LES MAIRES DE VILLEJUIF DE 1790 À NOS JOURS Notre patrimoine : La Mairie Une maison seigneuriale du XVIIe siècle transformée en séminaire C’est en 1608 que le seigneur de la paroisse, M. de Bragelonne, fait construire, au centre de Villejuif, cette maison bourgeoise, entre cour et jardin, attenante à l’église. En 1638, le seigneur de l’Hay, alors propriétaire de la maison et désireux d’avoir auprès de lui quelques prêtres de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, leur offre de venir s’y établir pour desservir la paroisse. La même année fut créé le vicariat de Villejuif. Vue de l’ancienne maison seigneuriale. Carte postale ancienne. Coll. Archives communales de Villejuif. 5Fi174. 3 En 1672, le seigneur de Villejuif Jean Duret acquiert la seigneurie et revend, en 1674, la maison et l’ancienne ferme seigneuriale à la communauté des prêtres. À cette époque, la maison n’est constituée que d’une aile, située dans le prolongement de la façade de l’église. Il est décidé de l’agrandir. Plan de Villejuif dressé en 1747 par François Gallien pour Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Au centre, on distingue l’église et à sa gauche la maison curiale ; l’espace triangulaire derrière les deux bâtiments est le cimetière. Les lettres capitales correspondent à des terrains ou des maisons des Nicolaïtes. A : maison et jardin de la communauté (aujourd’hui mairie et parc Pablo-Neruda), B : le clos (jardin potager), C : le petit bois (emplacement de la Tour Paul-Bert), D : le potager, N : la ferme (emplacement de l’ancienne caserne des pompiers). Coll. Archives nationales. 4 Les Nicolaïtes lancent les travaux en 1694. Une aile, perpendiculaire à la première, est mise en chantier. Les fondements sont effectués pour la faire de la grandeur dont elle est aujourd’hui, mais on ne l’élève que de quatre croisées, laissant à fleur de terre les fondements du reste, qu’on réserve à achever quand ils en auraient le besoin. En 1736, une déclaration du roi ordonne aux communautés de Paris d’avoir une provision de blé pour leur subsistance. Afin de disposer d’un grenier, les Nicolaïtes relancent alors les travaux sur les anciens fondements pour former la façade actuelle donnant sur le jardin (composée de neuf croisées), et élever ce bâtiment de trois étages, le troisième étant destiné à stocker les provisions de blé pour trois années. Au milieu du XVIIIe siècle, la maison était construite, à peu près telle, dans sa grande masse, que nous la voyons encore aujourd’hui de l’extérieur. Devenu bien national à la Révolution, l’immeuble sera vendu en cette qualité au district de Bourg-la-Reine le 27 novembre 1792. Acquis par MM. Demetz, Champoulot et Garnier, il est alors affecté pendant quelques temps à recevoir les religieux des deux sexes que les événements politiques ont frappés d’aliénation. M. Orban l’acquit, le 23 février 1833, au prix de 60 000 francs, après la faillite de son propriétaire d’alors, Louis-Charles Parmentier, professeur de langues. 1837-1845 : une acquisition parsemée d’embûches Dès 1790, des délibérations mentionnent la « Maison Commune », lieu ordinaire où se tiennent les assemblées municipales. Quant aux assemblées générales, elles ont lieu dans l’église ou parfois, comme l’indique le « cahier des plaintes, doléances et remontrances de la paroisse de Villejuif du 14 avril de l’An 1789 », dans une des salles du séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Le terme de « Maison Commune », souvent usité dans les textes reste une énigme du fait d’un manque d’adresse précise. On sait seulement qu’avant l’achat de l’immeuble actuel en 1845, la mairie se trouve au 42 Grande rue (actuelle rue Jean-Jaurès) et qu’elle est louée. Le projet de 1837 Cependant, les années passant, les régimes se succédant, les besoins de la commune s’accentuent et l’immeuble du 42 Grande rue devient trop exigu. Sous le règne de Louis-Philippe, on songe même à construire une mairie, dans laquelle seraient rassemblées la mairie, l’école et la justice de paix. C’est l’architecte du département de la Seine pour les communes rurales de l’arrondissement de Sceaux qui en dessine les plans. La mairie devait se dresser rue du Moutier (actuelle rue GeorgesLe-Bigot) et coûter 60 000 francs. Ce projet, présenté en 1837, fut rapidement abandonné, car déjà se présentait la possibilité d’acquérir l’ancienne maison de repos du séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet appartenant alors à un certain Monsieur Orban. Projet de mairie pour Villejuif, en 1837. Côté gauche, la mairie ; côté droit, la justice de paix. Derrière (entrée par les 2 portes latérales), l’école des garçons et celle des filles. À l’étage, les appartements des maîtres. Carlos Escoda, Villejuif Notre Ville, Chronique d’histoire locale, mai 1988, p.21. 5 L’acquisition Orban Le 9 mai 1840, le conseil municipal adopte le projet, présenté par le maire Durand-Brager, d’acquérir au prix de 60 000 francs cette demeure. Cependant, Monsieur Orban mourut peu après. Ses héritiers refusèrent de ratifier la promesse de vente. La mairie continua donc à être en location pendant cinq ans. Le maire, au nom de la commune, intenta un procès contre les héritiers Orban. Le 7 février 1845, le tribunal civil rendait un jugement, tenant lieu d’acte de vente faisant ainsi droit à la requête de la commune. Entretemps, une ordonnance du roi, du 23 octobre 1844, avait autorisé l’acquisition et accordé un secours de 44 000 francs sur le fonds de réserve de l’octroi de banlieue. La commune de Villejuif devenait enfin propriétaire de sa mairie ! En ce XIXe siècle, il faut y loger l’école, la justice de paix, trouver de la place, au second étage, pour les appartements de fonction, puis installer une bibliothèque, sans compter le secrétariat de mairie, les services du receveur... La mairie. Les mentions Greffe, Justice de paix et Salle d’audiences sont visibles sur la façade. Carte postale ancienne. Coll. Archives communales de Villejuif. 5Fi181. 6 Les agrandissements de la mairie de la fin du XIXe siècle à nos jours Rapidement le bâtiment s’avère trop petit. Il est alors décidé de construire, en annexe, une avancée dans laquelle on installa dans un premier temps les écoles jusqu’à ce que les écoles communales fussent construites en 1889. Cette avancée qui dénaturait la façade sud du bâtiment sera finalement détruite en 1996. Façade de la mairie côté jardin public. Le bâtiment annexe qui abrita l’école communale est visible. Février 1982. Carte postale ancienne. Coll. Archives communales de Villejuif. 5Fi191. Photo service Communication. Coll. Archives communales de Villejuif. Dans le premier quart du XXe siècle, la Municipalité acquiert un immeuble et l’espace de l’ancienne ferme, jouxtant tous deux la mairie côté ouest, pour y aménager le patronage laïc municipal. Puis, au gré du temps, cet espace passe de mains en mains. Un ordre de réquisition du 12 avril 1940 fait de l’antique ferme, la caserne des pompiers, qui y restera jusqu’en 1983. Puis c’est au tour de divers services municipaux d’occuper les lieux jusqu’au démarrage de l’opération d’aménagement et d’extension de l’aile de la nouvelle mairie en 1994. Ordre de réquisition des bâtiments communaux et du matériel adressé par le chef de bataillon Bonnard, commandant du secteur d’Ivry au maire de Villejuif. Coll. Archives communales. VTAD 1282. 