30 PLANTES UTILES

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Paul-Victor Fournier
30 pLANTES UTILES
Herbes, arbres, plantes alimentaires :
leur histoire, leurs vertus
Introduction de Clotilde Boisvert
Sommaire
Introduction par Clotilde Boisvert..................................................... I
Achillée millefeuille......................................................................... 7
Amandier........................................................................................... 13
Angéliques......................................................................................... 18
Arnica.................................................................................................. 24
Aubépine............................................................................................ 31
Bouleau............................................................................................... 37
Bruyères.............................................................................................. 41
Camomilles........................................................................................ 45
Cassis.................................................................................................. 52
Citronnier et Oranger...................................................................... 55
Consoude............................................................................................ 65
Eucalyptus.......................................................................................... 70
Fenouil................................................................................................ 73
Genévrier............................................................................................ 79
Laurier................................................................................................ 92
Lavandes............................................................................................ 94
Marronnier d’Inde............................................................................ 101
Mélisse................................................................................................ 105
Menthes.............................................................................................. 110
Olivier................................................................................................. 121
Orties................................................................................................... 126
Pervenches......................................................................................... 135
Pins et sapins.................................................................................... 138
Plantains............................................................................................. 146
Romarin.............................................................................................. 152
g
30 pLANTES UTILES
Ronces................................................................................................. 154
Rosiers, églantiers............................................................................. 160
Sauges................................................................................................. 171
Sureaux............................................................................................... 180
Vigne................................................................................................... 190
Introduction
Le chanoine Paul-­Victor Fournier était un grand botaniste. La
première édition de son ouvrage fondamental, le Dictionnaire des
plantes médicinales et vénéneuses de France, date de 1947. Il a comblé
d’aise les botanistes, les phytothérapeutes, tous les amoureux des
plantes. Avoir sous la main ce qui nous reste de tant de recherches
faites tout au long des siècles, des propriétés, dûment expérimentées, des plantes médicinales, leurs noms vernaculaires et étrangers,
savoir, en détail, la façon de les distinguer les unes des autres et de
les utiliser, leur toxicité éventuelle : quelle richesse !
Ce livre restera une base privilégiée pour prendre conscience tant
des actions multiples de ces plantes qui sont notre quotidien que
du travail de nos ancêtres depuis les temps les plus anciens. Il n’a
ni vieilli ni démérité. Il décrit les mille cinq cents plantes médicinales de la flore française.
Cette « bible », nous avons voulu la rendre accessible à un public
plus large. Trente plantes ont été sélectionnées dans toutes les
régions de France, terre aux contrastes particulièrement a­ffirmés.
Ce sont des plantes qui vous entourent : des étangs aux chemins,
du bord de mer à la garrigue, de la prairie à la montagne. Ce choix
englobe des herbes, des arbres et aussi des plantes usuelles, alimentaires même, jusqu’à celles, toxiques, qui sont néanmoins de grands
médicaments. Nous avons fait ce choix, difficile certes, mais pratique, en favorisant les plantes exploitées à l’heure actuelle par les
phytothérapeutes*.
Clotilde Boisvert
* Nous remercions le docteur Jean-­
Michel Morel, phytothérapeute
exerçant à Besançon où il a initié le DU de Phytothérapie, qui a bien
voulu revoir la liste de ces plantes, garantissant leur actualité au sein
de cette science.
I
C assis
et droguistes, les plus petits s’emploient dans la distillerie ; il s’en
fait une énorme consommation pour la fabrication des vermouths.
La vente en est donc considérable et les prix en sont élevés.
Cassis Ribes nigrumL.
Cassissier, Cassier, Groseillier noir, Cacis, Cassis à grappes ; all. : Scwarze Johannisbeere ; angl. : Black currant ; ital. : Ribes vero.
D’où vient ce curieux mot de Cassis ? On suppose qu’il est
d’origine poitevine et dérivé de Cassia, « casse », le Cassis ayant été
employé, dit-on, pour remplacer la casse. En tout état de cause, il
n’a rien à voir avec la ville de Cassis, dont le nom est d’origine phénicienne, et il est beaucoup plus récent (xvie siècle).
