.
Grâce à un « tapering »
(réduction des rachats
d’actifs) mesuré de la part de
la FED, nous devrions assister
à une reprise modérée des taux longs et en particulier
de l’écart entre le Bund et les Treasuries, qui se situe
historiquement à 100 points de base en moyenne. Ils
continueront à évoluer autour de leur niveau d’équilibre,
soit respectivement 2% et 3%.
La France bénéficie d’avantages structurels
Concernant la France, malgré une croissance faible et
un déficit élevé, sa dette bénéficie d’une très grande
liquidité, du fait de son statut de pays core et du rôle
de collatéral de ses titres sur le marché des dérivés.
Ce sont des avantages structurels qui ne seront pas
remis en question, même si nous pourrions assister à
une légère hausse de son spread, en bas de fourchette
aujourd’hui à 50 points de base, dans le sillage entre
autres des prochaines élections.
Les pays périphériques ne sont pas dans la même
situation, car de vrais problèmes politiques et
budgétaires persistent. Ils mettront plusieurs années
à être résolus, même si le risque systémique s’est
éloigné. Nous considérons par exemple que si la
demande sur les syndications d’obligations long terme
espagnoles a été dernièrement très forte, permettant
au spread de descendre sous les 20 points de base,
les marchés ont pu faire preuve d’une certaine
complaisance.
Le risque sur le crédit reste encore très
bien rémunéré
Par ailleurs, dans l’univers du crédit corporate, nous ne
pourrons pas rééditer les performances à deux chiffres
observés en 2013 sur le high yield et les convertibles.
Cependant le risque est encore plus que rémunéré sur
l’investment grade, voire sur le high yield, car les taux
de défaut sont à des niveaux historiquement bas, à
moins de 3 %, et le resteront au cours de l’année.
En outre, si dans un contexte de coût de financement
extrêmement faible, les volumes d’émissions des
corporates devraient atteindre à nouveau des records
en 2014, ceux des financières vont à l’inverse chuter du
fait des LTRO. En conséquence, le solde net (émissions
– remboursements) sur le crédit investment grade
sera négatif, ce qui représentera un excellent facteur
de soutien pour ce marché. Et il bénéficiera aussi des
toujours très importants montants de liquidité dont
disposent les investisseurs.
Le redressement des taux souverains sera modéré des deux côtés de
l’Atlantique. Le risque reste très bien rémunéré sur le crédit investment
grade.
Philippe Berthelot
Directeur de la gestion crédit, Natixis Asset Management
Nous ne
constatons pas de
bulle sur les marchés
obligataires.
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