7 Deux paramètres essentiels sont à l’origine de ce projet : l’état de grande vétusté des différents locaux abritant certains services municipaux et les problèmes liés à l’accueil de la population. L’opération consista à réhabiliter deux granges situées sur l’emplacement de l’ancienne caserne des pompiers pour y réaliser une salle polyvalente qui accueillerait les séances du conseil municipal et les cérémonies de mariage. L’ancienne caserne des sapeurs-pompiers de Villejuif. Vers 1980. Photo service Communication. Coll. Archives communales de Villejuif. Perpendiculairement à l’Hôtel de ville, donc face à l’église, et le long de la rue Georges-Le-Bigot, de nouveaux locaux furent construits afin d’y accueillir les services municipaux. L’opération se déroula en deux tranches successives et fut définitivement achevée en 1998. Extension de la mairie. Au fond, les deux granges réhabilitées qui abritent notamment la salle du conseil municipal. Novembre 1995. Photo service Communication. Coll. Archives communales de Villejuif. 8 Galerie des Maires de Villejuif Le mot maire trouve son origine dans le mot « maior » quand il désigne le représentant du domaine : c’est celui qui administre le village pour le compte du seigneur. Le maire fait son apparition dès le XIIe siècle, lors du mouvement communal. Les seigneurs décident de donner plus d’autonomie aux villes et villages en accordant droits et privilèges politiques, juridiques et civiles. Ce système est confirmé par une charte communale. Les représentants des habitants s’appelleront, selon l’époque et les lieux, pairs, échevins ou conseillers. L’édit royal de 1692 supprime les fonctions de magistrats élus. L’administration municipale reste sous le contrôle de l’intendant général jusqu’à la Révolution française. La première loi municipale prise le 14 décembre 1789 stipule que toutes les assemblées d’habitants auront à leur tête un maire et des conseillers élus. Le 22 décembre, 44.000 municipalités s’installent au sein des « communautés d’habitants », soit autant que de paroisses. Les premières élections municipales ont lieu en février 1790. La loi du 19 avril de la même année instaure « une écharpe aux trois couleurs de la nation, bleu, rouge et blanc, attachée d’un nœud, et ornée d’une frange couleur d’or pour le maire, blanche pour les officiers municipaux ». Pour être électeur, il faut alors payer un impôt égal au moins à trois journées de travail (trois livres). Les plus pauvres sont écartés, d’où peu d’électeurs dans les communes modestes. Les élus doivent payer un impôt au moins équivalent à dix jours de travail. Jusqu’en 1799, les maires sont élus au suffrage direct censitaire. De 1799 à 1882, ils sont tantôt nommés par le roi ou par le préfet, tantôt élus par le conseil municipal, selon les régimes et la taille de la commune et ce jusqu’à la loi d’organisation municipale du 28 mars 1882, toujours en vigueur, qui stipule que le maire est désormais élu par le conseil municipal. Elle est complétée par la loi du 5 avril 1884 qui fixe le mandat à quatre ans (en 1929, la durée est portée à six ans) et qui attribue une clause générale de compétences aux communes, ce qui représente une extension significative de leurs attributions. 9 Blason de la ville. Coll. Archives communales de Villejuif. Constitution de la 1ère municipalité élue le 8 février 1790. Registre des délibérations du conseil municipal de 1790 à 1792. Coll. Archives communales de Villejuif. CHARLES NICOLAS RADOT (1790-1791), premier maire de Villejuif, période révolutionnaire des principaux artisans du Cahier de doléances de Villejuif, signé le 14 avril 1789, le jour même où il est désigné député de la paroisse par l’assemblée du Tiers État4. Secondé par deux adjoints, ses responsabilités s’accroissent tout au long de l’année 1789. Le 8 février 1790 l’assemblée électorale désigne le Conseil général de la commune5 qui élit à son tour le maire. Charles Nicolas Radot devient ainsi le premier maire de l’histoire de Villejuif. Il n’est pas réélu le 13 novembre 1791, conformément à la loi qui le lui interdit. Il meurt le 15 mars 1806, à Villejuif, où il vécut toute sa vie. Les armes de la Ville et sa devise « tout cède à notre union » sont issus d’un cachet adopté pendant son mandat et destiné aux actes de l’administration. Le sectionnement territorial de Villejuif pour aider au calcul de l’impôt foncier, sectionnement repris lors de l’élaboration du cadastre et pour la division actuelle de la ville en quartiers, a également été adopté lors de son mandat. Charles Nicolas Radot est né à Villejuif le 9 août 1721 dans une famille de notables. Son grand-père se désigne comme marchand-plâtrier et a eu la charge de lieutenant du bailliage1, son père est laboureur. Son mariage avec Élisabeth Louise Barre renforce sa notoriété, Jean Barre, son beau-père étant le fermier locataire de la ferme seigneuriale. En 1760, il déclare posséder plusieurs parcelles de terres, dont des vignes et une plâtrière grand chemin de Monsivry (rue Ambroise-Croizat). À la veille de la Révolution, il a déjà une expérience en politique locale après avoir été marguillier2 de la paroisse. En 1787, il est choisi comme syndic3 pour représenter les habitants aux côtés du curé de la paroisse et du seigneur. Il n’y a alors pas de lieu pour délibérer à l’issue de la messe du dimanche. Le choix d’une maison commune se porte alors sur l’immeuble au 42 de la Grande rue. Son statut de syndic l’amène à être l’un (1) Le lieutenant de bailliage suppléait le bailli dans les questions juridiques. Le bailli représentait l’autorité royale dans son baillage et était chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l’administration en son nom. (2)Un marguillier est un laïc, membre du conseil de fabrique, chargé de l’administration des biens de la paroisse, de veiller à l’entretien des locaux, de tenir les registres paroissiaux et de préparer les affaires qui doivent être portées au conseil. Ce n’est pas une profession mais une charge. (3)Partie de la population française qui, sous l’Ancien Régime, n’appartenait pas aux deux ordres privilégiés : la noblesse et le clergé. (4) Notable chargé de représenter, d’administrer et de défendre les intérêts d’une paroisse ou d’une communauté rurale. (5) Terme désignant l’assemblée élue dans les paroisses à partir de 1790. En 1800, lorsque Bonaparte rétablit l’administration communale, il est remplacé par le terme Conseil municipal. 10 CLAUDE ANDRE LESAGE (1791-1793), période révolutionnaire Claude André Lesage est né à Villejuif le 3 juillet 1748. Il exerce la profession de tailleur d’habits au 93 Grande Rue. Sa position d’artisan lui permet de faire partie du corps électoral et de contribuer à la vie politique locale. En avril 1789, il participe à la rédaction du Cahier de doléances dont il est l’un des signataires. Lors de l’élection de la première municipalité, le 8 février 1790, il est élu premier officier municipal du maire Charles Nicolas Radot. Le 25 mai 1790, il s’engage volontairement pour servir dans la Garde nationale de la paroisse6 de Villejuif. Le 13 novembre 1791, lors du renouvellement de la Municipalité, il est élu maire de Villejuif. Il le reste jusqu’en mars 1793 où il est appelé à d’autres fonctions au sein de l’administration du district de Bourg-laReine. Dès son élection, il met en place un rythme régulier pour les réunions du Conseil général de la commune (tous les quinze jours). Sous son mandat, marqué par la radicalisation de la Révolution, il doit faire face aux problèmes de sécurité, liés notamment à la grande route de Paris à Fontainebleau où passent toutes sortes de populations difficilement contrôlables. Il décède à Villejuif le 14 décembre 1825. Acte d’engagement volontaire de Claude André Lesage dans la Garde nationale de la paroisse. Registre des délibérations du conseil municipal de 1790 à 1792. Coll. Archives communales de Villejuif. (6) Force de l’ordre essentiellement chargée de la tranquillité publique, armée et en uniforme mais non soldée, non professionnelle et sous autorité civile. PIERRE FRANCOIS DARBLAY (1793-1795), période révolutionnaire sont limogés, tandis que Pierre Darblay continue d’assurer sa fonction de premier magistrat. Au cours de son mandat il prend l’initiative de faire nettoyer la mare de la rue du Moutier car celle-ci ne remplit