Cet arbrisseau, connu de tous, qui peut atteindre 1,50 et même 2 m,
se signale par son odeur forte, aromatique ou désagréable suivant les
goûts, par ses feuilles parsemées en dessous, ainsi que les bourgeons,
de petites glandes jaunes résineuses, par ses fruits noirs en grappes
pendantes, à odeur également spéciale. Les fleurs se montrent en
avril-mai ; les fruits mûrissent en juillet-août. Spontané dans quelques
bois de Lorraine, d’Alsace, du Dauphiné, de Belgique et de Suisse, le
Groseillier noir se rencontre à l’état sauvage depuis la Grande-Bretagne jusqu’en Mandchourie. Dans les régions méridionales, il n’existe
que cultivé ; entre celles-ci et son aire naturelle, on le trouve assez souvent subspontané ou naturalisé dans les haies, les bois humides, les
aulnaies, les marécages et les fonds de vallées. Ses fleurs fournissent
aux abeilles un nectar qu’elles recherchent assez peu.
Historique Pas plus que ses deux congénères, le Cassis n’était
connu des Grecs ni des Romains. Originaire des régions septentrionales, il ne commence à être mentionné que dans la première moitié
du xvie siècle. Rembert Dodoens (1583) en donne déjà une bonne
figure, tandis que Matthiole (1554), en Italie, ne le connaissait pas
encore. La première trace de l’emploi médicinal des feuilles comme
des fruits se rencontre chez le médecin Peter Forestus (1614) qui
raconte qu’ayant eu à soigner, vers la fin du siècle précédent, un
paysan n’ayant pas uriné depuis dix jours et qui, par avarice, avait
négligé de recourir au médecin, il lui administra une décoction de
sommités de Cassis, ce qui provoqua une abondante émission d’urine
sanguinolente. « Forestus, dit le Dr H. Leclerc, considère ce remède
comme le plus actif pour combattre l’ischurie liée à la présence d’un
52
C assis
calcul dans le col de la vessie et la strangurie provenant d’une ingestion excessive de bière. » C’est à partir de 1712 que son usage et sa
culture se vulgarisèrent. A cette date, parut à Bordeaux une brochure
de l’abbé P. Bailly de Montaran, Dr de Sorbonne, sur Les Propriétés
admirables du Cassis, brochure qui, devenue bientôt introuvable, fut
rééditée à Rouen en 1748, à Orléans et à Nancy en 1749, à Arras et
à Dijon en 1750 (Traité du Cassis). Vers 1744, on signalait la présence
du Cassis cultivé à Saint-Gratien (Seine-et-Oise) ; six ans plus tard,
on le cultivait aux environs de Dijon, de Messigny, de Grancey-leChâteau et de Gray. La brochure de l’abbé Bailly qui faisait du Cassis
une véritable panacée et lui attribuait des vertus merveilleuses eut
pour résultat une extension subite de sa culture sur les divers points
du territoire français. Mais le scepticisme, revanche habituelle des
éloges outrés, ne tarda pas à enlever au Cassis son auréole merveilleuse. A la fin du xviiie siècle, il n’était déjà plus regardé que comme
astringent et diurétique. En 1805, le médecin allemand Fr.-G. Hayne
le mentionne uniquement comme diurétique et sudorifique, tout en
ajoutant que les Suédois le vantent contre l’angine, la dysenterie et
le rhumatisme. Plus tard, l’abbé Séb. Kneipp qui fut un excellent
observateur (1821-1897) en faisait grand cas et déclarait en avoir
obtenu d’éminents services dans les maladies de la vessie et contre
la gravelle. C’est en 1841 que la culture du Cassis prit un nouvel
essor à la suite de la création, à Dijon, par Lagoute, de l’industrie
du cassis-liqueur.
