SOIRÉE MODE ET PHILOSOPHIE

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SAMEDI 25 OCTOBRE
Centre de La Vieille Charité - MaMo
SOIRÉE MODE ET PHILOSOPHIE
Ne pas jeter sur la voie publique
Information :
[email protected]
(+33) 4 91 90 08 55
www.semainedelapopphilosophie.fr
Marie-Aude Baronian, Sophie Chassat, Virginie Devillers, Jacques Sojcher,
Françoise Gaillard, Jean-Paul Curnier, Francesco Masci, Joseph Ghosn
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Chapelle du centre de la Vieille Charité
2 Rue de la Charité – 13002 Marseille
POUR UNE MÉTAPHYSIQUE DE LA MODE
16H
Avec la complicité de l’ENSAV La Cambre, le musée des Art décoratifs et de la Mode château
Borely et de la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode
PREMIÈRE PARTIE : MODE ET PHILOSOPHIE - L’ESPRIT DU TEMPS
MODE ET PHILOSOPHIE : PENSER LA SURFACE ET SES REVERS
Rencontre avec Marie-Aude Baronian (philosophe)
« Mode et philosophie » semblerait être une association contradictoire, voire insensée. En effet, comment
la mode, perçue comme le champ du fluide et du superflu, peut-elle se juxtaposer au champ de l’être et
de la sagesse ? Cette conférence proposera des pistes pour penser la mode en insistant sur sa pertinence
au sein de la réflexion philosophique.
Ill sera question d’interroger, dans l’histoire de la philosophie occidentale, la manière dont la mode (ou le
vêtement) a été pensée, ainsi que la façon dont la mode (qu’elle soit système de signes, industrie, mode
d’expression) pose des questions centrales de la tradition philosophique : l’identité, le temps, le corps, le
spectacle et l’apparence, la modernité et la postmodernité, le Beau et l’art ou encore des questions d’ordre
éthique et politique.
Il s’agira aussi de réfléchir, au travers d’une série de propositions, à la démarche elle-même : qu’est-ce que
cela veut dire d’insérer la mode dans l’exercice de la pensée ? Pourquoi y-a-t-il une certaine réticence (ou
même un mépris) à aborder la mode par le prisme de la philosophie ? Comment peut-on s’étonner de la
mode dans ce qu’elle a de fascinant et de troublant ?
On tentera de penser la surface de la mode, non pas pour l’investir d’une nouvelle profondeur, mais pour
dévoiler ses envers et ses revers.
Marie-Aude Baronian
Rencontre avec Virginie Devillers (historienne de l’art, professeur de philosophie à La Cambre), suivie d’un
échange avec Jacques Sojcher (philosophe)
Si la mode est apparence, futilité, mondanité, elle est aussi, au-delà de son caractère superflu, accessoire et
artificiel, processus d’identité et d’identification, de reconnaissance, d’humanisation. Tout en étant le miroir et
le mirage de nos sociétés capitalistes, la mode peut devenir métaphysique quand elle rencontre nos désirs et
nos fantasmes les plus secrets, qu’elle incarne un imaginaire, un art de vivre. D’Andy Warhol à David Bowie, de
Marilyn à Rita Hayworth, de Twiggy à Kate Moss, la mode reflète une époque, un style, une manière multiple
et singulière d’être au monde.
« J’aime la mode », dit Alain Roger, après Baudelaire, « parce qu’elle est nomade, snob, démodée, bébête,
rédemptrice, joliment indécente, parce qu’elle multiplie chaque femme, qu’elle est moderne, qu’elle a de
l’humour, qu’elle est fétichiste, qu’elle est bavarde, qu’elle modère la violence et intimide la grossièreté. »
Virginie Devillers
MaMo
Centre d’art de la Cité Radieuse, 280 Boulevard Michelet – 13008 Marseille
LA MODE ET LE TEMPS DU NIHILISME
Rencontre avec Francesco Masci (philosophe, auteur de Entertainment! et L’Ordre règne à Berlin)
La mode est nihiliste. Non, ne vous trompez pas, je n’ai aucune intention de me joindre au chœur des
pleureuses critiques. Quand je dis nihilisme, je ne parle pas d’une prétendue absence de valeurs de la
mode, déterminée par le cynisme de ses producteurs et la vanité de ses consommateurs. Le nihilisme
de la mode, sa relation au néant, est une nécessité ontologique. La mode ne fonctionne que grâce à un
principe de négation temporellement déterminé. Elle est un instrument parfait de gestion de la production
d’événements contingents devenue au cours de la modernité pléthorique et de plus en plus anarchique. La
mode ne s’oppose pas à ce flux mais, au contraire, elle l’accélère en instaurant un régime inflationniste de
la contingence. Chaque nouveau produit contient déjà en soi sa propre négation. Dans la mode la déception
engendre l’attente tout comme l’attente est déjà porteuse de déception. Les changements incessants que
la mode produit sont un effet secondaire de ce travail de création et conservation du rien (qui n’est pas une
création à partir du rien !) qui fait de la mode la sœur jumelle de la culture moderne. Cette temporalité
négative et somme tout répétitive assure la libre circulation de blocs d’expériences standardisés.