plus son rôle d’abreuvoir, contraignant les habitants à se rendre puiser l’eau dans la Seine. Il intervient également auprès des boulangers afin de les contraindre à baisser significativement les prix du pain, le blé étant devenu une denrée rare. C’est également sous son mandat que les prêtres assermentés quittent Villejuif et la prêtrise. L’église devient alors temple de la Raison. Le 5 brumaire an III (26 octobre 1794), Pierre Darblay, en raison de l’interdiction de cumuler les fonctions, choisit de se consacrer à sa charge de maître de poste et cède son fauteuil de maire. Pierre François Darblay est né le 28 août 1759 dans la région d’Étampes. Il appartient à une famille qui s’illustrera au cours des XIXe et XXe siècles dans diverses branches de l’industrie. Sa charge de maître de la poste7 aux chevaux de Villejuif, sise 48 Grande Rue (actuel 100 rue Jean-Jaurès), fait de lui un personnage officiel, fonctionnaire et lui permet de nouer diverses relations. Les équipages doivent être prêts à tout moment, ce qui donne priorité au maître de poste pour s’approvisionner, avec le risque d’accaparer8. À cette période il occupe également la fonction de maire depuis mars 1793. C’est l’époque de la Terreur, la municipalité n’est pas épargnée : tous les officiers municipaux, sauf un, (7) Personne qui tenait un relais de poste aux chevaux. Il fournissait, moyennement certains avantages, des relais aux voitures de l’administration des postes. (8) Amasser une denrée quelconque en grande quantité pour en produire la rareté et la revendre fort cher. Vue de Villejuif du côté de l’abreuvoir. Supplément au petit Atlas pittoresque des 48 quartiers de la ville de Paris. 11 DENIS HUGUES GODEFROY Plan du canton de Villejuif dressé par C.V. Monin, ingénieur géomètre, d’après les travaux de Cassini, ceux du Cadastre et du Dépôt de la Guerre. Supplément au petit Atlas pittoresque des 48 quartiers de la ville de Paris. (1795), dernier maire de la période révolutionnaire Denis Hugues Godefroy est né à Villejuif le 1er avril 1749. Son grand-père maternel, Jean Barre, était fermier du seigneur de Villejuif. Lui-même hérite des plâtrières familiales à Villejuif. Il est élu notable le 14 novembre 1790 et nommé au Comité de surveillance de la commune en 1794. Suite à la démission de Pierre Darblay, Denis Hugues est élu maire de Villejuif le 19 frimaire an III (9 décembre 1794). Mais son mandat ne dure que quelques mois. En effet, le Directoire supprime les municipalités dans les communes de moins de 5000 habitants, dont Villejuif, en septembre 1795. La commune est alors gérée à l’échelon du canton9. Il décède à Villejuif le 16 avril 1806. (9) Les municipalités des communes sont rétablies par Bonaparte en 1800. 12 BARTHELEMY JACQUES JOSEPH REMI DRET (1800-1804), Consulat Barthélémy Dret est né à Troyes le 24 août 1756, d’un père tisserand. Connu pour avoir exercé le mandat de Commissaire du gouvernement auprès de l’administration cantonale de Villejuif jusqu’en l’an VII, il habite Grande rue et est propriétaire d’une maison de la rue du Moutier (vendue comme bien national) où se tiennent les séances de l’administration municipale du canton. Il devient maire de Villejuif suite au coup d’état de Napoléon Bonaparte. Deux faits saillants marquent Villejuif pendant son mandat. En 1802 le culte catholique est définitivement rétabli10 puis, en 1803, il doit faire face à la grève des moissonneurs de Villejuif dite grève « des faucilles11 ». N’étant pas renouvelé dans ses fonctions en 1804, il cède sa place à Jean-Louis Barre. Il quitte finalement Villejuif pour Choisy-le-Roi (entre 1815 et 1821) et meurt à Paris le 23 janvier 1835. (10) Avec la signature du Concordat (1802), l’église rouvre officiellement ses portes et le curé Vaillant prend officiellement en mains les destinées de sa paroisse en même temps qu’il devient fonctionnaire. Le conseil de fabrique de Saint-Cyr et Sainte-Julitte, chargé d’administrer la paroisse, est rétabli et devient un organisme officiel. (11) Rapport de la préfecture de police, daté du 9 thermidor an XI, concernant la journée du 8 thermidor (27 juillet 1803) : « Hier, les moissonneurs de Villejuif, au nombre de quarante, se sont coalisés pour demander de l’augmentation, et ont menacé de briser les faucilles de ceux qui n’imiteraient pas leur exemple. La fermeté du maire et la présence de la gendarmerie ont bientôt rétabli l’ordre ; les mutins sont rentrés dans le devoir, et tout est tranquille. On a beaucoup plus de peine à se procurer des moissonneurs cette année que les années précédentes. » JEAN-LOUIS BARRE (1805-1814), Empire Jean-Louis Barre est né le 5 décembre 1768 à Villeneuvesur-Seine. Il est le neveu de Charles Nicolas Radot, ses parents tiennent une auberge dans la Grande rue. Il assume des responsabilités importantes au sein de l’administration communale dès 1793. Fidèle à Napoléon, il est nommé maire, par le Premier consul, en 1804. Il le reste jusqu’à la chute de l’Empereur et au retour des Bourbons en 1814. Il demeure toutefois conseiller municipal et juge de paix du canton12. En 1811, on réalise le premier cadastre de Villejuif. Une connaissance précise des propriétés bâties et non bâties et de la voirie permet ainsi un meilleur prélèvement de l’impôt et des taxes foncières. Après la révolution de Juillet 1830 et la chute des Bourbons, il assume provisoirement les fonctions de maire pour préparer localement la mise en place du nouveau régime de Louis-Philippe. Il décède à Vitry-sur-Seine le 27 août 1845. (12) Les justices de paix étaient des institutions juridiques de proximité, mises en place en 1790 et supprimées en 1958. Il en existait une par canton. Le juge de paix avait pour principale mission de régler les litiges de la vie quotidienne par une démarche conciliatrice : petites affaires personnelles et mobilières, conflits bénins entre particuliers, contraventions de simple police. L’accès à la fonction ne nécessitait aucune qualification particulière en droit, mais résultait d’un vote, puis d’une nomination. Dès lors, on retrouve principalement des personnes dotées d’une autorité morale et d’une situation sociale établies. Planche cadastrale de Villejuif. 1812. Coll. Archives communales de Villejuif. 13 ALEXIS JACQUES DE SERRE DE SAINT ROMAN (1814-1830), Restauration Condé) porte atteinte à son père qui est incarcéré, condamné à mort et exécuté. Il rentre en France pendant le Directoire, retrouve sa famille et ses biens que sa mère a su conserver. Ses idées politiques le placent du côté des ultraroyalistes13, qui connaissent leur apogée pendant le règne de Charles X, de 1824 à 1830. Alexis Jacques de Serre de Saint-Roman mène l’essentiel de sa vie publique pendant la Restauration, période pendant laquelle la monarchie est rétablie avec les frères de Louis XVI (Louis XVIII et Charles X). Il occupe le fauteuil de maire de 1814 à 1830. Homme du régime, il est également promu comte et pair de France (1815), fait chevalier de Saint-Louis et chevalier de la Légion d’Honneur (1823) et président du conseil électoral de l’Allier où il possède des mines. Sous son mandat, le cimetière est transféré des abords de l’église vers des terres acquises au Trou-Fary, lesquelles terres constituent en partie le cimetière actuel. À l’avènement de Louis-Philippe qu’il considère comme un usurpateur (car descendant de la famille d’Orléans et non plus descendant de droit divin), il démissionne de ses différents mandats. Il meurt à Paris, le 25 avril 1843 et est enterré à Villejuif, dans le cimetière familial autour du Château. Vues du château des Saint-Roman. Fin 19e siècle. Photos Eugène Atget. Alexis Jacques de Serre de Saint-Roman naît à Paris le 13 mai 1770. Son père, Jacques de Serre de Saint-Roman, est conseiller au Parlement, secrétaire du roi et seigneur de Villejuif. En 1790 il est l’un des premiers nobles à émigrer. Son engagement au sein de l’armée des princes émigrés (armée de (13) Couramment appelés Ultras, ils forment la force politique prépondérante au cours de la Restauration (1814-1830). Leur influence décroît pendant la monarchie de Juillet (1830-1848), mais subsiste jusqu’en 1879. Les Ultras prônent un retour à l’Ancien Régime, un renforcement de la noblesse, et un pouvoir autoritaire au roi. JEAN-LOUIS BARRE (1830), monarchie de Juillet cf. page 13 JEAN-JACQUES DENIS GODEFROY (1831-1834), monarchie de Juillet Bas-relief représentant l’épidémie de choléra de 1832 à Paris. 