Propriétés L’infusion de feuilles et de sommités est avant tout
diurétique et antirhumatismale ; de plus, elle exerce une action plus
ou moins tonique, astringente et sudorifique. L’action antirhumatismale
a été confirmée par Huchard (1908), qui a vu plus de dix rhumatisants débarrassés des douleurs récidivantes et des manifestations
subaiguës dont ils souffraient depuis des années, en prenant régulièrement tous les soirs une bonne infusion de feuilles de Cassis.
D’après ce praticien, le médicament agirait en excitant, par son
essence, l’épithélium rénal et en déterminant par là une diurèse
notable avec augmentation de l’azote incomplètement oxydé. Le
remède est également à recommander aux goutteux, arthritiques et
artérioscléreux. Contre l’hydropisie, la gravelle et le catarrhe chronique de la vessie, on recourra de préférence à une décoction, à
laquelle on adjoindra utilement d’autres diurétiques, tels que les
feuilles de Frêne, la Spirée ulmaire (Reine-des-prés), le vin blanc,
etc. En raison de ses autres propriétés, l’infusion de Cassis rendra
également des services dans les cas de colique, de diarrhée chro-
53
C assis
nique, dans la gastralgie, dans les fièvres éruptives, les maladies du
cœur, la migraine persistante, les toux convulsives et la coqueluche.
J.-F. Cazin recommande comme boisson très agréable et très rafraîchissante, spécialement utile dans les fièvres muqueuses et dans les
hydropisies accompagnées de soif intense, de même que pour les
travailleurs pendant les chaleurs de l’été, une macération dans l’eau
froide de feuilles et de sommités fraîches de Cassis, à laquelle on
ajoute une certaine proportion de vin blanc et de sucre (plus, pour
les bien portants, 4 cuillerées d’eau-de-vie par litre).
A l’extérieur, la décoction des feuilles s’emploie en enveloppements et en pansements pour parer à l’inflammation des plaies et
des ulcères ainsi que contre la teigne. Les Groseilles sèches en décoction fournissent un bon gargarisme dans les maladies de la cavité
buccale, les maux de gorge, les inflammations de la luette et des
amygdales, les légers saignements des gencives, même contre l’enrouement et la toux.
Le suc, le sirop et la gelée rendent les mêmes services que ceux
de la Groseille rouge.
Modes d’emploi
– Infusion de feuilles : 50 g environ par litre d’eau ; 2 à 3 tasses
par jour, dont 1 à jeun et 1 le soir.
– Vin : mêmes proportions pour 1 litre de vin blanc.
– Gargarismes (voir ci-dessus), de plus : gelée dans l’eau bouillie
chaude, contre pharyngites granuleuses (Dr H. Leclerc).
La liqueur dite cassis était présentée par l’abbé de Montaran, comme
un « élixir de vie ». Rien que cela !
Principes chimiques Les feuilles et les parties vertes contiennent
du tanin, de l’émulsine, une huile essentielle d’un vert pâle (0,75 à 6 %
dans les bourgeons), de constitution complexe, qui, en se dédoublant,
donnerait naissance à de l’acide quinique, et à une oxydase très active.
Mais, contrairement à d’anciennes données, on n’y trouve aucun glucoside cyanogénétique. Dans le suc des fruits, on trouve 10 à 13 % de
sucres (interverti et saccharose), de l’émulsine, de la pectine, 2,6 à
3,70 % d’acides libres (malique, citrique et vinique). Le Dr von Euler
(1934) a annoncé y avoir découvert, ainsi que dans le Citron, une
nouvelle vitamine, associée à la vitamine C, et bien supérieure, dit-il,
par son pouvoir bactéricide à toutes les vitamines connues.
Autres usages Les feuilles donnent une teinture jaune ; les fruits
une teinture bleue avec les alcalis, pourpre violacée avec les sels
d’étain.
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Illustration © Imagebroker / Leemage
Première édition : 1947
Ce titre est un extrait du Dictionnaire
des plantes médicinales et vénéneuses de France
© 2010, Editions Omnibus
© 2015, Editions Omnibus pour la présente édition
ISBN : 978‑2-258-11497-5 N° éditeur : 840
ISSN : 2271-9733
Dépôt légal : janvier 2015
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