Avec la mode, le consommateur se confond avec le producteur collectif d’une équivalence généralisée de
tout avec tout, et alors le néant qui loge au cœur même de la modernité n’est plus qu’un produit autonome
et intégré, collectif et exclusif. C’est dans les fastes populaires de la mode que les deux créatures de la
société moderne qui semblaient irréconciliables, l’individu et la masse, célèbrent leurs noces.
sci (philosophe)
Francesco Masci
QUI ÉTAIT LE PREMIER ? LES AFFINITÉS ÉLECTIVES DE LA MODE ET DE LA MUSIQUE
Rencontre avec Joseph Ghosn (rédacteur en chef du magazine Obsession)
21H30 - UNIQUEMENT SUR INVITATION
DEUXIÈME PARTIE : NUIT MODE ET PHILOSOPHIE
ÊTRE À LA MODE OU AVOIR DU STYLE ?
LA MODE À « LA MODE BAUDRILLARD »
Rencontre avec Sophie Chassat (philosophe)
Rencontre avec Françoise Gaillard (historienne des idées) et Jean-Paul Curnier (philosophe et écrivain)
Les aficionados de la mode semblent être avant tout des suiveurs conformistes mus par l’instinct grégaire
et le désir écervelé de plaire à travers le renouvellement constant de leur apparence. Au contraire, celui
qui a su trouver son style passe pour un caractère indépendant, capable d’exprimer à travers une allure
bien définie la profondeur de sa personnalité, un être qui en somme ne s’en laisse pas conter ni compter
(puisque rester à la mode a un coût). Mais la mode vaut mieux que ce à quoi on la réduit trop souvent :
une préoccupation futile et décérébrée. « L’homme qui ne voit que la mode dans la mode est un sot. La
vie élégante n’exclut ni la pensée, ni la science : elle les consacre », écrivait en ce sens Balzac dans son
piquant Traité de la vie élégante. D’abord, être à la mode ça n’est pas tout à fait la même chose que suivre
la mode. Ensuite, cela pourrait bien être la meilleure des tactiques pour parvenir à l’expression d’un style
authentique : « différence suppose ressemblance d’abord. (…) Comprend-t-on maintenant que la mode
aille si naturellement au style ? » explique le philosophe Alain. Certes, comme le soulignait Coco Chanel,
« la mode se démode, le style jamais », mais c’est aussi là que réside toute la beauté de la mode, ou, comme le
disait en poète Jean Cocteau, « sa loi tragique »…
Serions-nous entrés dans un monde d’où toute réalité première a disparu pour ne plus laisser place qu’au
jeu des simulacres ?
Serions-nous entrés dans un monde où règne la virtualité et où le simulacre ne fait que simuler d’autres
simulacres ?
Serions-nous entrés dans un monde où tout étant devenu opérationnalité il ne reste plus rien hors
sphère du virtuel ?
Ce serait oublier la puissance de séduction de phénomènes comme la mode qui surfent sur la spectralité
de la réalité pour mieux ancrer dans le réel leur économie.
Françoise Gaillard
Qui a commencé ? en 2014, les interactions, échanges et relations entre la musique et la mode sont si
mêlées, imbriquées et intimement personnalisées qu’il devient impossible de savoir qui influence quoi,
qui agit sur l’autre. Pourtant, l’ascendant de l’un sur l’autre a historiquement été beaucoup plus marqué.
Les rockers des années 50, les mods des années 60, les punks des années 70, les post-punks des années
80, les techno kids des années 90 : leur style venait d’abord de leur écoute, était conditionné par elle,
signifiait leur appartenance à une tribu musicale, politique. Aujourd’hui, c’est l’inverse qui est vrai, quasiment :
l’appartenance débute par un choix vestimentaire, se poursuit par une « playlist » et tout cela peut changer
du jour au lendemain. Mods le lundi, punk le mercredi, techno le week-end… Et, par correspondance fortuite,
les lieux de la mode deviennent les nouveaux lieux du rock : du catwalk émane l’énergie des concerts, les
boutiques et showrooms évoquent l’atmosphère des puces où les punks chinaient leurs vêtements, les
groupes s’affilient à des marques – pour survivre et être diffusés auprès d’un public captif, captivé.
Traversée des apparences, renversement des situations, bouleversement des codes, vague nostalgique,
jeunisme et critique générationnelle : la mode et la musique sont en 2014 les deux pôles d’un terme ambigu,
le style, qui définit sans doute ce qu’il a de plus stimulant, mais aussi de plus vague de notre époque.
Travaux d’artistes aux frontières entre musique et mode, interventions, récupérations, détournements…C’est
tout cela que nous tenterons de décrypter, en mettant en lien les évolutions et les formes qui s’y rattachent,
en essayant de toucher au plus près les connections entre la mode, la musique et le microcosme qui se
forme entre ces deux mondes très codifiés.
Joseph Ghosn
Sophie Chassat
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