3 septembre 2009. Photo Tangopaso. Jean-Jacques Denis Godefroy est né à Villejuif le 7 fructidor an VIII (25 août 1800). Il est le petit-fils de Denis Hugues Godefroy, maire en 1795 et le fils de Denis Charles Godefroy, adjoint au maire Jean-Louis Barre. D’abord conseiller municipal, il est nommé maire par arrêté ministériel du 2 mai 1831. Pendant son mandat, qui ne dure que trois ans, il doit faire face à la terrible épidémie de choléra qui frappe l’ensemble du pays au printemps et à l’été 1832. Cette année-là, le taux de mortalité augmente de 50% à Villejuif. Il donne sa démission au début de l’année 1834, pour une raison inconnue. De 1837 à 1855, il siège à nouveau au conseil municipal. Il décède à Villejuif le 21 avril 1866. Médaille attribuée au comte d’Argout, ministre du commerce, en hommage à son dévouement dans la gestion de l’épidémie de choléra de 1832. Photo anonyme. 14 FRANCOIS PERON (1834-1842), monarchie de Juillet François Péron naît à Crespières, dans la Seine-et-Oise (actuel département des Yvelines) le 26 octobre 1797. Il devient maire à 37 ans, en 1834. Comme Pierre Darblay il est maître de la poste aux chevaux. Le fait que Villejuif possède une poste aux chevaux est l’un des arguments qu’il avance pour proposer Villejuif comme siège de sous-préfecture, projet qui n’aboutira pas. Il envisage également l’acquisition de l’ancienne propriété des prêtres de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à côté de l’église pour en faire la mairie. Mais au décès du propriétaire d’alors, monsieur Orban, ses héritiers refusent de ratifier la promesse de vente et le projet est abandonné, pour un temps. François Péron fait assécher la mare de la rue du Moutier, installer un égout pour évacuer les eaux usées et installer des fontaines alimentant Villejuif avec les eaux souterraines. Il abandonne sa charge de maire en 1842. Il retrouve son poste en mai 1852, après le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte, en remplacement de César Clairat. En 1854 il quitte définitivement la mairie. Il meurt le 26 décembre 1857 à Villejuif. Borne fontaine datant du XIXe siècle. Aujourd’hui en service dans le parc PabloNeruda, elle permettait autrefois aux Villejuifois d’accéder à l’eau potable. Photo Christophe Pain. Coll. Archives communales de Villejuif. VITAL DENIS DURAND-BRAGER (1843-1848), monarchie de Juillet Vital Durand-Brager est né le 8 octobre 1785 à Mayenne. Il s’installe à Monsivry, dans l’ancienne ferme seigneuriale du chapitre de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il entre au conseil municipal de Villejuif en juin 1840 et devient maire le 26 octobre 184314. La révolution de février 1848 et la chute de Louis-Philippe entraîne son départ de la mairie. Son mandat est marqué par l’acquisition, initiée par son prédécesseur François Péron, de la maison de campagne des prêtres de Saint-Nicolas-du-Chardonnet afin d’y installer la mairie. Le bâtiment est suffisamment vaste pour accueillir la salle d’audience de la justice de paix, une nouvelle école et sa bibliothèque. Il aménage également la place de la mairie. Après sa mort, le 5 novembre 1853, le domaine de Monsivry est démoli pour laisser place aux briqueteries. (14) En 1842-1843, l’intérim est assuré par l’adjoint au maire Jean-Cyr Thibault. 15 La place de la mairie. Carte postale ancienne. Coll. Archives communales de Villejuif. 5Fi187. CESAR CLAIRAT (1848-1851), IIe République César Clairat est né à Poitiers le 9 juillet 1804. Quand il s’installe à Villejuif, en 1832, il vient d’obtenir son titre de docteur en médecine. Son poste de médecin du Bureau de Bienfaisance lui permet d’être inscrit sur les listes électorales de la ville, en tant qu’électeur « qualifié ». Le 7 juin 1846 il est élu conseiller pour un mandat de 6 ans. En février 1848, le roi Louis-Philippe est renversé et la république est proclamée. César Clairat est désigné maire de Villejuif le 14 mars. La crise et le chômage frappent le pays en 1848. Villejuif n’est pas épargné. La municipalité offre alors du travail aux chômeurs (achèvement du tracé de la ruelle aux Prêtres, démolition des bâtiments annexes de la maison communale, construction des murs entourant les jardins et potagers des fonctionnaires communaux, y compris celui du curé …). Pendant ses trois années de mandat, César Clairat parvient à assainir les finances communales. Le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, provoque sa révocation. Il continue ses missions de médecin auprès des indigents, de plus en plus nombreux au fur et à mesure de l’installation de populations ouvrières. Il décède le 12 mars 1870, quelques mois avant la chute du Second Empire. FRANCOIS PERON (1852-1854), Second Empire cf. page 15 JEAN-CHARLES LEGROS (1855-1856), Second Empire Jean-Charles Legros est né à Cuchery, dans la Marne, le 27 juin 1782. Il s’installe à Villejuif comme marchand de vin au 104 Grande Rue. Bonapartiste, il est nommé maire par le préfet de la Seine le 31 janvier 1855. Il le reste à peine deux ans, jusqu’en novembre 1856. Si, à Villejuif, Legros se contente de gérer les affaires courantes, son mandat est marqué par le décès d’au moins trois Villejuifois pendant la guerre de Crimée15 en 1855-1856. Ces événements et son âge font que Legros sera poussé à démissionner. Il meurt à Villejuif le 7 juin 1864. Campagne de Crimée. Carte postale ancienne. Tombe de la famille Legros au cimetière de Villejuif. 29 juin 2012. Photo Christophe Pain. Coll. Archives communales de Villejuif. 16 (15) Guerre de 1854-1856. Dès 1850, les visées de la Russie sur l’Empire ottoman alarment le gouvernement britannique. L’invasion des provinces moldo-valaques, la destruction de la flotte turque à Sinop (novembre 1853), conséquences du refus du sultan d’accorder au tsar le protectorat de tous les orthodoxes, décident l’Angleterre à intervenir. Napoléon III, désireux d’effacer la honte du congrès de Vienne de 1815, lui emboîte le pas. Les hostilités sont ouvertes le 27 mars 1854. Les Alliés portent leur action sur Sébastopol. Si Totleben résiste 11 mois durant, les contre-attaques russes sont repoussées à Balaklava (25 octobre) et à Inkerman (5 novembre). L’assaut victorieux de Mac-Mahon sur la tour Malakoff (Malakhov), le 8 septembre 1855, entraîne la chute de Sébastopol. La Russie est contrainte d’accepter les conditions des Alliés lors du Congrès de Paris en 1856. Le traité, signé le 30 mars, neutralise la mer Noire, garantit l’intégrité de l’Empire ottoman et l’autonomie des principautés danubiennes et établit la liberté de navigation sur le Danube ainsi que les bases du droit maritime international. Combats de Villejuif. L’ennemi est refoulé au-delà de la Bièvre. Dessin de M. Deroy, d’après un croquis de M. Darjou. Coll. Archives communales de Villejuif. ONESIME THEODORE LEFEVRE (1856-1871), Second Empire Onésime Théodore Lefèvre est né à Persan (Seine-Saint-Denis) le 7 juin 1823. Sa famille lui offre de solides études qui font de lui un ingénieur, un géomètre et un cartographe. Vers 1848 il s’installe à Villejuif, 106 Grande Rue. Un décret impérial daté du 12 novembre 1856 le désigne maire de Villejuif puis les décrets des 14 juillet 1860 et 26 août 1865 le confirmeront à son poste. En 1870, lors du renouvellement