La Lettre de la Fondation Page 5
quelques décennies, peuvent n’apparaître que comme de
simples fluctuations aléatoires de la météorologie à
l’échelle géologique, ce qu’on qualifierait en physique de
« bruit de fond ».
Les moyens d’investigation sont de plus en plus
nombreux, précis et variés dans
leurs principes. Ils permettent de
connaître avec une certitude
croissante le climat qui régnait
dans les temps de plus en plus
reculés (paléoclimatologie),
qu’il est parfois possible de
recouper avec des témoignages
écrits ou dessinés (gravures
rupestres…), mais aussi avec des
restes et débris végétaux
(pollens…) ou animaux. L’étude
des carottes de glace,
notamment, est précieuse, car
elle indique le rythme de
formation et de fonte de ces
glaces, et les bulles d’air
qu’elles emprisonnent nous
renseignent sur la composition
de l’atmosphère de l’époque.
On sait que le climat des
derniers millénaire n’a pas été
un long fleuve tranquille, mais,
au contraire, qu’il a été jalonné
de cycles alternant des périodes
glaciaires et des périodes plus
tempérées. On sait, notamment
par des gravures rupestres, qu’il
y a seulement quelques
millénaires, le Sahara était une
forêt luxuriante et humide dans
laquelle les humains s’adonnaient à la chasse d’une faune
abondante, similaire à celle qu’on trouve actuellement
dans les parcs naturels d’Afrique australe et orientale
(antilopes, girafes, etc.) En un mot, on peut se dire que les
caprices du temps qu’on observe actuellement ne sont que
des péripéties dans les cycles climatiques à l’échelle
géologique, et même que cette météo bizarre ne serait pas
significative d’une tendance du climat. Les sceptiques se
fondent aussi sur le fait que le XVIIe siècle a connu un
« mini âge glaciaire », et aussi que, dans la continuité des
glaciations périodiques, on devrait plutôt se diriger vers
un refroidissement global. En gros, même si votre
thermomètre a explosé en mai dernier, les cartes sont un
peu brouillées… Pour la suite de ce dossier, nous nous
appuierons essentiellement sur le dernier rapport du
Groupe d’experts internationaux sur le climat (GIEC,
www.ipcc.ch) daté de 2014, et en particulier sur l’exposé
« CLIMATE CHANGE 2013 » sous-titré « The Physical
Science Basis », qui comporte la bagatelle de 1 533 pages
(en anglais) ! Ce document détaille les bases physiques de
l’étude du changement climatique, aussi bien dans les
méthodes permettant d’en
mesurer l’ampleur, d’en
prédire l’évolution, de
maîtriser les incertitudes sur le
sujet, que des mécanismes
physiques qui sous-tendent les
phénomènes climatiques et
l’impact des activités
humaines sur le climat et
quelques mesures permettant
de se prémunir contre les
conséquences de son
évolution. Ce groupe d’expert
est, bien entendu, très
controversé, en particulier par
les climatosceptiques, mais il
est de plus en plus écouté par
les décideurs de la planète, et
ses rapports et prévisions
motivent les efforts en matière
de réduction des émissions de
gaz à effet de serre, de
production de substances
nocives pour la couche
d’ozone, d’élévation du niveau
moyen des océans, etc.
Rassurez-vous, nous n’allons
pas vous infliger l’indigeste
lecture du pavé du GIEC, nous
nous contentons d’en extraire
des passages qui éclairent le
travail de ses experts et permettent de le comprendre et
d’appréhender les méthodes de travail et ses résultats.
Comme vous aurez l’occasion de le constater en lisant
leurs explications, ces experts sont tout sauf péremptoires.
Animés par le doute scientifique, ils exigent une
multitude de vérifications, et de conclusions
convergentes, tant par l’observation que par le calcul de
puissants logiciels sur de non moins puissants ordinateurs,
avant de déclarer qu’« il y a un certain degré de certitude
que tel effet du climat résulte de conséquences
humaines ». Nous allons donc nous attacher à vous
expliquer cela et à vous montrer que le changement
climatique a diverses causes, dont la plupart sont
naturelles, mais pas toujours prévisibles (comme les
éruptions volcaniques, par exemple).
Le document qui nous a servi de référence pour élaborer ce
dossier… Plus de 1500 pages très techniques dans une
langue que Shakespeare lui-même n’aurait sans doute pas
comprise !