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Fiches d’information • Conséquences
« Toutes les choses sont connectées comme le sang qui nous unit. Nous n’avons pas
tissé la toile de la vie, nous n’en sommes qu’une petite partie. Tout ce que nous faisons
à la toile, nous le faisons à nous-mêmes ». Ces paroles du chef indien Seattle sont
encore brûlantes d’actualité, près d’un siècle et demi après qu’elles aient été pronon-
cées. « Si les hommes crachent sur la terre, c’est sur eux-mêmes qu’ils crachent »,
ajoutait-il. Les changements climatiques nous touchent tous directement. Nous avons la
chance de vivre dans une partie du monde qui possède des avantages technologiques
pour en atténuer les impacts. En matière de santé, les pays du Sud sont cruellement
touchés, mais déjà, des maladies jadis inconnues chez nous frappent à nos portes.
FICHE 3.7
BILAN DE SANTÉ
Aux morts par noyades, accidents, ensevelissements ou coups
de chaleur dus aux événements climatiques extrêmes qui touchent
les pays du Sud, s’ajoutent celles causées par la contamination
des nappes phréatiques (épidémies de typhoïde ou de choléra)
ou la dégradation des sols (famine) qu’engendrent ces catastro-
phes. Les changements climatiques, en créant des conditions
propices à la propagation des insectes, favorisent la recrudes-
cence de maladies parmi les plus dangereuses de la planète. La
malaria tue en silence plus de 3000 personnes par jour, soit l’équi-
valent de l’écrasement d’une dizaine d’avions gros porteur. L’in-
secte piqueur qui transmet le virus prolifère dans les nappes d’eau
temporaires laissées par les pluies abondantes sous des climats
plus chauds. Depuis 1970, il a gagné 150 mètres en altitude en
zones tropicales. La seule cause de l’extension des virus en altitude
est le changement climatique. La dengue, un autre virus transmis
par les moustiques, s’est étendue depuis 1990 à partir des régions
équatoriales jusqu’au Mexique, Buenos Aires au Brésil et même
au nord de l’Australie. La cécité des rivières, aussi transmise par
des insectes, fait 3,5 millions de victimes par an. Plus les tem-
pératures tropicales gagneront les hautes latitudes, plus les espèces
qui habitent ces environnements y seront présentes, véhiculant
des maladies absentes jusqu’ici. C’est ainsi que la malaria gagne
aujourd’hui le sud de l’Europe où elle fait 80 000 victimes par an.
Le virus s’est même propagé jusqu’à Toronto en 2000. Une suc-
cession de variations climatiques extrêmes (hivers doux, prin-
temps pluvieux, étés chauds et secs) est à l’origine de l’extension
vers le nord du virus du Nil occidental. Des cas d’infection chez
les humains ont été recensés jusqu’à Montréal et plusieurs oiseaux
infectés par les insectes porteurs du virus ont été trouvés morts
depuis quelques années dans la vallée du Saint-Laurent. La maladie
de Lyme, transmise par les tiques, gagne aussi en latitude dans
les climats modérés humides. Dans les pays développés, les pre-
mières victimes du climat sont les gens âgés, les enfants et les
malades pulmonaires. La canicule, qui a frappé l’Europe lors de
l’été 2003, a décimé des milliers de personnes à cause des coups
de chaleur, du smog et de l’absence de climatisation.
¸ S’EN RENDRE MALADE
PORTRAIT DOMESTIQUE
Selon Santé Canada, les changements climatiques affecteront la
santé et le bien-être de la population. Le nombre accru de vagues
de chaleur, de périodes de froid et d’épisodes de smog, la pro-
lifération des insectes porteurs de maladie, la contamination de
l’eau et de la nourriture ainsi que l’appauvrissement de la couche
d’ozone stratosphérique toucheront de plus en plus de personnes,
notamment les populations à risque comme les personnes âgées,
les enfants et les gens à faible revenu.
Déjà, un grand nombre de Canadiens vivant en milieu urbain sont
exposés à des taux de pollution exacerbés par la présence d’ozone
au niveau du sol. À l’échelle du pays, près de 20 000 décès pré-
maturés seraient attribuables annuellement à la pollution atmo-
sphérique. On s’attend à ce que le nombre de journées où le ther-
momètre franchit les 30 oC passe de 10 à près de 50 par année à
London dans le sud de l’Ontario d’ici 2050, augmentant les risques
de mortalité qui accompagnent ces pointes de chaleur. En 2000,
une sécheresse suivie de fortes averses a contribué à contaminer
les réserves d’eau potable de la municipalité de Walkerton en
Ontario. La bactérie E.coli y a causé la mort de sept personnes.
Les augmentations de température favorisent aussi la propaga-
tion d’herbes allergènes, comme en témoigne l’explosion de
l’asthme observée depuis une vingtaine d’année. La transmission
de maladies par des insectes piqueurs comme le virus du Nil occi-
dental inquiète aussi les responsables de la santé publique. La
récente épidémie de SRAS à Toronto a démontré que nous étions
mal préparés à faire face à des types de maladies jusqu’alors
inconnues sous nos latitudes.
Dans un pays où la température demeure un sujet de conversa-
tion privilégié, les aléas du temps ont aussi des conséquences sur
la santé mentale des populations affectées par des pertes de revenu,
la diminution de la qualité de vie ou des vacances de la construc-
tion passées à écoper la tente. Les conditions climatiques extrêmes
augmentent aussi les risques associés à la santé au travail et aux
déplacements, tout en taxant davantage les systèmes de santé
déjà saturés.
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