des conseils municipaux, il est réélu par les Villejuifois, au suffrage universel et reconduit comme maire. Durant cette période, Villejuif connaît un début d’industrialisation, avec le développement des briqueteries au nord de la commune (l’ancienne propriété des Célestins cède la place à la briqueterie de Gournay), l’exploitation de carrières. De petites fabriques s’installent également le long de la grande route, dans le bourg et les artisans se font de plus en plus nombreux. La population passe de 1813 à 2308 habitants, soit une hausse de 27,3% entre 1861 et 1865. Alors qu’un nouveau quartier s’esquisse dans le nord, qu’un renouvellement de la population s’opère, le changement le plus important à mettre à l’actif de la municipalité Lefèvre est sans conteste l’installation de l’eau courante aux termes d’un contrat passé entre la commune et la Compagnie générale des eaux le 31 juillet 1857. Villejuif entre quelque peu dans la modernité. Mais la guerre de 1870 éclate. Onésime Théodore Lefèvre organise l’évacuation ordonnée par l’autorité militaire, aide l’installation de familles dans les quartiers de la Capitale. Il meurt brutalement le 19 janvier 1871. AMABLE CAPY (1871-1881), IIIe République Entrée sud de Villejuif. Janvier 1871. Dessin de Morland. Amable Capy est né le 9 avril 1832 à La Ville-du-Bois (Essonne). Épousant une Villejuifoise, il s’installe au 37 Grande Rue. Conseiller municipal de janvier 1869 à août 1870, il est élu maire lors des élections municipales du 11 août 1871 organisées par la République naissante. Il le reste jusqu’au 5 février 1881. Villejuif est alors une commune meurtrie par la guerre franco-prussienne16, les bombardements, les combats de la Commune. L’essentiel de son mandat consiste à faire surmonter ce traumatisme : obtenir des subventions pour réparer les bâtiments communaux, quasiment tous endommagés par la guerre, remettre en état la voirie, assurer les rentrées scolaires, aider les Villejuifois à obtenir réparation pour leurs propres biens… Durant ces années, la population de Villejuif augmente significativement, notamment grâce aux briqueteries et fonderies de graisse qui s’installent dans le BasVillejuif. Une ligne de tramways à chevaux est établie entre la place Valhubert (5e et 13e arrondissement) et le Bas-Villejuif pour desservir ce quartier en expansion. En 1881, il se retire à L’Haÿ-les-Roses où il meurt le 3 novembre 1913. (16) La guerre franco-prussienne de 1870-1871 est un conflit qui opposa la France et les états d’Allemagne sous la domination de la Prusse. Ce fut une guerre (à peine six mois) qui se déroula de la mi-juillet 1870 jusqu’à la fin janvier 1871. Le théâtre des opérations se situa principalement en France. Aucune bataille (hormis la première) ne se déroula sur le territoire allemand. Cette guerre peut être divisée en deux périodes : la Guerre Impériale et la Guerre Républicaine (ou de la Défense Nationale). La période impériale d’une durée d’un mois et demi environ vit la perte de l’Alsace, l’invasion de la Lorraine, et le siège de la ville de Metz. La désastreuse bataille de Sedan, tournant de la guerre amena la chute de l’Empire et la proclamation de la République. Ensuite la période républicaine d’une durée de cinq mois environ où de grandes armées furent improvisées. L’armée de Paris eu à subir le siège de la ville ainsi que son bombardement. Les armées de province essayèrent de dégager la Capitale et de couper les lignes d’approvisionnement de l’armée allemande. La guerre prend fin avec la capitulation de Paris le 28 janvier 1871. Suite au traité de paix de Francfort, signé le 10 mai 1871, la France perd l’Alsace (sans Belfort) et une partie de la Lorraine (avec Metz), intégrées à l’empire allemand en tant que «territoires d’empire». De plus, cinq milliards en francs or doivent être payés par la France, une armée d’occupation devant rester sur une partie du territoire jusqu’au versement complet de la somme. Suite aux évènements, Napoléon III s’exila en Grande-Bretagne où il rejoignit sa famille. 17 HYACINTHE EMMANUEL REULOS (1881-1904), IIIe République Hyacinthe Emmanuel Reulos, maire de Villejuif de 1881 à 1904. Portrait. Photo Dacron. Coll. Michel Reulos. des terres à blé et des vignes. Vers 1890, il engage d’énormes travaux afin de raboter la côte et permettre à l’omnibus de monter sur le plateau et d’accéder au centre-ville. Du point du vue monumental, son passage à la mairie est marqué par l’édification de l’Asile départemental et des écoles communales. Dans l’administration, il met en place des services propres à une agglomération urbaine et non plus à un gros bourg rural (les services de voiries et d’entretien s’étoffent...), la Caisse des écoles entre en fonctionnement après la loi de 1882 sur l’organisation de l’école publique. Il multiplie Affiche : Arrêté interdisant également les efforts les manifestations du culte sur pour faire admettre la voie publique. un règlement sanitaire Courtin. Imprimerie de Vitry. 31 mars 1899. pour la commune, une Coll. Archives départementales du Val-de-Marne. première à Villejuif. Mais la grande question qui agite son mandat est sans doute la séparation de l’Église et de l’État et ses conséquences sur la commune. Au sein du conseil municipal, bien qu’appartenant à la minorité anticléricale, il parviendra à faire voter un arrêté interdisant les processions religieuses y compris lors des cortèges au cimetière. Il meurt en 1906. Hyacinthe Emmanuel Reulos est né le 12 juillet 1841 à Marceyles-Grèves, dans la Manche, de parents cultivateurs. Afin de poursuivre des études de médecine, il monte à Paris et obtient son doctorat en août 1869. Il se marie le 5 novembre 1870 avec la fille de Pierre-François Batrel, conseiller municipal de Villejuif de 1855 à 1870 et, surtout, huissier de la justice de Paix de Villejuif. Le couple s’installe d’abord rue du Moutier, en 1871, puis très rapidement élit domicile au 163 de l’avenue de Paris. A Paris, il rencontre Georges Clemenceau et très rapidement s’affirme d’esprit républicain et, de plus en plus comme un radical avancé. Le 5 février 1881, Jules Grévy, ministre de l’Intérieur, le nomme au poste de maire, après la démission de son prédécesseur Amable Capy. Son mandat sera régulièrement reconduit jusqu’en 1904, où il renonce à sa charge de maire, pour raisons de santé. Durant ces 23 années de mandat, la municipalité de Hyacinthe Emmanuel Reulos fait face à une augmentation massive de population ouvrière, notamment dans le Bas-Villejuif. La ville se transforme, des quartiers naissent le plus souvent au profit des lotisseurs, des rues nouvelles jaillissent ARTHUR JOSEPH ALPHONSE LORIN AUGUSTE VICTOR HIGONNET Arthur Lorin est né à Villejuif le 12 juillet 1842. Il réside au 67 Grande rue où il se dit négociant ou rentier. Entré au Conseil municipal le 4 janvier 1884, il est élu maire le 14 mai 1904. Il le restera moins d’un an, jusqu’en avril 1905. Pendant son mandat, sont lancés l’acquisition des terrains et le choix de l’avant-projet pour la construction de l’école maternelle de l’avenue de Paris. Auguste Victor Higonnet est né à Lyas, en Ardèche, le 29 novembre 1855. Il est élu maire de Villejuif en avril 1905, quelques mois avant la promulgation de la loi de Séparation de l’Église et de l’État, le 9 décembre 1905. Avant même que cette loi soit votée, les relations avec le curé de la paroisse sont déjà difficiles, celui-ci refusant au maire et à l’architecte communal l’entrée du presbytère, de déposer ou de communiquer l’inventaire des objets mobiliers de l’église. Villejuif continue son urbanisation : viabilisation de différentes voies, création d’un service du nettoiement et d’une taxe de balayage. La Ville acquiert des terrains pour la construction d’un hospice de vieillards aux Barmonts et d’une école enfantine avenue de Paris. Il décède à Villejuif le 19 juillet 1923. (1904-1905), IIIe République (1905-1908), IIIe République 18 Hospice départemental de vieillards de Villejuif. Dessin de J. Morize. L’architecte 1913. Coll. Archives communales de Villejuif. LOUIS VICTOR DESTAURET (1908-1925), IIIe République Louis Victor Destauret est né le 28 janvier 1851 à Villejuif. Il est issu d’une famille de cultivateurs. Son père, Louis Antoine, a déjà été conseiller municipal, puis premier adjoint sous Reulos, jusqu’à son décès en novembre 1901. Louis Victor Destauret intègre le conseil municipal lors des élections complémentaires de décembre 1901. Il récupère ainsi le fauteuil de conseiller laissé libre par le décès de son père. Il sera premier adjoint sous Auguste Higonnet, puis élu maire le 10 mai 1908, réélu en 1912, 1919 et 1921. Il gère la commune pendant la Première Guerre mondiale avec la mise en place d’aides municipales en direction des familles dépourvues de salaire, le recrutement de gardes pour protéger les récoltes, l’érection du monument aux morts pour les 349 Villejuifois tombés sur le champ de bataille, inauguré en novembre 1923. Ses mandats sont également marqués par l’inauguration de l’école enfantine de l’avenue de Paris (1911), de l’hôpital Paul-Brousse (1913), la création du marché du Centre (1918) et du marché du Bas-de-la-Cote (1924), le classement de nombreuses voies dans la voirie urbaine. Après la Première Guerre, l’équipe de Destauret est de plus en plus contestée que ce soit par les nouvelles populations ouvrières qui s’installent à Villejuif, par la poussée du bloc ouvrier ou au sein même du conseil municipal. Aux élections de mars 1921, le premier adjoint François Le Bigot refuse de cautionner la politique de Destauret. Il décède à Villejuif le 30 mars 1943. Le marché rue Eugène-Varlin. Carte postale ancienne. Coll. Archives communales de Villejuif. 5Fi406. 19 Le Bloc Ouvrier Paysan élu aux élections municipales du 17 mai 1925. Devant, au centre, Xavier Guillemin. Photo anonyme. Coll. Archives communales de Villejuif XAVIER GUILLEMIN (1925-1926), IIIe République l’Internationale Ouvrière) de Bicêtre. Élu conseiller municipal à Bicêtre en 1912, il adhère au Parti communiste en 1920, après le congrès de Tours. Après avoir quitté le conseil municipal de Bicêtre, en 1923, Xavier Guillemin s’installe à Villejuif en 1924. Dirigeant avec succès la liste du BOP (Bloc Ouvrier Paysan) aux élections municipales de 1925, il est élu maire. Il assure ses responsabilités avec dynamisme comme le montre l’adoption de deux déclarations de politique générale, lors du conseil municipal du 17 mai : une protestation contre les impôts et une protestation contre la guerre au Maroc. Mais, dès janvier 1926, il donne sa démission pour raisons de santé. Il se retire en Normandie chez sa fille où il fait de la propagande communiste et se présente aux élections cantonales. Durant toutes ces années, Xavier Guillemin collabore à de nombreux journaux et revues socialistes : La Revue socialiste, La Petite République, l’Humanité, et rédige le Bulletin des coopératives socialistes. Il est également connu pour être l’auteur de quelques chansons humanitaires et poèmes. Il décède le 2 mars 1948, après avoir passé la seconde guerre mondiale et vu la Libération. Né à l’île Maurice, le 21 août 1864, Xavier Guillemin arrive à Paris à l’âge de dix-huit ans. Installé dans le XIIIe arrondissement, il adhère au groupe d’études sociales de Plaisance affilié au POSR (Parti Ouvrier Socialiste Révolutionnaire). Initié à la « coopération » par Allemane et Hamelin, il devient membre, en 1893, de « l’Avenir de Plaisance », en est élu administrateur, avec Hamelin, et pendant quatre ans occupe la fonction de secrétaire. Militant de la cause coopératiste, il est un des fondateurs, en 1895, de « la Verrerie socialiste » et, en 1900 de « la Bourse des coopératives socialistes » dont il assure le secrétariat jusqu’en 1910, année où il ne fut pas réélu car accusé de malversations. Lavé de toutes accusations, en 1911, au Congrès de Calais, et malgré un retour comme directeur d’une coopérative ouvrière de production de sacs en papier, il abandonne finalement le mouvement. En 1900, il avait même été délégué au congrès socialiste de la salle Wagram par la Bourse des coopératives socialistes et par la coopérative parisienne « la Famille ». Par la suite, Xavier Guillemin anime la section du POF (Parti Ouvrier Français) puis du parti socialiste SFIO (Section Française de 20 GASTON CANTINI (1926-1929), IIIe République Gaston Cantini est né le 24 juillet 1887 à Paris (XIIIe). Il débute comme imprimeur puis ouvrier peaussier17. Il se syndique dès 1906 et assure le secrétariat du Syndicat des cuirs et peaux de la région parisienne de 1919 à 1929. Il adhère au Parti communiste dès sa création en 1920. Mobilisé pendant la première guerre mondiale, il est l’un des fondateurs et président de la section villejuifoise de l’ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de Guerre). Il entre au Conseil municipal de Villejuif le 10 mai 1925, sur la liste du BOP (Bloc Ouvrier Paysan) et devient le premier adjoint au maire de Xavier Guillemin. Suite au départ de Guillemin, il est élu maire le 5 février 1926. Aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929, Paul Vaillant-Couturier lui succède. Il reste toutefois premier adjoint et fait fonction de maire de 1929 à juin 1932, pendant l’absence de Paul VaillantCouturier18. Il est deuxième adjoint de mai 1935 jusqu’en octobre 1939, lors de dissolution du Parti communiste et l’interdiction pour les élus d’exercer leur mandat. Il fait à nouveau fonction de maire intérimaire à la Libération de Villejuif, d’août à novembre 1944. Il reste ensuite au sein du conseil municipal jusqu’à son décès le 28 novembre 1955. Son mandat est marqué par la création de l’Œuvre des colonies de vacances (1927), le lancement du Bulletin municipal (janvier 1927), la construction de l’école Louis-Pasteur (qui ouvre le 1er octobre 1929), son action en faveur de l’aménagement des lotissements, la création du jardin public derrière la mairie. (17) Ouvrier qui travaille, façonne les peaux après qu’elles ont subi les opérations de mégisserie. (18) Lorsque Paul Vaillant-Couturier est élu maire de Villejuif, il est en prison à la Santé, jusqu’en juillet 1929, où ses articles contre la guerre et la montée du fascisme l’ont conduit. Il voyagera ensuite pendant plusieurs mois en URSS et en Chine. 1er Bulletin municipal de Villejuif. Janvier 1927. Coll. Archives communales de Villejuif. Gaston Cantini, maire de Villejuif de 1926 à 1929. Portrait. Photo anonyme. Collection Archives communales de Villejuif. 2Fi381. 21 Paul Vaillant-Couturier rédacteur en chef du journal L’Humanité. Photo anonyme. Coll. Archives communales de Villejuif. 2Fi385. Paul Vaillant-Couturier, maire de Villejuif de 1929 à 1937. Portrait. Photo anonyme. Coll. Archives communales de Villejuif. 2F1383. PAUL VAILLANT-COUTURIER (1929-1937), IIIe République Né le 8 janvier 1892 dans une famille d’artistes, Paul VaillantCouturier poursuit ses études jusqu’à la licence d’histoire et le doctorat en droit. Pendant la première guerre mondiale, il est blessé plusieurs fois, cité à l’ordre de la Nation mais aussi condamné à cinq reprises pour son action en faveur de la paix. En 1917, il fonde avec Henri Barbusse l’ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de Guerre) destinée à lutter contre la guerre. En 1919, militant socialiste, il est élu député de Paris ; il n’a alors que 27 ans. Au congrès de Tours de décembre 1920, il fait partie des délégués du parti socialiste qui entrainent la majorité à créer le Parti communiste. En 1926, il devient rédacteur en chef du journal l’Humanité où il continue son action contre la guerre. C’est en prison où ses prises de position contre la guerre du Rif, au Maroc, l’on conduit, qu’il apprend son élection comme conseiller général de Villejuif. Il est élu maire en 1929 et réélu en 1935. Ses idées sur la paix, l’enfance et la jeunesse, la santé, auront marqué l’action de la municipalité avec notamment le développement des colonies enfantines (achat des « Bernardoux » en 1932), l’édification de l’école et du stade Karl-Marx en 1933 au centre d’un quartier appelé à s’urbaniser, la construction des Bainsdouches en 1929 et l’aménagement du dispensaire municipal dès 1930... En 1937, il décède subitement à l’âge de 45 ans. Écrivain, peintre, parolier de chansons, journaliste, orateur exceptionnel, homme politique d’envergure, il s’était, au fil des années, entouré d’hommes qui surent continuer son œuvre. 22 GEORGES LE BIGOT (1937-1939), IIIe République Né le 11 février 1899 à Villejuif, Georges Le Bigot passe toute son enfance à Villejuif. Il est le fils de François Le Bigot, employé au gaz, qui fut adjoint au maire radical de Villejuif, Destauret, au lendemain de la Grande Guerre. Sa mère, Adèle Loury, fut tour à tour nourrice et couturière. Il poursuit ses études à l’école primaire supérieure et entre comme « petit commis » à la mairie de Gentilly puis à Villejuif, acquérant des connaissances administratives qui par la suite lui seront d’un secours précieux. Pendant la première guerre mondiale, il est mobilisé comme brigadier d’artillerie. Son action militante débute sur le terrain syndical. En 1923, il devient secrétaire administratif du syndicat unitaire des employés et ouvriers des communes de la Seine puis secrétaire général et, en 1925, il participe au IIIe congrès national de la CGTU (Confédération générale du travail unitaire). Délégué par ses camarades syndiqués, au cours de l’été 1926, il se rend en Union soviétique et adhère, à son retour, au Parti communiste. Poursuivant son action militante, il entre à la commission exécutive de la Fédération unitaire des Services Publics, en 1927. Employé à la mairie de Villejuif, Georges Le Bigot participe activement à la gestion de la première municipalité communiste dirigée par Gaston Cantini et accepte d’être délégué sénatorial en janvier 1927. En 1929, il est élu deuxième adjoint dans la municipalité conduite par Paul Vaillant Couturier. Georges Le Bigot, maire de Villejuif de 1937 à 1939. Portrait. Photo anonyme. Coll. Archives communales de Villejuif. 2Fi382. Devenu permanent du Parti communiste, il s’impose comme la cheville ouvrière du conseil et sera reconnu comme celui qui anima, en 1934, les premières rencontres locales entre le Parti socialiste et le Parti communiste. Réélu en 1935, il devient premier adjoint au maire puis entre au Conseil général de la Seine après sa victoire sur Georges Gérard, conseiller général sortant et maire socialiste SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) du Kremlin-Bicêtre aux élections cantonales. Le 15 novembre 1937, il succède à Paul VaillantCouturier au poste de maire de Villejuif. Il le reste jusqu’en octobre 1939 lors de la dissolution du conseil municipal. Durant son mandat, il doit gérer l’une des plus grosses catastrophes qu’ait connues Villejuif : l’explosion de l’annexe du laboratoire de la police parisienne, située aux Monts-Cuchets, dans ce qui deviendra le parc du 8-Mai, le 27 janvier 193819. Le 30 janvier, un rassemblement à la mémoire des victimes réunit des dizaines de milliers de personnes venues de toute la région parisienne ; l’occasion pour les Villejuifois de demander une nouvelle fois la dissolution des ligues factieuses. Mobilisé au début de la guerre, puis démobilisé, il est arrêté le 5 octobre 1940 et interné à Aincourt (Seine-et-Oise). Transféré à de multiples reprises, il est déporté à Auschwitz le 6 juillet 1942, où il meurt deux mois plus tard. (19) Ce bâtiment servait de remise à la ville de Paris et abritait, entre autres, 6200 grenades, 150 kilos de mélinites (un puissant explosif), des milliers de cartouches, des centaines d’armes saisis chez les membres de la Cagoule, cette ligue factieuse d’extrême droite. Le 27 janvier 1938, alors que des soldats et quelques hommes des services de la préfecture de police évacuent ce stock pour l’entreposer en un lieu moins exposé, suite à la campagne de protestation des élus villejuifois, une terrible explosion se fait entendre, suivie par d’autres. Elle fit quatorze victimes et une cinquantaine de blessés parmi les Villejuifois. Les portes, les fenêtres et les toitures des maisons furent soufflées dans un rayon de plus de un kilomètre. Le jour même, M. Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, se rendit sur place. Rassemblement en hommage aux victimes de l’explosion du laboratoire. 30 janvier 1938. Photo Anonyme. Coll. SHLPP. 23 LEON BLEY (1939-1941), IIIe République et régime de Vichy Le 26 septembre 1939, le gouvernement Daladier dissout la Parti communiste. S’en suit la suspension de nombreux conseils municipaux communistes, dont celui de Villejuif, le 4 octobre 1939 par décret du ministre de l’Intérieur. Il est remplacé par une délégation spéciale composée de trois hommes : Léon Bley, né à Bordeaux le 3 mars 1888, président de la délégation, directeur de l’hôpital Paul-Brousse, Louis Massuet, propriétaire et Léon Tourrier, boucher. Il conserve la responsabilité de l’administration communale jusqu’à la nomination, par arrêté du 9 mai 1941, d’un nouveau maire, Albert Legros. L’une des premières actions de la délégation spéciale a été de débaptiser les rues et les bâtiments publics portant « des noms étrangers ou des noms de personnes dont l’activité politique ou sociale antérieure n’a pas, actuellement, pour des raisons d’unité nationale, à être rappelée. » Ainsi, l’avenue et le collège Karl-Marx deviennent l’avenue et le collège Jules-Ferry, le boulevard Maxime-Gorki devient le boulevard Paul-Painlevé, la rue Sacco et Vanzetti devient la rue Jean-Mermoz, l’avenue du Paris devient l’avenue du Maréchal-Pétain… ALBERT LEGROS (1941-1944), régime de Vichy Albert Legros habite Paris mais tient un cabinet d’assurance à Villejuif, rue Jean-Jaurès. Il est nommé maire de Villejuif, par arrêté du 9 mai 1941, pour remplacer Léon Bley à la tête de la délégation spéciale. Il faudra toutefois attendre le 14 mars 1942 pour qu’un conseil municipal, nommé par le préfet, siège à nouveau. La désorganisation de la vie quotidienne engendrée par l’état de guerre lui fournit l’essentiel de ses tâches : aides aux familles et aux prisonniers en Allemagne, gestion des problèmes du ravitaillement, surveillance de la population et contribution à la répression policière du régime de Vichy… Il préside la dernière séance du conseil municipal du 9 août 1944. Quelques jours après, Villejuif est libéré. Un comité de Libération se met alors en place et prend possession de l’administration municipale le 19 août 1944. 24 LOUIS DOLLY (1944-1977), IVe et Ve République Né à Paris le 1er septembre 1905 dans une modeste famille d’ouvriers, il adhère aux Jeunesses communistes, puis au Parti communiste français dès 1923. Il arrive à Villejuif en 1925 pour diriger le CAOV (Club Athlétique Ouvrier de Villejuif). Électricien de métier, il est également l’un des secrétaires de Paul Vaillant-Couturier. Ce dernier remarque très vite les qualités de Louis Dolly. Ainsi, lors des élections municipales du 5 mai 1935, il intègre l’équipe de Paul Vaillant-Couturier en tant que troisième adjoint chargé de la Jeunesse et des Sports. Après la mort de Paul VaillantCouturier, en octobre 1937, il devient premier adjoint au maire Georges Le Bigot. Il le reste jusqu’en octobre 1939 et la dissolution du conseil municipal de Villejuif. En décembre 1939, il est envoyé en Syrie par mesure disciplinaire. Il revient en mars 1940 où il est affecté à l’Armée des Alpes. Après sa démobilisation, il est arrêté le 5 octobre 1940, le même jour que Georges Le Bigot, et emmené au commissariat de Gentilly. Il connait successivement les centrales et les camps d’internement d’Aincourt, Châteaubriand, Voves et Pithiviers d’où il réussit à s’évader le 14 mars 1944. Il se met immédiatement au service de la Résistance jusque dans l’est de la France (il prend part à la libération de Nancy). De retour à Villejuif en novembre 1944, il remplace Gaston Cantini au poste de maire intérimaire, en attendant les élections municipales d’avril 1945 où il est élu. Les Villejuifois lui renouvelleront leur confiance jusqu’en 1977. Il sera également élu à plusieurs reprises conseiller général de la Seine, puis du Val-de-Marne. Il décède le 23 octobre 1993. Sous ses trente-trois années de mandat, Villejuif connaît de profondes mutations. La population augmente fortement. C’est l’ère des grands ensembles (Lozaits, Delaune, Robert-Lebon…). Opposant farouche à la spéculation immobilière, il crée l’OPHLM de Villejuif en 1956. L’augmentation de la population rend nécessaire la construction d’une école dans chaque quartier. Dix groupes scolaires sont ainsi édifiés, auxquels il faut ajouter le collège Jean-Lurçat (1969) et le lycée intercommunal Darius-Milhaud (1976). Il développe également les colonies de vacances en faisant l’acquisition de plusieurs centres : les Leszes, Saint-Hilaire-de-Riez, Denneville… Des centres de PMI et des crèches, le CMS PierreRouquès (1961), le théâtre Romain-Rolland (1964), le stade nautique Youri-Gagarine (1969), les MPT Gérard-Philipe (1970) et Jules-Vallès (1972), divers équipements sportifs sont également créés durant ses mandats successifs. Louis Dolly, maire de Villejuif de 1944 à 1977. Portrait. Photo anonyme. Coll. Archives communales de Villejuif. 2Fi393. Louis Dolly au camp de Châteaubriant en 1941 (rang du haut, 3e). À ses côtés, Guy Mocquet (rang du haut, 6e). Photo anonyme. Coll. Archives communales de Villejuif. 25 PIERRE-YVES COSNIER (1977-1999), Ve République Pierre-Yves Cosnier est né à Fontenay-le-Vicomte (Vendée) le 29 novembre 1939. Plus tard, il partage son temps entre l’île de Ré, où il réside, et le lycée Eugène-Fromentin où il est interne et fait toute sa scolarité secondaire. Après son bac, il part à Poitiers pour une année de Mathématiques spéciales, et enfin monte à Paris pour effectuer une formation d’ingénieur à l’école Charliat. Il abandonne finalement les études scientifiques et devient instituteur à Arcueil. Il y rencontre des militants syndicalistes qui l’initient à la lutte syndicale et bientôt politique. Installé à Villejuif avec sa future femme Nicole, il est nommé au collège Guy-Môquet, en 1963, pour prendre en charge les classes de transition. Enseignant, syndicaliste, ayant adhéré au Parti communiste en 1969, il occupe rapidement des responsabilités locales et départementales auprès de Georges Marchais, député de Villejuif. Élu conseiller municipal en mars 1971, il devient maire de Villejuif en mars 1977. Élu conseiller général dès 1979, il siège au conseil général du Val-deMarne jusqu’en 1998, où il exerce notamment les fonctions de viceprésident, d’abord à la jeunesse, au sport et à la culture, ensuite à l’action économique et à l’emploi. À Villejuif, il conduit avec succès les listes municipales de l’Union de la gauche aux élections de 1983, 1989 et 1995. Malgré l’annulation des élections municipales de 1995 par le Conseil d’État, Pierre-Yves Cosnier est réélu au premier tour le 20 avril 1997. Durant 22 ans, il s’est engagé, avec son conseil municipal, à développer la ville en conservant ses particularités, en défendant son équilibre, sa dimension humaine... L’aménagement du centre-ville, des HautesBruyères, du Bas-Villejuif où la résorption de l’habitat insalubre était pour lui une priorité, la construction et la réhabilitation de logements sociaux sont autant de témoins de son action. Ce sont aussi les combats menés tels le droit de vivre en sécurité en réclamant les moyens nécessaires afin d’assurer la sécurité des villejuifois ou la bataille pour les finances en faisant reconnaître par l’État la spécificité de la commune comme ville hospitalière... Maire de Villejuif durant près d’un quart de siècle, Pierre-Yves Cosnier, contraint de quitter la vie politique pour raisons de santé, passe la main à son successeur, Claudine Cordillot en octobre 1999. Il est emporté par la maladie le 19 mai 2000. Pierre-Yves Cosnier, maire de Villejuif de 1977 à 1999. Portait. Photo anonyme. Octobre 1980. Coll. Archives communales de Villejuif. 2Fi419. Chantier de construction du métro, avenue de Paris. 11 juin 1982. Photo Charles Ardaillon RATP-Audiovisuel. Coll. Archives communales de Villejuif. 2Fi927. 26 Claudine Cordillot, maire de Villejuif depuis 1999. Portait. Photo service Communication CLAUDINE CORDILLOT (1999-…), Ve République George-Sand), de la structure multi-accueil Nelson-Mandela, de la Médiathèque Elsa-Triolet, des crèches Aubrac et Guipons la réhabilitation de la cité Maurice-Thorez et du stade nautique Youri-Gagarine sont quelques-unes des réalisations qui témoignent de la volonté d’améliorer le quotidien des Villejuifois. La dimension environnementale est prise en considération avec la mise en œuvre d’un plan d’économies d’énergie ou l’extension de la géothermie. Ville de sciences et de progrès, ville de solidarité et de justice sociale, ville de résistance aux politiques libérales, Villejuif doit relever les défis que lui posent son attractivité, son dynamisme, sa place au cœur de la Métropole et du futur réseau de transports du Grand Paris. Il s’agit d’affirmer Villejuif comme pôle majeur d’innovation et de recherches avec le projet Cancer Campus et la pépinière biotechnologique des Barmonts ; comme pôle tertiaire avec l’installation du siège de LCL dans la ZAC Pasteur-Guipons. Les mandats de Claudine Cordillot sont aussi marqués par de nombreux combats pour la défense de l’hôpital, des services publics, de l’emploi, pour le droit au logement (avec notamment la signature d’arrêtés antiexpulsions ou le maintien des logements des Lozaits dans le parc social), pour la défense de l’école, pour l’égalité des droits et la lutte contre les discriminations, notamment avec le parrainage de nombreux enfants sans papiers et la célébration du premier mariage homosexuel en Ile-de-France. Claudine Cordillot est née le 16 décembre 1953, en Bourgogne, dans une famille d’enseignants et de militants. Son engagement politique débute dans les années 1960, lorsqu’elle manifeste contre la guerre au Vietnam et qu’elle participe aux événements de Mai 68 avec ses camarades des Jeunesses communistes. Elle suit des études à la faculté de Dijon, puis de Nancy dont elle devient vice-présidente. Elle se bat alors pour un enseignement de qualité, contre la sélection à l’université, contre les réformes Debré et Haby… Elle débute sa carrière dans la formation professionnelle pour adultes en Normandie. En octobre 1981, elle vient travailler à Arcueil et s’installe à Villejuif en janvier 1982. Elle se fait très vite connaître comme militante communiste à l’écoute des habitants. En 1983, elle est élue conseillère municipale sur la liste d’Union des gauches. En septembre 1985, elle succède à Antoinette Marchand comme adjointe au maire chargée du logement. De 1989 à 1995, elle a en charge l’enfance, puis, de 1995 à 1999, les finances locales. Suite à la démission de Pierre-Yves Cosnier, elle est élue maire lors du conseil municipal extraordinaire du 16 octobre 1999. Elle devient ainsi la première femme maire de Villejuif. Elle sera réélue le 11 mars 2001 et le 16 mars 2008. La politique menée par Claudine Cordillot et son équipe municipale vise à faire entrer Villejuif dans le XXIe siècle. La construction de deux nouvelles écoles (Robert-Lebon et 27 Direction des Archives, du Patrimoine historique et de la Documentation 01 45 59 22 11 www.ville-villejuif.fr